- Pourquoi l'horaire des activités parascolaires est-il dévoilé après la rentrée alors qu'il serait plus pratique pour les parents de le connaître avant juin, par exemple?
- «Comment se fait-il qu’il y ait régulièrement des fautes d’orthographe ou syntaxiques dans les documents remis aux parents par les profs et la direction des écoles ?»
- «vous (les enseignants) faites quoi au juste les profs pendant vos 18 journées pédagogiques ?»
Réponse 1: les enseignants ou les responsables des activités parascolaires ne sont pas toujours connus au mois de juin. Quand on sait que des postes viennent à peine d'être comblés dans certaines écoles, on peut avoir une bonne idée de la situation. Dans certains cas également, ces activités sont organisées par des étudiants de niveau cégep ou universitaire. Il est impossible de déterminer quand elles auront lieu avant que ces responsables aient leur propre horaire de cours. Un simple coup de téléphone auprès d'une direction d'école aurait suffi à répondre à cette question au lieu de créer un faux débat.
Réponse 2: la connaissance du français souffre de nombreuses lacunes dans le monde de l'éducation. Ce n'est un secret pour personne, il me semble. De nombreux articles de journaux ont été écrits à ce sujet. Il suffit d'une petite recherche pour voir que ce phénomène est bien documenté. Lorsque Mme Lortie se demande «Comment puis-je faire confiance à une école où on ne sait pas écrire correctement ?», je la trouve ou terriblement naïve ou démagogue. De plus, je lui rappellerai que l'ancien ministre de l'Éducation lui-même ne prêchait pas par l'exemple. Même si cela ne peut constituer une excuse valable, le mal que dénonce Mme Lortie est fortement ancré dans notre société, dont l'école est malheureusement un pâle reflet.
Ce qui est choquant dans le cas des textes de Mme Lortie, c'est cette propension tout d'abord à blâmer les enseignants pour un pseudo phénomène dont ils ne peuvent de toute façon être, s'il existait, responsables. Ensuite, c'est de questionner leurs connaissances linguistiques alors qu'elle commet elle-même quelques écarts à la grammaire et qu'il s'agit d'un phénomène qu'on retrouve dans l'ensemble de notre société. Enfin, c'est de s'interroger - avec une certaine malice, selon moi - sur la nature même de leur travail, oeuvrant ainsi la porte à des commentaires édifiants du genre: ««Au public (où j’ai aussi enseigné l’an passé), les journées pédagogiques… étaient des journées à ne rien faire de bon, sauf s’il y avait des réunions ou assemblé.»»
Mais, par-dessus tout, c'est dans la fausse façon qu'elle a de bloguer que Mme Lortie m'horripile. Bloguer est un processus d'échange. Dans le cas qui nous concerne, elle publie deux textes discutables, pose des questions auxquelles certains intervenants répondent, mais ne se livre à aucune rétroaction. Lit-elle seulement les commentaires des gens qui participent à ce faux blogue? On peut raisonnablement se le demander.
Ce n'est pas la première fois que cette chroniqueure du JdeM s'intéresse au domaine de l'éducation. Dans un billet précédent, je commentais un de ses textes où elle suggérait de rémunérer les enseignants en fonction du succès de leurs élèves. Rien de moins!
Cette fois-ci, madame Elgrably donne son opinion éclairée sur le récent avis du Conseil supérieur de l'éducation (CSE) sur le bulletin chiffré.
Tout d'abord, elle ne peut résister à tourner en ridicule l'avis du CSE (que personne n'a lu au complet, en passant). À l'argument que les notes instaurent un système malsain de comparaison, Mme Elgrably propose, à la boutade, on le devine, de «cesser de compter les points lors des rencontres sportives, des tournois d’échecs et des parties de Scrabble», d'«abolir les niveaux afin que les élèves de 1ière année ne se sentent pas «petits» par rapport à leurs camarades de 6ième» et de «légiférer sur le contenu des boites à lunch» afin d'«éviter que certains enfants ne jalousent le sandwich de leurs camarades.»
Croire que des notes dans un bulletin sont un incitatif scolaire suffisant pour un élève, c'est s'imaginer que la majorité des travailleurs donne le meilleur d'eux-mêmes à cause du chèque de paie qu'ils reçoivent. Les résultats scolaires chiffrés ne sont pas négligeables, selon moi, c'est vrai, mais il existe d'autres facteurs tout aussi importants pour motiver un jeune: la présence des parents, la relation maître-élève, le soutien pédagogique, etc.
Certains passages du texte de Mme Elgrably sont très révélateurs de sa pensée de droite. Prenons celui-ci, par exemple: «En s’opposant aux notes, le CSE tente de créer une école aseptisée qui s’inspire d’une vision égalitariste. C’est le communisme appliqué à l’éducation!» On croirait entendre rien de moins que Camil Samson ou même Maurice Duplessis!
Mais c'est surtout le terme que cette universitaire de haut niveau utilise pour désigner les élèves en échec qui nous révèle complètement l'ampleur de son mépris et de ses préjugés: des «cancres», ce qui, d'après Le Petit Robert, signifie un «écolier paresseux et nul».
Mme Elgrably emploie d'ailleurs ce mot à trois reprises dans son texte:
- «Dit autrement, ils veulent éliminer les notes de peur de traumatiser les cancres.»
- «C’est gentil de vouloir préserver les sentiments des cancres, mais qu’advient-il de ceux des bons élèves?»
- «Au lieu de cela, on s’évertue à entretenir une «médiocratie» par complaisance pour les cancres.»
Tout comme Mme Elgrably, je ne suis pas d'accord avec l'avis du CSE. Mais avec des arguments aussi peu nuancés que les siens, je préfère définitivement ne pas l'avoir à mes côtés.