29 septembre 2012

Les pédophiles sont partout!

Le Journal de Montréal aurait voulu traumatiser des parents qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

Ainsi, depuis quelques jours, on a droit à la recension du domicile des criminels violents et sexuels du Grand Montréal. Ce matin, on apprend même qu'une école de Longueil aurait des voisins inquiétants. En effet, trois hommes accusés de crimes sexuels envers des enfants habitent en face de cette école primaire.

Un journaliste, muni de cette information, est allé rencontré des parents et il n'en fallait pas plus pour que ces derniers cèdent à la panique dans certains cas. Selon eux, l'école devrait être au courant de ce genre d'informations. Est-ce le mandat de gérer ce genre de situation? J'en doute. D'autant plus que ce type d'informations doit légalement demeurer confidentielle.

Je ne dis pas qu'on ne doit pas être inquiet de cette proximité, mais il est regrettable que cette série d'articles ne mentionne pas les faits suivants, généralement admis et bien plus troublants:

Dans 85% des cas, le pédophile, coupable d’agression sexuelle, appartient à l’entourage immédiat de l’enfant: parent, tuteur, membre de la famille, éducateur, entraîneur sportif, pasteur, confident, et généralement, l’agression s’inscrit dans un contexte de relations suivies entre l’agresseur et l’enfant. Près de 25% des agresseurs sexuels d’enfants sont des adolescents.

Avant de vous inquiéter du voisinage des écoles, il y a d'autres endroits bien plus préoccupants: l'entourage de votre enfant! Dans la même veine, je me demande s'il y a plus d'accidents impliquant des jeunes enfants et des automobiles que de cas de pédophilie commis par des inconnus. 

C'est juste pour dire...

Réenligner les chakras à l'école...

Je dois être vieux, rétrograde, périmé. Parmi mes valeurs, j'ai toujours cru que l'école publique et celle financée par des fonds gouvernementaux devraient être laïques et exemptes de toute forme de croyances religieuses ou autres.

Moi qui croyais qu'on ne retrouvait plus de ces enseignants qui abrutissaient leurs élèves à coup d'astrologie et d'autres balivernes, j'ai eu tout un choc cette semaine en lisant ce texte dans La Presse où l'on explique que «Trois écoles primaires de Lanaudière ont récemment permis à une enseignante et orthopédagogue de donner des ateliers parascolaires pour aider les élèves «à réorganiser leur énergie» en utilisant une approche basée sur la théorie des chakras.»  

L'enseignante en question a été formée par une coach de vie qui offre d'aider les directions d'école à répondre aux besoins des enfants ayant un déficit d'attention:  Connaître «leur nature énergétique» aide les enfants à se concentrer et à gérer leurs émotions, aurait affirmé cette coach à la journaliste.

Cette dernière explique: «Les classes sont grosses à l'école, les enfants sont sur le Ritalin. Il faut essayer autre chose », plaide l'ancienne infirmière, qui a changé de carrière parce qu'elle désapprouvait le recours excessif aux médicaments. Son analyse : «Le champ énergétique des enfants est souvent trop haut, donc ils ne sont pas groundés.»

Si l'on peut me permettre ce constat, j'ai souvent croisé de ces infirmières ou des professionnels de la santé qui défroquent de la rigueur scientifique pour verser dans un ésotérisme douteux. Mais de là à leur permettre de sévir dans nos écoles, il y a une limite à ne pas franchir.

Je crois fermement que les directions de ces trois écoles doivent être sanctionnées, ne serait-ce que minimalement pour indiquer qu'on ne tolère pas de tels ateliers parascolaires dans les écoles québécoises. De plus, je me demande ce que pense l'Association des orthopédagogues du Québec d'une telle forme d'enseignement. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un ordre professionnel proprement dit, cette association approuve-t-elle ce genre d'action dans un cadre scolaire?

Honnêtement, je suis découragé et choqué.


27 septembre 2012

L'école pourrait-elle poursuivre des parents? (ajout)

Un nouvel exemple de poursuite de la part de parents contre une commission scolaire aujourd'hui dans le Journal de Montréal. Ces derniers estiment que la commission scolaire des Val-des-Cerfs est responsable des difficultés d'apprentissage de leur fille et allèguent qu’elle n'a pas eu droit à l'aide et au soutien approprié de 2004 à 2011. Aussi, ils  réclament à cette CS une somme de 750 000$.

Si cette situation ressemble sous certains aspects à celle mentionnée dans ce billet (une poursuite ne signifiant pas que les faits allégués soient véridiques), cette fois-ci, le journaliste a pris soin de ne pas mentionner le nom de l'école ou des enseignantes concernés. Appelons cela une gentille délicatesse.

Je vous laisse lire ce texte et juger du bien-fondé de cette poursuite, mais une récrimination de la part des parents m'a fait sourciller:  ils reprochent à une enseignante de leur fille d'avoir refusé «de partager le matériel pédagogique de l'école». Un enseignant a-t-il l'obligation de partager son matériel avec des parents?

