Depuis plus d’un an, à mon école, je travaille au sein d’un projet mettant en œuvre les nouvelles (?) technologies de l’information et de la communication, les fameuses NTIC. L’arrivée d’une batterie de portables et d’un réseau sans fil a suscité beaucoup d’appréhension et d’interrogations. On a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas, semble-t-il. L’histoire nous l’a bien montré.
La galaxie de Gutenberg
Avec l’invention de l’imprimerie au 15e siècle, l’élite de l’époque avait annoncé la venue d’un monde terrifiant. La lecture étant un acte solitaire, on allait assister à la fin du tissu social. Prisonniers des livres, les gens allaient s’isoler et l’esprit des communautés, s’atrophier. Or, rien de tout cela ne s’est produit. L’impression a accentué un mouvement religieux naissant, le protestantisme, et créer véritablement une légion d’analphabètes. Lire n’étant plus le privilège des biens nantis qui pouvaient détenir de précieux livres, chaque citoyen, à l’image du roi du conte, découvrait qu’il était nu.
Pour Marshall McLuhan, dont la pensée est plus d’actualité que jamais, l’imprimerie allait surtout ouvrir la voie à un système politique : la démocratie. Si le savoir est synonyme de pouvoir, Gutenberg mettait en marche une véritable révolution politique.
La galaxie de Marconi
Au début des années 50, une autre révolution voyait le jour : celle de la télévision. Cette fois, en plus de la fin des valeurs sociales et familiales, les devins de l’époque annonçaient également la fin du livre et des journaux. Ce sont davantage les cinémas et les boites de nuit qui ont connu un rapide déclin.
La télévision est vite devenue une activité familiale alors que les journaux et les livres n’ont pas disparu. Plus encore qu’avec la Deuxième Guerre mondiale, on a assisté à la montée d’une conscience planétaire. Le petit écran abolissait les frontières.
La fin du monde version 2010
Depuis quelques années, on assiste à une nouvelle révolution : celle des NTIC. Encore une fois, les augures de malheur ont prédit la fin du livre, des journaux et du tissu social. Pourtat, un des changements de cette révolution est que les jeunes n’ont jamais autant lu ou écrit, jamais autant consulté de l’information, que ce soit par écrit ou sous un support imagé ou vidéo. Mais ce changement prend des formes qu’on ne soupçonnait pas toujours.
Au niveau de l’écriture, les NTIC remettent en question la langue française et toutes les langues dans leur ensemble. Internet est parfois devenu un espace où les règles de grammaire ne semblent pas exister pour plusieurs raisons. De plus, les jeunes ne se sentent pas la nécessité de les respecter dans ce monde où on retrouve peu de modèles et d’adultes qui le font. On revient également à une certaine oralité de la langue.
Il est faux cependant de croire que les jeunes écrivent comme ils le veulent. L’intelligibilité que doit posséder un message les oblige à respecter certaines limites qu’ils testent parfois avec maladresse. Il existe donc des nouvelles règles d’écriture, mais elles sont différentes et déterminées par des considérations parfois étonnantes. Par exemple, l’écriture à l’aide d’un clavier a des impacts sur la langue utilisée. Qui a envie de taper un mot complet quand une abréviation suffit? L’insertion dans un échange écrit de symboles mathématiques ou de caractères propres à un clavier n’est pas chose surprenante. Personnellement, j’ai tendance à supprimer les apostrophes et les majuscules. Une espace ou un point me semble des indices suffisants. Pourquoi doit-on être redondant si le message est suffisamment clair en lui-même?
Par ailleurs, aujourd’hui, on a accès en quelques secondes à des informations qui prenaient autrefois des heures et des heures à trouver. On peut entretenir une conversation avec un interlocuteur sur Facebook et inclure dans nos échanges des liens vers des sites ou des vidéos qui illustrent ou appuient nos propos. Ainsi, il m’est arrivé de parler de Bing Crosby avec un jeune (une photo de ce dernier me servant d’avatar ce jour-là) et je pouvais le diriger presque instantanément vers des extraits de films mis en ligne qui montraient les talents de danseur et de chanteur du célèbre crooner américain. Nous avons même poussé jusqu’à Gene Kelly que l’élève trouvait moins endormant. Autrefois, une telle démarche pédagogique aurait été, dans les faits, pratiquement impossible.
Il ne faut pas croire que la communication écrite disparaitra avec la montée des logiciels comme i Chat, par exemple. Les jeunes, avec qui j’ai discuté, adorent les échanges écrits parce qu’ils leur permettent de conserver un certain contrôle du temps dans les échanges. En ne voyant pas celui avec qui ils discutent, ils peuvent prendre leur temps pour trouver la bonne tournure de phrase ou effectuer une autre tâche. De même, en lecture, les documents écrits permettront toujours un survol rapide de ceux-ci, ce qui est impossible un document audio ou vidéo.
Quand je repense aux appréhensions qu’on peut avoir envers les NTIC, je me dis que ce n’est pas tant les technologies de l’information et des communications que l’usage qui en est fait que l’on doit questionner. Comme cela a toujours été la cas avec toute nouvelle technologie. À mon avis, on doit accompagner les élèves dans ce nouvel univers virtuel de l’information et de la communication si on veut comprendre comment ils s’en servent et les éduquer, les guider dans leurs choix. Si on ne le fait pas, ils l’exploreront seuls, sans notre expérience et notre sagesse pour leur indiquer l’importance de respecter certaines balises et principes éthiques.
Est-ce vraiment cela que nous voulons comme éducateurs?
30 novembre 2010
28 novembre 2010
La réussite éducative passe par l'activité physique
Il existe un message qu'on relaie souvent dans les médias avec lequel j'ai beaucoup de difficulté: la réussite scolaire passe par l'activité physique.
Voilà que Pascal-Pierre Paillé, député fédéral de Louis-Hébert, y va de son petit laïus dans Le Soleil : «L'éducation physique et à la santé ne sont pas assez présentes dans le calendrier scolaire. En faire une priorité avec une augmentation d'une heure par jour à tous les niveaux scolaires serait certes favorable pour les garçons qui ont besoin de dépenser leur énergie.»
Tout d'abord, ce député fait preuve de paresse intellectuelle en n'appuyant pas son propos par des études scientifiques. On nage dans des affirmations et dans ce que j'appelle des «opinions faciles». Des faits, validés, s'il vous plait. Là, on pourra véritablement discuter. Et quand il ajoute que les garçons ont besoin de bouger, j'aimerais bien qu'il dise «des garçons et des filles» au lieu de généraliser à outrance et de renforcer la caricature qu'on fait de ces derniers en les dépeignant sous les traits d'hyperactifs intenables en classe.
Ensuite, M. Paillé avance une mesure dont il n'estime absolument pas les coûts. On coupe une heure ailleurs dans la journée ou on en ajoute une? C'est une question à 250 millions. Juste augmenter de 18 minutes la journée scolaire au primaire a été un véritable bordel si on se fie à cet article. Et où va-t-on trouver les spécialistes et les espaces adéquats pour y parvenir quand on sait qu'on manque de gymnases et de profs dans nos écoles?
Enfin, pourquoi toujours demander à l'école de faire bouger les jeunes alors qu'il s'agit avant tout d'une responsabilité parentale? Combien de parents s'assurent que leur enfant fasse de l'activité physique et mangent convenablement à la maison?
Dans mon milieu scolaire, vous savez qui j'entends le plus parler de pratique sportive à l'extérieur de l'école: les filles. Et qui parle le plus de jeux vidéo? ... L'éducation à la santé et à la pratique sportive devrait être initiée et effectuée à la maison. Mais combien de parents prennent le temps de le faire? Combien de parents prennent du temps avec leur enfant de toute façon? Pas assez.
Si on veut que nos jeunes fassent une heure d'activité physique de plus par jour, pourquoi ne pas implanter un réseau de pistes cyclables sécuritaires pour qu'ils puissent se rendre à leur école en vélo? L'autobus jaune est-il toujours si nécessaire quand on parle de transport scolaire? Ne gagnerait-on pas à investir ailleurs que dans de circuits d'autobus?
Aujourd'hui, en banlieue, le moindre jeune vient à l'école en autobus scolaire ou en voiture. Par exemple, un élève du secondaire qui demeure à plus de 1,6 kilomètre de son école a droit au transport scolaire. Est-ce normal quand on sait qu'un être humain se déplace à pied en moyenne à 5km-h et à 20 km-h en vélo?
Voilà que Pascal-Pierre Paillé, député fédéral de Louis-Hébert, y va de son petit laïus dans Le Soleil : «L'éducation physique et à la santé ne sont pas assez présentes dans le calendrier scolaire. En faire une priorité avec une augmentation d'une heure par jour à tous les niveaux scolaires serait certes favorable pour les garçons qui ont besoin de dépenser leur énergie.»
Tout d'abord, ce député fait preuve de paresse intellectuelle en n'appuyant pas son propos par des études scientifiques. On nage dans des affirmations et dans ce que j'appelle des «opinions faciles». Des faits, validés, s'il vous plait. Là, on pourra véritablement discuter. Et quand il ajoute que les garçons ont besoin de bouger, j'aimerais bien qu'il dise «des garçons et des filles» au lieu de généraliser à outrance et de renforcer la caricature qu'on fait de ces derniers en les dépeignant sous les traits d'hyperactifs intenables en classe.
Ensuite, M. Paillé avance une mesure dont il n'estime absolument pas les coûts. On coupe une heure ailleurs dans la journée ou on en ajoute une? C'est une question à 250 millions. Juste augmenter de 18 minutes la journée scolaire au primaire a été un véritable bordel si on se fie à cet article. Et où va-t-on trouver les spécialistes et les espaces adéquats pour y parvenir quand on sait qu'on manque de gymnases et de profs dans nos écoles?
Enfin, pourquoi toujours demander à l'école de faire bouger les jeunes alors qu'il s'agit avant tout d'une responsabilité parentale? Combien de parents s'assurent que leur enfant fasse de l'activité physique et mangent convenablement à la maison?
Dans mon milieu scolaire, vous savez qui j'entends le plus parler de pratique sportive à l'extérieur de l'école: les filles. Et qui parle le plus de jeux vidéo? ... L'éducation à la santé et à la pratique sportive devrait être initiée et effectuée à la maison. Mais combien de parents prennent le temps de le faire? Combien de parents prennent du temps avec leur enfant de toute façon? Pas assez.
Si on veut que nos jeunes fassent une heure d'activité physique de plus par jour, pourquoi ne pas implanter un réseau de pistes cyclables sécuritaires pour qu'ils puissent se rendre à leur école en vélo? L'autobus jaune est-il toujours si nécessaire quand on parle de transport scolaire? Ne gagnerait-on pas à investir ailleurs que dans de circuits d'autobus?
Aujourd'hui, en banlieue, le moindre jeune vient à l'école en autobus scolaire ou en voiture. Par exemple, un élève du secondaire qui demeure à plus de 1,6 kilomètre de son école a droit au transport scolaire. Est-ce normal quand on sait qu'un être humain se déplace à pied en moyenne à 5km-h et à 20 km-h en vélo?
27 novembre 2010
Quand Pauline ne comprend pas
Pauline Marois commente le tout dernier sondage Crop-La Presse.
Ce dernier indique que le PQ, avec Gilles Duceppe, balaierait littéralement le Québec avec 49% des votes. Le PQ de Marois aurait 38% des votes contre le PLQ.
Mais là où c'est rigolo, c'est quand on découvre que Pierre Curzi ou Bernard Drainville ferait mieux qu'avec elle en obtenant 40 et 39% des suffrages. Quand des lieutenants donnent des résultats similaires que ceux de leur chef qui bénéficie normalement de plusieurs avantages médiatiques, il y a un problème. Mais madame Marois ne voit rien de cela.
Pis encore, on apprend que 77% des gens sondés croient que Jean Charest devrait quitter son poste contre 59% pour Pauline Marois. Quand on les questionne à savoir qui ferait le meilleur premier ministre, Mme Marois récolte 20 %, M. Charest 13 % et Gérard Deltell 8 %.
Pourquoi «pis encore»? Parce que c'est la même Pauline Marois qui n'arrive pas à se démarquer nettement d'un premier ministre qu'elle a qualifié récemment de pire «depuis trente ans».
Madame Marois semble nier les évidences les plus évidentes: «La façon dont je dirige le PQ depuis que je suis à la tête du parti a permis de retrouver la voie de la victoire.» Elle ne semble pas comprendre que les gens ne voteront pas pour elle, mais contre Jean Charest.
Celle-ci en rajoute: «Je veux qu'on m'évalue en fonction des résultats. Les résultats jusqu'à maintenant sont positifs et nous permettraient de remporter les prochaines élections.» Les résultats? Avec n'importe qui d'autre, le PQ serait encore plus populaire. Voilà les résultats.
Je ne peux pas croire que cette femme serait la prochaine première ministre. Le Québec a déjà assez souffert actuellement. Faudra-t-il qu'il s'en rajoute encore pour un autre mandat?
Ce dernier indique que le PQ, avec Gilles Duceppe, balaierait littéralement le Québec avec 49% des votes. Le PQ de Marois aurait 38% des votes contre le PLQ.
Mais là où c'est rigolo, c'est quand on découvre que Pierre Curzi ou Bernard Drainville ferait mieux qu'avec elle en obtenant 40 et 39% des suffrages. Quand des lieutenants donnent des résultats similaires que ceux de leur chef qui bénéficie normalement de plusieurs avantages médiatiques, il y a un problème. Mais madame Marois ne voit rien de cela.
Pis encore, on apprend que 77% des gens sondés croient que Jean Charest devrait quitter son poste contre 59% pour Pauline Marois. Quand on les questionne à savoir qui ferait le meilleur premier ministre, Mme Marois récolte 20 %, M. Charest 13 % et Gérard Deltell 8 %.
Pourquoi «pis encore»? Parce que c'est la même Pauline Marois qui n'arrive pas à se démarquer nettement d'un premier ministre qu'elle a qualifié récemment de pire «depuis trente ans».
