30 septembre 2008

Elle sévit encore...

J'ai une bête noire que j'aime bien détester. Voilà qu'elle écrit cette semaine une série de textes sur les avantages et les inconvénients de l'école privée et de l'école publique sur Espace parents.ca.
«Voici l'heure juste sur des idées véhiculées au sujet des écoles publiques et privées au Québec.» Heure juste? Pour moi, la montre de certains retarde. Parlons plutôt d'opinions. Si certains éléments de ces textes sont fort informatifs, d'autres versent dans le préjugé et la généralisation, quant à moi. Je me permets de relever ici quelques passages plutôt discutables et d'y aller avec mes préjugés, moi aussi.
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Les mythes à propos des établissements privés et publics (texte 1)
Les meilleurs enseignants se retrouvent à l'école privée

Faux: Il y a de bons et de mauvais professeurs partout. Au Québec, il y a une pénurie d'enseignants. En conséquence, dès qu'une institution, publique ou privée, reçoit une candidature, elle l'étudie avec soin. Il est certain que la sélection est moins sévère partout, étant donné le manque d'enseignants. Cependant, les collèges privés peuvent assouplir certains critères d'embauche (équivalences, cours pas encore terminés) et accepter des candidatures que le milieu scolaire public ne retiendrait pas à cause des obligations liées aux syndicats.
Comment concilier le fait que les candidatures sont étudiées «avec soin» avec le fait que la sélection «moins sévère partout»? Ça me semble un peu contradictoire, non?
De plus, les écoles publiques, elles aussi, peuvent assouplir les condition d'embauche. Et si le milieu scolaire public ne retient pas certaines candidature à cause d'obligation liées aux syndicats, c'est à cause de dispositions liées à des conventions collectives signées à la fois par le gouvernement, les CS et les méchants syndicats qui, on le verra, ont le dos bien large.
Privée ou publique… comment choisir? (texte 2)
Il est vrai que les collèges privés offrent un cadre plus strict. Même si l'école privée n'hésite pas à faire des interventions disciplinaires et à imposer des conséquences, elle n'est pas un centre de redressement!
On sait tous que l'école publique est une foire permissive tandis qu'au privé, on est vraiment sévère. Tiens, au collège privé à côté de chez moi, on n'a pas hésité à suspendre des élèves qui avaient fait une bataille de bouffe à la cafétéria. Rien de cela dans mon école n'a été nécessaire. Il n'y a pas eu de bataille de bouffe.
Dans la même veine, côté rigueur, au Collège Charlemagne, le directeur modifiait les notes des élèves pour mieux paraître dans les palmarès. Je n'ai jamais vu un directeur d'une école publique faire de même.
Tous les professeurs ont la même formation, qu'ils enseignent au privé ou au public. Toutefois, oeuvrant la plupart du temps dans un milieu non syndiqué, les enseignants du privé ont moins recours aux moyens de pression et aux autres revendications.
Ah! Les méchants enseignants syndiqués... À ce que je sache, les derniers cas d'élèves privés de cours sont justement ceux de collèges privés ou les enseignants ont été mis en lock out par la partie patronale. Leur année scolaire a été menacée à un point tel que certains sont allés s'inscrire en catastrophe au secteur public. Bel exemple de conscience sociale et de respect des jeunes. On se garde une petite gêne...
Il est vrai que les revendications des enseignants pour avoir des classes moins nombreuses, de meilleurs services éducatifs sont hautement questionnables.
De plus, on semble confondre ici «moyens de pression» et «revendications». Avoir «recours (...) aux autres revendications» comme il est écrit ici est carrément mal formulé.
Les avantages et les inconvénients des deux systèmes (texte 3)
École publique: les inconvénients

Rotation fréquente des enseignants (maladie, congé de maternité)

C'est bien connu: les enseignants au privé ne se reproduisent pas tellement ils sont ocupés à travailler fort et, pourtant, ils ne sont jamais malades comme les fainéants du réseau public. Sur quels chiffres se base-t-on pour y aller d'une telle affirmation?
Les moyens de pression et les grèves dans le réseau public peuvent nuire aux étudiants et à leurs parents.
Ah! Encore les méchants enseignants syndiqués...
Les repas chauds ne sont pas toujours accessibles et, s'ils le sont, ils seront plus souvent préparés d'avance.
Alcatraz et les écoles publiques, même combat! Encore une fois, peut-on avoir des chiffres? Peut-on aussi souligner que le coût des repas des écoles publiques est moins élevé qu'au privé?
École privée: les avantages
L'enseignement de l'anglais dès la première année est offert depuis longtemps (même si le réseau public l'offre depuis 2006)
Donc, ou est l'avantage si l'école publique offre le même service que le privé? Parce qu'elle l'offre depuis plus longtemps?
Un service de cafétéria (repas chauds) est généralement accessible.
Public = Alcatraz et ses rations froides, ne pas oublier de le répéter...
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Si on additionne ces textes avec celui de Renée Laurin intitulé Peur de l'école publique ou elle explique pourquoi ses deux enfants vont au privé ainsi qu'avec le Palmarès des écoles du Journal de Montréal, il n'y a aucun doute que l'école privée remporte la palme.
Il ne reste plus alors qu'à aimer assez fort ses enfants pour avoir le fric pour les envoyer dans ce type d'établissement.

11 commentaires:

Sylvain a dit…

J'ai adoré le "chez nous, on n'a pas suspendu els élèves, car PAS de bataile de bouffe" :-)

Il faudrait peut-être aussi ajouter que l'école publique (sauf les programmes particuliers, ben sûr) ne peut sélectionner sa clintèle pour bien paraître dans les fameux palmarès-marketing qui ne disent rien, au fin fond, car biaiser dès le départ côté stats.

