29 juin 2008

Un bref passage

Ce n'est pas que pas politesse, mais aussi par amitié. J'ai répondu à vos commentaires.

Merci de votre sollicitude.

Je vais vous lire souvent. Je ne commente pas.

Pour le reste, des idées de billets, mais le coeur n'y est pas.

Poésie grise

As-tu entendu cette nuit mes larmes de pluie
Frapper à la fenêtre de ta chambre?

Chacune transportait un souvenir, une plainte, un gémissement.
Chacune cognait à la porte d'un coeur qui m'exclut
Et me rend prisonnier sans raison d'un monde dont je ne veux pas.

As-tu entendu cette nuit, portée par le vent, un âme qui te pleure...
Et qui , sotte comme un Christian sans Cyrano,
Ne peut que murmurer bêtement: je t'aime.

26 juin 2008

Toujours en pause

Je partage simplement avec vous deux écrits.

Le premier est de Sylvain Lelièvre, un auteur-compositeur-interprète qu'on a relégué dans les méandres de l'oubli. Cette chanson me tournait déjà en boucle dans la tête depuis la fin de l'hiver.

Le deuxième est de votre humble serviteur. Écrit hier matin.

**********

J’ai perdu trop de temps

J’ai perdu trop de temps
Dans les livres
J’ai perdu trop de temps
Loin de vivre
J’ai perdu trop de temps loin de toi
Mais maintenant
Le temps qu’il me reste, c’est pour toi

J’ai perdu trop de temps
À l’école
Ce n’est pas là qu’on vend
Des boussoles
J’ai perdu trop de temps loin de toi
Mais maintenant
Le temps qu’il me reste, c’est pour toi

Je ne demande rien
Qu’un p’tit coin de jardin
Pour te faire la vie
Plus douce et plus jolie
Un peu d’herbe et de vent
Et ce qu’il faut de pain
Un piano, deux enfants
Et cinq ou six copains

Nous deviendrons les mots
D’un poème
Les deux mains d’un piano
Ou l’on s’aime
J’ai perdu trop de temps loin de toi
Mais maintenant
Le temps qu’il me reste, c’est pour toi

Nous deviendrons les mots
D’un poème
Les deux mains d’un piano
Ou l’on s’aime
J’ai perdu trop de temps loin de toi
Mais maintenant
Le temps qu’il me reste, c’est pour toi
C’est pour toi


********

J'aurais voulu ...

voir le bleu de la mer
dans tes yeux regardant au loin,
sentir le vent du large
dans tes cheveux ondulant dans la tempête,
goûter le sel marin
sur ta peau au soleil étendue,
danser avec le mouvement des algues
sous la houle sans cesse renouvelée,
entendre l'appel des bateaux
dans tes promesses de lendemain.

17 juin 2008

Une pause

C'est peut-être la saison... et puis, il y aurait tant sur quoi écrire: l'école privée versus l'école publique, les qualités d'un bon prof, ma nouvelle affectation en première secondaire et les commérages empoisonnés d'une collègue qui craint mon arrivée à ce poste. Les sujets ne manquent pas. Il n'y a que moi qui manque.

Je ne suis plus là. De peine et de misère, j'arrive à aller à l'école. Je mange, mais c'est bien parce qu'on me nourrit. Pas fait l'épicerie depuis des semaines. Je dors parce qu'après deux mois à trois heures par nuit, le corps a décidé de se rebeller. Et puis, dormir permet d'oublier parce que je ne rêve pas à elle. Il est malade ce grand corps, de partout. Des signaux d'alarme. La goutte, les infections. Chaque semaine amène sa nouvelle plaie d'Égypte.

Je ne sais pas si je terminerai mes corrections à temps. Je songe à les refiler à une collègue sans travail en qui je peux avoir confiance. Je ne me présenterai pas au bal de mes jeunes. Peut-être une courte présence cinq minutes au début de la soirée. Quelques photos. Rien de certain. Je vais décommander pour le diner d'adieu prévu jeudi avec ma classe de cinquième. Trop de deuil en même temps. Je repousserai aussi cette entrevue avec une maison d'édition pour un projet débile dont je ne vous ai jamais parlé. Mon deuxième livre attendra... s'il finit par voir le jour. Jamais ma vie professionnelle n'allait si bien. Pourtant.

