25 avril 2013

Présomption d'innocence en éducation

Je n'ai aucune sympathie pour les individus qui agressent ou abusent sexuellement des enfants ou des mineurs. Par contre, j'ai beaucoup de difficulté avec les gens qui ne semblent manifestement pas tenir compte de la présomption d'innocence.

Le plus récent cas de ce genre de comportement est survenu aujourd'hui et concerne les agissements d'ue surveillante d'élèves de Trois-Rivières qui aurait eu un ou des comportements inappropriés avec un élève.

Sur le site Internet du Journal de Montréal, pour rapporter cet «événement», on retrouve le titre suivant à la une : «Trois-Rivières - Elle agresse un élève». On n'est pas dans la nuance, vous avouerez. Tout d'abord, le verbe employé ici est «agresser». De par sa définition, il indique que cette surveillance aurait fait preuve de contrainte ou de violence physique. Ensuite, il est employé  au présent et ne laisse aucun doute quant au fait que l'action aurait effectivement été commise.

Pourtant, le reste du texte en lien est bien plus prudent. Celui-ci a d'ailleurs pour titre: «Trois-Rivières - Une surveillante suspectée d'agression sexuelle congédiée». Ensuite, le lead de ce texte établit enfin des nuances fondamentales: «La surveillante de l’école secondaire l’Académie les Estacades suspectée d’avoir eu des relations sexuelles avec un élève de 16 ans a été congédiée, a confirmé jeudi la Commission scolaire Chemin-du-Roy.» Voilà maintenant qu'elle est suspecté et qu'elle n'aurait pas commis d'agression sexuelle. Cependant, on ne rapporte que la décision du comité exécutif de cette commission scolaire sans trop la remettre en question ou l'interroger. Et le mal est fait si on lit les réactions des internautes qui commettent cette histoire. Aucun ne remet en question la véracité de cet article.

Et parlons un peu de la décision de ce comité exécutif. En effet, il est à se demander s'il ne s'est pas substitué à l'appareil judiciaire. Il a mené une enquête et en est venu à la conclusion que la surveillante a eu une ou des relations sexuelles avec un élève. Or, l'enquête policière est toujours en cours et aucune demande de poursuite n'a été soumise au procureur. Il est peut-être un peu tôt pour avoir agi de la sorte.

La prudence la plus élémentaire demande au minimum que, même si on croit avoir des bases solides en sa possession, de suspendre l'employée fautive jusqu'à ce que les enquêteurs policiers finissent leur travail. J'imagine les recours que cette dernière pourra exercer à l'encontre de la commission scolaire si cette plainte n'est pas retenue.

De même, si la plainte est retenue et que des procédures sont entamées, encore une fois, cette employée a droit à la présomption d'innocence et les journalistes doivent respecter ce fait. Un employeur pourrait-il la congédier? Oui. Mais sa décision devra être basée sur des faits solides et pourrait être légalement contestée. Ensuite, le traitement médiatique de cette histoire devrait faire d'une certaine retenue. Les dérapages sont faciles. Actuellement, on va jusqu'à affirmer que cette surveillante a agressé un élève alors que, dans les faits, on la suspecte d'avoir entretenu une relation inappropriée. 

Ici, dans le présent cas, je suis d'avis que la commission scolaire est allée un peu vite en affaire. Tout comme le Journal de Montréal. Mais si ce dernier verse parfois dans le sensationnalisme pour vendre de la copie, la CS, elle, n'a-t-elle pas un certain devoir de retenue et de prudence? Ne serait-ce que, pour éviter d'éventuelles poursuites et devoir verser d'importantes compensations financières?



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