Comme le souligne l'avocate Annie-Élizabeth Girard, il ne sera pas facile de  prouver la faute de la commission scolaire : «L'école et une commission scolaire a (sic) une obligation de moyens, pas de résultats et de réussite. Il y a aussi des phénomènes extérieurs qui pourraient venir expliquer les problèmes d'adaptation de l'enfant à son nouveau milieu.»

On semble assister à un phénomène nouveau avec ce genre de poursuites. Je ne suis pas convaincu, honnêtement, que certains avocats effectuent correctement leur travail en prêtant assistance dans de tels cas. Mais à supposer qu'on puisse poursuivre une école ou une CS car elle n'effectue pas correctement son travail en ce qui a trait à l'éducation de certains jeunes, l'inverse ne pourrait-il pas être aussi vrai? Qu'attend-on pour responsabiliser certains mauvais parents qui nuisent à l'avenir de leur enfant, engendrent des couts supplémentaires à l'école par leur attitude et drainent des ressources importantes qui pourraient être utilisées à de meilleurs fins?

Ça, on n'en parle jamais.

En terminant, j'espère que certains commentateurs et gérants d'estrade sauront faire preuve d'un peu plus de prudence dans le présent cas.

********
Pour ceux qui doutent de ce genre de procédures ou pensent que j'exagère, La Presse nous apprend ce matin que, dans une cause à propos de «traitements» donnés à un enfant, «Les parents sont libres de croire ce qu'ils veulent, reconnaît la magistrate, mais l'intérêt de l'enfant prime, et leur droit de prendre des décisions à son sujet n'est donc pas absolu.»





25 septembre 2012

Poursuite: la commission scolaire s'indigne

Comme me l'a souligné un intervenant à propos d'un billet précédent, la commission scolaire des Hautes-Rivières s'indigne de l'article publié dans le Journal de Montréal concernant le dépôt d'une poursuite intentée par les parents d'une élève ayant fréquenté une école de ses écoles et qui aurait été victime d'intimidation sans que des moyens n'aient été pris, selon les plaignants, pour corriger cette situation.

La CS parle d'un «traitement médiatique partial»«Deux enseignantes et la directrice de l’école primaire Micheline-Brodeur ont été publiquement identifiées sans jamais que la journaliste ne communique avec elles ou avec la Commission scolaire pour connaître leur version des faits et, surtout, sans que les faits allégués n’aient été prouvés dans le cadre d’une enquête judiciaire.»

Avouons que ça ressemble pas mal à ce que je notais concernant l'article du Journal de Montréal. J'ignore si les décideurs de cette CS savent également le traitement qu'on a réservé à cette situation à l'émission Dumont. Mais j'avoue que, plus je repense à cette entrevue, plus je suis mal à l'aise de voir avec quel manque de prudence on a immédiatement présenté les faits allégués comme vrais.


 

 

23 septembre 2012

Écoles privées: quelques chiffres et observations

Dans un article de La Presse sur les examens d'admission des écoles privées, la journaliste Pascale Breton conclut son texte avec quelques statistiques intéressantes que je reproduis ici. Mais ce qui est fou est à quel point on oublie que le principal facteur de sélection pour entrer dans ces écoles n'a rien à voir avec ces tests.

En chiffres
76,4% des élèves qui ont passé un examen d'admission à une école secondaire privée ont été admis.
1/5 a été refusé, faute de place.*
3,1% ont été refusés parce que les écoles n'avaient pas les ressources pour eux (élèves en difficulté, besoins particuliers, etc.).
85% des écoles secondaires privées n'ont pas de liste d'attente, selon la Fédération des établissements d'enseignement privés.
50$ Coût moyen d'un examen d'admission. Les élèves en passent jusqu'à trois ou quatre.
162 Nombre d'écoles secondaires privées au Québec.**
88 776 élèves, soit 19,6% des élèves du secondaire, fréquentent une école privée.

À la lumière de ces chiffres, on pourrait être tenté de penser que l'école privée accepte une grande majorité des jeunes qui y font une demande. Pourtant, on oublie un facteur discriminant important qui présélectionne ces jeunes avant même le test d'entrée: l'argent.

Que 76,4% des demandeurs soient admis ne doit pas faire oublier qu'il s'agit d'enfants dont les parents ont les moyens ou choisissent de faire les efforts pour inscrire leur enfant dans un tel établissement d'enseignement. Et, qu'on le veuille ou pas, la variable socio-économique demeure un facteur important dans la réussite scolaire.

Un autre facteur de réussite scolaire important est bien sûr l'appui parental, l'importance accordée aux études. Quand un parent paie, il s'attend à en avoir pour son argent et que son enfant réussisse. Il mettra de la pression sur ce dernier ainsi que sur l'établissement d'enseignement qui l'accueille.

Il existe donc une sélection des élèves avant même les examens d'admission. Et celle-ci ne s'arrête pas là puisqu'on remarquera que le quart des demandeurs sont refusés, dont 3,1%  parce que les écoles n'avaient pas les ressources spécialisées pour eux.

