Voilà qu'on apprend que la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) souhaite la création d'un poste d'
ombudsman de l'élève. Cette idée mérite d'être explorée, mais la façon dont elle est défendue par la présidente de la FCPQ laisse un goût amer.
Un tel ombudsman «pourrait, entre autres, trancher dans les cas de litige entre les enseignants et les élèves, mais également traiter les plaintes de parents d'élèves en difficulté qui jugeraient que leurs enfants ne reçoivent pas tous les services auxquels ils ont droit», explique la présidente de la FCPQ. Actuellement, c'est le conseil des commissaires des commissions scolaires qui a le dernier mot
Selon Mme Miron, il est illogique que le Conseil des commissaires ait le dernier mot puisqu'il lui arrive souvent d'être en conflit d'intérêts et de pencher en faveur des enseignants. Elle croit de plus que ce mécanisme est essentiel à défaut d'un ordre professionnel des enseignants aurait permis un traitement des plaintes efficace et indépendant, une idée qui aurait été abandonnée en 2005 par la majorité des professeurs.
Je serais fort surpris que cette proposition soit adoptée par le ministère. Les commissaires scolaires ne se départiront sûrement pas de leur pouvoir décisionnel, les directions d'école ne voudront pas d'un autre joueur dans leurs pattes et les syndicats ne rouvriront pas leur convention collective comme ça. Par ailleurs, s'il fallait qu'un ombudsman indépendant se penche sur la qualité des services offerts aux élèves, le MELS en prendrait pour son rhume, croyez-moi. Pour cette seule raison, le ministre Fournier va tout faire, je crois, pour reléguer cette idée aux oubliettes.
Mais ce qui agace surtout, c'est l'attitude de Mme Miron. On la voit souvent blâmer les enseignants, mais jamais le ministère ou les cadres scolaires. Et encore moins certains parents qui sont de véritables tue-élèves... Pourrais-je demander l'avis de cet ombudsman quant à un de mes élèves parti en voyage trois semaines durant l'année scolaire? Ou encore quant à cet autre élève qu'on envoie dans mes classes à cause de son âge alors qu'il a doublé une année scolaire et n'a pas réussi une autre?
Quand Mme Miron affirme que les commissaires penchent en faveur des enseignants, j'aimerais bien qu'elle fournisse des exemples précis parce que la plupart des commissaires que j'ai rencontrés sont plutôt hostiles aux professeurs, quand ils ne les détestent tout simplement pas. Je me rappelle d'un cas d'enseignant agressé physiquement par un élève et qui a été porté devant un conseil des commissaires. La mesure disciplinaire donnée à l'élève était tout bonnement ridicule.
D'autre part, les enseignants n'ont pas abandonné l'idée d'un ordre professionnel en 2005. Ils n'en ont tout simplement jamais voulu. J'aurais d'ailleurs sûrement l'occasion de revenir sur ce sujet dans un prochain billet.
Au lieu d'établir des ponts entre les parents et les enseignants, il est dommage que Mme Miron, depuis quelques années, casse du sucre sur le dos de ceux qui s'occupent, et ils sont parfois les seuls, des enfants au Québec.
Pour terminer, enfin, voici une information qui n'a pas encore été diffusée et qui vient bien compléter ce billet. La FCPQ recommandait également la création d'un poste de commissaire-élève. Devinez qui s'est opposé rapidement à cette idée? La fédération des commissions scolaires du Québec, bien sûr!
Pour en savoir plus sur ce sujet :
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2007/01/07/001-ombudsman-eleves.shtml