Plus d'énergie. Plus d'envie. Que le cadre vide. C'est tout juste si j'ai trouvé la force d'assister à la graduation de ma fille hier soir.

Ça fait deux mois que la rupture est survenue avec ex-madame masquée, mais je me croirais hier. Un coup de téléphone au matin. Sept ans effacés d'un coup. D'un seul coup. De téléphone. Je préférerais la savoir morte dans un accident de voiture. Il y aurait au moins eu un endroit ou pleurer et porter des fleurs. Un coup de téléphone et puis, plus rien, sinon que ces poèmes que j'écris et dont certains finissent par échouer lamentablement ici. Qui ne sont pas à leur place sur ce blogue.

Pour l'instant, je consulte. Sauf que la thérapie me montre à quel point j'ai fait des mauvais coups. Il y a beaucoup de morceaux à arranger en moi avant qu'on parle du deuil. Je ne me culpabilise pas. Je constate. Et c'est effroyable.

Deux mois ou mon ex-blonde, mon ex-belle-famille qui était était plus proche que la mienne sont disparus. Morts. Et vivants. Vivants et morts. Deux mois Hiroshima. Un vide atomique.

Je dors dans un grand lit inconfortable et n'en occupe pourtant que la moitié. Comme j'ai toujours fait, même quand elle n'y était pas. C'était sa place. Ce l'est encore, on dirait.

J'ai mes torts. Elle a les siens. J'aurais aimé ne pas continuer cette vie qui nous unissait mal et passer à autre chose. Avec elle. Elle n'a pas attendu, pas compris, pas voulu, pas confiance. Peu importe. Je ne me sens pas la force d'aller de l'avant. Encore moins maintenant.
Une pause. Pour pleurer. Pour dormir. Pour ne pas penser. Pour ne plus penser, Pour conserver ce peu d'énergie.

Je reviendrai faire un tour dans une semaine. Voir si j'y suis.

J’ai travaillé toute l’année pour profiter de mes vacances et, aujourd’hui, je me mets à les craindre. (pensée du 28 mai 2008)

16 juin 2008

Les caronitudes

Le Journal de Montréal publie un texte ce matin sur les effets du babyboom auquel on semble assister au Québec. Lisez la déclaration d'André caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec et tentez de ne pas vous étouffer. Espérons qu'il ait été mal cité.

Si le baby-boom crée de nouveaux problèmes pour l'accès aux CPE, il en va tout autrement dans le système scolaire. En effet, le système connaît une forte décroissance de sa clientèle depuis le début des années 2000.

Selon André Caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, les écoles ont connu une baisse de plus de 83000 élèves depuis les cinq dernières années. Ainsi, même si quelques écoles ont fermé leurs portes ces dernières années, André Caron affirme avoir «toutes les ressources nécessaires» en ce qui concerne les infrastructures et les professeurs.

15 juin 2008

Être un cadre vide

Tuer un sentiment qui m’anime chaque seconde depuis sept ans sans me tuer moi-même.
Être envahi chaque soir par le froid et les tremblements du souvenir.
Dormi chaque nuit enveloppé d’une absence qui se colle à ma peau et qui pénètre brutalement mon âme.

Mourir à nouveau chaque matin quand je réalise que je me réveille dans ce cauchemar qui s'appelle la réalité sans elle.
Avoir tout le temps du monde devant moi pour ressentir le goût de ne rien vivre.
Pleurer au point d'avoir l'impression d'avoir la tête sous l'eau et de me noyer dans mes sanglots.

Cesser de me souvenir pour ne bouger que dans le vide au présent.
Verser toutes les larmes de sang du monde et ne rien pouvoir changer.
Sans cesse me dire de ne plus y penser jusqu'à ne cesser de penser qu'à l'oublier.

Désapprendre à regarder ce téléphone en me disant qu'il a déjà porté sa voix.
Désapprendre à composer ce numéro que j'ai fait si souvent.
Désapprendre à être.




Jouons avec les mots! (ajout)

Un petit jeu ce matin, question de chasser la déprime amoureuse qui m'envahit toujours autant.

Dans chaque organisation, il y a des titres, des fonctions, des acronymes, des façons de désigner des services. Mais aussi des façons de les travestir pour s'en moquer. Amusons-nous donc un peu à relever ceux qui existent. J'y vais avec quelques-unes de mon cru.

