Prendre le bal au bond
Le JdeM nous a servi quelques articles très tartinés à propos de cette jeune fille refusée à son bal des finissants parce que son père n'avait pas réglé des factures qu'il devait à l'école de cette dernière (ici).
Sur le fond, étonnamment, je suis d'accord avec ce père. La jeune n'a pas à assumer les conséquences ses gestes de mauvais payeur. Il est odieux de faire pression sur des parents et des jeunes en menaçant une mineure de la priver d'une activité qui, si elle ne relève pas d'un service scolaire obligatoire, demeure quand même importante aux yeux de certains, dont les élèves finissants. Ce sont deux dossiers totalement distincts. La jeune peut avoir travaillé pour se payer cette activité.
Ici, l'école utilise un raccourci odieux (oui! oui!) pour que cette dette soit réglée. Si la jeune était majeure, il s'agirait peut-être même d'une pratique illégale. En même temps, il est rigolo de voir tous ces gens défendre ce mauvais payeur alors que nos finances publiques n'ont jamais été en si mauvais état. On a aussi établi un parallèle douteux avec certaines dépenses des commissions scolaires, comme si une erreur en excusait une autre. Je me questionne enfin sur les valeurs d'une famille où le père est en faillite et peine à rembourser ses dettes parfois contractées pour l'éducation de sa fille alors que celle-ci travaille, magasine les robes, possède un cellulaire.
Je me suis également posé cette question: en médiatisant ce fait dans les médias, le père sert-il réellement la cause de sa fille? J'en doute. Celle-ci sera identifiée dans son école comme «la fille dont le père...» Sur les médias sociaux, on n'a pas toujours été très tendre à l'égard de cette famille. On sait peu qu'il existe des fondations et des donateurs pour aider les familles dans le besoin. Il leur est également possible de discuter avec la commission scolaire pour convenir d'une entente de versements (ici). On dirait plutôt que le père a laissé trainer les choses pour ensuite se trouver une cause pour se déculpabiliser. Il a d'ailleurs convenu aujourd'hui d'une entente de remboursement avec la CS, ce qui est tout à fait illogique avec son discours. «Mon orgueuil est déjà au minimum, je ne voulais pas tirer profit de la situation mais sensibiliser la population à une injustice», a-t-il déclaré.
Sur le fond, a-t-il eu raison de s'insurger contre cette pratique? Oui, car elle est manifestement injuste. Sur la forme, s'y est-il bien pris pour contester celle-ci? Non. Et moins encore maintenant qu'il a chocké.
Parce que le monsieur n'a absolument rien gagné de plus que ce qu'il aurait déjà reçu avant sa chevauchée médiatique.
Un dernier point: Jeunesse au soleil a ouvert un fond pour financer le bal des finissants de certains étudiants. Honnêtement, pour moi, cet organisme a erré et dépasse le cadre normal de sa mission. Il y a déjà assez d'enfants qui vont à l'école le ventre vide. On pourrait peut-être se concentrer là-dessus.
Blessée par bal
Et maintenant, cette autre nouvelle où une finissante poursuit pour 62 000$ son ancienne école secondaire et l'hôtel Hilton de Québec pour un incident survenu il y a trois ans. Elle reproche à l'hôtel et à son ancienne école de ne pas avoir pris les mesures adéquates pour assurer la sécurité. Cette dernière a subi de profondes lacérations causés par un élève, lui aussi poursuivi, qui a atteint un lustre de l'hôtel en lançant une bouteille au plafond. Si la procédure peut choquer, elle est par contre assez habituelle en droit: on vise tout ce qui bouge pour être sûr de récolter quelque chose quelque part.
Là où je décroche, c'est quand je prends connaissance des faits suivants:
- Il a fallu trois ans pour que des poursuites soient intentées.
- Le père de la jeune fille affirme que sa fille a conservé des séquelles physiques et psychologiques de l'événement: « Elle se met à pleurer quand elle entend la chanson qui jouait quand c'est arrivé.»
- Sur une vidéo mise en ligne par le père et la fille pour sensibiliser les écoles et les parents à mieux encadrer les bals de fin d'étude (ça, c'est évidemment avant qu'on intente des poursuites), on met la musique de «Sunday! Bloody Sunday!» et on parle de cette soirée comme un «Wednesday Bloody Party».Euh? Y a-t-il un lien? Vraiment? Un lien entre ça et la boucherie à laquelle s'est livrée l'armée britannique dans les rues de Derry en Irlande du Nord qui a causé 27 morts et 14 blessés? Ouf! On nage dans le délire.
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