29 mai 2014

Les écoles «illégales» et la loi

On parle un peu des écoles «illégales» dans l'actualité. On associe celles-ci à la communauté juive, mais on oublie parfois qu'il y a eu aussi les Laflèche et j'en passe...

On semble enfin s'apercevoir que l'État manque de moyens légaux pour mettre un terme à ce comportement déviant.  «Il y a des choses à faire. La problématique, c'est qu'on n'a pas nécessairement tous les outils légaux pour le faire», a reconnu le ministre de l'Éducation, des Loisirs, du Sport et du Prix de consolation (...), Yves Bolduc, à l'issue de la période de questions à l'Assemblée nationale. En cela, il rejoint la pensée de Jean-Pierre Proulx, que je recopie ici:


«Cela dit, il y a lieu de distinguer deux situations qui appellent des solutions différentes :

D’abord, celle des écoles détenant déjà un permis ministériel, mais qui ne respectent pas les règles inscrites dans la loi et le régime pédagogique, en particulier à l’égard des disciplines prescrites et les programmes ministériels qui s’y rattachent.
 
Ensuite, celle des écoles qui ne détiennent pas de permis et qui n’en sont pas au sens de la loi sur l’Enseignement privé.
 
Dans le premier cas, le gouvernement doit se montrer ferme. Il doit, le cas échéant, négocier un contrat de mise aux normes dans des délais convenus et prévoir que son non-respect entraînera sans plus la révocation du permis. Auquel, l’établissement va basculer dans la seconde catégorie.
 
Dans le second cas, soit celui des établissements sans permis ou clandestines, la sagesse commande de poursuivre non pas les parents, mais plutôt les individus et les organismes qui organisent ces écoles. À terme, il faudrait pouvoir légalement apposer les scellés sur les bâtiments où elles logent, sinon les saisir.»

Je partage entièrement les idées de M. Proulx: visons les organisateurs et les bâtiments! De plus, je comprends mal qu'on ne poursuive pas des gens qui s'improvisent enseignants ou qui le font sans autorisation légale. Le moindre quidam qui décide de devenir médecin à sa guise s'expose à des amendes variant de 1 500 à 20 000$. Celui qui joue au prof... rien!

Bref, si on veut régler cette situation qui perdure, il faudrait peut-être explorer de nouvelles pistes et se donner de nouveaux outils.

28 mai 2014

Taxe scolaire et ministre Bolduc: ne pas savoir de quoi on parle

Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, était en entrevue ce matin chez Paul Arcand au 98,5 FM. Celui-ci défendait la position de son parti en ce qui a trait à une éventuelle hausse de la taxe scolaire. Il a accusé le Parti québécois d'incohérence et de cafouillage dans ce dossier, mais ce médecin, qui a hérité du ministère de l'Éducation comme prix de consolation depuis la nomination de Gaétan Barrette à celui de la Santé, n'a pas démontré une très bonne connaissance de ce dossier.

En effet, il a indiqué qu'à la suite des coupures décidées par le Parti québécois, les commissions scolaires avaient augmenté les taxes scolaires «pour payer le salaire des enseignants puis réussir à donner des services». Or, comment ce ministre peut-il ignorer que la taxe scolaire ne sert pas à payer le salaire des enseignants?

Par ailleurs, il est remarquable de constater que la prochaine augmentation de la taxe scolaire sera probablement en relation avec le cout de la vie. Par contre, quand il s'agit de parler d'augmentation du salaire des enseignants, le cout de la vie ne tient plus...

Par rapport à un autre volet, le ministre ne semble avoir aucune idée quant à la question des écoles juives «illégales». «On a formé un comité inter-ministériel... et d'ici six à neuf mois...», a indiqué le sympathique ministre.

Et pourtant, des solutions, il en existe. On y reviendra.

24 mai 2014

TBI: chronique d'un cafouillage annoncé

Peu importe les positions de certains enseignants...

Peu importe les recherches...

Peu importe les rapports de vérificateurs externes...

Le nouveau gouvernement du Québec, animé de l'esprit des «vraies affaires» et d'une gestion rigoureuse, a décidé de continuer l'implantation des tableaux blancs interactifs dans les écoles.

Pourtant, dans la catégorie des horreurs, on relève ici et ici que:

  • l'impact pédagogique positif de ces tableaux reste à démontrer;
  • les commission scolaire n'ont pas l'argent pour le soutien technique de ces appareils;
  • les enseignants n'ont pas toujours la formation requise pour les utiliser;
  • une faible concurrence entre les soumissionnaires (tiens, tiens... pour les amateurs des vertus du libre marché);
  • un écart de 1100$ entre le cout de ces appareils selon les fournisseurs (1871$) et le cout réel d'installation (2979$).