  • Le service de la désorganisation scolaire...
  • La gestion de l'impersonnel...
  • Le service des relations inhumaines...
  • Le sévice de la gestion des immeubles...
  • La didactrice-adjointe...
  • Le renouveau pathologique...
  • La déforme...
  • La sinistre de l'Éducation...
  • Le PEI (programme des élèves impertinents)
À vous de compléter cette liste!

  • Les pratiques évaluasives... (Jonathan)
  • Les sévices informatiques... (Sylvain)
  • Les commis voyageurs de l'enseignement... (Sylvain)
  • Le directeur des ressources démagogiques... (Jonathan)
  • Conseiller pédangogique... (Jonathan)
  • La détractrice-adjointe... (Marie-Piou)
  • Le sous-directeur... (Gooba)
  • Le service des ressources immatérielles... (Bobbi)
  • Les élèves ordinaires... (Bobbi)
  • Les commissionnaires élus par désintéressement total... (Bobbi)
  • La soumission scolaire... (Ness)
  • La birection... (un autre prof)
  • Les programmes de Sciences humides, de Sciences de la mature, le programme d'Ânes et Lettes (ou de damnées lettres), génie servile... et des cours de "matez ma trique"... (Miss Math)

Et j'en rajoute quelques-uns:

  • La co-errance pédagogique (errer à plusieurs) ...
  • L'incompétence transversale ...
  • Recevoir son horreur de travail (pour horaire) ...
  • Le comme-y-sert-à-rien ...
  • FPS = formation au sommeil profond ...
  • Le con-seiller pédagogique
  • le Conseil d'endormissement (pour conseil d'établissement) ...

14 juin 2008

Plan pour les élèves en difficulté: entre la prudence et l'irréalisme

Cette semaine, la ministre Courchesne y allait de son plan d'action sur les élèves en difficulté. Étonnamment, celui-ci a reçu peu d'attention de la part des médias (ici et ici) alors qu'on fait souvent les manchettes avec des anecdotes scolaires bien plus anodines.

Ce plan, on l'a commenté à droite et à gauche, généralement en mal, le qualifiant même de «brouillon» ou d'«incomplet». Quant à moi, on a oublié de relever un aspect important de celui-ci qui montre à quel point il est par moment irréaliste. Ce point, je vous le garde pour la fin, question de faire l'agace-cerveau...

Pour ma part, poliment, je considère ce plan plutôt prudent. En effet, je ne peux reprocher à la ministre de prendre son temps quand je constate les gâchis faits par ses prédécesseurs en mal de reconnaissance médiatique et politique immédiate. Les solutions n'arriveront peut-être pas rapidement mais, au moins, elles ne malmèneront pas plus le patient.

Regardons, si vous le voulez bien, quelques-unes des 21 mesures que la ministre Courchesne entend mettre de l'avant.

Tout d'abord, la ministre Courchesne prévoit d'abaisser de 20% le rapport élèves-enseignant du deuxième cycle du primaire (on a véhiculé une information fausse à ce sujet en parlant du primaire tout court) à la première secondaire dans les milieux défavorisés, ce qui nécessitera l'embauche de plus de 1 000 nouveaux enseignants sur trois ans. Je sais que c'est dans ces milieux qu'on retrouve le plus les jeunes en difficulté, mais cette mesure m'amène à plusieurs réflexions:
  • pourquoi réduire au deuxième cycle du primaire et pas avant? des mesures de dépistage et de prévention dès la petite enfance ne seraient-elles pas plus souhaitables que ce saupoudrage territorial?
  • pourquoi «élèves en difficulté» équivaut-il automatiquement à «milieu défavorisé»?
  • retrouve-t-on davantage de jeunes en difficulté dans ces milieux parce que ceux-ci les amènent à connaître des problèmes d'apprentissage ou bien les élèves plus doués fuient-ils les écoles de ces secteurs pour s'inscrire ailleurs?
  • que fera-t-on pour les élèves en difficulté inscrits dans des milieux non défavorisés?
Pour ma part, toute baisse ou toute injonction (sic, quel lapsus! merci MissMath!) de fonds dans l'éducation est un leurre si on ne supervise pas comment cet argent est dépensé. On consacre plus de 11 milliards à l'éducation au Québec et plus de 10% de ce budget va aux élèves en difficulté. Il faut davantage se demander comment sont dépensées ces sommes. En ce sens, la volonté de la ministre de s'assurer d'une meilleure organisation des services aux élèves en difficulté me semble être une meilleure avenue, même si elle fera grincer des dents les petits roitelets des commissions scolaires.

