13 septembre 2008

Enseignants; une espèce menacée?

Dans le Journal de Mouréal, on apprend ce matin qu'un juge a acquitté Paul Gonthier, cet enseignant accusé de voies de faits en se basant sur la notion du doute raisonnable.

Fait à noter: le procès a duré seulement une demi-journée et le juge a rendu immédiatement sa décision. On peut donc se questionner sur la pertinence pour les policiers et les procureurs de l'endroit d'avoir porté de telles accusations dans une cause qui fut si évidente aux yeux de ce magistrat: «Je ne crois pas l'entièreté du témoignage de M. Gonthier. Mais je retiens qu'il n'était pas en colère au moment des faits et qu'il a agi comme un instituteur qui doit faire respecter le règlement. J'ai un doute raisonnable quant au fait que l'accusé ait utilisé une force plus grande que nécessaire (pour se faire obéir.» Le juge a aussi pris en compte que l'élève ne s'était pas plaint de douleur immédiatement après cet incident et était même retourné en classe pour son prochain cours.

Bien qu'acquitté, l'enseignant poursuivi n'est pas moins craintif pour autant: «Je marche toujours sur des oeufs. Je trouve ça pénible pour moi et pour les autres professeurs qui ne sauront pas quoi faire.»

D'autres affaires semblables sont pendantes devant les tribunaux et ne sont pas sans rappeler à quel point les enseignants doivent être plus-que-parfait. Ils doivent pouvoir exercer l'autorité parentale et voient parfois leur carrière compromise à la moindre erreur. Un jeune hockeyeur tabasse un adversaire et s'en tire avec cinq minutes. Un prof prend les nerfs et voit sa carrière hypothéquée à jamais.

Je partage entièrement l'avis de l'avocat de M. Gonthier, Me Dury, à l'effet qu'il faudrait se pencher la façon de mieux protéger les enseignants dans le cadre de leur profession et d'éviter la judiciarisation de certaines situations: «C'est bien de protéger l'enfant, mais où est la protection du professeur? On demande une protection minimale.» L'histoire l'élève supposément mis en cage est en un bon exemple.

De plus, il faut revoir, quant à moi, les paramètres juridiques à l'intérieur desquels un enseignant exerce sa profession. C'est avec consternation que j'ai ainsi appris qu'un jugement de la Cour suprême du Canada interdirait à un enseignant d'être en colère en classe: «Les professeurs ont des émotions, explique Me Dury. Alors, c'est quoi la ligne de démarcation entre la colère et être fâché? Qui n'a jamais été vraiment fâché contre un enfant? Appliquer à la rigueur le jugement de la Cour suprême est délicat. C'est demander à l'humain d'être contre nature.»

«Engagez-vous, qu'ils disent»...

Textes ici, ici et ici.

9 commentaires:

unautreprof a dit…

Vous êtes en feu en ce samedi M. Masqué!

Anonyme a dit…

Les profs n'ont pas droit à l'erreur, c'est vrai.
Personnellement, je suis de nature paisible, la colère ne me vient jamais facilement. L'an passé, élèves me disaient "cool" parce que je ne me fâchais jamais. Je peux vous dire par contre que j'ai parfois pratiqué le serrement de dents en leur présence... Il faut mesurer nos paroles...contrôler notre ton, etc.
Vraiment, tout un métier que celui d'enseignant.

Anonyme a dit…

Pourquoi pas des cours préenregistrés, sans profs.

Pourquoi des cours, au fond.

Zed

Le professeur masqué a dit…

Un autre prof: faut croire que la nuit fut bonne : )

Gentille maitresse: tout à fait d'accord.


Zed: l'éducation, qu'ossa donne?

Gooba a dit…

Ayoye! C'est quoi la peine pour une enseignante qui se fâche en classe? Vont-ils restaurer la peine de mort pour une faute si grave???!!!????

Maudit qu'ils devraient d'autres chats à fouetter!!

Anonyme a dit…

Gooba????????????????


¦O

bobbiwatson a dit…

Gentille maîtresse, cela s'appelle un "Excellent service à la clientèle". Vous voyez, vous les profs, vous excellez dans le service à la clientèle .... On vous forme sans même que vous le sachiez. Quand vous lâcherez l'école vous n'aurez pas beaucoup de recyclage à faire : vous êtes déjà formés.
Gooba : de grâce, pour le bonheur de Zed (et du mien), trouvons des expressions autres que celles qui parlent des chats. On peut peut-être "fouetter un âne ????
SAUVONS LES CHATS :)

A.B. a dit…

«[...] un jugement de la Cour suprême du Canada interdirait à un enseignant d'être en colère en classe [...]» Oups...lol

Plus sérieusement, ça dépasse l'entendement ce que tu m'apprends dans ce passage. On veut faire de nous des clones de Dre Nadia, ou quoi? Ne jamais se fâcher, rester de marbre, être détaché. Les robots y arrivent mieux que nous, je crois.

Gooba a dit…

Désolée, Bobbi! :o)

Je reprends donc ma phrase...

Maudit qu'ils devraient AVOIR d'autres FONCTIONNAIRES à fouetter!

Mouahahahahah!