********

J'enseigne dans un programme particulier d'une école publique où l'on sélectionne les élèves avec un examen d'admission. Il s'agit d'un test de mesure des habiletés scolaires de type Otis-Lennon. Cet examen ne mesure pas les connaissances des jeunes. J'ai des gamins dans mes classes qui ne savent pas trouver un sujet dans une phrase. J'ai généralement un, parfois deux élèves TDA ou TDAH par groupe mais, contrairement aux institutions privées, on ne peut refuser ce type d'élèves et encore moins ne pas leur fournir certains services d'aide. D'ailleurs, j'ai toujours reçu une excellente collaboration des parents de ces enfants. Il n'est pas surprenant alors que le taux de diplomation du programme où j'oeuvre soit équivalent à ceux des collèges privés de la région.

Je me plais à répéter qu'à travers les variables «coût des examens d'admission» et «cout des programmes», ce ne sont pas vraiment les élèves que les écoles sélectionnent mais bien leurs parents! Par surprenant que, dans certaines institutions privées, si un enfant est admis, il en sera de même pour ses frères et soeurs. Pourquoi, si ce n'est qu'on choisit au fond des entités familiales prédisposées à la réussite scolaire?


21 septembre 2012

Intimidation: attention avant d'affirmer que... (ajout)

Le Journal de Montréal aujourd'hui y allait d'un article percutant où des parents dénoncent, dans une requête de 44 pages, l'intimidation dont aurait été victime leur enfant dans une école de Granby. Ils poursuivent conjointement pour 400 000$ la direction de l'école de l'enfant, deux enseignantes (elles sont nommées dans l'article) et la commission scolaire des Hautes-Rivières.

J'ai de grandes réserves à propos de tels cas, surtout que la journaliste à l'origine de ce texte ne donne pas la parole aux gens visés par la poursuite et ne vérifie pas certains faits.

Les affirmations des parents

Dans cet article, on rapporte que les parents se seraient plaints que leur enfant aurait subi les éléments suivants pendant toute une année: «Bousculade, agression physique, mépris, crocs en jambe, insulte, exclusion.» L'élève, qui souffre d'arthrite juvénile et porte des orthèses, «se serait fait voler des objets, ridiculiser lorsqu'elle portait ses orthèses et ostraciser.»  Une de ses consoeurs de classe l'aurait frappée avec une chaise et lui aurait donné un coup de poing. Malgré une plainte à la Sûreté du Québec, la situation aurait perduré jusqu'à la fin de l'année scolaire, semble-t-il.

D'après les parents, la direction de l'école aurait affirmé que l'intimidation dont leur enfant aurait été victime «n'existait tout simplement pas», qu'elle ne faisait que chercher de l'attention et qu'elle «avait des comportements particuliers.»

La présentation des faits par la journaliste

Si on analyse ce texte, on remarque tout d'abord qu'il ne présente qu'une version de l'histoire: celle des parents. À mon avis, le traitement de l'information journalistique doit être équilibré, ce qui n'est manifestement pas le cas ici. Pourquoi n'a-t-on pas la version des gens poursuivis par les parents?

Ensuite, la journaliste rapporte du ouï-dire: les parents affirment que la direction a dit que... En cour, une telle preuve est immédiatement rejetée à juste titre. Très délicat comme façon de faire.

Enfin, la journaliste n'a pas procédé à deux vérifications élémentaires qui auraient pu donner un éclairage important à cette histoire. Qu'est-il arrivé de cette plainte déposée à la SQ? A-t-elle été retenue? Enquête-t-on sur ce cas? Il me semble que cette vérification était nécessaire avant de publier une telle histoire. De même pour l'incident avec la chaise. Y a-t-il un rapport médical appuyant une partie des faits avancés par les parents?

Par contre, et soyons honnête, on notera que la journaliste emploie le conditionnel pour décrire les faits qui seraient survenus et indique fréquemment qu'il s'agit de ce que soutiennent les parents de l'élève concerné. Un excellent point en sa faveur, mais qui ne contrebalance la façon dont elle a traité cette «nouvelle».


Évitons de tirer des conclusions

En plus de déplorer le fait que nous n'ayons pas les différentes versions de toute cette histoire, un autre aspect du traitement médiatique de cette «nouvelle» est que l'on demande à divers individus de la commenter alors qu'ils ne semblent pas avoir l'ensemble des éléments nécessaires pour agir ainsi.

Ici, dans la capsule vidéo accompagnant ce texte, Mario Dumont fait preuve de ses faiblesses journalistiques et présente la situation comme vraie: en introduction, il emploie le présent pour décrire toutes les exaction dont serait victime l'enfant concerné. Quant à elle, Chantal Longpré, invitée sur le plateau, fait exactement de même en plus de blâmer sans manifestement s'en apercevoir une direction d'école («il faut que je m'assure que.. ça n'a pas été fait.») et de tirer de cette «nouvelle» une multitude de  conclusions inexactes en prenant pour acquis que cette histoire est vraie. Ça donne du beau trashnews mais, pour la rigueur, on repassera.