Je ne dis pas qu'on ne manque pas d'argent dans le cas des élèves en difficulté, sauf qu'il convient peut-être d'analyser la machine éducative sur ce point avant d'y injecter plus de fric. Donner dix millions à un gestionnaire scolaire et il trouvera une façon, pertinente ou non, de les dépenser, croyez-moi.

Deux autres points semblent intéressants, soit celui de mieux former les futurs enseignants à la réalité des élèves en difficulté et une plus grande collaboration avec le ministère de la Santé. Comptez sur les universités pour prendre trois ou quatre ans avant d'inscrire un cours de ce genre au programme du baccalauréat actuel. D'ailleurs, ce témoignage d'Isabelle Lemay montre bien tout le chemin qui reste à parcourir.

Madame Courchesne ramène aussi l'idée que les classes spéciales ont leur raison d'être. Dans certains milieux, cette orientation sera accueillie avec soulagement. On assistait de plus en plus, avec comme prétexte la réforme et la pédagogie différenciée, à l'intégration d'élèves en très grande difficulté quand on abolissait tout simplement pas les classes spéciales: «On doit avoir des classes spéciales. Particulièrement pour les cas lourds. Le service peut alors être mieux défini. Et nous avons la responsabilité du droit des autres élèves de progresser dans la classe, sans négliger l'effort insurmontable qu'on demande aux enseignants.» Selon elle, on est peut-être allé trop loin dans l'intégration.

Là où l'on semble le plus déçu du côté syndical est le fait que ce plan Courchesne n'établit pas clairement des quotas d'intégration d'élèves. La ministre se donne un an avant de se prononcer sur cette question. Là encore, je préfère la prudence à l'improvisation. D'autant plus que je ne suis pas convaincu que l'établissement de quota quels qu'ils soient, ne se retournera pas contre les enseignants et les écoles qui auraient trouvé des façons particulières d'aborder la problématique des élèves en difficulté.

Un autre point que ce plan semble oublier est l'apprentissage de la langue. Il s'agit d'un des aspects ou les jeunes en difficulté achoppent et finissent par accumuler divers retards scolaires importants. Qu'il n'y est rien à ce sujet est étonnant. Et ce n'est pas le plan sur le français qui changera quelque chose à cette réalité.

Maintenant, terminons avec le dessert, l'aspect le plus irréaliste de ce plan: ou va-t-on les trouver les 1 000 enseignants promis par la ministre?

11 juin 2008

Un bon prof, c'est quoi?

Oyez! Oyez! Braves gens!

Posée cette question m'a été par une personne intriguée.
Vos réponses, si vous le voulez, j'aimerais récolter.
Parent, enseignant, élève, votre statut de préciser
Afin de mieux comprendre nous soyons informés.

07 juin 2008

Le courrier du gros orteil

Plusieurs titres me sont venus à l'esprit en pensant à ce billet.
  • Le supplice de la goutte;
  • C'est la goute qui fait déborder le vase;
  • Vraiment nul goutte que goutte;
  • Un malheur ne vient jamais seul;
  • Prof masqué a du sang royal.
Puis, Le courriel du gros orteil s'est imposé à mon esprit. Vous comprendrez assez vite, si vous ne la voyez pas déjà venir.

Mon gros doigt du pied gauche me fait atrocement souffrir. Deux jours de douleurs intenses déjà. À boitiller. À marcher sur une jambe. À être un prof unijambiste. Puis, ce matin, après ne pas avoir dormi de la nuit (en fait, je dors encore très peu), me rendre à l'hôpital.

Ma voiture est manuelle, vous le saviez? J'ai alors dû embrayer avec le pied droit. Essayez, vous verrez: c'est un vrai plaisir... C'est là qu'on se félicite d'avoir appris à le faire pour passer le temps en conduisant.

Cinq heures d'attente seulement. Une fois le docteur vu, tout va très vite. Comme d'habitude. Évaluation. Prise de sang. Diagnostic: j'ai la goutte sans avoir un taux d'urée anormal. Rien à comprendre, il paraît. Pas de traitement à long terme prévu. Prescription et retour à la maison. Vous en discuterez avec votre médcecin de famille. Je n'ai pas de médecin de famille. En plus, je n'ai plus de carte d'assurance-maladie. Oublié de la renouveler. La totale.

