On peut lire ce constat dans La Presse: en cas de confinement, le réseau scolaire public n'est pas prêt à tomber en télé-enseignement.
On peut bien vouloir blâmer les enseignants, les commissions scolaires (qui n'existent plus!); dans les faits, la situation est bien plus simple.
1- Le réseau public est sous-équipé depuis des années en matière de matériel informatique. Le retard à rattraper est donc important. Et la CAQ aura beau blâmer les gouvernements précédents, sa plate-forme électorale ne contenait rien à ce propos et elle n'a rien fait en la matière à ce sujet avant mars 2020.
2- La décision du ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, de financer l'achat de matériel électronique en vue d'un enseignement à distance est arrivée deux semaines après celle de l'Ontario ce printemps. Deux semaines après.. en mode réaction... en copiant la province voisine. Voilà comment fonctionne ce gouvernement quand il s'aperçoit que ses idées ne marchent pas. Donc, il ne faut pas se surprendre que le matériel arrivera en 2021. Le Québec n'a pas été parmi les premiers à passer ses commandes et la demande mondiale est très forte.
3- Tout le monde de l'éducation a pris des vacances cet été. Je ne blâme personne: l'exemple est venu d'en haut. De très haut. Mais formater les ordinateurs et des tablettes reçus selon les normes des CCS a commencé à la mi-aout.
4- On manque de personnel de soutien informatique dans les CSS. Et c'est bien normal, car on est en pénurie de travailleurs dans de nombreux domaines au Québec et que le secteur privé offre des conditions bien plus intéressantes que celles des CSS.
Maintenant, y a-t-il de la résistance de la part de certains enseignants à basculer vers le télé-enseignement? Oui. Mais il serait faux de croire que ceux-ci sont très nombreux. Ce que je vois autour de moi, ce sont des profs engagés qui travaillent fort avec les moyens du bord. Et certains centres de services et directions d'école qui ont une attitude...
Un exemple? Celles-ci se soucient peu des conditions dans lesquelles oeuvrent les enseignants à distance, en autant que les élèves et les parents ne se plaignent pas. Par contre, quand vient le temps d'autoriser le télétravail lors des journées pédagogiques, les enseignants ont reçu une liste de deux pages de conditions à remplir s'il veulent travailler de la maison. Comme s'ils étaient des «voleurs de temps». Le plus consternant est de voir la liste de matériel et d'équipement que l'enseignant doit obligatoirement fournir. Matériel et équipement qui ne sont soudainement plus exigés formellement une fois qu'un enseignant doit donner ses cours à des élèves à la maison. Deux poids, deux mesures...
Actuellement, dans le cas des classes confinées, on lit peu ou pas de plaintes de la part des parents et des élèves, sinon que cette forme d'enseignement ne les motive pas. À ce propos, juste un rappel: dans certaines classes en présentiel, des élèves dorment sur le bureau, ne font pas leurs travaux et se moquent d'échouer. L'école, en classe ou à distance, ne rejoindra jamais tout le monde. Pour paraphraser un éminent philosophe québécois: «Vaut mieux du télé-enseignement que pas d'enseignement du tout.»
Je connais peu de profs qui aimeraient retourner en télé-enseignement, sauf ceux qui craignent pour leur santé. Mais ça, c'est un autre problème.
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Pour illustrer la situation: depuis la parution de ce texte, l'ordinateur du Prof masqué (fourni par l'école) est tombé en panne. On m'a alors demandé de remplir une réquisition pour le faire réparer. On peut compter les jours avant qu'il ne soit vu par le technicien de l'école, qui est débordé.
Autour de moi, je ne compte pas le nombre dec ollègues qui utilisent leur propre oriinateur dans le cadre de leur travail.