Si on pousse plus loin, je n'arrive même pas à comprendre comment  Mme Longpré puisse affirmer en fin d'entrevue: «Là, on est en train d'investir des sommes incroyables, 400 000$. Une poursuite pour un élève. Ce 400 000$ pourrait servir à plusieurs écoles.» Euh... On n'investit pas 400 000$ ici. On parle d'une poursuite. Même pas encore inscrite en cour. Même pas encore certain du jugement et d'une possible somme à verser.

Dans les faits, si on lit bien le texte publié dans le Journal de Montréal, à partir de ce seul cas, on ne peut pas affirmer que l'école québécoise manque de moyens pour contrer l'intimidation en ses murs. Premièrement, la direction aurait été informée, selon les parents, des faits survenus à leur enfant et aurait volontairement décidé de ne pas y donner suite, estimant que la situation ne méritait pas qu'on y accorde de l'importance. Le présent cas n'aurait donc rien à voir avec un manque de ressources, mais plus avec une décision prise par une direction d'école et le désaccord des parents concernés. Deuxièmement, cet article traite d'une poursuite entamée par des parents, pas d'un jugement en leur faveur. Aucun des faits allégués ici n'a été prouvé. Aucune vérification minimale n'a été effectuée.  On ne dispose que de la version des plaignants. Rien ne prouve (encore) que l'enfant ait été réellement victime d'intimidation. 

En commentant cette nouvelle et en prenant pour acquise la version des parents, certains commentateurs semblent ignorer qu'ils peuvent s'exposer à des poursuites criminelles. Ils doivent donc être très prudents dans leurs propos et toujours les accompagner de remarques appelant à la prudence du genre: «Si cela est vrai.. Si le cas qu'on rapporte est avéré...»

Si vous croyez que j'exagère, je vous rappellerai le cas de Félix, l'enfant dans la cage. (ici et ici). Il y a quelques années, des parents ont dénoncé médiatiquement le traitement qu'aurait subi leur enfant à l'école. Divers chroniqueurs et gérants d'estrades s'en étaient mêlés. Des poursuites ont alors été intentées par l'enseignante visée par les propos de nos «experts» et se sont conclues par une entente hors cours à son avantage et une belle compensation financière.

*********
Puisqu'on parle de traitement équilibrée de l'information...  Quand un animateur télé, ancien chef d'une formation politique qui a prôné l'abolition des commissions scolaires, reçoit comme invitée spécialiste en éducation une candidate d'une autre formation politique qui a également prôné l'abolition des commissions scolaires, faut-il se surprendre qu'ils s'entendent tous les deux sur certains constats?

20 septembre 2012

Ma phrase intelligente de la semaine

J'ai une grande diversité culturelle dans ma classe. En fait, je dis ça et c'est peut-être une connerie. Toutes mes Fatima, Laeticia, tous mes Aymen, Hamilton et compagnie sont peut-être nés au Québec et mangent des pâtes trois fois par semaine... tout en se désolant du lock out au hockey.

Alors, disons que j'ai une grande diversité de couleurs dans ma classe et je ne parle pas des vêtements portés par mes élèves. Je vis bien dans cette multitude. Et les jeunes sentent que je n'ai pas une once de préjugé.

Abordant le thème du racisme et de la différence, j'ai eu cette phrase que j'aime :

«On est tous de la même couleur: humaine.»

16 septembre 2012

Bilan des lectures d'été

Ouaip, un petit bilan. J'ai retrouvé l'habileté à lire des textes longs et soutenus. Je ne sais pas si mes longues sessions de lecture sur Internet y étaient pour quelque chose, mais on dirait qu'il m'a fallu une période d'adaptation pour redevenir un lecteur bimode.

Donc. Allons-y tout d'abord avec mes coups de coeur.

Ian Rankin: une oeuvre constante, régulière. Pas de feu d'artifice, mais un plaisir simple à goûter.  On retrouve toujours avec joie l'inspecteur Rebus. Deux titres: Rebus et le loup-garou de Londres et  Ainsi saigne-t-il. Par contre, le deuxième roman est un peu plus faible. L'intrigue est politique et on peut se perdre dans ce monde écossais peu familier.

Albert Camus. De douces retrouvailles avec des oeuvres inédites ou récemment rééditées. Dans son premier roman La mort heureuse, qu'il abandonne en chemin, Camus met en scène le personnage de Meurseault, qu'il reprendra dans L'Étranger, dans un autre contexte et une tout autre histoire. Quoique... Un récit lourd, étrange à cause de ce Meurseault avant l'heure, mais rempli d'une grande maturité. Du même auteur, deux nouvelles: La femme adultère et Les Muets. La première m'a laissé sur ma faim. Par contre, la seconde est un bijou de narration. Dans une usine, les employés décident de se mettre en grève. Au retour d'un conflit qu'ils ont perdu, ils décident de garder le silence.