Seul à la maison. Incapable au moins de corriger parce que trop frosté par la douleur. Et j'ai mis les béquilles de côté pour marcher (péniblement) avec une canne.

Professor House. Voilà la seule image que j'ai en tête. Ça et que l'été part décidément du mauvais pied... Y'a rien de mieux que les images poétiques pour faire de l'humour, hein?

J'ai la canne, la douleur, les médicaments, la barbe et le côté baveux. Manque la moto. Hey! La Peste, tu me fais faire un tour?

Au moins, j'en ai profité pour m'amuser un peu. J'ai manqué une rencontre importante aujourd'hui avec des profs d'université. Je leur ai donc fait parvenir ce message pour expliquer mon absence:

Mesdames,

Luc a été absent aujourd'hui parce qu'il a dû aller à l'hôpital.

Sa mère.


Gageons qu'elles n'en voient pas trop souvent de ces billets d'absence...

05 juin 2008

L'UQAM: le pouvoir des CA et des CE

Dans tout le désastre financier des projets immobiliers de l'UQAM (ici, ici, ici , ici et ici), on parle beaucoup de l'inaction des membres du CA de cette université. J'aimerais rappeler à toute la faune de la blogosphère, puisque les médias traditonnels ont la mémoire courte, que seuls les représentants des enseignants et des étudiants ont soulevé des questions lors des différentes démarches entourant les projets de grandeur de cette université. C'est bien pour dire.

De plus, tout ce scandale montre bien comment une direction d'un établissement d'enseignement peut manipuler honteusement les membres de son CA sans trop de difficulté. Ce ne sont pas toutes les directions qui agissent de la sorte, mais j'ai vécu des situation ou l'on tenait si peu à informer les parents des véritables problèmes que cela en était gênant. Et j'aime cette petite observation : «Le conseil d'administration de l'université aurait dû au premier chef stopper l'enthousiasme du recteur Roch Denis et de ses collaborateurs. Mais son mutisme peut s'expliquer, car le CA était laissé dans l'ignorance, alimenté d'informations tronquées ou même fausses. De plus, la moitié des membres, sous une forme ou une autre, travaille pour l'institution et est soumise à l'équipe de direction de l'établissement.»

Les conseils d'établissement sont, dans certains cas, un mauvais moment à passer dans la vie d'un directeur. Celui-ci a souvent de la difficulté à comprendre que c'est ce dernier qui est son véritable patron. Dans les faits, un directeur se sent parfois plus lié par la ligne d'autorité administrative que par le CE. Après tout, c'est la CS qui le nomme.

Alors, quand on propose de confier plus de pouvoirs aux directions d'école, j'ai un doute. Qui sert qui?

La santé des profs et des élèves

Depuis quelques jours, j'avais envie de traiter de la santé des profs, notamment en me basant sur cet article paru dans La Presse. Or, voilà que l'actualité m'amène à traiter de ce sujet, mais sous un autre angle.

Ce matin, on apprend que 24 écoles de la Commission scolaire de Montréal sont sous haute surveillance quant à la présence d'amiante en leur sein. La nouvelle est un peu sensationnaliste puisque ces écoles sont sous surveillance depuis neuf ans déjà. On fait donc un suivi, ce qui est une bonne mesure en soi.

En fait, quand on lit ce texte, ce sont d'autres faits troublants qui m'interpellent.

La fermeture d’une école et la relocalisation de ses élèves ont été envisagées, avant que la CSDM ne se ravise. « On pensait à une fermeture, mais on a décidé de commander d’autres expertises », a dit à La Presse Diane De Courcy, qui a refusé de préciser de quelle école il s’agissait.

Rassurant... Quand on connait comment la CSDM a géré le déneignement de ses toits, on a tout à coup une petite crainte qui nous assaille. Pourquoi d'autres expertises? Met-on la santé d'individus en danger si on a déjà des indicateurs qui nous devraient nous inciter à la prudence? Ah oui! J'oubliais: il reste 12 jours d'école...

