16 juillet 2011

Résidus de lecture

Le PM lit un peu cet été. Depuis un bout, il avait remplacé la lecture de roman par celle de Wikipédia et d'internet. Chaque soir, il se votait un sujet et lisait une dizaine de références. Très instructif. Côté roman, je suis revenu récemment au policier l'espace de quelques centaines de pages.

Racler les tiroirs

Après un très moyen Les Neufs Dragons de Michael Connely, je me suis dirigé vers Phillip Kerr et Une enquête philosophique. Aussi bien le dire d'entrée de jeu, je n'ai pas aimé pour plusieurs raisons.

J'ai toujours eu de la difficulté avec les romans d'anticipation relatant des actions dans un futur proche. Lire qu'on parle de disquette en 2013 dans une oeuvre écrite il y a vingt ans m'amène à penser qu'un petit travail de recherche aurait été nécessaire pour au moins donner une créativité scientifique aux objets qu'on retrouve dans l'univers futuriste qu'on entend créer. D'ailleurs, c'est peut-être là la première faiblesse de Kerr ici: son incapacité à créer une atmosphère. Tout est fade, diète, et plusieurs éléments futuristes sont plaqués ici et là sans véritable ancrage narratif.

Ensuite, il manque l'humour qu'on connait de cet auteur. Au contraire, Une enquête philosophique est souvent verbeux, académique, entre autres parce qu'un des personnages importants est un meurtrier en série qui se confond avec un philosophe. Si vous aimez lire de longs discours sur le sens des choses et de la vie, ne vous gênez pas. Mais le tout ralentit le rythme du récit et de l'intrigue à un point tel qu'on saute des pages entières de verbiage. Enfin, l'idée d'avoir deux narrateurs (l'enquêteure et le meurtrier) n'apporte rien au récit, sinon que de l'alourdir un peu plus.

De mémoire, le roman a été écrit en 1991 et publié en français pour la première fois tout récemment, question de surfer sur la vague de la Trilogie berlinoise, une excellente série en passant. Le raclage de tiroirs a ses limites, disons.

La suite d'une oeuvre mythique

Deuxième roman au programme, Moonlight Mile de Dennis Lehane. Cet auteur américain est malheureusement moins connu que bien de ses confrères. Pourtant, il a fait preuve de plus de polyvalence et d'originalité dans ses oeuvres que certains d'entre eux. De plus, dans certains de ses romans, son analyse historique, psychologique et sociale démontre une capacité de recherche et de synthèse hors du commun. Mystic River et Un pays à l'aube (que je recommande très fortement, même si le côté «saga familiale» peut être parfois exaspérant) en sont de bons exemples.

Moonlight Mile est la suite de Gone Baby Gone, un roman important dans l'oeuvre de Lehane. Celui-ci ne décevra pas ses fans qui seront bien contents d'assister au retour des enquêteurs Kenzie et Gennaro. S'agit-il d'un excellent roman? Non. Mais l'auteur a réussi à concevoir une suite originale qui ne travestit pas l'essence de ces deux personnages, même si l'âge les a vieilli et quelque peu assagi. On se plait à suivre les péripéties dans lesquelles est englué ce couple hors norme et on regrette même que Bubba, devenu la nounou de la fille de nos deux héros, ne sévisse pas davantage. Par contre, ne croyez pas trop le quatrième de couverture qui tente de donner des lettres de noblesse sociologique à ce roman. On est dans l'action et on se contrefout un peu pas mal du reste!

Un exostisme venu du froid

Ake Edwardson appartient à cette vague d'auteurs policiers venus du froid, de la Suède pour être plus précis. Dans ce qui est sa neuvième oeuvre, Un dernier hiver, je crois, ce romancier nous ramène le personnage du commissaire Winter dans une intrigue bien menée. On aime ou on déteste. J'aime. Dialogues percutants, descriptions précises et souvent intéressantes. On apprend autant sur Goteborg, où se déroulent les principales actions, que sur la société suédoise et son évolution des 20 dernières années. Une oeuvre majeure? Non, mais un excellent roman d'été. S'agit-il du dernier Winter comme le laissent entendre le titre et la finale? C'est à espérer que non.