Dino Buzzati. Un autre retour à d'anciennes amours littéraires. Barnabo des montagnes. Rythme lent. Descriptions douces, imagées mais aussi ironiques d'une certaine Italie d'avant-guerre. Cette oeuvre annonce définitivement Le Désert des Tartares tant dans le ton que dans le thème. On aime ou on déteste. J'ai aimé. Du même auteur aussi, Douze nouvelles.  Mordant. Savoureux. Du Buzzati comme je l'aime.

Milan Kundera. L'ignorance. Un autre retour. Avec un livre dont le thème est le retour d'expatriés dans le pays qu'ils ont quitté. Que dire de cet auteur sinon qu'il aborde ici le thème de l'identité avec le brio qu'on lui connait. Certaines phrases ont été des coups de poing au ventre. Des directs au menton.

Sandor Marai. Les Braises. Auteur hongrois tombé dans l'oubli jusqu'en 2000. Un solide coup de foudre. Un huis clos réunit deux anciens amis qui s'étaient quittés sur une mésentente pour ne se revoir que des dizaines d'années plus tard. Un mélange de L'enfer, c'est les autres avec une intrigue digne des bons romans policiers. Des raisonnements logiques qui n'ont rien à envier à Hercule Poirot. Je continuerai à lire cet auteur.

Pierre Desproges. La minute nécessaire de monsieur Cyclopède et Monologues. Deux courts ouvrages regroupant des moments de l'oeuvre de cet humoriste français. Maniant le mot et l'ironie comme un maitre, Desproges ne laisse pas indifférent. Il touche certains sujets sensibles pour l'âme française (la Collaboration, les Arabes..). J'ai adoré.

Opinion neutre

Robin Cook. J'étais Dora Suarez. Bon roman policier noir, mais sans plus.

Tony Hillerman. Blaireau se cache. Un policier qui en vaut un autre. Intéressant pour son exploration des cultures ute et navajo.

Ed MacBain. Branle-bas au 87. Un policier relié au phénomène des gangs de rues de New York. Des personnages qui auraient de l'avenir. Un bon récit, sans plus.

William Bayer. La ville des couteaux. Un récit qui a de bons moments mais qui se lance dans trop de directions à la fois. Un talent certain pour la description, l'atmosphère. Buenos Aires est présenté comme si on y était. Des détails qui sont parfois plus captivants que l'histoire elle-même. Par moment, on sent la plume de Philipp Kerr. Un auteur disposant de solides moyens mais qui a voulu trop en faire.

Les «à éviter»

George Chesbro. Loups solitaires. Courts récits mettant en scène trois personnages fétiches de ce romancier.

Michel Connely  présente divers auteurs dans ce recueil de nouvelles policières intitulé Moisson noire. La récolte n'était pas très bonne, à mon avis...

Thierry Jonquet. Le secret du rabbin. L'auteur a un beau flash, sauf qu'il l'étire tellement qu'on voit venir la fin au milieu du roman. Décevant quand un secret s'évente de lui-même. Et pourtant.

Colum McCann. Les saisons de la nuit. Honnêtement, cet auteur tient une histoire géniale entre les mains.  Une saga où s'opposeront constructions de tunnels et de gratte-ciel à New York. Mais voilà: il ne sait manifestement pas quoi en faire. Même le titre est mauvais.

Stephen Greenblatt. Comment William est devenu Shakespeare. Une biographie sans document et remplie de si et de peut-être, d'extrapolations. Décevant.

14 septembre 2012

Quand quantitatif devient indéfini et mal défini

Branle-bas de combat cette semaine entre collègues! On découvre qu'il y a un écart entre les manuels d'exercices que nous avons choisis en français et les outils de références que nous possédons.  Rien de majeur, mais assez pour illustrer une problématique chiante.

Ainsi, dans notre cahier d'exercices, on fait disparaitre la catégorie «déterminants quantitatifs» en l'incluant dans celle des déterminants indéfinis. Bregf, les «tout, quelque, plusieurs...» vont rejoindre les «un, une, des».

Rien dans le programme de formation ou la progression des apprentissages ne l'interdit. Sauf que ce changement est erroné quant à moi. En quoi les déterminants «nul» et «aucun» ont-il un caractère indéfini? Il s'agit de d'une quantité précise, soit zéro.

Quand j'enseigne à mes élèves les différentes catégories de déterminants, je leur explique que l'appellation  avec laquelle on les désigne n'est pas le fruit du hasard. Par exemple, le déterminant possessif indique qui possède la chose ou la personne dont on parle (mon chien = chien à moi).

Ce n'est pas pour rien que je tiens tant à enseigner avec mon propre matériel. Mais quand on a plusieurs collègues, on fait des compromis et c'est très bien comme cela. Il est regrettable cependant que certains concepteurs de matériel scolaire, eux, se laissent aller à de tels errements.

12 septembre 2012

Anglais intensif au primaire: la FCPQ s'inquiète

Avec l'élection du Parti québécois, voilà que la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) s'inquiète de l'avenir du programme d'enseignement intensif de l'anglais au primaire.  «Le gouvernement ne peut pas aller à l’encontre de la volonté des parents. Nous, on reste vigilants», a réagi, mardi, Gaston Rioux, président de la FCPQ.