Madame Marois semble nier les évidences les plus évidentes: «La façon dont je dirige le PQ depuis que je suis à la tête du parti a permis de retrouver la voie de la victoire.» Elle ne semble pas comprendre que les gens ne voteront pas pour elle, mais contre Jean Charest.
Celle-ci en rajoute: «Je veux qu'on m'évalue en fonction des résultats. Les résultats jusqu'à maintenant sont positifs et nous permettraient de remporter les prochaines élections.» Les résultats? Avec n'importe qui d'autre, le PQ serait encore plus populaire. Voilà les résultats.
Je ne peux pas croire que cette femme serait la prochaine première ministre. Le Québec a déjà assez souffert actuellement. Faudra-t-il qu'il s'en rajoute encore pour un autre mandat?
J'aime l'hiver
Aussi bien l'avouer, j'aime l'hiver. Depuis aussi longtemps qu'il m'en souvienne. J'attendais les premières neiges avec tant d'impatience cette année. Un peu à l'image d'un gamin qui trépigne quand il entend le mot «Noël». La première fut un beau cadeau de fête. Je sais: je ne suis pas normal, mais j'assume parfaitement ce côté blanc de ma personnalité.
Un des moments que j'aime de l'hiver est quand je suis couché bien au chaud dans mon lit, sous les couettes et les couvertes. Dehors, il neige et je me sens encore plus enveloppé par les flocons qui tombent à l'extérieur. C'est un peu comme si les couettes et les couvertes de mon lit s'étalaient alors jusqu'à l'extérieur de chez moi.
La nuit, vers minuit, j'entends la charrue passer dans la rue. Plus que de l'entendre, je la sens parce que la maison en vibre et cela me remue également. Même si elle poussera deux pieds de neige devant ma voiture stationnée, un peu imbécile, je me réjouis de savoir qu'on travaille à déblayer les chemins que j'emprunterai plus tard comme si elle ne le faisait que pour moi.
Bien sûr, il y aura le verglas, le grésil, les tempêtes nordiques et merdiques, mais l'hiver demeure ma saison préférée parce qu'elle est faite pour les gens vigoureux, braves, déterminés. J'aime l'hiver avec ce froid qui vous saisit, vous revigore, avec ce froid qui vous dit: «Hey, je te tiens entre mes doigts et tu dois être actif si tu ne veux pas mourir à cause de moi.» Si l'été, on peut ne rien faire des heures durant à l'extérieur, l'hiver oblige à l'action, à l'énergie. Il est cette douche froide vivifiante qui vous réveille et vous tire hors de votre propre inertie.
J'aime l'hiver. Pour ce qu'il est et ce qu'il me demande, pour ce qu'il fait de moi.
Un des moments que j'aime de l'hiver est quand je suis couché bien au chaud dans mon lit, sous les couettes et les couvertes. Dehors, il neige et je me sens encore plus enveloppé par les flocons qui tombent à l'extérieur. C'est un peu comme si les couettes et les couvertes de mon lit s'étalaient alors jusqu'à l'extérieur de chez moi.
La nuit, vers minuit, j'entends la charrue passer dans la rue. Plus que de l'entendre, je la sens parce que la maison en vibre et cela me remue également. Même si elle poussera deux pieds de neige devant ma voiture stationnée, un peu imbécile, je me réjouis de savoir qu'on travaille à déblayer les chemins que j'emprunterai plus tard comme si elle ne le faisait que pour moi.
Bien sûr, il y aura le verglas, le grésil, les tempêtes nordiques et merdiques, mais l'hiver demeure ma saison préférée parce qu'elle est faite pour les gens vigoureux, braves, déterminés. J'aime l'hiver avec ce froid qui vous saisit, vous revigore, avec ce froid qui vous dit: «Hey, je te tiens entre mes doigts et tu dois être actif si tu ne veux pas mourir à cause de moi.» Si l'été, on peut ne rien faire des heures durant à l'extérieur, l'hiver oblige à l'action, à l'énergie. Il est cette douche froide vivifiante qui vous réveille et vous tire hors de votre propre inertie.
J'aime l'hiver. Pour ce qu'il est et ce qu'il me demande, pour ce qu'il fait de moi.
26 novembre 2010
Directeurs dans le Sud: un grain de sable de plus...
Qu'on se comprenne bien: il existe d'excellents directeurs d'école. Mais dans le cas des sept partis en voyage de «formation» dans le Sud, ces derniers ont commis en partie une erreur de jugement importante, une erreur qui semble bien banale pour les institutions publiques quand on regarde le tout de plus près.
Aujourd'hui, le Parti québécois demande que les sept directeurs remboursent le coût de ce voyage. Mais pourquoi eux spécifiquement?
Quand on lit un peu plus sur cette «activité de formation», on apprend que ceux-ci étaient accompagnés d'un fonctionnaire du MELS et qu'un sous-ministre devait les suivre, mais avait vu sa demande refusée par la ministre Courchesne elle-même. Donc, tout le haut de la pyramide du MELS était bien au courant de cette escapade dans le Sud et n'a pratiquement rien fait pour l'interdire.
Les hautes sphères du MELS et le gouvernement seraient donc mal placés pour demander un remboursement pour une activité qui ne s'est pas effectuée à leur insu. Pour des raisons politiques, la ministre actuelle ne peut pas désavouer publiquement sa prédécesseure en demandant le remboursement de cette activité.
Et voilà un des noeuds de bien des problèmes en éducation: la politique. Un autre des noeuds, et je reviens sur ce point, est l'absence de gêne quant à une utilisation pour le moins douteuse des deniers publics. Vous et moi aurions éprouvé un certain malaise à partir en formation dans le Sud comme ça. Mais comme votre patron l'autorise, que le MELS et même la ministre le sait, que faites-vous?
Il existe une culture des dépenses en éducation, et dans le gouvernement en général, qui est complètement coupée de la réalité. On dépense l'argent des autres sans se questionner, sans être véritablement redevable. Les mesures de restriction n'empêcheront pas les décideurs de mal dépenser notre argent. Elles n'éduqueront ni ne responsabiliseront pas ceux-ci. Ils vont simplement peut-être moins mal dépenser. Et encore! Personnellement, comme je l'ai écrit, je crois que les individus les plus puissants de cette caste vont continuer à le faire comme si de rien n'était et que ce seront les moins puissants qui vont écoper.
Qui devrait rembourser les frais de ce voyage selon vous? Pas quel organisme ou institution publique, mais quelle personne?
Aujourd'hui, le Parti québécois demande que les sept directeurs remboursent le coût de ce voyage. Mais pourquoi eux spécifiquement?
Quand on lit un peu plus sur cette «activité de formation», on apprend que ceux-ci étaient accompagnés d'un fonctionnaire du MELS et qu'un sous-ministre devait les suivre, mais avait vu sa demande refusée par la ministre Courchesne elle-même. Donc, tout le haut de la pyramide du MELS était bien au courant de cette escapade dans le Sud et n'a pratiquement rien fait pour l'interdire.
Les hautes sphères du MELS et le gouvernement seraient donc mal placés pour demander un remboursement pour une activité qui ne s'est pas effectuée à leur insu. Pour des raisons politiques, la ministre actuelle ne peut pas désavouer publiquement sa prédécesseure en demandant le remboursement de cette activité.
Et voilà un des noeuds de bien des problèmes en éducation: la politique. Un autre des noeuds, et je reviens sur ce point, est l'absence de gêne quant à une utilisation pour le moins douteuse des deniers publics. Vous et moi aurions éprouvé un certain malaise à partir en formation dans le Sud comme ça. Mais comme votre patron l'autorise, que le MELS et même la ministre le sait, que faites-vous?
Il existe une culture des dépenses en éducation, et dans le gouvernement en général, qui est complètement coupée de la réalité. On dépense l'argent des autres sans se questionner, sans être véritablement redevable. Les mesures de restriction n'empêcheront pas les décideurs de mal dépenser notre argent. Elles n'éduqueront ni ne responsabiliseront pas ceux-ci. Ils vont simplement peut-être moins mal dépenser. Et encore! Personnellement, comme je l'ai écrit, je crois que les individus les plus puissants de cette caste vont continuer à le faire comme si de rien n'était et que ce seront les moins puissants qui vont écoper.
Qui devrait rembourser les frais de ce voyage selon vous? Pas quel organisme ou institution publique, mais quelle personne?
24 novembre 2010
Désolé, mais madame Beauchamp est dans le champ (erroné)
La ministre de l'Éducation a réagi au voyage de formation de sept directeurs d'école en République dominicaine l'hiver dernier. «Dans le contexte actuel, je considère que c'est une dépense de fonds publics tout à fait déplacée», a déclaré Line Beauchamp, à l'Assemblée nationale.
Vous croyez que ce genre de sortie va semer la peur dans la caste des administrateurs. Pantoute! Pourquoi? Parce que la ministre et les mesures qu'elle entend mettre de l'avant ne changeront rien à cette situation. Sa réaction traduit surtout sa profonde méconnaissance du fonctionnement des administrations en éducation ou de la nature humaine.
Ainsi, pour la ministre, ce genre de dépense justifie la volonté du gouvernement de couper dans les budgets de formation et de déplacement des organismes publics: «Je sais qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont pas aimé ça, qui ont dit qu'on devrait pouvoir choisir où couper, mais je pense que les faits tels que relatés nous indiquent qu'on a fait les bons choix en obligeant des coupures substantielles dans les budgets de déplacement et de formation.»
Dans les faits, sur le terrain, vous savez ce qui va arriver: certains directeurs pourront encore et toujours aller se former sous le soleil en hiver. C'est davantage dans la formation actuellement donnée aux enseignants et aux membres des castes inférieures que les coupures vont sévir.
Les paroles et les mesures de la ministre ne sont malheureusement que du vent. Un doux vent sec qui souffle sur une plage au sable doré.
*******
Youppie! Je pourrai aller à Punta Cana sur le bras de ma CS! Du moins, si on se base sur le commentaire de M. Saint-Pierre qui a ajouté des précisions ici. Si ce qu'il indique est vrai (et mon instinct lui fait confiance), je dois cependant préciser que je demeure convaincu que, parmi les castes supérieures, c'est encore le boss d'un quelconque cégep qui partira en voyage d'exploration de partenariat en Inde avec Jean Charest et que les employés moins élevés de la caste se feront couper ce qui auraient pu être utile.
Vous croyez que ce genre de sortie va semer la peur dans la caste des administrateurs. Pantoute! Pourquoi? Parce que la ministre et les mesures qu'elle entend mettre de l'avant ne changeront rien à cette situation. Sa réaction traduit surtout sa profonde méconnaissance du fonctionnement des administrations en éducation ou de la nature humaine.
Ainsi, pour la ministre, ce genre de dépense justifie la volonté du gouvernement de couper dans les budgets de formation et de déplacement des organismes publics: «Je sais qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont pas aimé ça, qui ont dit qu'on devrait pouvoir choisir où couper, mais je pense que les faits tels que relatés nous indiquent qu'on a fait les bons choix en obligeant des coupures substantielles dans les budgets de déplacement et de formation.»
Dans les faits, sur le terrain, vous savez ce qui va arriver: certains directeurs pourront encore et toujours aller se former sous le soleil en hiver. C'est davantage dans la formation actuellement donnée aux enseignants et aux membres des castes inférieures que les coupures vont sévir.
Les paroles et les mesures de la ministre ne sont malheureusement que du vent. Un doux vent sec qui souffle sur une plage au sable doré.
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Youppie! Je pourrai aller à Punta Cana sur le bras de ma CS! Du moins, si on se base sur le commentaire de M. Saint-Pierre qui a ajouté des précisions ici. Si ce qu'il indique est vrai (et mon instinct lui fait confiance), je dois cependant préciser que je demeure convaincu que, parmi les castes supérieures, c'est encore le boss d'un quelconque cégep qui partira en voyage d'exploration de partenariat en Inde avec Jean Charest et que les employés moins élevés de la caste se feront couper ce qui auraient pu être utile.
Des formations en Républicaine dominicaine: à quand mon tour?
Quand on dit en journalisme qu'une nouvelle est du bonbon, on pense à des textes (ici et ici) comme celui de Sébastien Ménard. Ce dernier a découvert que sept directeurs d'école ont passé une semaine en République dominicaine pour améliorer leurs aptitudes de leadership et étendre leur «réseau» de contacts. Les 21 000$ que cette «formation» a coûté ont évidemment été payés par les contribuables.
«Les directeurs d'école ont appris à développer leur leadership en cherchant, ensemble, des solutions à des problèmes qu'ils vivent au quotidien, indique l'organisatrice de ce voyage de formation. Certains d'entre eux sont maintenant en contact. Ils s'aident mutuellement à régler des problèmes.»
Pourtant, peut-on indiquer que la République dominicaine n'a pas une feuille de route acceptable en matière de persévérance scolaire? Les jeunes y décrocheraient deux fois plus qu'au Québec. C'est un peu comme si on allait étudier chez des cancres. Mais n'empêche!
Personnellement, le choix de cette destination soleil est hautement discutable, pour ne pas dire plus. Ça me turlupine que sept directeurs soient allés en plein hiver se former sous le chaud soleil de ce pays. S'ils y étaient allés en automne ou au printemps, les choses auraient paru moins suspectes. Ensuite, c'est en Ontario et dans le reste du Canada qu'on devrait aller se payer des visites. Nos voisins canadiens sembleraient avoir bien des pratiques dont on pourrait apprendre. Mais, malheureusement, là aussi, on gèle l'hiver. Et Toronto, c'est beaucoup moins exotique.
Tout cela me ramène à cette idée: il existe des castes en éducation, des groupes qu'on ne peut atteindre et qui sont peu redevables, des groupes pour qui tout est permis. Ils s'appuient et se protègent entre eux. Pensez-vous sérieusement que ces sept directeurs seront blâmés et qu'on leur demandera de rembourser leurs frais de voyage? Ce ne sera sûrement pas les commissions scolaires auxquelles ils appartiennent qui vont le faire puisqu'elles ont approuvé cette dépense. Qui alors? La ministre? Pas convaincu. Mais pourtant, il faudrait bien qu'on mette fin à cette dilapidation des fonds publics.
