On s'insurge du fait qu'un pourcentage significatif de nouveaux enseignants quittent la profession qu'ils ont pourtant choisie quelques années auparavant. Selon les études, de 20 à 25% de ceux-ci délaisseraient le monde de l'éducation après cinq ans. Pour contrer ce phénomène, le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, propose entre autres d'améliorer les conditions dans lesquelles ils exercent leur profession mais aussi leur salaire à l'entrée. Mais tout cela n'est peut-être qu'un marché de dupes quand on adopte un regard plutôt critique.
Une réalité qu'on aborde rarement lorsqu'on parle de rétention du personnel en éducation est également le nombre important d'enseignants expérimentés qui quittent avant leur pleine retraite. Le phénomène est peu connu et, signe de l'importance qu'on y accorde, il est impossible de trouver quelque statistique que ce soit à cet effet. Même l'appareil gouvernemental est silencieux à ce propos. Pourtant, autour de moi, tous les enseignants que je connais et qui quittent la profession le font malgré les pénalités actuarielles importantes qu'ils subiront. Quand on sait que leur pension mensuelle sera moins avantageuse depuis les dernières conventions collectives, ce départ silencieux mérite pourtant qu'on s'y attarde.
Or, que propose-t-on pour retenir ces enseignants à part des pénalités actuarielles inefficaces? Rien. Et on peut douter qu'ils se fient aux promesses d'amélioration de leurs conditions de travail. Après tout, ils en ont vu des ministres passer et leur promettre des jours meilleurs. D'autant plus que, comme employés, depuis les dernières années, ils n'ont jamais été aussi micro-gérés à la minute près par certaines directions qui les traitent comme s'ils étaient des voleurs de temps.
Alors, ces enseignants se choisissent et quittent un réseau d'éducation auquel ils ne croient plus. La vocation, qui demande de justement croire en quelque chose, on l'a tuée en eux, minute après minute comptabilisée, année après année frustrante, programme après programme déficient, ministre après ministre incompétent. Pas étonnant que des jeunes, intéressés par l'éducation et témoins de cette situation, choisissent une autre voie.
23 septembre 2019
12 septembre 2019
Comment agrandir une école de façon nuisible
Un peu partout au Québec, on parle d'ajouts de classes ici et là dans des écoles secondaires. Par on ne sait quelle pensée magique, on croit que de construire uniquement plus de classes suffit pour assurer un climat sain et sécuritaire dans des milieux surpeuplés. Or, la réalité est parfois bien différente.
Dans certains cas, on s'aperçoit que, si on ajoute des locaux de classe dans plusieurs établissements scolaires, on oublie carrément d'ajuster en conséquence la taille des espaces communs avec des répercussions parfois néfastes pour la qualité de l'enseignement et la qualité de vie des gens qui les fréquentent.
Prenons par exemple une cafétéria qu'on «oublie» d'agrandir pour permettre aux jeunes de diner tous à la même heure. Résultat: les élèves finissent par manger un peu partout dans l'école, salissant ainsi des espaces qui ne sont pas prévus à cette fin. Les corridors, par exemple. On augmente alors les coûts d'entretien ménager mais aussi la circulation et le bruit alors que se tiennent parfois dans des classes des périodes de récupération pour les élèves éprouvant des difficultés.
Une façon de régler ce problème d'espace à la cafétéria est évidemment de créer un horaire avec des périodes de diner différentes selon le niveau des élèves. Si on s'assure ainsi que chaque élève aura une place assise à la cafétéria, on augmente le va-et-vient dans les corridors, nuisant ainsi à la quiétude des périodes d'enseignement prévues à l'horaire, mais aussi le cout des surveillants lors des deux périodes de diner.
Un autre exemple: ne pas avoir «prévu» des espaces suffisants pour installer les nouveaux casiers nécessaires avec l'augmentation du nombre d'élèves accueillis par l'école. Cet «oubli» a comme conséquence qu'on place des casiers un peu partout dans les corridors, augmentant encore une fois les sources de bruit à proximité des classes et le va-et-vient dans l'école. Pis encore, on restreint l'espace prévu pour la circulation dans les corridors avec des élèves qui se déplacent pour aller en classe et qui doivent se frayer un chemin parmi d'autres élèves en train de prendre leurs livres ou de ranger leur manteau. Il devient également difficile d'assurer une surveillance efficace de tous les casiers disséminés ici et là.