Le texte parle d'ailleurs d'une volonté exprimée par 87 % des membres de la FCPQ, ce qui est rigoureusement faux comme le montre ce billet:

«Voici la «vraie» vérité: 48 des 55 délégués présents au conseil général de la FCPQ, les 12 et 13 février, ont voté pour un programme d'anglais intensif, se faisant le relais uniquement des parents présents aux conseils d'établissements. Cinquante-cinq délégués, porte-voix de centaines de milliers de parents: côté représentativité, on repassera! Seuls les membres de conseils d'établissements ont été consultés, et par un sondage complaisant et biaisé de la FCPQ.»

Je ne referai pas ici l'inventaire exhaustif de tous les arguments à l'encontre ce programme, mais qu'il me soit permis d'en rappeler quelques-uns:
- mesure improvisée alors qu'on manque de ressources et d'enseignants pour l'appliquer;
- compression des autres matières vues en sixième alors qu'il s'agit d'une année charnière dans la transition vers le secondaire et que les élèves ont à réussir de nombreux examen du MELS;
- programme universel s'adressant autant à des élèves en difficulté scolaire qu'à d'autres maitrisant déjà très bien l'anglais et moins le français (qu'on pense à certaines communautés immigrantes);
- absence d'une mesure corollaire pour les écoles anglophones quant au français (le bilinguisme est seulement pour les francophones).

Enfin, qu'il me soit permis de corriger une erreur véhiculée par cet article. En effet, on peut y lire:

«Si jamais le gouvernement du Parti québécois choisissait de freiner le pas, les conseils d’établissement, qui ont le dernier mot sur la grille-matière, pourraient aller à l’encontre de cette décision puisque la loi le leur permet.»

Or, à moins que je ne me trompe, l'adoption de la grille-matière doit se faire dans le respect du régime pédagogique et du programme de formation. Or, la Loi sur l'instruction publique n'autorise pas les CE à compresser autant les autres matières comme l'exigerait ce programme d'enseignement intensif de l'anglais au primaire.

Enfin, à propos de parents vigilants, je ne les ai jamais entendus quant à la qualité de l'enseignement du français au Québec. Et pourtant...

**************

Dans la foulée du sujet d'aujourd'hui, je vous suggère la lecture de ce texte de Christian Dufour intitulé Le français: la vraie menace. Et j'en profite pour vous souligner qu'à Kuujjiaq  et chez les Cris, des élèves francophones sont incapables d'obtenir une éducation en français.




09 septembre 2012

Parlons de prénoms d'élèves

Depuis une semaine, je commence à mémoriser les noms de mes élèves. Avec le temps, mon école accueille de plus en plus de jeunes de communautés dont les origines sont davantage à l'extérieur du Québec, si je puis dire. Cela me vaut des prénoms et des patronymes difficiles à retenir. Au Scrabble, certains d'entre eux seraient très payants. Mais comme ce jeu n'accepte pas les noms propres...

Là où, par contre, j'ai une réaction, c'est à propos de certains prénoms de jeunes dont la famille vit au Québec depuis des générations. Ou bien certains parents sont dyslexiques, ou celui qui a écrit leur nom dans le registre civil était saoul, ou la drogue fait des ravages, ou la course à l'originalité ne cesse de gagner du terrain.

J'ai quelques élèves prénommées Gabrielle. Enfin, c'est aussi Gabryelle ou Gabrièle. J'ai aussi un Jakob, un Nicola, une Élodye, une Sara sans «h». Mais la palme dans mes classes revient à... Félip.

Certains collègues me signalent avoir dans leur classe ou leur entourage les prénoms suivants: Cassadryne, Kamay-Lia, Mayghane, Max-Hyne, Ma-Ryèv, Jannique, Kay-Ven...

D'où mon commentaire: chers parents, quand vous donnez un prénom à votre enfant, voulez-vous ne pas le handicaper! Il va passer sa vie à l'épeler aux autres.

08 septembre 2012

La «bullshit» du SRAM (re-ajout)

On ne pourra pas m'accuser de faire dans la dentelle. Je viens de lire un texte publié dans Le Devoir sur le fait que le MELS oblige maintenant la parution de trois bulletins à date fixe (sujet déjà couvert ici et ici).

Alors qu'un représentant syndical des enseignants affirme que cette façon de faire pénalise les étudiants qui font une demande d'admission au cégep, une sympathique directrice des communications du service régional d'admission du Montréal métropolitain (SRAM), pour sa part, déclare qu'un élève qui soumet deux bulletins n'a pas plus de chances d'être admis que celui qui n'en soumet qu'un seul.

Et Le Devoir de nous asséner une série de chiffres très rassurants:

80 % des candidats ont été admis au 1er tour;
95 % des candidats ont été admis au terme des trois tours;
90 % des candidats ont été admis au programme de leur choix;
94 % ont été admis au cégep de leur choix.