Bon, il me reste à tenter de finir Métacortex de Maurice G. Dantec. Une oeuvre dont je peux tout de suite  vous dire que je vous ne la suggérai pas. à moins d'être un lecteur masochiste.

14 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Au risque de te décevoir, Dernier hiver est bien la dernière aventure de Winter. Mankell nous a offert la dernière aventure de son héros: à quand la dernière de Bosch?

Le professeur masqué a dit…

La finale est quand même assez ouverte pour permettre une suite. si on la relit avec cette idée.

bobbiwatson a dit…

Il faudrait qu'il remonte à la surface pour ça. Mais ce n'est pas ce que le quatrième de couverture nous dit ... et l'éditeur aussi.

Le professeur masqué a dit…

Il y a eu Sherlock Holmes qui est ressuscité, je crois. Et de nombreux autres.

bobbiwatson a dit…

Sherlock Holmes adulte ne revit pas: c'est le Sherlock Holmes jeune qui revit dans les romans de Peacock (éd. Bayard) et ils sont très bons.
Hercule Poirot aussi n'est pas ressuscité. Ils étaient pourtant des héros intéressants.

Le professeur masqué a dit…

Holmes et le professeur Moriarty font apparemment un plongeon mortel du haut des chutes du Reichenbach, près de Meiringen, Suisse, dans Le Problème final. Les protestations de ses lecteurs, ainsi que les problèmes d'argent, le conduisirent des années plus tard à faire revenir son personnage ; Conan Doyle se remit à l'ouvrage dans Les Aventures de la maison vide, avec l'explication que seul Moriarty était tombé mais, puisque Holmes avait d'autres dangereux ennemis, principalement l'exécuteur des basses œuvre du professeur, le colonel Sebastian Moran, il s'était débrouillé pour être temporairement « mort »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Conan_Doyle#La_.C2.AB_mort_.C2.BB_de_Sherlock_Holmes

bobbiwatson a dit…

Vive Wikipedia !!!! Je n'aurai pas le dernier mot, n'étant pas conaissante comme ce moteur de recherches :-)

Missmath a dit…

Découvrir Wikipédia, voilà, Bobbiwatson, votre urgent devoir de l'été.

bobbiwatson a dit…

Miss Math,

Si j'avais autant de temps à y consacrer que PM le fait, je serais aussi connaissante que lui.

Anonyme a dit…

J'ai fini "Le Dernier Hiver" tout récemment et en effet, la fin est assez ouverte.
Cela dit, le personnage de Gerda Hoffner pourrait être, selon moi, suffisamment intéressant pour un "Spin-off".

Le Prof

Le professeur masqué a dit…

Le prof: et puis, il y a les «prequels»... comme on dit chez les Romains.

bobbiwatson a dit…

PM, ton ami Wiki dit "préquelle". Et ce mot n'est même pas dans le Petit Larousse 2011. Mais c'est un terme que je vais retenir :) Je vais me coucher plus connaissante ce soir.

bobbiwatson a dit…

Une suggestion, même si nous n'avons pas nécessairement les même goûts:

Peter Robinson: Bad boy. Éd. Albin Michel

Ça déménage! C'est un auteur à connaître.

unautreprof a dit…

Voilà, j'ai lu Mystic River.
Oh, j'ai vraiment aimé. Un livre qui se tient, on ne sait pas trop, on a des indices mais on a l'impression que ça ne colle pas.
La fin elle est n'est pas nécessairement positive. Moi je me disais : «nooooooon, non, fais pas ça, noooooooon.» Le personnage n'a pas tenu compte de mes supplications.

J'aime quand tout ne tombe pas parfaitement. La fin reste un peu ouverte, ce qui me plait aussi.

Alors voilà, Gone baby gone est sur ma table de chevet. Je vais lire d'autres livres avant.

Merci donc, j'ai encore à me régaler avec cet auteur.