À la lumière
dont on dispose actuellement, la décision du MEES d'annuler la question à
développement de l'examen d'histoire nationale de quatrième secondaire est
injustifiée et constitue un dérapage préoccupant.
Pas de bris de confidentialité
Tout
d'abord, corrigeons une perception erronée : il n'y aurait pas eu «bris de
confidentialité» ou de «fuite» concernant cet examen, contrairement à ce qu'ont véhiculé de nombreux médias qu'on pourrait qualifier d'incompétents. Ainsi, aucune information
directe provenant du MEES n’aurait été diffusée avant l’épreuve.
Ce qu'une
étudiante a rapporté sur une vidéo qu’elle a mise en ligne, ce sont les propos
d'un enseignant concernant le sujet de la question. Rien de plus. Cet
enseignant a-t-il eu accès au contenu de la question ? Les faits tendent à
démontrer que non. Il aurait simplement eu le malheur de viser juste et de voir
son étudiante rapporter le tout en ligne.
D’ailleurs,
il serait bon de mentionner que les enseignants n’ont habituellement pas accès
aux copies des examens ministériels avant les épreuves. Celles-ci parviennent
aux écoles dans des enveloppes scellées et ne doivent être ouvertes en classe
devant les élèves qu’au moment de l’examen.
Une situation fréquente
Une telle
situation est-elle unique ? Non. Chaque année voit la création de groupes
de discussion ou d’échanges entre élèves sur Facebook, notamment, où des élèves
discutent et se transmettent des informations quant à l’examen ministériel
d’écriture de cinquième secondaire, par exemple.
Dans
certains cas, en se basant sur le cahier de textes que les élèves doivent lire,
le sujet est tellement prévisible qu’ils le devinent aisément, tout comme cela serait
le cas avec la question à développement de l’examen d’histoire. Annule-t-on l’examen de français pour autant ? Non, parce qu’il n’y a pas eu bris de
confidentialité tout comme dans la situation actuelle.
Une décision préoccupante pour l’avenir
Si d'aventure,
l'année prochaine, lors de l'examen ministériel d'écriture, un élève écrivait sur
les médias sociaux ce que son prof lui a suggéré de travailler comme angle de
rédaction, va-t-on annuler l'examen à la grandeur du Québec? Il semblerait bien
que oui si on se base sur les propos même d’un responsable au MEES : « Nous, à cause de ça, on considérait que les étudiants avaient trop
d'information. [...] Elle a parlé de la question. L'étudiant qui commence un
examen en sachant quelle est la question peut se préparer en conséquence. Nous,
à ce moment-là, il y a bris de confidentialité.» Ouf!
On comprend
alors que la décision du MEES constitue un dangereux précédent, surtout si on
considère les milliers d’informations échangées chaque année sur Internet quant
aux examens ministériels.
À la lumière
de tous les faits dont on dispose actuellement, le ministre de l’Éducation, M.
Sébastien Proulx, devrait davantage s’interroger sur la capacité de son propre
ministère à bien gérer ce genre de situation qui ne pourra que se reproduire au
cours des prochaines années.
Dans un premier temps, nos décideurs et pédagogues ministériels semblent carrément ne pas quoi faire avec la réalité des médias sociaux. Eh oui: ils existent et les élèves s'en servent pour échanger une foule d'informations. Dans un deuxième temps, la précipitation avec laquelle le ministère a pris une décision dans le présent cas était questionnable. On annulait la question alors que des zones grises restaient encore en suspens.
Chose certaine, toute cette situation fait bien l'affaire des gens qui proposent des modes différents d'évaluation. Mais quand on leur demande par quoi ils remplaceraient les examens traditionnels, on est peu convaincus de leur alternative en matière d'évaluation.
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On apprenait le 5 juillet que le MEES a finalement décidé de donner tous les points reliés à la question à développement à tous les élèves du Québec: «« Cette décision a été prise dans un souci d'équité pour les élèves de cette cohorte et pour faire en sorte qu'aucun d'entre eux ne soit pénalisé par l'annulation de cette question. »
En aucun temps par contre, on a démontré qu'il y avait un véritable «bris de confidentialité». Ou l'on nage dans l'improvisation ou l'o nous cache des choses.
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