Ce qu'on oublie de préciser,  par exemple, c'est que les 80% des candidats admis au premier tour ne l'ont pas nécessairement été dans le programme de leur choix, mais plutôt dans celui qu'ils ont retenu (ou qu'on leur a dit de retenir) et où ils savaient qu'ils avaient le plus de chances d'être acceptés. La nuance est de taille.

Dans le bureau de l'orienteur de mon école, la scène est fréquente: «Ton bulletin est trop faible pour être policier, mon ti-pit. Choisis autre chose ou arrange-toi pour entrer au cégep où se donne le programme Techniques policières et essaie de faire un changement après ta première année collégiale.» Pas surprenant qu'on obtienne des scores aussi élevés quand on s'assure a priori que les élèves ne soient pas refusés.

De même, il ne faut pas être dupe: quand on affirme que 95% des candidats ont été admis au terme des trois tours, certains l'ont été finalement dans des programmes d'accueil et d'intégration qui sont, ni plus ni moins, une voie facile pour mettre les pieds au cégep et à condition d'aller chercher les prérequis manquants, comme le cours de français de cinquième secondaire.

Dans les faits, à la boutade, on pourrait affirmer que les seuls élèves refusés sont ceux qui ont été mal encadrés ou qui n'ont pas voulu mettre un terme à leurs rêves et ont présenté une demande d'admission totalement illusoire.

Quant à moi, après 15 ans d'expérience sur le terrain et au-delà des belles statistiques du SRAM, il est inacceptable qu'on met une aussi grande pression sur des enfants de quatrième secondaire en leur demandant d'être déjà conscients de l'impact de leur performance scolaire sur un éventuel choix de cégep.  Également, il ne fait aucun doute que d'interdire à des jeunes de cinquième secondaire de produire les notes d'un deuxième bulletin nuit à leur possibilité d'être admis dans un programme qui répond véritablement à leur choix. De plus, je considère malhonnête qu'on mette sur le met pied les résultats d'une année complète de quatrième secondaire et ceux d'un seul bulletin de cinquième.  Enfin, il est pédagogiquement inadmissible qu'on enlève tout espoir à l'élève qui aurait connu des difficultés personnelles ou scolaires de se reprendre après l'émission du premier bulletin de cinquième secondaire.

Pour  Geneviève Lapointe, directrice des communications au SRAM:« Un élève qui est fort en 4e secondaire devrait le rester en 5e secondaire aussi.» Alors, si la situation est aussi évidente, pourquoi envoyer des notes de cinquième secondaire si tout est déjà joué? En pensant de la sorte, on nie tout progrès potentiel de l'élève mais aussi tout le travail des élèves et des enseignants de cinquième.

Un bureaucrate jonglant avec des statistiques peut accepter cette façon de faire. Pas un pédagogue travaillant avec des jeunes.

********

Autre son de cloche dans Le Soleil où le portrait est moins idyllique.

L'Association québécoise des professeurs de français (AQPF) s'inquiète de cette mesure: «Ce n'est pas une bonne façon de contrer le décrochage. Les élèves en difficulté vont se dire que de toute façon, c'est foutu. C'est comme si on leur disait que le reste de l'année ne compte pas. Ce sont des notes qui ne reflètent pas la réelle compétence de l'élève.»

À la commission scolaire des Premières-Seigneuries, le porte-parole Jean-François Parent explique que l'envoi d'un deuxième bulletin aux cégeps permettait à des jeunes «d'être favorisés». «Règle générale, le deuxième bulletin est plus fort que le premier», indique-t-il.

Même le pendant québécois du SRAM, le SRACQ trouve à y redire. Marc Viens, directeur du Service régional d'admission au collégial de Québec, reconnaît que, dans un scénario idéal, les notes remises aux cégeps devraient être compilées «le plus près possible» du 1er mars, de façon à mieux refléter le parcours de l'élève. Mais il souligne que cette nouvelle règle représente un «problème» seulement pour les élèves qui veulent être admis dans les programmes contingentés, un groupe qui représente 11 % des demandes d'admission.

********
Au fait, s'il y a seulement 11% des demandes qui sont effectuées dans des programmes contingentés, comme le souligne M. Viens, on n'a pas à s'étonner du haut taux d'admission des jeunes au premier tour... et c'est pourtant dans ces programmes qu'on devrait avoir la meilleure évaluation des candidats.

De plus, il faut se rappeler qu'au premier tour, les finissants indiquant trois choix, je crois. Wow... Un autre fait qui explique qu'ils sont admis des celui-ci. Il n'y a rien là de glorieux.


05 septembre 2012

Bulletins et admission au cégep: la saga continue

J'avais parlé dans un billet précédent de cette directive ministérielle qui empêchait les écoles secondaires de transmettre aux organismes d'admission collégiale les notes d'un deuxième bulletin émis avant le 1er avril.  J'avais dénoncé cette mesure en expliquant qu'on évaluait ainsi des élèves de cinquième secondaire en se basant sur une trop faible partie de leur parcours scolaire et que celle-ci pourrait avoir des impacts sur la motivation des jeunes ainsi que sur le décrochage scolaire.