Ce matin, dans certaines commissions scolaires, on va retrouver des petits employés démotivés. Ils auront appris comment on dépense ainsi l'argent des contribuables. Pensez-vous qu'ils auront envie de travailler plus fort, de se retrousser les manches quand on leur dira qu'on manque d'argent en éducation?
L'exemple vient d'en haut et cet exemple est une vraie honte.
«Les directeurs d'école ont appris à développer leur leadership en cherchant, ensemble, des solutions à des problèmes qu'ils vivent au quotidien, indique l'organisatrice de ce voyage de formation. Certains d'entre eux sont maintenant en contact. Ils s'aident mutuellement à régler des problèmes.»
Pourtant, peut-on indiquer que la République dominicaine n'a pas une feuille de route acceptable en matière de persévérance scolaire? Les jeunes y décrocheraient deux fois plus qu'au Québec. C'est un peu comme si on allait étudier chez des cancres. Mais n'empêche!
Personnellement, le choix de cette destination soleil est hautement discutable, pour ne pas dire plus. Ça me turlupine que sept directeurs soient allés en plein hiver se former sous le chaud soleil de ce pays. S'ils y étaient allés en automne ou au printemps, les choses auraient paru moins suspectes. Ensuite, c'est en Ontario et dans le reste du Canada qu'on devrait aller se payer des visites. Nos voisins canadiens sembleraient avoir bien des pratiques dont on pourrait apprendre. Mais, malheureusement, là aussi, on gèle l'hiver. Et Toronto, c'est beaucoup moins exotique.
Tout cela me ramène à cette idée: il existe des castes en éducation, des groupes qu'on ne peut atteindre et qui sont peu redevables, des groupes pour qui tout est permis. Ils s'appuient et se protègent entre eux. Pensez-vous sérieusement que ces sept directeurs seront blâmés et qu'on leur demandera de rembourser leurs frais de voyage? Ce ne sera sûrement pas les commissions scolaires auxquelles ils appartiennent qui vont le faire puisqu'elles ont approuvé cette dépense. Qui alors? La ministre? Pas convaincu. Mais pourtant, il faudrait bien qu'on mette fin à cette dilapidation des fonds publics.
Ce matin, dans certaines commissions scolaires, on va retrouver des petits employés démotivés. Ils auront appris comment on dépense ainsi l'argent des contribuables. Pensez-vous qu'ils auront envie de travailler plus fort, de se retrousser les manches quand on leur dira qu'on manque d'argent en éducation?
L'exemple vient d'en haut et cet exemple est une vraie honte.
23 novembre 2010
Petite revue de presse masquée et réussite scolaire
Ce matin, deux séries de textes à mettre en relation.
La première (ici et ici) explique, et il n'y a rien de nouveau là-dedans, que certains élèves peuvent aller au secondaire sans réussir leur sixième année du primaire. En effet, selon la Loi sur l'instruction publique, un élève qui a échoué une année au primaire ne peut doubler une seconde fois. Il suit alors la cohorte à laquelle il appartient jusqu'à la sixième année. Cet élève travaille idéalement avec du matériel et des évaluations modifiés. Bref, c'est au prof de s'occuper de l'élève en difficulté intégré dans son groupe. De l'élève? Non, des élèves, devrait-on dire. Et tant pis si les ressources manquent et que le groupe devient ingérable.
Dans certaines écoles de ma commission scolaire, on a quelque peu triché en regroupant ces élèves dans les mêmes groupes quand cela était possible pour des raisons d'homogénéité et de fonctionnement. On a alors créé deux catégories de classe: les «correctes» et les «autres», un peu comme si on revenait à des cheminements particuliers. Le hic, c'est que, pour des raisons mathématiques, des élèves sans difficulté se retrouvent parfois dans ces classes «spéciales». Imaginez leur année...
Le père d'un élève ayant un retard académique s'interroge: «Le système scolaire permet à notre enfant de poursuivre un cheminement scolaire régulier malgré le fait qu'il soit continuellement en situation d'échec. Mais ce n'est pas grave, selon la commission scolaire, car notre garçon sera en cheminement particulier au secondaire. Alors pourquoi ne pas lui offrir tout de suite ce cheminement, afin qu'il consolide dès maintenant ses apprentissages?»
Ce que ce père ne comprend pas, c'est qu'officiellement, son enfant est supposé être «en cheminement particulier» au sein même d'une classe régulière grâce au prof qui adopte une pédagogie et une évaluation différenciées ainsi que grâce à des ressources spécialisées. Or, les ressources spécialisées manquent...
Là où cela devient rigolo, c'est que certains élèves ayant les acquis de ceux de quatrième année du primaire réussissent à entrer au secteur régulier au secondaire. Rigolo, mais pourquoi? Lisez la suite.
Dans une deuxième série de textes (ici et ici), on apprend que certains enseignants du secondaire se disent victimes de pression pour qu'il y ait moins d'échecs dans leur classe. Il faut savoir qu'avec la loi 88, adoptée en juillet 2009, les commissions scolaires composer avec les «conventions de partenariat» où elles se sont engagées à atteindre un certain niveau de réussite. Selon le syndicat d'enseignement de la région de Québec (SERQ), les enseignants dont les groupes présentent un taux d'échecs plus élevés seraient alors rencontrés pour trouver une solution à cette situation.
«On entend beaucoup de profs raconter qu'ils se sont fait dire de baisser leurs exigences. On leur dit qu'ils peuvent rencontrer des conseillers pédagogiques pour voir comment ils peuvent réduire les exigences lors des évaluations. C'est pas nouveau, mais ça va être encore pire avec les conventions de gestion. Ça inquiète énormément les profs», a indiqué le président de la SERQ, Denis Simard.
Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), affirme: «Quand on gère le changement, il y a toujours des résistances. Mais les appréhensions des enseignants reposent davantage sur des perceptions que des réalités. Ça ne devrait pas être vu comme quelque chose de négatif ou menaçant, il ne faut pas que le prof se sente mis au banc des accusés. Mais la direction a un rôle de supervision à jouer là-dedans.»
Plusieurs remarques:
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire avec des élèves qui, on l'a vu, ne devraient même pas être dans une classe régulière?
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire sans l'ajout de nouvelles ressources?
- comment se fait-il que les directions d'école rencontrent souvent les profs dont les groupes ont de nombreux échecs et pas ceux où tous les élèves passent alors qu'ils n'ont rien appris sous la férule complaisante d'un prof qui a compris comment éviter les rencontres avec la direction? Parce que le message qu'envoie très clairement le système d'éducation actuellement est aux profs celui-là: «Fais-les passer et refile le problème au suivant!»
Je plains mes collègues de cinquième secondaire qui se ramassent avec toute cette merde et la pression pour faire réussir les élèves aux examens du MELS.
La première (ici et ici) explique, et il n'y a rien de nouveau là-dedans, que certains élèves peuvent aller au secondaire sans réussir leur sixième année du primaire. En effet, selon la Loi sur l'instruction publique, un élève qui a échoué une année au primaire ne peut doubler une seconde fois. Il suit alors la cohorte à laquelle il appartient jusqu'à la sixième année. Cet élève travaille idéalement avec du matériel et des évaluations modifiés. Bref, c'est au prof de s'occuper de l'élève en difficulté intégré dans son groupe. De l'élève? Non, des élèves, devrait-on dire. Et tant pis si les ressources manquent et que le groupe devient ingérable.
Dans certaines écoles de ma commission scolaire, on a quelque peu triché en regroupant ces élèves dans les mêmes groupes quand cela était possible pour des raisons d'homogénéité et de fonctionnement. On a alors créé deux catégories de classe: les «correctes» et les «autres», un peu comme si on revenait à des cheminements particuliers. Le hic, c'est que, pour des raisons mathématiques, des élèves sans difficulté se retrouvent parfois dans ces classes «spéciales». Imaginez leur année...
Le père d'un élève ayant un retard académique s'interroge: «Le système scolaire permet à notre enfant de poursuivre un cheminement scolaire régulier malgré le fait qu'il soit continuellement en situation d'échec. Mais ce n'est pas grave, selon la commission scolaire, car notre garçon sera en cheminement particulier au secondaire. Alors pourquoi ne pas lui offrir tout de suite ce cheminement, afin qu'il consolide dès maintenant ses apprentissages?»
Ce que ce père ne comprend pas, c'est qu'officiellement, son enfant est supposé être «en cheminement particulier» au sein même d'une classe régulière grâce au prof qui adopte une pédagogie et une évaluation différenciées ainsi que grâce à des ressources spécialisées. Or, les ressources spécialisées manquent...
Là où cela devient rigolo, c'est que certains élèves ayant les acquis de ceux de quatrième année du primaire réussissent à entrer au secteur régulier au secondaire. Rigolo, mais pourquoi? Lisez la suite.
Dans une deuxième série de textes (ici et ici), on apprend que certains enseignants du secondaire se disent victimes de pression pour qu'il y ait moins d'échecs dans leur classe. Il faut savoir qu'avec la loi 88, adoptée en juillet 2009, les commissions scolaires composer avec les «conventions de partenariat» où elles se sont engagées à atteindre un certain niveau de réussite. Selon le syndicat d'enseignement de la région de Québec (SERQ), les enseignants dont les groupes présentent un taux d'échecs plus élevés seraient alors rencontrés pour trouver une solution à cette situation.
«On entend beaucoup de profs raconter qu'ils se sont fait dire de baisser leurs exigences. On leur dit qu'ils peuvent rencontrer des conseillers pédagogiques pour voir comment ils peuvent réduire les exigences lors des évaluations. C'est pas nouveau, mais ça va être encore pire avec les conventions de gestion. Ça inquiète énormément les profs», a indiqué le président de la SERQ, Denis Simard.
Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), affirme: «Quand on gère le changement, il y a toujours des résistances. Mais les appréhensions des enseignants reposent davantage sur des perceptions que des réalités. Ça ne devrait pas être vu comme quelque chose de négatif ou menaçant, il ne faut pas que le prof se sente mis au banc des accusés. Mais la direction a un rôle de supervision à jouer là-dedans.»
Plusieurs remarques:
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire avec des élèves qui, on l'a vu, ne devraient même pas être dans une classe régulière?
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire sans l'ajout de nouvelles ressources?
- comment se fait-il que les directions d'école rencontrent souvent les profs dont les groupes ont de nombreux échecs et pas ceux où tous les élèves passent alors qu'ils n'ont rien appris sous la férule complaisante d'un prof qui a compris comment éviter les rencontres avec la direction? Parce que le message qu'envoie très clairement le système d'éducation actuellement est aux profs celui-là: «Fais-les passer et refile le problème au suivant!»
Je plains mes collègues de cinquième secondaire qui se ramassent avec toute cette merde et la pression pour faire réussir les élèves aux examens du MELS.
22 novembre 2010
Récompenser en se tirant dans les pieds
J'ai beaucoup de difficulté avec ces enseignants qui récompensent leurs élèves en leur offrant des périodes libres d'ordinateur (surtout quand ils sont récompensés systématiquement tous les vendredis à la dernière période).
Tout d'abord, je trouve aberrant le message qu'on véhicule de la sorte. Ainsi, on consacre le fait que l'école soit un fardeau, une obligation et la récompense aux efforts qu'on demande aux jeunes ne se retrouve pas dans la réussite et la satisfaction personnelle mais dans le jeu et la récréation.
Ensuite, doit-on récompenser les jeunes en les laissant jouer à des jeux en ligne? Comme s'ils ne le faisaient pas déjà suffisamment à la maison! Le matériel informatique, payé à grands frais, doit-il servir à des fins aussi peu académiques? De plus, n'existe-t-il pas d'autres activités susceptibles de développer davantage les élèves que de jouer à tuer des extraterrestres ou autres entités? On se plaint de la condition physique de nos jeunes et on leur offre comme récompense de rester assis devant un écran.
Allez jouer dehors, ça existe!
Tout d'abord, je trouve aberrant le message qu'on véhicule de la sorte. Ainsi, on consacre le fait que l'école soit un fardeau, une obligation et la récompense aux efforts qu'on demande aux jeunes ne se retrouve pas dans la réussite et la satisfaction personnelle mais dans le jeu et la récréation.
Ensuite, doit-on récompenser les jeunes en les laissant jouer à des jeux en ligne? Comme s'ils ne le faisaient pas déjà suffisamment à la maison! Le matériel informatique, payé à grands frais, doit-il servir à des fins aussi peu académiques? De plus, n'existe-t-il pas d'autres activités susceptibles de développer davantage les élèves que de jouer à tuer des extraterrestres ou autres entités? On se plaint de la condition physique de nos jeunes et on leur offre comme récompense de rester assis devant un écran.
Allez jouer dehors, ça existe!
20 novembre 2010
Les maisons d'édition scolaire et Internet
Lors d'un récent congrès, je rencontrais une ancienne collègue qui travaille aujourd'hui dans une grosse maison d'édition bien connue. On a eu l'occasion d'échanger quelque peu, ce qui m'a amené à quelques réflexions.
Avec la fin de l'implantation de la réforme, les belles années sont finies pour plusieurs maisons d'édition qui concevaient du nouveau manuel scolaire. La manne est passée et elles cherchent donc de nouveaux débouchés.
En parallèle, les maisons d'édition sont inquiètes quand elles pensent à ce qui est arrivé à l'industrie du disque. En effet, on a vu à quel point les grandes maisons de disques ont connu des difficultés majeures. Le nombre d'albums vendus a diminué et les formats sous lesquels ils sont offerts ont également beaucoup changé. De plus, on a assisté à la montée de nombreuses entreprises indépendantes et les musiciens hésitent de moins en moins à s'autoproduire.
Les éditeurs scolaires ne savent pas trop sur quel pied danser avec les technologies de l'information. On offre des corrigés et du matériel reproductible en ligne ou sur clé USB, mais pas encore de véritables sites interactifs.
