12 novembre 2011

Mythe en éducation 3: gars, décrochage et sport

En réaction à mon précédent billet, Jonathan écrit: «Je suis désolé, mais il faut être myope en maudit pour manquer de modèle masculin à notre époque.»

Je vais en rajouter une couche: je suis tanné des discours de loosers voulant que les garçons soient maganés par un système scolaire matriarcal et féminisant. La plupart des gars en échec dans mes cours sont aussi paresseux à la maison qu'à l'école. Il suffit de jaser avec leurs parents pour comprendre qu'ils ont décroché et pas seulement en classe: «Il ne fait rien à la maison... Il fait juste jouer, manger et dormir...»

Le stéréotype du jeune garçon qui passe son temps sur une console à jouer au lieu de faire du sport et étudier est plus près de la réalité qu'on ne le croit. À mon école, la grande majorité des équipes sportives parascolaires sont constituées de filles (sept contre quatre l'année dernière). À la fédération sportive régionale, gars et filles participent à peu près au même niveau. Quand on affirme contrer le décrochage scolaire des gars par le sport, je rigole! Bien des gars parlent de sports, de hockey surtout, mais n'en pratiquent aucun! Sur Facebook, les filles écrivent à propos de leur dernier match de football, de basketball ou de soccer; les gars, de celui du Canadien...

Quand j'ai organisé des activités sportives, il fallait voir les filles respecter les consignes, jouer en équipe, être en meilleure forme, viser la victoire... et regarder les gars têtus, individualistes, bouder à la moindre difficulté et avoir de l'attitude. Savoureux!

Oui, je généralise mais, comme me le disait une élève aujourd'hui, je généralise à partir des faits tels qu'ils sont autour de moi. Et l'élève masculin québécois, quand il décroche, c'est souvent bien plus à cause d'un mode de vie qu'à cause de l'école. Le «petit roi de la maison à sa maman», le «petit junior à son popa» accepte mal la discipline et l'effort. Point à la ligne.

Heureusement, avec l'âge, vers 16 ans, certains cas désespérants commencent à s'éveiller aux réalités de la vie et commencent à comprendre le cul-de-sac auquel il se destinent.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Posons-nous une question: À l'époque où les écoles n'étaient pas mixtes, où les gars avaient des modèles masculins et les filles des modèles féminins, est-ce que le taux de décrochage des gars était plus élevé?

Le modèle social a incité les parents à baisser les bras: on a besoin de plus d'argent pour avoir plus de biens matériels et pour avoir plus d'argent il faut travailler plus. Et les enfants dans tout ce beau raisonnement, ils ont leur place où?

Posons-nous la question.

Chantal Locat a dit…

Les garçons et les filles décrochaient plus il y a trente ans, à vrai dire, deux fois plus.

Ce qui est clair, c'est que le sexe n'est pas une compétence pédagogique. Quand on regarde les élèves qui réussissent, ce sont celles et ceux qui font des efforts, qui s'éloignent des stéréotypes etc. Bref, ce sont celles et ceux qui s'engagent dans leur scolarité.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: peu de chiffres véritables à ce sujet, je crois. On doit comparer ce qui est comparable. On ne peut pas comparer ce qui était en 1916 et aujourd'hui à cause de l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans, par exemple.

Mme Locat: tout à fait.

Le professeur masqué a dit…

Mme Locat: mais le danger de ce discours réducteur sur les gars est que, loin de souligner les différences, il les évacue.

Chantal Locat a dit…

Oui, il faut faire attention.

Le problème c'est qu'il faut lire, s'informer et ne pas accepter les discours populistes.

Selon le CRIRES, le maximum de temps que les garçons investissent pour les travaux scolaires correspondrait au minimum de temps que les fille y investissent.

Pour améliorer les choses, il faut s'entendre sur le fait que c'est une responsabilité partagée entre les parents, le personnel de l'école et la société de par ce qu'elle véhicule. Certes, pour le jeune, ça commence à la maison.

Anonyme a dit…

Enfin, quelqu'un qui dit tout haut ce que je pense depuis fort longtemps!Ras le bol des catégories à la con pour expliquer ceci et cela et pour conforter les pôves zenfants dans leur laisser-aller généralisé(maison-école).Grouille-toi le jeune, fais le premier pas et tu en trouveras des tonnes de profs intentionnés pour t'aider à progresser, à vaincre tes difficultés, pour t'encourager aussi. Les plus mal en point du système scolaire ne sont pas ceux qui passent leur temps à justifier leurs petites misères trop occupés qu'ils sont à travailler pour les vaincre, justement.

Parmi les gestionnaires de tous paliers,j'ai bien hâte d'en entendre un dire que la "mômantisation" de l'éducation ça suffit!

Le professeur masqué a dit…

Mme Locat: le discours sur les «pôvres ti-pits» a comme effet pervers de mettre sur les épaules de l'école un tort un peu exagéré mais surtout de déresponsabiliser les parents et les garçons. Ce disocurs est si bien véhiculé que j'ai déjà entendu un gamin de 12 ans me dire: «C'est pas de ma faute: je suis un gars et l'école est pas faite pour moi.»

unautreprof a dit…

Des parents le disent aussi : «mon pauvre petit, il a juste besoin de bouger!»
Ben oui, alors continue donc de lui acheter tous ces jeux vidéos... (je généralise aussi mais bon, hein, c'est du connu)

Stephane Levasseur a dit…

"Chantal Locat a dit...
Les garçons et les filles décrochaient plus il y a trente ans, à vrai dire, deux fois plus. "

Cette donnée est intéressante, d'où provient-elle?

Le professeur masqué a dit…

Autre prof: j'ai vu des parents, incapables de faire lever leur garçon à l'heure, de l'obliger à couper le gazon et tutti quanti, demander à l'école d'augmenter le nombre de cours d'éducation physique pour le mettre en forme.

Anonyme a dit…

J'ai vu des parents fainéants avoir des enfants hyper-performants alors que j'ai vu des parents travaillants au possible (tout en essayant d'être présents) avoir une progéniture de parasites.

Est-ce un problème de société ou un problème de génétique?

Moi aussi j'aimerais bien savoir où madame Locat prend ses statistiques de décrochage.

Anonyme a dit…

Dans mon école, il y a 9 équipes sportives de filles, une de garçons et une équipe mixte. Qui a besoin de bouger déjà? Les garçons? Oups... Où sont-ils en ce moment? Ils jouent au XBOX!

Samantha A. ;)

Prof Malgré Tout a dit…

Les modèles masculins arrivent trop tard. C'est quand ils sont ti-culs, au primaire et que leurs mères ne se sont pas encore trouver un nouveau chum qu'ils en ont besoin.

Anonyme a dit…

Et si la mère était le modèle?

Paola ;)

Marc St-Pierre a dit…

À ma CS, plus de 500 gars jouent au football. Dans certaines écoles, ces gars-là réussissent et persévèrent mieux qu'ailleurs. Pas parce qu'ils jouent au football en soi, mais parce qu'il y a une période d'études et devoirs obligatoires avant les pratiques...