J'avais alors écrit:

«...certains décideurs auraient voulu qu'on évalue au minimum tous les finissants en écriture dès la première étape, sans tenir compte du fait que ce volet demande beaucoup de temps et des énergies considérables en un si court laps de temps et qu'il désavantage certains élèves moins habiles à l'écrit. L'idée a heureusement été reléguée aux oubliettes, mais on craint qu'elle ne soit ramenée avec cette récente décision du MELS.»

Mes craintes étaient fondées. Le 5 septembre, alors que mes collègues enseignent depuis une semaine, que leur planification est établie pour le premier bulletin et même pour l'année dans certains cas, le SRAM a fait parvenir aux écoles une note intitulée: «Échéancier révisé des transmissions des résultats scolaires des élèves de la 5e secondaire suite à la publication de l’Instruction annuelle du MELS».

On y apprend que l'envoi obligatoire des notes pour le premier tour d'admission a été fixé au plus tard le 18 décembre 2012.  Je vous rappelle qu'autrefois, il était possible pour les élèves de soumettre les notes d'un bulletin émis avant le 1er avril. Qui plus est, le SRAM écrit:

«...la note du volet écriture sera attendue. C’est à partir de ces résultats que la plupart des collèges déterminent si le candidat doit être convoqué à un test de classement ou s’il doit être soumis à diverses mesures d’aide. L’absence de ces résultats pourrait entraîner l’imposition d’un cours de mise à niveau au cheminement du candidat admis ou, ultimement, le refus de sa candidature.»

Aussi bien dire qu'on ordonne aux collègues de français d'évaluer leurs élèves en écriture. Une telle façon de procéder est non respectueuse du professionnalisme des enseignants du secondaire. Ensuite, de changer ainsi des règles en cours d'année est inadmissible et fait preuve d'un net manque de gestion administrative. Enfin, encore une fois, on ne tient pas compte de l'élément le plus important dans nos écoles: les élèves. On gère l'éducation dans le mépris le plus total de certaines règles pédagogiques, comme si c'était un MacDonald's et que nos élèves étaient de simples boulettes qu'on se contente de flipper sur un grill.

Le SRAM veut des notes. Il en aura. Tristement.

02 septembre 2012

Et mon vote sera?

Malheureusement PQ.

Je n'ai jamais voté pour le Parti québécois. Dans tous les comtés où je suis demeuré, mon vote se noyait dans un océan bleu. Alors, je votais Vert par principe. Pour que quelqu'un quelque part se dise que l'environnement commençait à être une vraie préoccupation environnementale des Québécois et des Canadiens. Parce que le milieu où l'on vit ne doit pas nous rendre malades ou nous tuer. Parce que nos enfants méritent qu'on ne leur laisse pas un héritage empoisonné.

Je ne voulais pas voter non plus pour un parti dirigé par Pauline Marois. Tout d'abord, son passage au ministère de l'Éducation a été la plus grande catastrophe des trente dernières années, n'ayons pas peur de le dire. La réforme de l'éducation, ses fondements mais surtout son implantation ont laissé des séquelles majeures sur le réseau scolaire. Ensuite, étonnamment, parce que son projet de CPE souffre  de graves lacunes dont elle ne parle pas, même aujourd'hui.

Si je regarde les plateformes électorales des trois principaux partis en matière d'éducation, aucun n'a suscité mon intérêt. Dans les faits, le PQ et le PLQ promettent un statu quo relatif et la CAQ, une révolution improvisée.

Le PQ a une seule mesure intéressante: la prématernelle à quatre ans. Tous les experts s'entendent sur les bienfaits de cette idée. Pour le reste, on promet l'embauche de 600 spécialistes qui n'existent pas... Le programme du PLQ, quant à lui, c'est la continuité dans le manque d'originalité. Un gros 100$ aux parents ayant des enfants au primaire.  Fait à noter: ces deux partis remettent peu en question la gestion des commissions scolaires et les méandres du ministère de l'Éducation.

Arrive la CAQ avec des idées, du changement. On serait tenté de ressentir un peu d'espoir. Le problème est que le remède proposé pour guérir les maux du réseau de l'éducation vaudrait une poursuite en déontologie à n'importe quel médecin. À une Pauline Marois qui a effectué une réforme pédagogique pour contrer le décrochage au Québec (une réforme que François Legault a appuyée comme ministre pendant quatre années), la CAQ propose une réforme structurelle et d'affrontement avec les principaux partenaires scolaires. Cette formation nous dirige vers un système à l'américaine avec les résultats que l'on peut voir chez nos voisins du Sud. Je ne reviendrai par sur des billets précédents, mais disons que les solutions proposées par la CAQ manquent de rigueur, d'études et de profondeur. On dirait davantage des engagements populistes qu'une fine analyse de la réalité. Le réseau de l'éducation a besoin de changements, mais pas comme ceux-là.

Le PLQ est cuit. Restent le PQ et la CAQ. Lequel est le moins pire...

***********

Sondage masqué (en haut à droite): et vous, pour qui voterez-vous?