J. m'a envoyé ce billet touchant portant sur Bruno Roy, décédé hier (ici, ici, ici et ici) . Son témoignage a d'autant plus de valeur qu'elle a eu l'occasion de le côtoyer.
Je n'ai pas l'habitude de céder ma place dans mes billets. Cette exception est amplement justifiée. Je vous invite à lire pour découvrir un grand mésestimé au Québec.
La mort de Bruno Roy me chagrine. Je l’avais revu, il y a un peu plus de trois semaines, à la fête qui soulignait la retraite d’une collègue commune. Il semblait en pleine forme et, fidèle à son habitude, avait des projets plein la tête. Et là… sa vie ne tenait qu’à trois petites lettres : AVC.
Bruno, c’était le collègue charmant mais entêté. J’ai surtout en tête, comme beaucoup de Québécois, son combat pour la défense des orphelins de Duplessis, dont il était non seulement le porte-parole, mais aussi le plus grand pied de nez qu’il pouvait faire à ceux qui l’avaient étiqueté de « arriéré mental ». Oui, l’arriéré mental avait obtenu un doctorat en littérature!
On lui doit aussi une bataille de fond pour la reconnaissance de la littérature québécoise dans la formation commune de littérature dans le réseau collégial. Il s’était insurgé – avec raison – contre le fait qu’on doive enseigner la littérature québécoise en la comparant avec la française, comme si nous n’avions pas le droit d’exister par nous-mêmes!
Ces combats, parmi tous ceux qu’il a menés, font qu’on se souvient un peu plus aujourd’hui de l’homme public, du batailleur, du parleur. Le Québec avait besoin de lui. Ses combats publics font qu’on oublie un peu l’écrivain, l’amoureux des mots, du pouvoir des mots, l’amoureux de la poésie ou de la chanson. Même si ses œuvres sont moins connues que ses combats, la littérature québécoise avait besoin de lui. Bruno, c’était aussi l’amoureux de la vie, sans compromis. Il distribuait encouragement, accolades et sourires sans compter.
Salut, cher Bruno! J’espère que les anges te fredonnent des airs de cette chanson québécoise que tu aimais tant.
2 commentaires:
Je suis aussi attristée de la mort de Bruno Roy. Je l'ai eu comme prof à l'UQAM. Et, depuis que j'enseigne, je l'ai invité régulièrement à venir rencontrer mes étudiants pour parler chanson. C'était toujours un plaisir de le revoir et de discuter avec lui. Je retiens surtout de lui son sens de l'engagement. C'était un homme inspirant...
Comme ce texte paraît dans La Presse d'aujourd'hui vendredi, tout le Québec aura le plaisir de le lire.
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