31 août 2019

Sexualité et ECR: une décision pleine de bon sens

La décision du ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, de vouloir intégrer le contenu relié à l'éducation à la sexualité au cours d'Éthique et culture religieuse (ECR) est pleine de bon sens et résolument pratique quand on connait la réalité scolaire.

C'est au secondaire que la situation s'améliorera avec cette décision. En effet, actuellement, chaque école doit s'assurer de donner un certain nombre d'heures d'enseignement relié à la sexualité en intégrant celui-ci dans des cours déjà existants. Dans les faits, la situation varie grandement selon les écoles et semble quelquefois chaotique.  

Qu'on me comprenne bien pour l'avoir en partie fait: enseigner la sexualité ne consiste pas à parler devant les élèves de ce sujet, animer une discussion de groupe ou inviter un conférencier spécialisé (généralement une infirmière ou un sexologue) mais bien à enseigner un programme avec des contenus et des compétences à développer. C'est à la fois précis et rigoureux. On doit développer des séquences de cours, construire des activités qui rejoindront les objectifs prescrits par le MEES. Généralement, c'est aux enseignants de français, de sciences et d'ECR qu'on confie cette tâche dans les écoles. Plus poliment, disons-le, c'est aux enseignants de français, de sciences et d'ECR que le reste de l'équipe-école se débarrasse de cette tâche. En ECR et en sciences, il existe des liens logiques évidents entre cette matière et ce contenu, mais en français...  

Bien sûr, il est possible d'y parvenir à travers la lecture d'un roman, par exemple.  Mais encore faut-il trouver une oeuvre adéquate et signifiante au niveau littéraire, en faire acheter au minimum une trentaine d'exemplaires par l'école (où sont les budgets?), la préparer et créer le matériel didactique s'y rapportant. Dans les faits, il faut parfois se livrer à de véritables contorsions pédagogiques dignes du kamasutra pour intégrer (pas aborder mais intégrer) certains contenus dans un programme de français déjà fort chargé et complexe. Et les objectifs du programme d'une année ne se prêtent pas toujours à ceux du programme en sexualité. «Ah! Mais vous avez bien plus de périodes d'enseignement que bien d'autres matières et vous n'avez qu'à lire et écrire des textes sur ce sujet», m'a déjà dit un collègue. Ouaip... j'imagine ça, moi, la rédaction d'une nouvelle littéraire ayant pour thème la syphilis. Quoique si on s'intéresse à Maupassant...

Dans la réalité, loin de celle des hautes tours de nos fonctionnaires de la pédagogie, au secondaire, tout est déjà complexe et l'idée d'intégrer le contenu relié à la sexualité correspond très bien à l'adage «Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?» Il est difficile de coordonner l'action de huit enseignants différents pour chaque élève et vouloir intégrer un contenu précis dans divers cours parfois surchargés relève de la haute voltige. Pour ces raisons, ce qui est l'affaire de tous devient rapidement l'affaire de personne.

En prenant cette décision qui indisposera malgré tout certains enseignants, M. Roberge fait le bon choix, surtout si l'on pense à la santé des jeunes Québécois. Et si je peux me permettre: c'est exactement ce que suggéraient plusieurs enseignants il y a de cela des années. Mais on ne les a pas écoutés, préférant perdre temps, énergie et argent. Un bémol cependant: On peut se demander si tous les enseignants d'ECR auront l'agilité de présenter certains contenus disons plus scientifiques.

Reste maintenant à suggérer au ministre de s'intéresser aux différents contenus reliés à l'orientation scolaire et professionnel qui doit aussi être intégré dans différents cours, avec un succès bien relatif.