Dans tous les cas de figure, assure M. Lavoie (porte-parole de la CSDM dans le dossier) , « la sécurité des élèves et du personnel prime avant tout. Même si on fait de l’enlèvement d’amiante, on le fait dans les règles de l’art, de façon confinée, avec des équipements de protection.» (...) «Le problème, c’est que nos écoles sont vieilles et que l’amiante ne tient plus, relève Robert Lebreux, président de l’Association des concierges de la CSDM. Quand un ballon accroche le plafond, il arrive que des morceaux d’amiante tombent.»

Ai-je bien lu? On laisse des revêtements en amiante à l'air libre? Est-ce conforme aux normes de sécurité en vigueur? Est-ce à dire, par exemple, que les profs d'éducation physique travaillent dans un milieu qui serait dangereux pour leur santé? La question mérite d'être posée.

Mais attendez la meilleure:

Ce printemps, une rencontre sur la question de l’amiante a été tenue à la CSDM. Manon Ricard, commissaire chargée de représenter les parents des élèves du secondaire à la CSDM, y assistait. «Je représente les parents, alors c’est sûr que nous avons posé des questions, dit-elle. Les enfants qui restent dans une école où il y a de l’amiante pendant cinq, six ou sept ans sont-ils à risque ? Ils nous ont rassurés, ils nous ont dit qu’il n’y avait pas de danger. Sur 20 ou 25 ans, oui, ça peut être dangereux, mais pas pendant les quelques années que dure le cursus scolaire. »

Tiens, tiens, qui demeure 20 ou 25 ans dans une école ou dans des écoles? Avez-vous deviné? Dans tous les cas de figure, assure M. Lavoie (porte-parole de la CSDM dans le dossier) , «la sécurité des élèves et du personnel prime avant tout.»

Vraiment?

03 juin 2008

Il faut savoir partir...

Dernière période cet après-midi. J'ai assommé mes élèves de troisième secondaire. Je leur ai annoncé que je ne serais pas leur prof l'an prochain. Quand la cloche a sonné, ils étaient encore assis à leur place, cloué à leur siège, oubliant le gros autobus jaune qui devait les ramener à la maison. La déception se lisait sur leur visage. En braille et, dans certains cas, en larmes.

Toute la semaine dernière, j'ai demandé à des collègues ce que je devais faire: annoncer ma décision ou attendre à la fin de l'année scolaire. Unanimement attendre. Mes tripes me disaient le contraire et, depuis un mois, je gardais tout en moi. Quand les gamins me parlaient de l’an prochain, du plaisir qu'ils auraient à continuer d'apprendre, de la rigueur des évaluations et surtout de leur progrès, je souriais et espérais qu'ils ne verraient pas mon trouble. À voir leur regard étonné et triste aujourd’hui, ils n’ont pas su deviner mes intentions.

Mais cette pleureuse comédie avait assez duré. Je leur manquais de respect et je ne pouvais plus supporter cette pression. Je me serais senti traître et honteux de leur faire part de cette nouvelle lors du dernier cours. Nous aurons ainsi trois périodes pour nous consoler, pour nous faire des sourires, pour partager pleinement un au revoir qui n’aura pas les allures d’un rejet mal foutu. Après ce que j’ai connu récemment, je ne pouvais pas faire autrement.

J’ai suivi mon instinct. Je ne le regrette pas. Je leur expliqué que je prenais cette décision pour moi et non pas contre eux, que j’avais besoin de ce changement et que mon cœur était déchiré entre la fidélité que je leur devais et ma nécessité de me renouveler.

Certains m’ont demandé s’ils pourraient toujours venir me voir l’an prochain. Je les ai rassurés et même mentionné que je conserverais dans ma bibliothèque de classe des livres juste pour eux. La porte de ma classe leur sera toujours ouverte, celle de mon cœur aussi.

Maintenant, j’aurais le plaisir d’annoncer à mes élèves de cinquième secondaire qu’ils seront mes derniers grands pour un bout. Je veux goûter chaque moment, chaque plaisir. Je le mérite.

Moody Moon

Le ciel s'est obscurci et la lune et les nuages ont cette nuit la couleur de la colère et de la rancoeur.


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Quand je serai bien mort,
Quand j'aurai perdu tout espoir
Après avoir perdu tant la vie,
Tu découvriras que tu avais bien choisi.

Pour l'instant, je reste prostré dans le silence
Et je souhaite que le temps efface tout du mensonge de ma présence.
Pour l'instant, j'espère salir cette sordide humanité
Que je n'arrive pas encore vaillamment à étouffer.

