02 mai 2013

Un système qui se noie dans sa propre bêtise

Si vous voulez savoir pourquoi l'éducation se porte aussi mal au Québec, il suffit de regarder l'actualité et d'en tirer des leçons. Dernier événement fascinant en ligne: certains décideurs vont de l'avant avec le projet de la Société de sauvetage du Québec. On a vu déjà à quel point la formation offerte par cet organisme  est loin des promesses et des beaux discours mais nos joyeux amis les journalistes relaient tout et n'importe quoi sans véritable analyse ou vérification.

Le titre de l'article tout d'abord:  «Lancement des cours de natation au primaire» Pourtant, on est loin de cours de natation. On parle plutôt d'une formation minimale avec un gilet de sauvetage!

Passons par-dessus l'éprouvant anglicisme «Un programme éprouvé». Il est aberrant d'aller de l'avant avec un tel intertitre si on écrit dans le paragraphe qui suit: «Cependant il [le projet] est difficile de calculer son impact réel sur les noyades. » Et ce, d'autant plus que ce programme s'adresse à des enfants de troisième année du primaire alors que les noyades chez les jeunes sont plus souvent le cas d'enfants d'âge pré-scolaire.

Là où le délire atteint son paroxysme est quand on peut lire: «Les enfants apprennent ainsi à s’orienter lorsqu’ils tombent en eau profonde, à nager sur place pendant une minute et à se déplacer sur 50 mètres.» Euh... On parle ici d'une formation donnée dans une piscine municipale avec, rappelons-le, un gilet de sauvetage. Tous les jeunes qui se noient portent un gilet de sauvetage, c'est bien connu.

Et comment ne pas s'étouffer en lisant  les propos du directeur général de la Société de sauvetage au Québec, Raynald Hawkins : «On peut tout de même dire que, de façon globale, le nombre de noyades a diminué et que ça fait bouger les enfants.» Ah! en plus d'attendre des preuves formelles de l'efficacité de ce programme, voilà que faire bouger les jeunes est un des nouveaux buts de ce dernier? Du grand n'importe quoi. Supporté par les commissions scolaires de Montréal et Marguerite-Bourgeoys.

Pourquoi l'éducation se porte aussi mal au Québec? Pas besoin de chercher des heures, je vous dis.

Sur le même sujet:

«Nager pour survivre»: un succès avec 36% de réussite (ici)

À propos des noyades au Québec (ici

À propos du cours «Nager pour survivre» (ici)

«Nager pour survivre» dans les écoles: 40 morts à nuancer (ici)

Pourquoi en troisième année du primaire?(ici)

 

 

 

8 commentaires:

unautreprof a dit…

Ah, ma chère CS qui supporte! Je pourrai faire des sorties à la piscine avec mes élèves l'esprit tranquille...

Anonyme a dit…

@unautreprof: vous pourrez aussi demander à vos élèves de se faire des massages pour se relaxer avant le cours de natation.

JPP a dit…

"Si vous voulez savoir pourquoi l'éducation se porte aussi mal au Québec"- Le professeur masqué,

Juste ciel!Toujours ce pessimisme!

Le professeur masqué a dit…

Autreprof et anonyme: hihihihihi!

JPP: un système qui n'est pas foutu de voir qu'il gaspillerait 2 millions $ dans cette bêtise est proprement déprimant. 2 millions $ quand on coupe dans les services de base à certains élèves. Je suis désolé, mais c'est proprement scandaleux et indécent. Allons à la piscine apprendre à survivre dans l'eau avec un gilet de sauvetage, mais coupons dans les services aux élèves en difficulté. Très très logique...

Anonyme a dit…

Cher PM,
Je suis totalement d'accord avec vous. Les coupures affectent directement les services aux élèves. Malheureusement, le MELS impose encore des coupures aux commissions scolaires pour l'année 2013-2014. Les écoles devront faire des miracles avec les ressources disponibles. Qui en payera le prix? Les élèves et les enseignants.
;)

Pops a dit…

C'est normal que l'éducation va mal: elle est administrée par l'État. Si le MELS était un organe minimaliste donnant les standards provinciaux, le reste devant être laissé directement aux écoles, ça fonctionnerait tellement mieux.

Sans oublier, bien sûr, des bons d'éducation pour les parents afin qu'ils choisissent l'école. Système éprouvé dans un certain pays nordique qu'on aime à prendre en exemple...

Juillet a dit…

J'attends toujours mon protocole de gestion de vestiaire. Et qu'en sera-t-il de mes trois ou quatre élèves TC qui se désorganiseront dans la piscine? Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça va faire des vagues ce beau programme-là!

Anonyme a dit…

Avec la pluie d'hier les jeunes auraient eu une bonne occasion d'apprendre à nager!