Contrairement aux musiciens et chanteurs, les enseignants ne semblent pas être des producteurs de contenu aussi importants. Les profs créent peu ou diffusent peu pour diverses raisons:
- des conditions de travail qui ne favorisent pas des temps d'arrêt pour créer du matériel pédagogique:
- la peur de se faire voler son matériel ou de ne pas en retirer une certaine reconnaissance (un petit apparté: en matière d'éthique et de droits d'auteurs, il y a des enseignants dont le comportement est condamnable);
- le manque d'envergure créatrice;
- la voie de la facilité.
C'est cette dernière raison qui donne un espoir à mon ancienne collègue. Il existe des profs qui veulent du matériel tout fait sans avoir à effectuer des recherches pour le trouver. Ils comptent sur des conseillers pédagogiques, sur des représentants des maisons d'édition pour qu'on leur propose du matériel.
Avec la fin de l'implantation de la réforme, les belles années sont finies pour plusieurs maisons d'édition qui concevaient du nouveau manuel scolaire. La manne est passée et elles cherchent donc de nouveaux débouchés.
En parallèle, les maisons d'édition sont inquiètes quand elles pensent à ce qui est arrivé à l'industrie du disque. En effet, on a vu à quel point les grandes maisons de disques ont connu des difficultés majeures. Le nombre d'albums vendus a diminué et les formats sous lesquels ils sont offerts ont également beaucoup changé. De plus, on a assisté à la montée de nombreuses entreprises indépendantes et les musiciens hésitent de moins en moins à s'autoproduire.
Les éditeurs scolaires ne savent pas trop sur quel pied danser avec les technologies de l'information. On offre des corrigés et du matériel reproductible en ligne ou sur clé USB, mais pas encore de véritables sites interactifs.
Contrairement aux musiciens et chanteurs, les enseignants ne semblent pas être des producteurs de contenu aussi importants. Les profs créent peu ou diffusent peu pour diverses raisons:
- des conditions de travail qui ne favorisent pas des temps d'arrêt pour créer du matériel pédagogique:
- la peur de se faire voler son matériel ou de ne pas en retirer une certaine reconnaissance (un petit apparté: en matière d'éthique et de droits d'auteurs, il y a des enseignants dont le comportement est condamnable);
- le manque d'envergure créatrice;
- la voie de la facilité.
C'est cette dernière raison qui donne un espoir à mon ancienne collègue. Il existe des profs qui veulent du matériel tout fait sans avoir à effectuer des recherches pour le trouver. Ils comptent sur des conseillers pédagogiques, sur des représentants des maisons d'édition pour qu'on leur propose du matériel.
19 novembre 2010
Que répondre à ce commentaire?
J'ai reçu ce commentaire et je ne sais que répondre. Des idées?
J'ai lu plusieurs billets de votre blog, et je dois vous dire monsieur Masqué que je suis un peu découragée... Je suis présentement en questionnement sur ma future carrière et je songe passer de soins infirmiers à enseignement de l'univers social au secondaire. Cependant, à la lecture de vos billets, il me semble que les professeurs ont autant de difficulté que les infirmières à pratiquer leurs métiers dans des conditions adéquates ce qui m'inquiète un peu. J'ai aussi eu la chance de lire un commentaire sur un de vos billets où la personne expliquait que souvent les jeunes qui choisissent la carrière de professeur ne se basent que sur ce qu'ils ont vu au secondaire sans chercher davantage d'information et abandonnent peu de temps après le début de leurs études. Alors, j'ai une question pour vous, que devrait-on absolument savoir avant d'entrer dans ce domaine afin d'être bien renseigné et d'éviter d'abandonner après la première année d'étude ?
Chose certaine, «univers social» semble un champ fort rempli. Des quatre jeunes profs que je connais et qui ont étudié à l'université dans ce champ, deux enseignent Éthique et culture religieuse et deux autres... l'anglais.
J'irais aux informations:
- taux de placement selon le champ choisi;
- taux de placement selon le territoire choisi;
- une visite d'une journée ou deux en »cachette» dans une école secondaire - avec la complicité d'un prof ouvert - pour me rappeler si le bon vieux temps était si bon.
J'ai lu plusieurs billets de votre blog, et je dois vous dire monsieur Masqué que je suis un peu découragée... Je suis présentement en questionnement sur ma future carrière et je songe passer de soins infirmiers à enseignement de l'univers social au secondaire. Cependant, à la lecture de vos billets, il me semble que les professeurs ont autant de difficulté que les infirmières à pratiquer leurs métiers dans des conditions adéquates ce qui m'inquiète un peu. J'ai aussi eu la chance de lire un commentaire sur un de vos billets où la personne expliquait que souvent les jeunes qui choisissent la carrière de professeur ne se basent que sur ce qu'ils ont vu au secondaire sans chercher davantage d'information et abandonnent peu de temps après le début de leurs études. Alors, j'ai une question pour vous, que devrait-on absolument savoir avant d'entrer dans ce domaine afin d'être bien renseigné et d'éviter d'abandonner après la première année d'étude ?
Chose certaine, «univers social» semble un champ fort rempli. Des quatre jeunes profs que je connais et qui ont étudié à l'université dans ce champ, deux enseignent Éthique et culture religieuse et deux autres... l'anglais.
J'irais aux informations:
- taux de placement selon le champ choisi;
- taux de placement selon le territoire choisi;
- une visite d'une journée ou deux en »cachette» dans une école secondaire - avec la complicité d'un prof ouvert - pour me rappeler si le bon vieux temps était si bon.
18 novembre 2010
L'inertie
Actuellement, avec tous les parfums de scandale qui flotte au Québec, l'appareil politique et gouvernemental risque d'être immobilisé. On tourne en rond, on concentre son temps et son énergie à défendre au lieu d'avancer, de créer, d'améliorer. Et avec les différentes luttes entre les clans mafioso, le Québec prend des airs d'Italie...
Les réalités qu'on ne regarde pas en pleine face n'hésitent jamais à nous poignarder dans le dos. Quand ça fait trop longtemps qu'on évite de résoudre certaines situations, on finit par être englué. Jean Charest, en privilégiant les intérêts de son parti à court terme au détriment ceux de l'état québécois, est en train de nuire à celui-ci pour des années.
Imaginez comment on peut réussir à changer les choses en éducation quand tout semble si sclérosé.
Les réalités qu'on ne regarde pas en pleine face n'hésitent jamais à nous poignarder dans le dos. Quand ça fait trop longtemps qu'on évite de résoudre certaines situations, on finit par être englué. Jean Charest, en privilégiant les intérêts de son parti à court terme au détriment ceux de l'état québécois, est en train de nuire à celui-ci pour des années.
Imaginez comment on peut réussir à changer les choses en éducation quand tout semble si sclérosé.
17 novembre 2010
Sécurité routière scolaire: une bonne idée mais...
Bon, on la sentait venir, celle-là. Voilà qu'on suggère que les écoles secondaires envisage la possibilité d'offrir lors d'activités parascolaires - le midi ou le soir - une formation sur la sécurité scolaire. «Il y a de l'ouverture de notre part pour des activités parascolaires, dans la mesure où on va être capable de l'organiser. Il est important de sensibiliser les jeunes à la sécurité routière», affirme la présidente de la Fédération des commissions scolaires, Josée Bouchard.
Réaction masquée: on dirait que madame Bouchard manque de travail. Il me semble que les commissions scolaires ont déjà assez fort affaire ailleurs que de s'occuper d'un dossier qui ne les concernent pas directement. Il est vrai qu'on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps. Sauf que dans la mesure où on remet en question la pertinence même des CS, que la participation des citoyens à l'élection des commissaires est anémique, que le décrochage scolaire est élevé, qu'on manque de matériel dans nos classes, la FCSQ peut-elle se recentrer sur son mandat de base et arrêter de courir partout?
Jean-Marie De Koninck, de la Table de sécurité routière, aimerait bien voir des enseignants apprêter leur cours à la sauce «sécurité routière» en utilisant le matériel pédagogique de la SAAQ. On pourrait ainsi intégrer des notions de sécurité routière dans les cours de physique au secondaire lorsqu'on abordera les notions de vitesse et d'impact: «Si j'étais un enseignant de physique, je sauterais là-dessus parce que c'est une bonne façon de faire d'une pierre deux coups.»
Réaction masquée: les profs de sciences que je connais ont déjà de la difficulté à couvrir leur programme. M. De Koning agit comme un gérant d'estrade en suggérant à ces derniers de modifier les cours pour y intégrer des notions reliées à la sécurité routière. Ça m'embêtera toujours ce genre de sortie publique. Faire des souhaits aussi vertueux sans avoir approché les gens concernés, c'est encore une façon de les culpabiliser.
De plus, M. De Koninck suggère aussi la création dans chaque école d'un responsable de l'éducation routière dans chaque école: «Il ne s'agit pas de créer un poste, mais plutôt qu'un adulte de l'école prenne en charge le dossier en organisant des événements ou des conférences autour de la sécurité routière.»
Réaction masquée: M. De Koninck, qui aime la science, croit-il à la théorie de la génération spontanée? Selon lui, on ne créerait pas de poste. Dans les faits, soit on ajoute ce dossier à la tâche de quelqu'un en place ou soit on fout un autre dossier à la poubelle pour faire une place à celui-là. Alors, qu'élimine-t-on? Là aussi, on remarque cette méconnaissance de la gestion en milieu scolaire et cette attitude vertueuse qui ne s'inscrit en rien dans la réalité sur le terrain.
Que M. De Koning soit dans le champ, ça peut arriver. Mais que madame Bouchard, qui oeuvre en milieu scolaire, ne réagisse pas immédiatement aux impacts de ce genre de propositions me sidère. Sa réponse au projet de la Table de concertation routière est politique: «Oui, en autant que...» Mais voilà, la politique de ce genre, en éducation, on en a peut-être soupé et on voudrait davantage une gestion efficace des dossiers actuels relevant des gens qui sont concerné par ceux-ci.
Réaction masquée: on dirait que madame Bouchard manque de travail. Il me semble que les commissions scolaires ont déjà assez fort affaire ailleurs que de s'occuper d'un dossier qui ne les concernent pas directement. Il est vrai qu'on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps. Sauf que dans la mesure où on remet en question la pertinence même des CS, que la participation des citoyens à l'élection des commissaires est anémique, que le décrochage scolaire est élevé, qu'on manque de matériel dans nos classes, la FCSQ peut-elle se recentrer sur son mandat de base et arrêter de courir partout?
Jean-Marie De Koninck, de la Table de sécurité routière, aimerait bien voir des enseignants apprêter leur cours à la sauce «sécurité routière» en utilisant le matériel pédagogique de la SAAQ. On pourrait ainsi intégrer des notions de sécurité routière dans les cours de physique au secondaire lorsqu'on abordera les notions de vitesse et d'impact: «Si j'étais un enseignant de physique, je sauterais là-dessus parce que c'est une bonne façon de faire d'une pierre deux coups.»
Réaction masquée: les profs de sciences que je connais ont déjà de la difficulté à couvrir leur programme. M. De Koning agit comme un gérant d'estrade en suggérant à ces derniers de modifier les cours pour y intégrer des notions reliées à la sécurité routière. Ça m'embêtera toujours ce genre de sortie publique. Faire des souhaits aussi vertueux sans avoir approché les gens concernés, c'est encore une façon de les culpabiliser.
De plus, M. De Koninck suggère aussi la création dans chaque école d'un responsable de l'éducation routière dans chaque école: «Il ne s'agit pas de créer un poste, mais plutôt qu'un adulte de l'école prenne en charge le dossier en organisant des événements ou des conférences autour de la sécurité routière.»
Réaction masquée: M. De Koninck, qui aime la science, croit-il à la théorie de la génération spontanée? Selon lui, on ne créerait pas de poste. Dans les faits, soit on ajoute ce dossier à la tâche de quelqu'un en place ou soit on fout un autre dossier à la poubelle pour faire une place à celui-là. Alors, qu'élimine-t-on? Là aussi, on remarque cette méconnaissance de la gestion en milieu scolaire et cette attitude vertueuse qui ne s'inscrit en rien dans la réalité sur le terrain.
Que M. De Koning soit dans le champ, ça peut arriver. Mais que madame Bouchard, qui oeuvre en milieu scolaire, ne réagisse pas immédiatement aux impacts de ce genre de propositions me sidère. Sa réponse au projet de la Table de concertation routière est politique: «Oui, en autant que...» Mais voilà, la politique de ce genre, en éducation, on en a peut-être soupé et on voudrait davantage une gestion efficace des dossiers actuels relevant des gens qui sont concerné par ceux-ci.
15 novembre 2010
Les mauvais parents, eux (la suite 2)
Les événements se bousculent un peu. Moi qui pensais pouvoir me la couler douce et écrire un billet aux deux jours cette semaine... Yves Boisvert me scoope en publiant un excellent texte ce matin sur l'attitude des Québécois quant à l'éducation: «Pour une fois que Charest a raison». Il cite des chiffres qui me font sourire parce qu'il rappelle ceux d'un autre sondage que je n'arrive pas à retrouver. Grosso modo, au Québec, l'éducation est une valeur moins importante que pour le reste du Canada. Merci. Bonsoir.
Ainsi, dans le cadre du rapport effectué par Jacques Ménard sur le décrochage, on a fait une petite étude comparative canadienne.
Quand on a demandé aux Québécois s'ils jugeaient «extrêmement important d'assurer la bonne connaissance de la lecture, de l'écriture et des mathématiques», ils ont répondu oui à 81%. Les parents québécois ont effectivement l'éducation de leurs enfants à coeur. Sauf que dans le reste du Canada, on a répondu oui à 94%.
Diriez-vous qu'il est extrêmement important d'acquérir une attitude disciplinée par rapport aux études? a-t-on demandé aussi. Oh, oui, ont dit 61% des Québécois sondés. C'était 80% dans le reste du Canada.