Mais ou sont ...
Ma maison et ses repos?
Mon esprit et ses échos?
Mon coeur et ses sanglots?

02 juin 2008

La réforme et l'évaluation

Deux événements récents viennent donner de l'eau au moulin à ceux qui critiquent le programme de formation actuel (On ne devrait plus parler de Renouveau ou de réforme, la ministre l'a dit...). Dans les deux cas, ils remettent en question des situations d'évaluation conçues par des enseignants et approuvées par le MELS.
Dans le premier cas, il s'agit d'une évaluation en mathématiques de sixième année du primaire qui demandait des heures de travail et que les jeunes n'auraient pas pu réussir sans l'aide de leur enseignant.
Dans le second, il s'agit d'une épreuve en mathématiques de troisième année du secondaire qui a été rejeté par les enseignants de la Commision scolaire des Affluents, en banlieue nord de Montréal parce qu'il était trop complexe et mal adapté à leur enseignement. «Le Ministère fournit beaucoup, beaucoup de données, mais aucune n'est complète. L'élève doit se référer à la 12e donnée pour compléter la première. Les jeunes ne sont pas habitués à travailler de cette façon et on avait peur que cela cause préjudice», explique André Lachapelle, directeur du service des ressources éducatives de la CSA. Pour Frédéric Pilon, président du Syndicat de la région des Moulins, «Les prototypes d'épreuves permettent au Ministère d'apporter des corrections à la réforme. Mais les profs et les élèves ont un peu l'impression de servir de cobayes là-dedans.»
De tels désaveux montrent bien que la machine ministérielle connait des ratés. On pourra toujours objecter que ce sont des cas isolés. En fait, je connais d'autres profs qui, dans leur matière, considèrent que l'épreuve à laquelle ils doivent soumettre leurs élèves est mal foutue, mais ils n'ont ni le courage et surtout ni l'énergie de se battre. Alors, en cachette, ils «adaptent» soit le contenu de celle-ci soit la correction qui est suggérée d'en faire.
Chez les partisans de la réforme, on entend souvent l'argument à l'effet que les programmes et les évaluation ne sont pas déconnectés de la réalité parce qu'ils ont été conçus par des profs. On vient de constater ici que ce n'est pas parce qu'une évaluation est conçue par des enseignants qu'elle est valable. Il faudrait peut-être d'ailleurs s'interroger sur les critères de sélection de ces profs. Qui plus est, dans ls deux cas mentionnés, il faut remarquer que ces évaluations ont passé toutes les étapes de validation requises par le MELS. On aura beau dire qu'il s'agissait d'épreuves prototypes, il est quand même troublant de penser qu'il s'agissait d'évaluations qu'on suggérait de faire passer à une cohorte complète d'élèves. Quand certains critiques affirment qu'on prend ces dernier pour des cobayes, comment leur donner tort? On peut se questionner fortement sur des expérimentations de la sorte.
Un autre argument qu'on entend chez les partisans de la réforme est que celle-ci permet la transmission efficace de nombreuses connaissances et les mesure de façon rigoureuse. Encore une fois, on peut éprouver certains doutes. Manifestement, il existe un écart considérable entre ce que les enseignants retenus par le MELS qui ont conçu ces évaluations croient que les élèves devraient connaître selon le programme actuel et ce qui se fait sur le terrain. «Des exigences en béton, mais des connaisances bidons», pour citer un confrère.

01 juin 2008

La lune et les étoiles

En écrivant ce poème aux aurores, je ne peux m'empêcher de penser à Circé et à un de ses billets.


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J'ai préféré la lune aux étoiles scintillantes cette nuit
Et je ne l'ai pas regretté.
Ses reflets bleuâtres ont bercé mon coeur meurtri.
Ses rayons étonnamment dorés
ont caressé mes yeux, ma bouche et mes douleurs.
Puissent toujours durer ces nocturnes heures.

J'ai préféré la lune aux étoiles scintillantes cette nuit
et j'ai connu un pays
ou tout n'est que luxe, calme et volupté,
ou tout n'est que force, passion et intensité.



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Ne cherchez à comprendre ni ces mots ni ce poème. Il existe simplement. Je me devais de lui donner la réalité en l'écrivant. Prof masqué trouve le réconfort dans la poésie des mots et des gestes.