Un partie de ces constats étaient tellement prévisibles que certains chroniqueurs et blogueurs les avaient vus dans leur boule de cristal dès l'annonce de ce programme en 2011. Et on a oublié un élément essentiel: ces tableaux ne sont interactifs généralement qu'avec un individu à la fois, soit l'enseignant... Peu d'écoles, publiques tout au moins, ne sont prêtes à équiper les élèves d'une manette qui leur permet d'interagir en temps réel avec le tableau et l'ensemble de la classe.

De mon expérience, au primaire, l'intégration de cet objet technologique a été plus réussie qu'au secondaire. Certains facteurs peuvent expliquer ce fait. Généralement, au primaire, il n'y a qu'un groupe et un titulaire par classe. Le nombre d'élèves par classe est également plus petit. Et, il faut le dire, le primaire se prête mieux, à mon avis, à une pédagogie innovante (pour le meilleur et pour le pire). Au secondaire, un même local peut voir défiler un nombre impressionnant d'enseignants et de matières. Certains profs utilisent le TBI, d'autres pas. De plus, un même enseignant peut avoir différents locaux dans sa tâche. Certains équipés de TBI, d'autres pas. Rien pour l'inciter à s'approprier cette technologie. La taille des groupes est généralement plus grande et les cours davantage magistraux (pour le meilleur et pour le pire). Et toutes ces conditions changent chaque année, selon la clientèle et les cours offerts. Milieux différents, conditions d'enseignement donc.

Dans mon école secondaire, j'ai peu vu d'enseignants utiliser sur une base fréquente un tableau interactif de façon poussée. En maths et parfois en univers social. Règle générale, le TBI fait plutôt office de rétroprojecteur ou d'un gros écran de télé moderne. À tel point qu'on a décidé d'équiper toutes les classes de rétroprojecteurs fixes et de tableaux blancs qui coutent trois fois moins cher et qui constitue une technologie moins poussée mais dont on sait qu'elle sera utilisée fréquemment.

Qu'importe tout cela! Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, celui-là même qui a dit du CUSM était un projet «sans failles», croit que les TBI se sont avérés «utiles» pour l'apprentissage des élèves.

Au cours des dernières années, on n'a pas eu d'argent pour donner une augmentation salariale supérieure au cout de la vie aux enseignants mais, par contre, on a dépensé 210 millions $ sans connaitre l'efficacité de cette dépense. À mon avis, ce sont les enseignants à même leurs conditions salariales qui ont payé ces tableaux dont on ignore l'efficacité... et qu'ils utilisent peu.

Les devoirs et le conseil des services essentiels

Je lisais dans Le Soleil ce matin que cet enseignante du primaire, avec l'appui de la direction de son école, a fièrement aboli les devoirs et les leçons dans sa classe.

Puis-je rappeler avec une ironie certaine que, selon le Conseil des services essentiels, dans une décision en 2001, les devoirs et les leçons sont des services essentiels?


18 mai 2014

Des enseignants qui ne savent pas écrire (une suite)

À l'émission Faut pas croire tout ce qu'on dit, Michel Lacombe se penche sur cette étude de Geneviève Carpentier quant à la maitrise du français chez certains nouveaux enseignants du primaire, mais aussi une autre d'Amélie Guay sur le rapport à l'écriture qu'ont les étudiants en enseignement qui ont échoué le TECFÉE. Participaient aussi à l'émission Gérald Boutin, spécialiste en éducation, Martin Bibeau, vice-président de l'Alliance des professeurs de Montréal, et Pascale Lefrançois, vice-doyenne aux études de premier cycle et directrice du Centre de formation initiale des maîtres (CFIM), à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal.

Voici quelques extraits de cette émission fort intéressante.
  • Jamais, dans leur parcours, ces enseignantes ont senti ou se sont fait sensibiliser par rapport à ça (difficultés avec la langue française) - Geneviève Carpentier-Bujold
  • Le nombre de passation du TECFÉE est illimité. - Amélie Guay
  • On trouve des étudiants [en enseignement] qui n'aiment pas écrire. - Amélie Guay
  • Au primaire, on ne forme pas des spécialistes pour l'enseignement du français ou des mathématiques. - Amélie Guay
  • On a transformé l'enseignement en une technique. - Gérald Boutin




    • Qui attire-t-on en sciences de l'éducation? - Pascale Lefrançois

    J'aurais pu en transcrire plusieurs autres. Mais tout cela pour vous inviter à écouter celle-ci même si elle dure près d'une heure.



