La récente émission de TLMEP a ramené à l’avant-scène le dynamique trio de la révolution en éducation
au Québec, MM Thibault, Lavoie et Larrivée. Ce choix du ministre de l’Éducation
de confier à ces trois vedettes la possibilité d’imaginer, à nos frais, l’école
du futur a suscité bien des débats. Un aspect de ce choix qui a été peu abordé cependant
est qu’il montre à quel point M. Proulx manque de cohérence entre ce qu’il dit
et ce qu’il fait.
Un premier élément
à l’appui de cette affirmation est qu’on ne retrouve aucun enseignant dans cette équipe de choc. Pour un ministre qui affirme vouloir revaloriser
cette profession auprès de la population, le message est contradictoire. En
affirmant vouloir «penser en dehors de la boite», M. Proulx ne désavoue pas
seulement tous les employés de son ministère, mais aussi tous ceux qui oeuvrent
sur le terrain et ont une connaissance fine des difficultés qu’on y rencontre.
Oui, mais le trio formé d’un architecte, d’un athlète et d’un chef cuisinier a
proposé ses services bénévolement, affirme-t-on. Combien d’enseignants, d’éducateurs et de
professionnels de l’éducation font de même chaque année, croyez-vous? Pourquoi
les offres de ceux-ci n’ont-elles pas été retenues? Sont-elles moins valables aux yeux du ministre que celles de ces trois vedettes?
Un deuxième
élément qui montre bien une forme d’incohérence dans le discours du ministre de
l’Éducation est le parti-pris qu’il semble manifester à l’effet que la réussite de l’école
québécoise passe une meilleure alimentation, de beaux espaces et plus d’activités
physiques. Or, c’est le même ministre qui souhaite la création d’un Institut
national d’excellence en éducation afin de déterminer les pratiques gagnantes
en matière de réussite scolaire. Pourquoi créer un tel institut s’il croit déjà
avoir toutes les réponses? Qui dit que cette réussite ne pourrait pas plutôt
passer par les arts, comme le démontrent de nombreuses études? Dans les faits,
comment peut-on justifier d’investir dans une telle école du futur alors que les
recherches actuelles démontrent que certaines actions existantes et documentées
ont, à coût égal, un impact beaucoup plus important sur la réussite, notamment
celles reliées à une meilleure maitrise de la lecture chez les jeunes issus de
milieu défavorisé? Qu’attend le ministre,
nommé à ce poste depuis presque deux ans maintenant, pour investir massivement dans
ce domaine? Est-on dans une fuite vers l'avant?
Pour ma part, MM Thibault, Lavoie et Larrivée devraient réaliser que leurs actions, aussi
vertueuses soient-elles, ne constituent qu’un autre chapitre dans cette grande mascarade
qu’est la réussite scolaire au Québec. Peut-être trouvent-ils eux aussi - qui sait - leur compte dans cette pédagogie de la distraction? Pourtant, s'ils veulent la réussite d'un plus grand nombre d'élèves, la solution est ailleurs que dans ce qu'ils préconisent, soit dans l'adoption de moyens pédagogiques efficaces. Mais au royaume de la pédagogie spectacle, l'éclat des fausses évidences fait de meilleurs reportages et a l'avantage de distraire les citoyens des véritables problèmes.