Une anecdote personnelle. Du côté de l'ex-belle-famille, on retrouvait une jeune fille qui allait au primaire. Belle, brillante, première de classe. Elle avait des rêves, elle voulait réussir dans la vie. Quand est venu le temps de choisir son école secondaire, ses parents lui ont dit: «Choisis ce que tu veux: on ne te paiera pas le cégep. On n'a pas eu besoin de ça, nous autres.» Pour ajouter un peu de couleur à ces parents, le père travaille dans la construction et est alcoolique. La mère vit de petits boulots à droite et à gauche tout en était plus ou moins fiable.
Vous pensiez-vous que ce genre de parents n'existait plus? Faque oui, il y DES parents qui devraient recevoir des coups de pied au cul. Pour reciter ce que j'ai déjà écrit:
«Il serait grand temps que certains parents réalisent - ou qu'on leur fasse réaliser - que l’éducation n’est pas un service mais un privilège ainsi qu’une obligation sociale et légale. Il serait grand temps qu’on les responsabilise. Mais ça aussi, il ne faut pas le dire… C’est un autre tabou.»
Mais voilà: comment responsabiliser des parents? Avec des campagnes de publicité mièvre comme celle du MELS? En établissant des mesures administratives et légales? Imaginez la levée de boucliers à laquelle on assistera. Chose certaine, un fait est indéniable: l'école et les enseignants ne disposent d'AUCUN pouvoir face aux parents qui trichent, qui motivent de façon frauduleuse les absences de leur enfant, par exemple.
Je devais aller vérifier ces faits pour un prochain texte mais saviez-vous qu'en Finlande, le pays qu'on cite sans arrêt en matière de réussite scolaire, l'école aurait le pouvoir de demander à un jeune de passer un test de dépistage concernant la consommation de drogue? que l'école pourrait aller tirer un jeune du lit s'il ne se point pas en classe?
Si on faisait la même chose ici, au Québec, on hurlerait à la Charte des Droits et Libertés! Parce qu'au Québec, on veut les avantages de la liberté sans les responsabilités qui l'accompagnent.
On parle des parents et de l'éducation au Québec. Combien votent lors des élections scolaires?Cette semaine est celle de la rencontre des parents dans ma commission scolaire. Combien se pointeront à mon école et lesquels vous croyez?
Par ce billet, je ne veux pas rejeter sur les seuls parents l'échec que vit le système scolaire québécois mais, si on veut changer les choses en éducation, il est temps qu'on regarde certaines vérités en face et l'attitude de certains parents en est une.
Ainsi, dans le cadre du rapport effectué par Jacques Ménard sur le décrochage, on a fait une petite étude comparative canadienne.
Quand on a demandé aux Québécois s'ils jugeaient «extrêmement important d'assurer la bonne connaissance de la lecture, de l'écriture et des mathématiques», ils ont répondu oui à 81%. Les parents québécois ont effectivement l'éducation de leurs enfants à coeur. Sauf que dans le reste du Canada, on a répondu oui à 94%.
Diriez-vous qu'il est extrêmement important d'acquérir une attitude disciplinée par rapport aux études? a-t-on demandé aussi. Oh, oui, ont dit 61% des Québécois sondés. C'était 80% dans le reste du Canada.
Une anecdote personnelle. Du côté de l'ex-belle-famille, on retrouvait une jeune fille qui allait au primaire. Belle, brillante, première de classe. Elle avait des rêves, elle voulait réussir dans la vie. Quand est venu le temps de choisir son école secondaire, ses parents lui ont dit: «Choisis ce que tu veux: on ne te paiera pas le cégep. On n'a pas eu besoin de ça, nous autres.» Pour ajouter un peu de couleur à ces parents, le père travaille dans la construction et est alcoolique. La mère vit de petits boulots à droite et à gauche tout en était plus ou moins fiable.
Vous pensiez-vous que ce genre de parents n'existait plus? Faque oui, il y DES parents qui devraient recevoir des coups de pied au cul. Pour reciter ce que j'ai déjà écrit:
«Il serait grand temps que certains parents réalisent - ou qu'on leur fasse réaliser - que l’éducation n’est pas un service mais un privilège ainsi qu’une obligation sociale et légale. Il serait grand temps qu’on les responsabilise. Mais ça aussi, il ne faut pas le dire… C’est un autre tabou.»
Mais voilà: comment responsabiliser des parents? Avec des campagnes de publicité mièvre comme celle du MELS? En établissant des mesures administratives et légales? Imaginez la levée de boucliers à laquelle on assistera. Chose certaine, un fait est indéniable: l'école et les enseignants ne disposent d'AUCUN pouvoir face aux parents qui trichent, qui motivent de façon frauduleuse les absences de leur enfant, par exemple.
Je devais aller vérifier ces faits pour un prochain texte mais saviez-vous qu'en Finlande, le pays qu'on cite sans arrêt en matière de réussite scolaire, l'école aurait le pouvoir de demander à un jeune de passer un test de dépistage concernant la consommation de drogue? que l'école pourrait aller tirer un jeune du lit s'il ne se point pas en classe?
Si on faisait la même chose ici, au Québec, on hurlerait à la Charte des Droits et Libertés! Parce qu'au Québec, on veut les avantages de la liberté sans les responsabilités qui l'accompagnent.
On parle des parents et de l'éducation au Québec. Combien votent lors des élections scolaires?Cette semaine est celle de la rencontre des parents dans ma commission scolaire. Combien se pointeront à mon école et lesquels vous croyez?
Par ce billet, je ne veux pas rejeter sur les seuls parents l'échec que vit le système scolaire québécois mais, si on veut changer les choses en éducation, il est temps qu'on regarde certaines vérités en face et l'attitude de certains parents en est une.
14 novembre 2010
Les mauvais parents, eux? (la suite 1)
Lors que j'ai écrit ce billet sur l'attitude de certains parents quant à l'école, je savais que je touchais un sujet tabou. Après sa publication dans un quotidien montréalais, j'ai été surpris de voir les nombreuses réactions qu'il suscitait chez les lecteurs de celui-ci. Majoritairement, on reconnaissait qu'il existe des parents dont il faut questionner l'action ou l'inaction dans la scolarisation et l'éducation de leur progéniture.
Ma plus grande surprise est survenue lorsque le premier ministre du Québec reprenait une idée similaire, avec plus de maladresse ou moins de nuance, quelques jours plus tard. Là, ce fut un torrent de réactions. Le sujet a été abordé dans plusieurs émissions de radio.
Je veux revenir, l'espace de quelques billets, sur le sujet abordé dans ce texte mais aussi sur les réactions qu'il a soulevées parce que tout cela me semble bien caractéristique du monde de l'éducation au Québec.
*************
Comme je l'écrivais, il ne faut pas généraliser: il existe de bons parents au Québec qui ont à coeur le succès et le bien-être de leur enfant.
Hier, je discutais au téléphone avec le père d'un de mes élèves. Ce jeune - appelons-le Pierre - est inscrit dans un programme enrichi tout en ayant un déficit d'attention majeur et un comportement à la limite du syndrome de La Tourette. On peut être TDAH et performer. L'un n'exclut pas l'autre. Sauf que l'enfant doit avoir été dépisté, diagnostiqué, suivi et encadré correctement à la maison (tout comme à l'école). Bref, un sacré travail au quotidien pour les parents.
Ont-ils le choix, me direz-vous? Si vous vous posez la question, c'est que vous êtes animé d'une véritable flamme parentale. Parce que des parents qui n'ont pas le comportement du père avec qui j'ai discuté, il en existe aussi. Leur première faille consiste souvent à ne pas admettre la différence de leur enfant.
Un cas. Un seul parmi d'autres. Appelons-le Nicolas, cette fois-ci. Sa mère refuse systématiquement d'admettre que son enfant souffre d'un problématique relevant, à mon avis, de la psychiatrie. Résultat: celui-ci a un retard scolaire incroyable mais surtout, parce qu'il est totalement inadapté à la vie en groupe, finit par être rejeté par les autres. Systématiquement. Je plains cet enfant dont la vie n'est fait que d'échecs parce qu'un de ses parents ne veut pas voir la réalité. Or, être parent exige parfois le dépassement de soi, de ce qu'on est, de nos peurs.
D'autres cas, tenez. Ces parents qui tentent de camoufler ou de cacher les «différences» de leur enfant lors du passage de celui-ci au secondaire. Comme si, par magie, il cesserait de devenir dyslexique ou hyperactif parce qu'il a réussi son primaire! On peut comprendre la crainte qu'un enfant soit étiqueté, mais on ne lui rend définitivement pas service en niant la réalité. Certains vont jusqu'à jouer à l'apprenti docteur en coupant ou modifiant la posologie de sa médication sans consulter qui que ce soit: «Il est au secondaire. C'est différent..»
Actuellement, c'est la saison de la chasse. Oh oui! je suis à la chasse au dossier scolaire primaire de certains de mes jeunes. Trop d'interrogations, trop d'observations m'amènent à penser que certains d'entre eux n'ont peut-être pas le support, l'encadrement et les services dont ils auraient besoin pour réussir parce qu'on «cache des choses».
D'un côté, comme certains de mes collègues, j'ai envie de ne pas m'opposer au mauvais choix que font certains parents. Ce sont eux qui sont responsables de ce dernier, pas moi. S'ils sont assez bêtes pour penser que... De l'autre, je ne peux me résoudre à pactiser avec eux au détriment du jeune que j'ai en classe.
Revenons à Pierre. Dès le début de l'année, il est venu me voir du haut de ses 12 ans: «Je suis TDAH, je suis parfois tannant en classe parce que j'oublie ma médication.» Une démarche saine, normale, assumée. Difficile de ne pas adorer ce jeune et de ne pas vouloir lui donner le meilleur de moi-même.
Dans un contexte comme celui-là, voilà un élève que je pourrai accompagner, aider pleinement. Un exemple bête du support que je pourrai donner à cet enfant: m'assurer qu'il prend correctement en note les devoirs et les travaux à faire dans son carnet scolaire. Son père veillera à la maison que le tout soit fait. De plus, nous avons convenu - par le biais du carnet scolaire - de nous assurer que son fils ira en récupération pour rattraper ce qu'il a «manqué» en classe.
Un autre exemple de suivi que j'exercerai avec Pierre: m'assurer qu'il ait diné. En effet, certaines médications associées aux élèves TDAH leur coupe l'appétit avec pour résultat que ces enfants deviennent intenables dans l'après-midi parce qu'ils ont faim! Quel cercle vicieux!
Il y a deux ans, j'ai accompagné ainsi un TDHA pour qu'il apprenne à diner. Il venait manger en classe avec moi. Au début, il grignotait une carotte. Parfois, il pigeait dans ma boite à lunch un petit quelque chose. Sa mère, avec qui j'étais en contact, s'assurait de toujours placer un fruit et une barre tendre dans son lunch au cas où il aurait faim plus tard dans la journée. Puis, il a commencé à manger davantage pour soudainement disparaitre: «J'mange avec des amis.» J'ai vérifié. Et le plus beau moment de mon année fut quand il est venu me voir un midi, le visage éclairé par une fierté qui illuminait ses traits: «Monsieur masqué, j'ai fini mon premier lunch ce midi!»
Si j'offre un meilleur encadrement à Pierre, je m'attends aussi à ce que ses parents fassent de même. Et je m'attends aussi à ce qu'ils acceptent d'être un peu bousculés à l'occasion:
- À mon avis, vous devriez vérifier que la posologie de la médication de votre enfant soit encore bonne. Et puis, il va falloir trouver un moyen pour qu'il n'oublie pas de la prendre.
- Ben, je vais prendre rendez-vous avec le médecin. Pour les oublis, vous avez une idée parce que je pars avant lui le matin et...
- Il y a une TES à l'école qui pourrait discuter avec lui pour mieux le responsabiliser et l'amener à trouver des solutions. Ça vous dérange si elle le rencontre?
Voilà. Des bons parents, il en existe. Des mauvais aussi. C'est comme les profs. Des bons, des moins bons, des carrément mauvais.
Le problème, c'est que, s'il existe des moyens - limités, je le concède - de remettre en question les mauvais profs, pour les mauvais parents, l'école, elle, est totalement démunie. Je reviendrai sur ce point dans un billet cette semaine.
Ma plus grande surprise est survenue lorsque le premier ministre du Québec reprenait une idée similaire, avec plus de maladresse ou moins de nuance, quelques jours plus tard. Là, ce fut un torrent de réactions. Le sujet a été abordé dans plusieurs émissions de radio.
Je veux revenir, l'espace de quelques billets, sur le sujet abordé dans ce texte mais aussi sur les réactions qu'il a soulevées parce que tout cela me semble bien caractéristique du monde de l'éducation au Québec.
*************
Comme je l'écrivais, il ne faut pas généraliser: il existe de bons parents au Québec qui ont à coeur le succès et le bien-être de leur enfant.
Hier, je discutais au téléphone avec le père d'un de mes élèves. Ce jeune - appelons-le Pierre - est inscrit dans un programme enrichi tout en ayant un déficit d'attention majeur et un comportement à la limite du syndrome de La Tourette. On peut être TDAH et performer. L'un n'exclut pas l'autre. Sauf que l'enfant doit avoir été dépisté, diagnostiqué, suivi et encadré correctement à la maison (tout comme à l'école). Bref, un sacré travail au quotidien pour les parents.
Ont-ils le choix, me direz-vous? Si vous vous posez la question, c'est que vous êtes animé d'une véritable flamme parentale. Parce que des parents qui n'ont pas le comportement du père avec qui j'ai discuté, il en existe aussi. Leur première faille consiste souvent à ne pas admettre la différence de leur enfant.
Un cas. Un seul parmi d'autres. Appelons-le Nicolas, cette fois-ci. Sa mère refuse systématiquement d'admettre que son enfant souffre d'un problématique relevant, à mon avis, de la psychiatrie. Résultat: celui-ci a un retard scolaire incroyable mais surtout, parce qu'il est totalement inadapté à la vie en groupe, finit par être rejeté par les autres. Systématiquement. Je plains cet enfant dont la vie n'est fait que d'échecs parce qu'un de ses parents ne veut pas voir la réalité. Or, être parent exige parfois le dépassement de soi, de ce qu'on est, de nos peurs.
