Voilà comment certains de mes élèves appellent leurs confrères qui prennent cette médication bien connue qu'est le Ritalin. Ils ignorent que ce surnom a déjà servi à désigner des immigrants italiens il y a plusieurs années.
Toujours est-il que le Journal de Montréal s'attarde aujourd'hui à la consommation de méthylphénidate chez les jeunes élèves québécois. Cette année, on établira ainsi un record avec près de 29 millions de comprimés de la famille du Ritalin prescrits, une hausse de trois millions de comprimés en un an.
Il est remarquable que, dans le même texte apocalyptique, le JdeM affirme que la prise de ce médicament est en baisse en Ontario contrairement à la Stoned Province, mais ne précise qu'à la fin qu'à l'extérieur du Québec, on aurait tendance «à prescrire d'autres types de médicaments que le méthylphénidate aux enfants souffrant d'un TDAH, ce qui aurait une influence sur les données.» Branchez-vous, quelqu'un! Finalement, la situation est-elle si pire que cela au Québec?
Quoi qu'il en soit, il n'en fallait pas plus pour entendre les mêmes vieilles rengaines culpabilisantes pour les enseignants. Ainsi, selon le psychothérapeute et docteur en neurosciences Joël Monzée, les jeunes sont étiquetés trop rapidement: «Ça reflète toute la dynamique scolaire et médicale par rapport aux difficultés des enfants. «Dès qu'un enfant sort de la norme, c'est considéré pathologique. S'il y a une médication qui peut être associée à ce trouble, la machine se met en marche.» Il estime d'ailleurs que plusieurs parents se sentent obligés de consentir au fait que leur enfant soit médicamenté à la suite de pressions de la part d'enseignants et de médecins.
Pour le professeur Gérald Boutin, il serait préférable d'aller «des choses plus simples, des thérapies plus souples.»
Bref, le réseau de l'éducation dope le plus rapidement possible les jeunes pour les calmer. J'ai beaucoup de difficulté à croire à cette vision des choses quand on connait la lenteur des services scolaires et médicaux offerts aux jeunes ainsi qu'aux aux parents. Encore plus quand on connait à laquelle on dépiste les difficultés d'apprentissage dans nos écoles.
De croire que des parents soient des victimes aussi faciles à contraindre me surprend quand je pense à toutes les difficultés qu'on rencontre à faire admettre à un géniteur que le fruit de sa reproduction a le moindre défaut. J'ai connu des parents qui niaient des évidences grossières, qui cachaient des rapports médicaux pour éviter que leur enfant soit stigmatisé ou qui arrêtaient de leur propre chef la médication de ce dernier à son entrée au secondaire comme s'il s'agissait d'un nouveau départ.
J'ai vu à quoi ressemblent des enfants souffrant de troubles de concentration ou d'hyperactivité. C'est une situation déchirante pour un enseignant. On ne parle pas de jeunes qui sortent de la norme, pour reprendre les mots de Joël Mozée, mais parfois d'élèves carrément incapables de se contrôler en classe. Ils sont malheureux de se voir aussi impuissants devant les réactions qui les habitent.
Dans un cas, je suis convaincu que si j'avais attaché le gamin agité à sa chaise, il aurait trouvé le moyen de se balancer au plafond en se tenant avec sa mâchoire! Et ce qui m'a le plus attristé était de le voir démuni devant son propre comportement. Le seul mot qui m'est venu en tête pour le décrire était «possédé». Or, ce jeune avait une moyenne de 80% dans un programme performant....
J'ai enseigné à des jeunes médicamentés qui étaient des premiers de classe et ce qui les démarquait souvent était l'accompagnement de leurs parents. Ils étaient présents, ils s'assuraient du suivi de leurs apprentissages, ils veillaient à ce qu'ils aient une bonne alimentation qui soit adaptée aux difficultés de leur enfant. Ces jeunes réussissent avec une médication et un bon entourage.
Quand Gérald Boutin propose d'y aller avec «des choses plus simples, des thérapies plus souples», j'aimerais bien qu'il aille plus loin que ces généralités. J'ai peine à croire qu'il existe des solutions magiques de la sorte qu'on néglige d'exploiter.
4 commentaires:
Ma soeur a tout essayé avant de se résoudre à donner du ritalin à son fils. Ne manquant vraiment pas d'intelligence, il souffrait beaucoup de son hyperactivité et des problèmes académiques et sociaux qui en découlaient à l'école. La prise du ritalin, dans son cas, est vraiment efficace. Il n'est pas «abruti», mais il arrive maintenant à se concentrer, ses notes ont fait un bond spectaculaire et il socialise beaucoup mieux. Il dit lui-même qu'il est bien plus heureux. Qu'est-ce que je pourrais ajouter de plus?
Pas de Ritals dans ton groupe de PEI? Ils sont immunisés parce qu'ils ont été sélectionnés?
On reparlera de la sélection des PEI.
C'est juste dommage que l'attitude négative de certains profs (mâles ou femelles)nous obligent à nous orienter vers le Ritalin pour sauver l'année de nos enfants! Tu sais de quoi je parle PM.
Heureusement,tous les profs ne sont pas cons; mais je constate que leur épuisement professionnel les mènent à demander cette panacée pour un trop grand nombre d'élèves perturbés.
N'oubliez jamais qu'il reste trois années à vivre sous le règne des enfants rois!
Il n'y a pas que l'hyper activité. Il y a aussi les enfants qui ne sont pas là tout simplement.
Qu'est ce que je peux faire en 2e année à part dire aux parents que ça ne va du tout.
Qu'ils ne savent même pas que leur cahier de français est à l'envers sur leur bureau alors qu'on est en maths?
Je leur demande d'aller voir le médecin. Je ne fais pas de diagnostic, mais c'est toujours ça...
Parfois les parents sont drôles. Ils font médicamentés leur enfant et ne nous le disent pas...pour voir si on voit la différence...
C'est tellement ridicule.
Ils veulent quoi? Nous prendre en défaut?
Les enfants avec qui j'ai travaillé et qui ont été médicamentés sont maintenant capables de travailler avec nous, ils savent ce qui se passent dans la classe et leurs yeux s'illuminent enfin.
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