30 août 2015

Éducation à la sexualité ou le MEESR prouve qu'il n'apprend pas de ses erreurs (ajout)

Si vous vous demandez pourquoi certaines choses en fonctionnent pas en éducation, l'implantation du programme d'éducation à la sexualité en est un bon exemple.

Là, on fait un projet-pilote. Bravo! Mais sans être défaitiste, on a vu comment cela a fonctionné avec le renouveau pédagogique... Mais outre le manque de formation des enseignants,  l'absence de consultation du milieu ou de l'approche pédagogique retenue par le MEESR, une nouvelle variable s'ajoute ici: les convictions religieuses ou les valeurs des parents. Ça va être joyeux, croyez-moi de voir aller le Parti libéral dans ce dossier. « Pour l'instant, aucune exemption n'est prévue », a affirmé un porte-parole du ministère, Pascal Ouellet.

Belle bataille légale en vue. Et j'ai bien hâte de voir comment les écoles religieuses vont appliquer ce programme. Déjà que certains parents «ne veulent pas que leur ado entende parler de masturbation» en classe, explique la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'école (FQDE), Lorraine Normand-Charbonneau. On part de loin...

Et preuve de l'incompétence ministérielle, ce passage:

«Or, au moment où s'effectue la rentrée scolaire, il est difficile de dire qui au juste assurera l'éducation à la sexualité dans les écoles. Le ministère prévoit que ce pourrait être des enseignants, infirmières, psychologues, voire des responsables d'organismes communautaires. S'il s'agit d'enseignants, la tâche pourrait aussi bien revenir au professeur de mathématiques qu'à celui de français ou de géographie.»

Et tiens, comme prof, pourrais-je demander à ne pas enseigner ce programme ou des parties de ce programmes qui vont à l'encontre de mes valeurs et de mes convictions religieuses?

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Un point de détail. L'enseignement de la sexualité n'est pas disparue de nos écoles, contrairement à ce que certains véhiculent.  En sciences de deuxième secondaire, le volet santé est couvert (ITSS, etc.). Dans le cadre du cours d'éthique et culture religieuse, il est possible d'aborder des thématiques reliées à la sexualité: droit à la différence, sexto, etc.

De plus, il ne faut pas oublié que bien des profs de FPS (le cours qui abordait la sexualité) se sont recyclés dans d'autres champs, mais demeurent disponibles pour enseigner ce sujet.

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Signe des temps à venir:

Les parents qui ne sont pas d'accord avec le retour du programme d’éducation à la sexualité dans les écoles du Québec pourraient décider de garder leurs enfants à la maison, prévient l’Association des parents catholiques du Québec. (texte)




29 août 2015

Qualité du français des enseignants : évaluation douteuse et gestion incohérente


 Le ministre de l’Éducation, François Blais, affirme que les facultés universitaires d’enseignement acceptent des candidats dont la maitrise du français est trop faible et entend resserrer les exigences quant à l’admission de ces derniers : «On prend des étudiants qui sont trop faibles dans une discipline pourtant fondamentale parce que les professeurs, les enseignants, devraient être des modèles sur le plan intellectuel, sur le plan moral aussi.»

Des enseignants officiellement compétents

Le ministre Blais semble oublier que ces futurs enseignants ont réussi avec succès trois évaluations quant à la maitrise de leur langue écrite :
  •        celle en français écrit dont la réussite est obligatoire pour l’obtention du diplôme d’études secondaires (DES);
  •        l’épreuve uniforme de français  (ÉUF) dont la réussite est obligatoire pour l’obtention du diplôme d’études collégiales (DEC);
  •         et le test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) dont la réussite est obligatoire si l’on compte poursuivre des études dans tous les programmes de formation à l’enseignement.

De plus, ces enseignants en devenir ont également réussi des stages en milieu scolaire où ils ont été évalués à la fois par leur maitre-associé et par un superviseur relevant d’une université.

Concernant le TECFÉE, il est révélateur de noter la réaction des universités quand la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne avait décidé d’aller de l’avant avec cette mesure en 2006. À l’origine, les futurs enseignants avaient trois chances d'atteindre le seuil de réussite, fixé à 70 %.  Un candidat qui connaissait un troisième échec était automatiquement exclu du programme pour un an tandis qu’un quatrième échec entrainait une expulsion définitive.  Puis, les universités ont voulu revoir à la baisse le seuil de réussite de 70% pour le placer à 60%.  Ensuite, ce fut le nombre de reprises possibles qui a été remis en question – certains doyens suggérant même un nombre illimité de reprises! - avec, pour résultat, que les sanctions en cas d'échec varient présentement d'une université à l'autre.

Le fameux contingentement

L’accès aux études universitaires en enseignement est souvent contingenté, mais il arrive pourtant que bien des candidats discutables soient acceptés tant le nombre de places disponibles est élevé. En fait, dans leur course au financement, les universités les accueillent simplement pour des raisons financières. Il n’est donc pas étonnant alors que ce soit en enseignement qu’on retrouve souvent les candidats ayant la cote R la plus faible.  Cela ne signifie pas que tous les futurs enseignants soient faibles : il en existe d’excellents dont la compétence est indiscutable, mais ils en côtoient d’autres qui n’auraient pas dû être admis.

Par ailleurs, soulignons qu’il n’y a aucune véritable concordance entre les besoins du réseau scolaire en terme d’enseignants et le nombre de candidats admis dans les universités. Depuis des années, on forme des diplômés qui viennent s’ajouter aux interminables listes d’ancienneté. Certains jeunes excellents enseignants finissent par se lasser de la précarité de leurs conditions de travail et quittent le domaine de l’éducation, laissant ainsi leur place à d’autres parfois tout aussi bons et passionnés mais aussi à ceux dont la persévérance n’est pas nécessairement un gage de compétence.    

Ce que le ministre Blais devrait comprendre quant à la qualité de la maitrise du français des futurs enseignants, c’est qu’elle constitue le reflet de la qualité de la formation qu’ils ont reçue mais aussi de la gestion qu’exercent les hauts fonctionnaires et les décideurs politiques sur notre système scolaire.  On peut bien resserrer les conditions d’entrée des étudiants universitaires en éducation; il n’en demeure pas moins que, fondamentalement, c’est l’ensemble de l’enseignement du français et les évaluations reliées à celui-ci qui sont à revoir.