D'autres cas, tenez. Ces parents qui tentent de camoufler ou de cacher les «différences» de leur enfant lors du passage de celui-ci au secondaire. Comme si, par magie, il cesserait de devenir dyslexique ou hyperactif parce qu'il a réussi son primaire! On peut comprendre la crainte qu'un enfant soit étiqueté, mais on ne lui rend définitivement pas service en niant la réalité. Certains vont jusqu'à jouer à l'apprenti docteur en coupant ou modifiant la posologie de sa médication sans consulter qui que ce soit: «Il est au secondaire. C'est différent..»
Actuellement, c'est la saison de la chasse. Oh oui! je suis à la chasse au dossier scolaire primaire de certains de mes jeunes. Trop d'interrogations, trop d'observations m'amènent à penser que certains d'entre eux n'ont peut-être pas le support, l'encadrement et les services dont ils auraient besoin pour réussir parce qu'on «cache des choses».
D'un côté, comme certains de mes collègues, j'ai envie de ne pas m'opposer au mauvais choix que font certains parents. Ce sont eux qui sont responsables de ce dernier, pas moi. S'ils sont assez bêtes pour penser que... De l'autre, je ne peux me résoudre à pactiser avec eux au détriment du jeune que j'ai en classe.
Revenons à Pierre. Dès le début de l'année, il est venu me voir du haut de ses 12 ans: «Je suis TDAH, je suis parfois tannant en classe parce que j'oublie ma médication.» Une démarche saine, normale, assumée. Difficile de ne pas adorer ce jeune et de ne pas vouloir lui donner le meilleur de moi-même.
Dans un contexte comme celui-là, voilà un élève que je pourrai accompagner, aider pleinement. Un exemple bête du support que je pourrai donner à cet enfant: m'assurer qu'il prend correctement en note les devoirs et les travaux à faire dans son carnet scolaire. Son père veillera à la maison que le tout soit fait. De plus, nous avons convenu - par le biais du carnet scolaire - de nous assurer que son fils ira en récupération pour rattraper ce qu'il a «manqué» en classe.
Un autre exemple de suivi que j'exercerai avec Pierre: m'assurer qu'il ait diné. En effet, certaines médications associées aux élèves TDAH leur coupe l'appétit avec pour résultat que ces enfants deviennent intenables dans l'après-midi parce qu'ils ont faim! Quel cercle vicieux!
Il y a deux ans, j'ai accompagné ainsi un TDHA pour qu'il apprenne à diner. Il venait manger en classe avec moi. Au début, il grignotait une carotte. Parfois, il pigeait dans ma boite à lunch un petit quelque chose. Sa mère, avec qui j'étais en contact, s'assurait de toujours placer un fruit et une barre tendre dans son lunch au cas où il aurait faim plus tard dans la journée. Puis, il a commencé à manger davantage pour soudainement disparaitre: «J'mange avec des amis.» J'ai vérifié. Et le plus beau moment de mon année fut quand il est venu me voir un midi, le visage éclairé par une fierté qui illuminait ses traits: «Monsieur masqué, j'ai fini mon premier lunch ce midi!»
Si j'offre un meilleur encadrement à Pierre, je m'attends aussi à ce que ses parents fassent de même. Et je m'attends aussi à ce qu'ils acceptent d'être un peu bousculés à l'occasion:
- À mon avis, vous devriez vérifier que la posologie de la médication de votre enfant soit encore bonne. Et puis, il va falloir trouver un moyen pour qu'il n'oublie pas de la prendre.
- Ben, je vais prendre rendez-vous avec le médecin. Pour les oublis, vous avez une idée parce que je pars avant lui le matin et...
- Il y a une TES à l'école qui pourrait discuter avec lui pour mieux le responsabiliser et l'amener à trouver des solutions. Ça vous dérange si elle le rencontre?
Voilà. Des bons parents, il en existe. Des mauvais aussi. C'est comme les profs. Des bons, des moins bons, des carrément mauvais.
Le problème, c'est que, s'il existe des moyens - limités, je le concède - de remettre en question les mauvais profs, pour les mauvais parents, l'école, elle, est totalement démunie. Je reviendrai sur ce point dans un billet cette semaine.
12 novembre 2010
Gestion efficace
Il ne faut pas critiquer, je sais. Mais bon.
Je suis engagé dans plusieurs projets reliés aux technologies de l'information cette année. Je reviendrai peut-être un jour sur ce nouvel aspect de ma vie professionnelle. Ce qui est savoureux est que j'ai découvert que les employés de la commission scolaire qui travaillent au maintien du réseau informatique oeuvrent de jour et qu'on évite bien évidemment qu'ils puissent faire du temps supplémentaire, donc qu'ils travaillent le soir ou la fin de semaine.
On économise des sous. Saine gestion, me direz-vous. À ceci près que j'utilise de jour ce même réseau avec mes élèves. Le système plante un soir: on attend au matin pour le réparer. Et tant pis si j'avais prévu une activité pédagogique. Le système a besoin de maintenance: on y procède de jour. Et comme l'information ne se rend pas toujours jusqu'à moi, modeste prof, je découvre le matin même que le réseau sera coupé pour la journée.
Vous savez l'impression que j'ai: d'être dans un hôpital et qu'on exige des employés d'entretien qu'ils travaillent de jour dans les salles d'opération pendant que je tente de faire une chirurgie.
Bien sûr, mes élèves ne sont pas à l'article de la mort, mais pourquoi ai-je cette impression que ceux-ci et moi ne sommes qu'un détail, qu'une variable insignifiante, qu'un accessoire dans cette grande bureaucratie de l'éducation? Qui se soucie de nous et de nos besoins?
Je suis engagé dans plusieurs projets reliés aux technologies de l'information cette année. Je reviendrai peut-être un jour sur ce nouvel aspect de ma vie professionnelle. Ce qui est savoureux est que j'ai découvert que les employés de la commission scolaire qui travaillent au maintien du réseau informatique oeuvrent de jour et qu'on évite bien évidemment qu'ils puissent faire du temps supplémentaire, donc qu'ils travaillent le soir ou la fin de semaine.
On économise des sous. Saine gestion, me direz-vous. À ceci près que j'utilise de jour ce même réseau avec mes élèves. Le système plante un soir: on attend au matin pour le réparer. Et tant pis si j'avais prévu une activité pédagogique. Le système a besoin de maintenance: on y procède de jour. Et comme l'information ne se rend pas toujours jusqu'à moi, modeste prof, je découvre le matin même que le réseau sera coupé pour la journée.
Vous savez l'impression que j'ai: d'être dans un hôpital et qu'on exige des employés d'entretien qu'ils travaillent de jour dans les salles d'opération pendant que je tente de faire une chirurgie.
Bien sûr, mes élèves ne sont pas à l'article de la mort, mais pourquoi ai-je cette impression que ceux-ci et moi ne sommes qu'un détail, qu'une variable insignifiante, qu'un accessoire dans cette grande bureaucratie de l'éducation? Qui se soucie de nous et de nos besoins?
09 novembre 2010
Parlons chiffres... et admission universitaire
Comme j'échange quelques chiffres avec un intervenant sur ce blogue, je me suis dis qu'il vaudrait mieux en faire un billet à part. Pour chasser toute confusion, dans les chiffres que je mentionne, on parle de la cote R du dernier candidat admis.
En enseignement du français, je vous invite à consulter la page suivante pour les cotes R.
Première de classe : 23,318 à l'UdeM.
Queue du peloton : 20,250 à l'UQAC
Comparatif rapide au hasard.
Communication à l'UdeM: 24,5.
Droit à l'UdeM: 30,5
Science politique à l'UdeM : 24,0
Architecture à l'UdeM : 30,2
Criminologie à l'UdeM: 27,58
Une cote R de 20 équivaut environ à 65% de moyenne au cégep. Une cote R de 25, à 75%.
Donc, on admet comme futurs profs des élèves qui ont parfois moins de 70% de moyenne au cégep. Et entre vous et moi, 70% au cégep, c'est assez moyen.
En enseignement du français, je vous invite à consulter la page suivante pour les cotes R.
Première de classe : 23,318 à l'UdeM.
Queue du peloton : 20,250 à l'UQAC
Comparatif rapide au hasard.
Communication à l'UdeM: 24,5.
Droit à l'UdeM: 30,5
Science politique à l'UdeM : 24,0
Architecture à l'UdeM : 30,2
Criminologie à l'UdeM: 27,58
Une cote R de 20 équivaut environ à 65% de moyenne au cégep. Une cote R de 25, à 75%.
Donc, on admet comme futurs profs des élèves qui ont parfois moins de 70% de moyenne au cégep. Et entre vous et moi, 70% au cégep, c'est assez moyen.
Coudonc? Le PM a-t-il lu le PM?
Sortie du premier ministre du Québec sur le rôle des parents quant au décrochage scolaire: «chaque fois que la question du décrochage scolaire est soulevée, on vise les commissions scolaires, on vise les professeurs, on vise les politiciens. Mais on oublie les acteurs les plus importants: les parents».
07 novembre 2010
Les enseignants: des professionnels? (ajout)
Je m'interroge beaucoup sur le statut des enseignants, sur la perception que la société a d'eux et sur ce que font ces derniers pour développer une meilleure image quant à leurs compétences.
Ce matin, donc, on apprend les résultats des étudiants en enseignement de l'UQAM au TECFÉE: 66% d'échec. Seulement. Dans la moyenne. La routine. Quand on sait que, pour entrer dans un programme en enseignement, il suffit parfois d'une cote R anémique, on ne peut être surpris par une telle moyenne.
Mais je me dis que les enseignants seront toujours considérés comme des ti-clins quand je lis les propos de Marie Nadeau, professeure responsable de ce dossier à l'UQAM.
C'est pas nous, c'est la langue!
«Tout le monde n'a pas à être testé sur l'accord des participes passés avec les verbes pronominaux ou connaître toutes les règles du participe passé qui concernent son accord et ses difficultés. (..) Est-ce que tout le monde doit sortir de l'école en maîtrisant ces exceptions-là sur le bout des doigts? Ou est-ce plutôt que certaines règles de la langue française sont un peu trop pointilleuses et qu'il faudrait peut-être les réformer?», déclare la dame.
Est-ce qu'en médecine, on remet constamment en question les évaluations auxquelles sont soumis les étudiants? Non. On estime qu'ils doivent les réussir. Ici, ce serait même la faute de la langue française qui est trop pointilleuse pour être maitrisée par de futurs enseignants!
Encore une fois, on élude certaines questions pourtant fondamentales. Et la formation antérieure de ces étudiants? Et les mesures d'accompagnement universitaires? Et la motivation de la part des étudiants à prendre les moyens pour réussir ce test du premier coup?
Quand vous lisez les propos de madame Nadeau, êtes-vous surpris quand plusieurs jeunes enseignants affirment n'avoir rien appris durant leurs études? Quand une responsable universitaire affirme, devant des résultats décevants, que ce sont les évaluations et la matière qui sont trop difficiles... Mes élèves de première secondaire tiennent souvent le même raisonnement, en passant.
Si l'école n'est pas capable de nous assurer que ceux qui y oeuvrent soient foutus de bien maitriser la langue de Vigneault, quel message envoie-t-on à la société en général quant à notre professionnalisme et quant à l'importance de la langue française? Se tirer dans les deux pieds ressemble pas mal à ça...
Quand j'étais gamin, à l'école, mes enseignants d'éducation physique étaient obèses et ne faisaient que lire leur journal tout en nous regardant trimer à faire des redressements et autres exercices. Cette pesante adéquation avait quelque chose de choquant, même pour l'enfant que j'étais. Pourquoi cela serait-il différent aujourd'hui avec des enseignants et la maitrise de leur langue maternelle?
La notion d'effort
Dans la même entrevue, par ses propos, Mme Nadeau montre bien que les étudiants en enseignement peuvent réussir cette épreuve puisque les «résultats des étudiants s'améliorent au fur et à mesure qu'ils se soumettent au TECFÉE.» Le problème est-il alors vraiment le test?
Dans les faits, parmi les étudiants inscrits en 2008, seuls 29% n'ont pas encore satisfait aux exigences du TECFÉE. On constate donc qu'environ 34% le réussissent du premier coup, 37% y arrivent avec des efforts, de l'aide et du temps alors que 29% prennent cette évaluation à la légère ou ne maitrisent pas suffisamment la langue française.
Est-ce que ce sont tous les étudiants en médecine qui complètent leur formation avec succès? Non. Pourquoi devrait-il en être autrement en éducation? Ah oui! c'est vrai: à l'école, tout le monde doit passer. Même les profs...
*****
En complément sur l'argument de la faiblesse de la formation antérieure, ces deux textes du Soleil fort parlants:
Les cégépiens trainent la patte au en français: Le français donne du fil à retordre aux cégépiens. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à devoir s'inscrire à un cours de mise à niveau lors de leur entrée au collège. En 10 ans, leur nombre a bondi de 46%.
Offensive pour une amélioration du français dans les cégeps: «Les profs de cégep et d'université en sciences humaines nous ont dit que leur principal problème, c'est que les élèves ont des difficultés à lire et à écrire. C'est un cri du coeur qui est ressorti des tables de concertation. Et comme prof de sociologie ou d'histoire, les profs ne se sentent pas outillés pour répondre à ces lacunes importantes», affirme Érick Falardeau, professeur en sciences de l'éducation à l'Université Laval.
Ce matin, donc, on apprend les résultats des étudiants en enseignement de l'UQAM au TECFÉE: 66% d'échec. Seulement. Dans la moyenne. La routine. Quand on sait que, pour entrer dans un programme en enseignement, il suffit parfois d'une cote R anémique, on ne peut être surpris par une telle moyenne.