    16 mai 2014

    Elles ne comprendront jamais

    Les dirigeants des commissions scolaires ont en congrès cette semaine. Et pourquoi se priver? Allons à Montebello, se disent nos décideurs qui expliquent bien gérer l'argent des contribuables. À supposer que cela soit vrai, le message est quand même contradictoire...


    14 mai 2014

    Enseigner et mal écrire (ajout)

    Bon, La Presse publie un texte fort intéressant ce matin à propos des travaux d'une chercheuse de l'Université du Québec en Outaouais. On y relate les difficultés qu'éprouvent de nouveaux enseignants du primaire avec l'écriture. Notons tout d'abord qu'il ne s'agit pas d'une étude qui vise à décrire les compétences en français de l'ensemble des nouveaux enseignants du primaire et que l'échantillon qu'on y traite est plutôt restreint. De plus, l'insécurité qu'éprouvent ces nouveaux profs est souvent le propre de ceux qui en sont à leurs premières années dans ce domaine. Encore aujourd'hui, il m'arrive d'hésiter, de chercher un mot, de revérifier un passage au cas où... mais tout de même!

    Cependant, cette étude vient quand même jeter un regard intéressant sur certains étudiants qui sont acceptés dans les programmes de formation des maitres et qui ne s'estiment pas à la hauteur. Cela corrobore les commentaires d'amis qui enseignent au bac et qui sont parfois découragés de la non-maitrise du français de la part de leurs étudiants.

    Ce qui m'a principalement remué dans cette recherche est le fait que certains nouveaux enseignants, qui connaissent des difficultés, ne seraient pas ouverts «à participer aux formations gratuites demandant un engagement supplémentaire de leur part». Allo professionnalisme?

    *********

    En passant, ces enseignants ont réussi l'épreuve ministérielle de cinquième secondaire, l'épreuve uniforme collégiale et le TECFÉE. Dans certains cas, ils ont aussi réussi une épreuve de la CS où ils travaillent. Ça nous en dit long sur le sérieux de ces évaluations.




    12 mai 2014

    Deux entrées dans la même journée!

    Bonne nouvelle quant à moi dans le monde de l'éducation: le gouvernement Couillard ferme immédiatement les directions régionales du MELS. Bien évidemment, mes amis syndicaux ont rapidement dénoncé cette décision.

    Hélène Chouinard, représentante du syndicat de la fonction publique (SFPQ) du Québec dans les trois régions de l'Est, affirme: « Si nos bons emplois disparaissent petit à petit, c'est l'économie de toute une région qui est touchée aussi. Celui de Rimouski, il couvrait la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Sept-Îles couvrait toute la Côte-Nord. Alors, ce sont de grands territoires. Je pense qu'on a le droit d'avoir autant de services que les gens des grands centres. On n'a rien contre les grands centres, mais je pense que nous, les régions éloignées, on devrait aussi être privilégiées pour offrir de bons services à la population.»

    Euh? Faut-il maintenir des emplois pour maintenir des emplois? À quoi servaient ces directions régionales? Quels services offraient-elles exactement à la population? Avant de dénoncer, il faut justifier davantage son point de vue et l'utilité de ces emplois.

    En cinq ans de questionnements, personne n'a su m'expliquer concrètement ce que ces directions apportaient au monde de l'éducation. Quand il y avait plus des centaines de commissions scolaires au Québec, elles avaient peut-être un rôle de coordination à jouer. Mais avec toutes les fusions survenues depuis quelques années...

    Une chroniqueure mal rapaillée...

    Comment peut-on parler de souveraineté, de poésie, de l'importance pour les immigrants de maitriser la langue française (ici) et écrire des billets remplis de fautes de syntaxe, de ponctuation et de grammaire avec un vocabulaire parfois pauvre?

    C'est le défi que relève souvent Tania Longpré, enseignante en francisation, dans un blogue du Journal de Montréal. Allons-y avec deux phrases tirées d'un récent billet, mais sachez que tout le texte est de la même eau:

    (texte original) 
    La semaine dernière, je suis allée avec une amie voir le magnifique spectacle de douze hommes rapaillés, accompagnés de l’OSM. C’était un moment magique.

    Les mots de Miron, sublimés par la musique classique prenaient tous leurs sens. Ils étaient si beaux qu’ils faisaient mal.


    (texte corrigé)
    La semaine dernière, je suis allée avec une amie voir le magnifique spectacle Douze hommes rapaillés, accompagné de l’OSM. C’était un moment magique.

    Les mots de Miron, sublimés par la musique classique, prenaient tout leur sens. Ils étaient si beaux qu’ils faisaient mal.

    Comment cette dame peut-elle enseigner en francisation alors qu'elle maitrise manifestement si mal la langue française? Ce qui est aussi très embêtant, c'est qu'elle donne à notre profession une très mauvaise image.