Il y a aussi la bibliothèque, quand il y en a une, évidemment. Aucune augmentation de la superficie de cette dernière alors qu'elle doit desservir un plus grand nombre d'élèves. Et ne parlons pas du manque d'espace pour accueillir les nouveaux livres auxquels l'école a droit avec plus d'élèves mais aussi une augmentation récente du budget consacré à l'achat de ceux-ci. Plus de livres, plus d'élèves mais le même espace.
Enfin, une augmentation du nombre de classes ne signifie pas une augmentation des locaux destinés aux bureaux des enseignants et de certains professionnels qui, eux aussi, sont nécessairement plus nombreux. On s'entasse donc, comme d'habitude.
Nos décideurs vous diront que les situations décrites ici ne sont pas réelles, que des directives évitent ce genre de situation ou que c'est la faute de certaines commissions scolaires. La réalité que me confient des collègues sur le terrain est pourtant celle que j'ai décrite plus haut. On ajoute des classes dans nos écoles sans nécessairement améliorer les conditions d'apprentissage et de vie de nos jeunes. Dire que pendant ce temps, on nous beurre les oreilles avec des projets de Lab-École...
Il est grand temps que les choses s'améliorent dans nos écoles.
Dans certains cas, on s'aperçoit que, si on ajoute des locaux de classe dans plusieurs établissements scolaires, on oublie carrément d'ajuster en conséquence la taille des espaces communs avec des répercussions parfois néfastes pour la qualité de l'enseignement et la qualité de vie des gens qui les fréquentent.
Prenons par exemple une cafétéria qu'on «oublie» d'agrandir pour permettre aux jeunes de diner tous à la même heure. Résultat: les élèves finissent par manger un peu partout dans l'école, salissant ainsi des espaces qui ne sont pas prévus à cette fin. Les corridors, par exemple. On augmente alors les coûts d'entretien ménager mais aussi la circulation et le bruit alors que se tiennent parfois dans des classes des périodes de récupération pour les élèves éprouvant des difficultés.
Une façon de régler ce problème d'espace à la cafétéria est évidemment de créer un horaire avec des périodes de diner différentes selon le niveau des élèves. Si on s'assure ainsi que chaque élève aura une place assise à la cafétéria, on augmente le va-et-vient dans les corridors, nuisant ainsi à la quiétude des périodes d'enseignement prévues à l'horaire, mais aussi le cout des surveillants lors des deux périodes de diner.
Un autre exemple: ne pas avoir «prévu» des espaces suffisants pour installer les nouveaux casiers nécessaires avec l'augmentation du nombre d'élèves accueillis par l'école. Cet «oubli» a comme conséquence qu'on place des casiers un peu partout dans les corridors, augmentant encore une fois les sources de bruit à proximité des classes et le va-et-vient dans l'école. Pis encore, on restreint l'espace prévu pour la circulation dans les corridors avec des élèves qui se déplacent pour aller en classe et qui doivent se frayer un chemin parmi d'autres élèves en train de prendre leurs livres ou de ranger leur manteau. Il devient également difficile d'assurer une surveillance efficace de tous les casiers disséminés ici et là.
Il y a aussi la bibliothèque, quand il y en a une, évidemment. Aucune augmentation de la superficie de cette dernière alors qu'elle doit desservir un plus grand nombre d'élèves. Et ne parlons pas du manque d'espace pour accueillir les nouveaux livres auxquels l'école a droit avec plus d'élèves mais aussi une augmentation récente du budget consacré à l'achat de ceux-ci. Plus de livres, plus d'élèves mais le même espace.
Enfin, une augmentation du nombre de classes ne signifie pas une augmentation des locaux destinés aux bureaux des enseignants et de certains professionnels qui, eux aussi, sont nécessairement plus nombreux. On s'entasse donc, comme d'habitude.
Nos décideurs vous diront que les situations décrites ici ne sont pas réelles, que des directives évitent ce genre de situation ou que c'est la faute de certaines commissions scolaires. La réalité que me confient des collègues sur le terrain est pourtant celle que j'ai décrite plus haut. On ajoute des classes dans nos écoles sans nécessairement améliorer les conditions d'apprentissage et de vie de nos jeunes. Dire que pendant ce temps, on nous beurre les oreilles avec des projets de Lab-École...
Il est grand temps que les choses s'améliorent dans nos écoles.
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