Mais je me dis que les enseignants seront toujours considérés comme des ti-clins quand je lis les propos de Marie Nadeau, professeure responsable de ce dossier à l'UQAM.
C'est pas nous, c'est la langue!
«Tout le monde n'a pas à être testé sur l'accord des participes passés avec les verbes pronominaux ou connaître toutes les règles du participe passé qui concernent son accord et ses difficultés. (..) Est-ce que tout le monde doit sortir de l'école en maîtrisant ces exceptions-là sur le bout des doigts? Ou est-ce plutôt que certaines règles de la langue française sont un peu trop pointilleuses et qu'il faudrait peut-être les réformer?», déclare la dame.
Est-ce qu'en médecine, on remet constamment en question les évaluations auxquelles sont soumis les étudiants? Non. On estime qu'ils doivent les réussir. Ici, ce serait même la faute de la langue française qui est trop pointilleuse pour être maitrisée par de futurs enseignants!
Encore une fois, on élude certaines questions pourtant fondamentales. Et la formation antérieure de ces étudiants? Et les mesures d'accompagnement universitaires? Et la motivation de la part des étudiants à prendre les moyens pour réussir ce test du premier coup?
Quand vous lisez les propos de madame Nadeau, êtes-vous surpris quand plusieurs jeunes enseignants affirment n'avoir rien appris durant leurs études? Quand une responsable universitaire affirme, devant des résultats décevants, que ce sont les évaluations et la matière qui sont trop difficiles... Mes élèves de première secondaire tiennent souvent le même raisonnement, en passant.
Si l'école n'est pas capable de nous assurer que ceux qui y oeuvrent soient foutus de bien maitriser la langue de Vigneault, quel message envoie-t-on à la société en général quant à notre professionnalisme et quant à l'importance de la langue française? Se tirer dans les deux pieds ressemble pas mal à ça...
Quand j'étais gamin, à l'école, mes enseignants d'éducation physique étaient obèses et ne faisaient que lire leur journal tout en nous regardant trimer à faire des redressements et autres exercices. Cette pesante adéquation avait quelque chose de choquant, même pour l'enfant que j'étais. Pourquoi cela serait-il différent aujourd'hui avec des enseignants et la maitrise de leur langue maternelle?
La notion d'effort
Dans la même entrevue, par ses propos, Mme Nadeau montre bien que les étudiants en enseignement peuvent réussir cette épreuve puisque les «résultats des étudiants s'améliorent au fur et à mesure qu'ils se soumettent au TECFÉE.» Le problème est-il alors vraiment le test?
Dans les faits, parmi les étudiants inscrits en 2008, seuls 29% n'ont pas encore satisfait aux exigences du TECFÉE. On constate donc qu'environ 34% le réussissent du premier coup, 37% y arrivent avec des efforts, de l'aide et du temps alors que 29% prennent cette évaluation à la légère ou ne maitrisent pas suffisamment la langue française.
Est-ce que ce sont tous les étudiants en médecine qui complètent leur formation avec succès? Non. Pourquoi devrait-il en être autrement en éducation? Ah oui! c'est vrai: à l'école, tout le monde doit passer. Même les profs...
*****
En complément sur l'argument de la faiblesse de la formation antérieure, ces deux textes du Soleil fort parlants:
Les cégépiens trainent la patte au en français: Le français donne du fil à retordre aux cégépiens. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à devoir s'inscrire à un cours de mise à niveau lors de leur entrée au collège. En 10 ans, leur nombre a bondi de 46%.
Offensive pour une amélioration du français dans les cégeps: «Les profs de cégep et d'université en sciences humaines nous ont dit que leur principal problème, c'est que les élèves ont des difficultés à lire et à écrire. C'est un cri du coeur qui est ressorti des tables de concertation. Et comme prof de sociologie ou d'histoire, les profs ne se sentent pas outillés pour répondre à ces lacunes importantes», affirme Érick Falardeau, professeur en sciences de l'éducation à l'Université Laval.
06 novembre 2010
Le mythe des pauvres p'tits gars à l'école
Encore cette semaine, j'entendais ce discours cent fois remâché comme un tendon de phoque par une Inuit: «Le décrochage scolaire des gars, que fait l'école? Les gars apprennent pas pareil que les filles. Bla. Bla. Bla.»
Comme j'ai envie de donner un coup de pied dans cette fourmilière. Ce n'est pas l'école qui n'est pas faite pour les gars, mais bien certains gars qui ne veulent rien savoir de l'école. Point à la ligne. Et dans notre belle société québécoise où le savoir est aussi valorisé que la politesse au volant, qu'on arrête de se surprendre et de se scandaliser pour des situations qui ne sont pas toujours ce que l'on croit ou ce que l'on nous dit.
Je suis fatigué de ce discours généralisant, déculpabilisant et déresponsabilisant pour certains de ces petits êtres masculins qui ne sont pas aussi fragiles qu'on le croit.
Une culture de dénigrement du savoir et de l'école
J'ai déjà été un garçon. Or, j'ai réussi et aimé l'école. Aujourd'hui, j'y travaille même! Et vous savez quoi? Je suis allé à une école de gars remplie de profs masculins et il y avait malgré tout des gars qui n'aimaient pas l'école!
Dans cette école publique (privée de filles), j'ai été taxé de fif et de tapette parce que j'aimais le français. Parce qu'aimer l'école, surtout dans un milieu entièrement masculin, est automatiquement associé à une orientation sexuelle. Regroupez tous les garçons du Québec dans des classes ou des écoles non mixtes et vous aurez le même résultat: des tarés qui tyrannisent ceux qui aiment apprendre comme s'ils voulaient instaurer une dictature d'épais. Ce qui m'a sauvé, c'est d'être dans un groupe enrichi où on ne niaisait pas trop et où les «autres» garçons ne nous faisaient pas perdre notre temps.
Oui, cognitivement, certains garçons éprouvent des retards en lecture pour des raisons neurologiques. Oui, certains garçons souffrent davantage de difficultés scolaires parce que des désordres neurologiques les affectent davantage que les filles. Oui, il manque de ressources dans nos écoles pour ces élèves, garçons comme filles qui éprouvent de réelles difficultés scolaires.
Mais peut-on ajouter quelques éléments politically incorrect à ce débat?
Un manque d'éducation de la part de certains parents
Certains garçons sont carrément mal éduqués par leurs parents et sont des p'tits criss, point à la ligne. À la maison, on retrouve parfois une mère monoparentale dépassée qui ne sait pas quoi faire avec un futur mâle alpha qui prend plaisir à marquer son territoire. De l'autre côté, on retrouve un père qui a tout de l'adolescent attardé et qui est chummy avec Junior. Voyez-les ensemble et on dirait des clones de taille différente.
Pensez-vous sérieusement que ce gamin va accepter de s'adapter au milieu scolaire? Grosse nouvelle: il ne s'adaptera qu'à ce qu'il a décidé et l'école n'a rien à voir là-dedans. À moins qu'il ne rencontre une figure d'autorité qui lui en impose. Combien d'enseignantes toutes timides ai-je vues se faire rudoyer par ces matamores en culottes à terre? Combien d'enseignants gentils se sont fait bouffer tout cru comme des missionnaires? Donnez un volant à certains de ces pauvres petits gars et ils trouveront le moyen de se tuer en défiant rien de moins que le code de la route et les lois de la gravité. Jasez avec un policier d'expérience qui vous expliquera que, même avec lui, ces petits jeunes se montrent baveux, arrogants,
Ils ne bougent pas plus à la maison!
Un autre argument qu'on entend souvent est que les garçons ne bougent pas assez à l'école. Pensez-vous sérieusement que certains garçons qui décrochent bougent davantage à la maison? Pensez-vous qu'ils soient si férus d'activités physiques et de sports? Pensez-vous qu'ils passent leurs fins de semaine à jouer au hockey, au baseball ou au football?
L'obésité n'a jamais été un phénomène aussi préoccupant au Québec que depuis quelques années. Certains gars ne veulent pas plus bouger à l'école que chez eux, croyez-moi. Il suffit de les entendre se lamenter à propos de leur cours d'éducation physique...
Simplement, ils refusent de faire des efforts parce qu'ils ne ressentent aucun plaisir immédiat dans l'acte parfois long et fastidieux d'apprendre. Donnez-leur une console de jeu en classe et vous ne les entendrez plus se plaindre de ne pas bouger.
Aussi, la prochaine fois que vous aurez droit ce discours sur les «pauvres p'tits gars» à l'école, ne tombez pas dans le pathos larmoyant qu'on nous livre à grands coups d'envolées réductrices: il existe aussi des garçons pour qui les notions d'effort et de limite à leurs désirs personnels les poussent au décrochage devant un système scolaire dont on arrête pourtant pas de dire, paradoxalement, qu'il nivelle tout par le bas.
Certains garçons ne sont pas des inadaptés scolaires, victimes d'une école féminine, mais bien des inadaptés sociaux. Qu'on cesse de blâmer l'école: dans ce cas précis, le problème est ailleurs. Dans nos maisons, dans nos médias, dans notre culture.
Comme j'ai envie de donner un coup de pied dans cette fourmilière. Ce n'est pas l'école qui n'est pas faite pour les gars, mais bien certains gars qui ne veulent rien savoir de l'école. Point à la ligne. Et dans notre belle société québécoise où le savoir est aussi valorisé que la politesse au volant, qu'on arrête de se surprendre et de se scandaliser pour des situations qui ne sont pas toujours ce que l'on croit ou ce que l'on nous dit.
Je suis fatigué de ce discours généralisant, déculpabilisant et déresponsabilisant pour certains de ces petits êtres masculins qui ne sont pas aussi fragiles qu'on le croit.
Une culture de dénigrement du savoir et de l'école
J'ai déjà été un garçon. Or, j'ai réussi et aimé l'école. Aujourd'hui, j'y travaille même! Et vous savez quoi? Je suis allé à une école de gars remplie de profs masculins et il y avait malgré tout des gars qui n'aimaient pas l'école!
Dans cette école publique (privée de filles), j'ai été taxé de fif et de tapette parce que j'aimais le français. Parce qu'aimer l'école, surtout dans un milieu entièrement masculin, est automatiquement associé à une orientation sexuelle. Regroupez tous les garçons du Québec dans des classes ou des écoles non mixtes et vous aurez le même résultat: des tarés qui tyrannisent ceux qui aiment apprendre comme s'ils voulaient instaurer une dictature d'épais. Ce qui m'a sauvé, c'est d'être dans un groupe enrichi où on ne niaisait pas trop et où les «autres» garçons ne nous faisaient pas perdre notre temps.
Oui, cognitivement, certains garçons éprouvent des retards en lecture pour des raisons neurologiques. Oui, certains garçons souffrent davantage de difficultés scolaires parce que des désordres neurologiques les affectent davantage que les filles. Oui, il manque de ressources dans nos écoles pour ces élèves, garçons comme filles qui éprouvent de réelles difficultés scolaires.
Mais peut-on ajouter quelques éléments politically incorrect à ce débat?
Un manque d'éducation de la part de certains parents
Certains garçons sont carrément mal éduqués par leurs parents et sont des p'tits criss, point à la ligne. À la maison, on retrouve parfois une mère monoparentale dépassée qui ne sait pas quoi faire avec un futur mâle alpha qui prend plaisir à marquer son territoire. De l'autre côté, on retrouve un père qui a tout de l'adolescent attardé et qui est chummy avec Junior. Voyez-les ensemble et on dirait des clones de taille différente.
Pensez-vous sérieusement que ce gamin va accepter de s'adapter au milieu scolaire? Grosse nouvelle: il ne s'adaptera qu'à ce qu'il a décidé et l'école n'a rien à voir là-dedans. À moins qu'il ne rencontre une figure d'autorité qui lui en impose. Combien d'enseignantes toutes timides ai-je vues se faire rudoyer par ces matamores en culottes à terre? Combien d'enseignants gentils se sont fait bouffer tout cru comme des missionnaires? Donnez un volant à certains de ces pauvres petits gars et ils trouveront le moyen de se tuer en défiant rien de moins que le code de la route et les lois de la gravité. Jasez avec un policier d'expérience qui vous expliquera que, même avec lui, ces petits jeunes se montrent baveux, arrogants,
Ils ne bougent pas plus à la maison!
Un autre argument qu'on entend souvent est que les garçons ne bougent pas assez à l'école. Pensez-vous sérieusement que certains garçons qui décrochent bougent davantage à la maison? Pensez-vous qu'ils soient si férus d'activités physiques et de sports? Pensez-vous qu'ils passent leurs fins de semaine à jouer au hockey, au baseball ou au football?
L'obésité n'a jamais été un phénomène aussi préoccupant au Québec que depuis quelques années. Certains gars ne veulent pas plus bouger à l'école que chez eux, croyez-moi. Il suffit de les entendre se lamenter à propos de leur cours d'éducation physique...
Simplement, ils refusent de faire des efforts parce qu'ils ne ressentent aucun plaisir immédiat dans l'acte parfois long et fastidieux d'apprendre. Donnez-leur une console de jeu en classe et vous ne les entendrez plus se plaindre de ne pas bouger.
Aussi, la prochaine fois que vous aurez droit ce discours sur les «pauvres p'tits gars» à l'école, ne tombez pas dans le pathos larmoyant qu'on nous livre à grands coups d'envolées réductrices: il existe aussi des garçons pour qui les notions d'effort et de limite à leurs désirs personnels les poussent au décrochage devant un système scolaire dont on arrête pourtant pas de dire, paradoxalement, qu'il nivelle tout par le bas.
Certains garçons ne sont pas des inadaptés scolaires, victimes d'une école féminine, mais bien des inadaptés sociaux. Qu'on cesse de blâmer l'école: dans ce cas précis, le problème est ailleurs. Dans nos maisons, dans nos médias, dans notre culture.
