15 juillet 2012

Ma vie en cinq livres

À l'invitation d'Un autre prof, qui a piqué l'idée au magazine Châtelaine, voici cinq livres qui ont marqué ma vie.


1- L'Écume des jours de Boris Vian. Lu à 15 ans. Incontournable. Ce livre m'a appris l'imagination et a renforcé mon gout de l'écriture littéraire. J'ai compris que les seules barrières qui existaient quant à mon écriture étaient celles que je m'imposais. On s'apprête à porter à l'écran la deuxième adaptation cinématographique de cette oeuvre et les quelques photos que j'ai vues annoncent un film assez disjoncté.

2- La Chartreuse de Parme de Stendhal. Lu à 17 ans. Je le préfère au roman Le Rouge et le Noir, du même auteur, qui est davantage associé à cet auteur. Le premier, c'est un romantisme adulte et assumé, comparé à celui plus adolescent et fébrile du second. Un plaisir amoureux mais aussi férocement italien. J'ai connu la même émotion plus tard en lisant Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, une oeuvre moins connue mais tout aussi vibrante.

3- Les Rougon-Macquart d'Émile Zola. Lus à 20 ans. Ici, je triche un peu puisqu'on aurait pu prendre n'importe quel roman des vingt de la série des Rougon-Macquart. Je les ai presque tous lu en un été. Mon côté obsessif qui fait que je dévore généralement une grande partie de l'oeuvre d'un auteur d'un coup. La galère que ce fut avec Simenon... Un Zola donc pour son côté naturaliste, descriptif, presque scientifique. J'ai pu prendre connaissance de ses carnets préparatoires à chaque oeuvre qui renfermaient des cartes, des croquis, des notes. Une leçon de journalisme.

4- 1984 de George Orwell. Lu à 24 ans. Une leçon d'histoire et de politique. Histoire parce que je suis retourné aux racines de l'oeuvre, le totalitarisme de Franco et le parti unique en URSS, par exemple. Politique parce que ce fut mon premier contact avec ce qu'on appelle la propagande et la manipulation des foules.  Il y a aussi tout ce travail sur la langue - la novlangue - qu'on entend utiliser pou réduire la pensée et l'esprit critique. Je me suis ensuite intéressé à d'autres oeuvres d'utopie et dystopie par la suite, dont Nous autres d'Ievgueni Zamiatine et Paris au XXe siècle de Jules Verne.    

5- Jolie Blon's Bounce de James Lee Burke. Lu à 42 ans. Pour l'écriture qui fait appel aux sens. Une leçon de style et de description. Ajoutez aussi la découverte de la Louisiane, une intrigue policière bien menée. Un bijou de policier. Ici, la compétition a été très forte avec les oeuvres de James Ellroy pour leur côté historique et sombre, mais Burke a une odeur, une musicalité qui le rend supérieur.

On remarquera majoritairement des oeuvres de tradition française, lues entre 15 et 24 ans. Ce furent des années de découvertes. J'aurais pu y placer des Balzac (Illusions perdues, magnifique de lyrisme), Ionesco (Le Roi se meurt, très fort et de plus en plus près de moi), Breton (Nadja). Il y a aussi L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón, Le Désert des Tartares de Dino Buzzati, La Valse aux adieux de Kundera. La liste serait longue...

7 commentaires:

unautreprof a dit…

Ah! Intéressant à lire!
Ionesco, Vian, Orwell me rappellent joyeusement mes 17-18 ans, alors que j'étais au Cégep.

Je vais devoir me mettre à lire Burke. Tu le vends très bien.

Le professeur masqué a dit…

Autreprof: c'est sûr qu'il y a des lectures de cégep là-dedans. C'était l'époque où l'on faisait lire les élèves en littérature. Dans UN seul cours, nous avions 15 romans à lire. Pas une seule plainte. Des briques comme La Bête humaine, Les Frères Karamazov (tiens, j'ai oublié de parler de Dostoievsky dans ma liste...)

Pour Burke, il y a deux personnages principaux avec chacun sa série, soit Dave Robicheaux et Billy Bob Holland. La première se déroule en Nouvelle-Orléans, la seconde au Montana.

Il y a des titres qui sont épuisés, ce qui rend difficile la lecture chronologique.

Pour le premier: Black Cherry Blues, Dans la brume électrique..., Cadillac Jukebox, Jolie Blon's Bounce, L'Emblème du croisé et Swan Peak sont des titres que j'ai aimés.

Pour le deuxième, ils sont moins nombreux, mais La Rose du Cimarron et Bitteroot sont de bons choix.

Anonyme a dit…

Les quatre coins de la nuit (Craig Holden) n'est pas à dédaigner non plus.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: lu depuis longtemps. Lady Jazz mais surtout la Fille de Narcisse dont j'ai parlé ici sont également très bons.

Éphée Lafée a dit…

Les Rougon!
Après en avoir lu 1 ou 2 ou 3 de la série, j'ai entrepris de les lire, tous, en ordre, incluant ceux que j'avais déjà lus. Quelle étrange adolescente j'étais!
Ce dont je me souviens le plus, c'est ma délectation devant l'idée que j'en avais pour quelques semaines de boheur et que tout ne serait pas terminé trop vite!

Le professeur masqué a dit…

Spécialiste: Je ne suis donc pas fou. Ou tout au moins, nous sommes deux!

Avant-hier, j'ai décidé d'écouter l'intégrale de tout ce qui existe de RBO chez moi et sur Internet. Certaines capsules en vieillissent pas.

Je suis à lire les pièces manquantes de Kundera. À suivre.

Anonyme a dit…

J'espère que vous pensez à devenir libraire quand vous prendrez votre retraite! Vous serez un élément que les librairies dignes de ce nom s'arracheront. Je ne connais personne ayant une culture aussi variée et aussi grande: bravo!