05 novembre 2010
Ce cerveau de Joël Legendre
L'individu est peut-être sympathique, mais avouez que vous avez de la difficulté à le suivre. Un jour, il traite le Journal de Montréal de torchon, l'autre, il lui donne une entrevue. Et il faut lire ces extraits du texte de Michelle Courdé-Lord:
- «... même si des gens ont essayé très fort de créer une guerre entre le Journal et Joël Legendre, rien de tout cela n’existait.»
- «je n’ai jamais voulu que ce (mon homosexuaité) soit mis de l’avant, de peur que ça me nuise.»
- «Moi (la rédactrice de ce texte), j’ai eu droit à l’homme de 44 ans, rassuré, qui venait de recevoir une vague d’amour incroyable de la part du public, comme jamais il n’aurait pensé en recevoir une un jour.»
Un petit hic, c'est que cette vague d'amour, il ne l'a pas reçue parce qu'il est homosexuel, mais plutôt parce qu'il s'estimait victime d'un viol de la part du JdeM. Pensez-vous sérieusement qu'il aurait reçu la moitié du quart du cinquième des encouragements qu'on lui a destinés s'il avait simplement quitté le garde-robe? J'en doute.
- «... même si des gens ont essayé très fort de créer une guerre entre le Journal et Joël Legendre, rien de tout cela n’existait.»
- «je n’ai jamais voulu que ce (mon homosexuaité) soit mis de l’avant, de peur que ça me nuise.»
- «Moi (la rédactrice de ce texte), j’ai eu droit à l’homme de 44 ans, rassuré, qui venait de recevoir une vague d’amour incroyable de la part du public, comme jamais il n’aurait pensé en recevoir une un jour.»
Un petit hic, c'est que cette vague d'amour, il ne l'a pas reçue parce qu'il est homosexuel, mais plutôt parce qu'il s'estimait victime d'un viol de la part du JdeM. Pensez-vous sérieusement qu'il aurait reçu la moitié du quart du cinquième des encouragements qu'on lui a destinés s'il avait simplement quitté le garde-robe? J'en doute.
Un 927e billet à saveur de...
Est-ce le commentaire de Jo Vitamine mais, ce soir, j'ai pris conscience que j'ai écrit 927 billets et reçu 7 114 commentaires sur ce blogue depuis le 31 octobre 2006. Près de quatre années d'écriture et vous savez quoi? J'ai l'impression qu'en éducation, on n'est pas vraiment plus avancé.
Par contre, j'ai l'impression que ma réflexion sur ma pratique et le domaine où j'évolue a beaucoup changé. J'y reviendrai. Il risque d'y avoir des surprises.
Par contre, j'ai l'impression que ma réflexion sur ma pratique et le domaine où j'évolue a beaucoup changé. J'y reviendrai. Il risque d'y avoir des surprises.
03 novembre 2010
Deux petits sujets d'humeur et d'Humeur
Ce matin, Paul Arcand traitait de deux sujets liés à l'éducation. Comme on n'en retrouve nulle trace ailleurs dans les médias, je crois bon de les rappeler ici.
Innocent et sans salaire!
Le premier fait référence à cet enseignant d'éducation physique d'une école primaire qui a été injustement accusé d'attouchements sexuels sur de ses jeunes élèves. La commission scolaire qui l'emploie l'a donc suspendu sans salaire pendant les 20 mois qu'a duré la saga judiciaire.
Aujourd'hui, maintenant qu'il est acquitté et lavé de tout soupçon, elle refuse de le rembourser. Quand je pense à ce chef de police de Lévis qui touche encore son plein salaire, je m'interroge sur la façon dont cet enseignant a été défendu.
Et puis, je remarque encore une fois la touche des sévices du personnel de certaines commissions scolaires qui trouvent toujours le moyen de faire encore plus déprimer leurs employés en détresse. Des histoires d'horreur sur les «ressources inhumaines», je pourrais vous en raconter quelques-unes. Vous en voulez?
Innocent mais avec salaire?
Toujours chez Arcand, on traite de ce directeur d'école qui livre un vibrant témoignage sur le site de Humeur, une entreprise spécialisée dans les campagnes de financement. Le monsieur nous explique que, grâce à Humeur, il a pu tripler ses profits quant au financement que son école recueillait et ainsi la doter d'un laboratoire avec trente ordinateurs. «Une première au Québec», dit-il fièrement.
Ici, je m'interroge. On a laissé les gens d'Humeur filmer dans la cour d'école, dans une classe, dans les corridors... Est-ce une pratique habituelle de soutenir ainsi une entreprise privée? De plus, est-ce aux jeunes et à leurs parents de vendre du chocolat et d'autres cochonneries pour acheter du matériel nécessaire en classe? On ne paie pas déjà des taxes pour cela?
On peut s'interroger quand on connait les méthodes subtiles de vente qu'on suggère aux enfants, quand on apprend que le représentant Humeur fait le tour des classes (pendant le temps d'enseignement?), qu'il circule dans l'école pour faire la distribution et le réapprovisionnement des produits.
Je vous invite à écouter cette infopub et à me faire part de vos impressions. Je suis tout d'abord très mal à l'aise de voir un directeur d'école se livrer à un tel exercice publicitaire. Il a appris un petit texte par coeur et il le récite avec une conviction qui m'exaspère, pour ne pas dire plus. Ensuite, quand il parle, je remarque son aisance avec le langage du commerce et j'ai l'impression d'avoir affaire à un vendeur, un gestionnaire hors pair. Et je me demande s'il n'a pas oublié quelques notions d'éthique et de valeurs humaines propres à une école.
Innocent et sans salaire!
Le premier fait référence à cet enseignant d'éducation physique d'une école primaire qui a été injustement accusé d'attouchements sexuels sur de ses jeunes élèves. La commission scolaire qui l'emploie l'a donc suspendu sans salaire pendant les 20 mois qu'a duré la saga judiciaire.
Aujourd'hui, maintenant qu'il est acquitté et lavé de tout soupçon, elle refuse de le rembourser. Quand je pense à ce chef de police de Lévis qui touche encore son plein salaire, je m'interroge sur la façon dont cet enseignant a été défendu.
Et puis, je remarque encore une fois la touche des sévices du personnel de certaines commissions scolaires qui trouvent toujours le moyen de faire encore plus déprimer leurs employés en détresse. Des histoires d'horreur sur les «ressources inhumaines», je pourrais vous en raconter quelques-unes. Vous en voulez?
Innocent mais avec salaire?
Toujours chez Arcand, on traite de ce directeur d'école qui livre un vibrant témoignage sur le site de Humeur, une entreprise spécialisée dans les campagnes de financement. Le monsieur nous explique que, grâce à Humeur, il a pu tripler ses profits quant au financement que son école recueillait et ainsi la doter d'un laboratoire avec trente ordinateurs. «Une première au Québec», dit-il fièrement.
Ici, je m'interroge. On a laissé les gens d'Humeur filmer dans la cour d'école, dans une classe, dans les corridors... Est-ce une pratique habituelle de soutenir ainsi une entreprise privée? De plus, est-ce aux jeunes et à leurs parents de vendre du chocolat et d'autres cochonneries pour acheter du matériel nécessaire en classe? On ne paie pas déjà des taxes pour cela?
On peut s'interroger quand on connait les méthodes subtiles de vente qu'on suggère aux enfants, quand on apprend que le représentant Humeur fait le tour des classes (pendant le temps d'enseignement?), qu'il circule dans l'école pour faire la distribution et le réapprovisionnement des produits.
Je vous invite à écouter cette infopub et à me faire part de vos impressions. Je suis tout d'abord très mal à l'aise de voir un directeur d'école se livrer à un tel exercice publicitaire. Il a appris un petit texte par coeur et il le récite avec une conviction qui m'exaspère, pour ne pas dire plus. Ensuite, quand il parle, je remarque son aisance avec le langage du commerce et j'ai l'impression d'avoir affaire à un vendeur, un gestionnaire hors pair. Et je me demande s'il n'a pas oublié quelques notions d'éthique et de valeurs humaines propres à une école.
02 novembre 2010
Réglons l'anonymat masqué
Je suis rendu à je-ne-sais combien de courriels sur mon anonymat. J'ai l'habitude de faire connaitre publiquement mes idées et de les défendre. J'ai cependant souhaité conserver une certaine réserve ici pour protéger mes élèves mais aussi certains collègues quand je raconte des anecdotes.
Il me semble qu'il est préférable d'agir ainsi quand j'aborde mes inquiétudes à propos d'un élève dyslexique, par exemple. J'évite que ses collègues de classe qui tomberaient ici par hasard commencent à faire des liens et cherchent à savoir de qui je parle. Parfois, je mets un texte en ligne qui permet à certains intervenants avertis de l'éducation de me reconnaitre et je l'assume.
J'avoue cependant que je suis plus prudent depuis quelques mois à propos de mon vécu enseignant. À mon école, mon identité est connue et, sur certains plans, c'est bien dommage parce que je dois tempérer mes humeurs, mes regards sur mon entourage.
Quant à l'anonymat, comme le soulignait Mario Asselin, il est remarquable de constater que c'est sur les blogues en éducation qu'on le retrouve le plus. Pourquoi? À mon avis, parce qu'il s'agit d'un milieu parfois très dur pour les opinions et ceux qui prennent la parole. Un enseignant est aussi un emploi «public» qui fait qu'on mentionne dans les journaux notre métier si on conduit en état d'ébriété sur la route, par exemple.
Sur ce, c'est gentil de m'écrire pour me dire qui je suis. Je tiens simplement à vous signaler que ma psychologue commence à penser que j'y suis parvenu moi aussi.
Il me semble qu'il est préférable d'agir ainsi quand j'aborde mes inquiétudes à propos d'un élève dyslexique, par exemple. J'évite que ses collègues de classe qui tomberaient ici par hasard commencent à faire des liens et cherchent à savoir de qui je parle. Parfois, je mets un texte en ligne qui permet à certains intervenants avertis de l'éducation de me reconnaitre et je l'assume.
J'avoue cependant que je suis plus prudent depuis quelques mois à propos de mon vécu enseignant. À mon école, mon identité est connue et, sur certains plans, c'est bien dommage parce que je dois tempérer mes humeurs, mes regards sur mon entourage.
Quant à l'anonymat, comme le soulignait Mario Asselin, il est remarquable de constater que c'est sur les blogues en éducation qu'on le retrouve le plus. Pourquoi? À mon avis, parce qu'il s'agit d'un milieu parfois très dur pour les opinions et ceux qui prennent la parole. Un enseignant est aussi un emploi «public» qui fait qu'on mentionne dans les journaux notre métier si on conduit en état d'ébriété sur la route, par exemple.
Sur ce, c'est gentil de m'écrire pour me dire qui je suis. Je tiens simplement à vous signaler que ma psychologue commence à penser que j'y suis parvenu moi aussi.
01 novembre 2010
Réseau Liberté-Québec
À Tout le monde en parle, hier, les cofondateurs de Réseau Liberté-Québec, Joanne Marcotte et Éric Duhaime, ont livré une charge contre les syndicats et se sont gagné de nombreux adeptes. Facile... surtout quand tu es un gérant d'estrade sur la touche et que tu ne proposes pas grand chose en retour, non plus. Surtout quand on ne te confronte pas avec le fait que le libéralisme économique que tu proposes est en train de mener à la faillite morale un pays comme les États-Unis. La faillite financière, c'est déjà fait avec les banques, les manufacturiers automobiles et le reste qui ont été rescapés à l'aide de l'argent des contribuables... La crise américaine illustre très bien cet adage capitalisme américain: «On garde nos profits, on partage les dettes.»D'ailleurs, je vous invite à lire cet excellent texte de Rue Frontenac pour réaliser où le «géant» américain en est rendu avec l'héritage de George W. Bush.
Là où madame Turcotte déconne complètement, c'est lors qu'elle affirme à propos des syndicats: «Ils ont pris trop de place. Les valeurs syndicales ont souillé la culture québécoise.» Souillé? Rien de moins!
Je ne ne suis pas gau-gauche, loin de là, mais quand je lis de pareilles énormités, je me dis que certains individus auraient avantage à penser avant de parler. Un petit cours d'histoire du Québec ferait du bien à cette dame. Et un cours sur le libéralisme économique aussi. Ou encore la lecture de cet excellent roman Un pays à l'aube de Dennis Lehane. Le problème est que ce discours risque de devenir à la mode, de ne faire preuve d'aucune nuance et de dresser les gens les uns contre les autres. Comme si on avait besoin de cela au Québec...
Qu'on remette en question l'influence des syndicats au Québec, je veux bien. Mais avec un peu d'analyse et de nuance. Et qu'on le fasse aussi avec cette industrie de la construction où une partie importante du fric est détournée de façon criminelle. Qu'on remette aussi en question tous ces groupes de droite qui influencent notre gouvernement. Il n'est pas normal que les richesses du Québec n'enrichisse qu'une partie de ces citoyens. Et ce n'est pas la faute des syndicats.
Là où madame Turcotte déconne complètement, c'est lors qu'elle affirme à propos des syndicats: «Ils ont pris trop de place. Les valeurs syndicales ont souillé la culture québécoise.» Souillé? Rien de moins!
Je ne ne suis pas gau-gauche, loin de là, mais quand je lis de pareilles énormités, je me dis que certains individus auraient avantage à penser avant de parler. Un petit cours d'histoire du Québec ferait du bien à cette dame. Et un cours sur le libéralisme économique aussi. Ou encore la lecture de cet excellent roman Un pays à l'aube de Dennis Lehane. Le problème est que ce discours risque de devenir à la mode, de ne faire preuve d'aucune nuance et de dresser les gens les uns contre les autres. Comme si on avait besoin de cela au Québec...
Qu'on remette en question l'influence des syndicats au Québec, je veux bien. Mais avec un peu d'analyse et de nuance. Et qu'on le fasse aussi avec cette industrie de la construction où une partie importante du fric est détournée de façon criminelle. Qu'on remette aussi en question tous ces groupes de droite qui influencent notre gouvernement. Il n'est pas normal que les richesses du Québec n'enrichisse qu'une partie de ces citoyens. Et ce n'est pas la faute des syndicats.
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