Également, comme disait un directeur d'école privée à une de mes connaissances : j'engagerais un prof du public sur-le-champ, car eux savent gérer les cas difficiles (expertise qui ne se développe pas autant, selon lui, dans l'école privée). De là à dire que le public possède les meilleurs enseignants, il n'y a qu'un pas qu'on pourrait facilement franchir en y allant un peu vite, comme le ferait madame Chose ! ;-)

Mais tout ça n'est pas marketing, ce qu'on dit ici; alors c'est un discours qui passe inaperçu dans les tribunes d'opinions où les éclats de "voix" sont à la mode ! Dommage...

En passant, je suis aussi un méchant enseignant syndiqué, délégué syndical par surcroît ! Les syndicats n'ont vraiment pas le pouvoir qu'on leur prête dans les tribunes d'opinion...

Anonyme a dit…

Blog très intéressant! Vraiment sympa de pouvoir avoir l'avis d'un prof sur le système d'enseignement ou encore ses propres sentiments sur son travail. Excellent!

unautreprof a dit…

"Alcatraz et les écoles publiques, même combat!"
ne manque que quelques points de suspension...
;)

unautreprof a dit…

Sylvain : De plus, sur le palmarès, on voit l'école Vanguard y figurer, alors que c'est une école privée pour des élèves avec des difficultés au plan scolaire.

Crédible?

bobbiwatson a dit…

Il y a des gens qui prennent tous les moyens pour rétablir leur crédibilité, crédibilité perdue pour une surexposition médiatique?

La bataille public-privé sera toujours un sujet d'actualité juteux. Le privé voudrait des profs du public (comme le dit Sylvain) pour leurs aptitudes à gérer des cas spéciaux. Le public, lui, voudrait des profs du privé pour "suralimenter" les élèves, même les "ordinaires". Quand on se parle on se comprend. Quand le public et le privé se parleront-ils des VRAIES affaires?

Vitement que cela arrive et "ta bête noir préférée" sera rapidement au chômage et pourra mettre ses énergies là où elles sont vraiment utiles : l'accompagnement .....

Une Peste! a dit…

Loin de moi l'idée de mettre un écureuil dans ton ventilo gaugauche-marxiste ;-DD (C'est une blague. Inspire, expire) .. donc, loin de moi l'idée de pitcher un ouaouaron dans le blender, mais.

Mais.
Perso.
J'ai fait le Privé ET le Public.
J'ai bien davantage profité de l'école privée.

On a beau ne pas être d'accord parce que cela choque notre sens de la justice et que : L'élitisme c'est mal.

L'enseignement au privé est autre. L'encadrement y est autre. Le suivi y est autre. La vibe y est autre.

Puisque j'ai connu les deux, je crois que je suis plutôt bien placée pour donner mon idée sur le question. Non pas? ;-)

Pourtant, elles m'ont sacré dehors, les petites soeurs. Je me suis retrouvée au public; sûre d'y être plus heureuse. C'est ce que j'espérais depuis des années. Qu'on me foute la paix.
C'est ce que je croyais espérer.

Aucune commune mesure, pourtant, entre le public et le privé. Désolée si cela heurte les susceptibilités de le dire. Mais c'est ça.

Ce n'est pas qu'ils n'étaient pas gentils mes profs de la Poly .. Mais ils n'étaient pas "autant" que mes profs du Collège.

J'ai tellement regretté d'avoir déconné au Collège. Tellement. :-\

Encore aujourd'hui, c'est à elles que je m'identifie lorsqu'on me demande où j'ai fait mes études. C'est avec elles que je fait le conventum. De la polyvalente, je n'ai rien retenu. Au propre comme au figuré.

Avoir eu l'argent, j'aurais adoré offrir cet environnement à mon fils.

bobbiwatson a dit…

À force de lire les commentaires de tous sur l'école privée vs l'école publique, je me rends compte que: quand les religieux(ses) étaient les boss des écoles, l'encadrement ressemblait à celui offert au privé, la discipline ressemblait aussi à celle du privé; la disponibilité des profs aussi; la qualité de ceux-ci, aussi et les résultats ... aussi. Et les profs savaient comment gérer les cas difficiles.

N'oublions pas que les premiers profs du privé ont été éduqués par les école publiques.

Donc ?????????????????????????????????

Une Peste! a dit…

..."j'ai fait le conventum."

Bin oui, y a des fautes.
C't'a cause du privé.
Ou du public.

C'est à cause de moi, surtout. ;-)

Une femme libre a dit…

Ce qui peut distinguer le privé du public, c'est le sentiment d'appartenance. Les écoles privées réputées ont le talent pour développer ce sentiment chez leurs élèves, elles ont une tradition, une histoire, des vieux murs, des vieux profs, de la solidité, de la propreté et un bel environnement. C'est important d'étudier dans du beau, ce n'est pas secondaire ou prétentieux. Et le silence,la tranquillité, la discipline, la sécurité, l'ordre, la tradition, l'uniforme, la classe, la culture, l'excellence et l'attachement. L'élève n'est pas un numéro, il est connu personnellement, les rencontres parents-maîtres durent plus de cinq minutes par enfant et le professeur a quelque chose à dire, il ne cherche pas dans ses notes pour tenter de se rappeler c'est qui cet enfant-là dont les parents sont devant lui.

Je le sais bien que les profs du public sont aussi bons, je le sais bien que vous êtes excellent prof Masqué et que vous les aimez vos élèves, alors ce message d'affection envers l'école privée n'est pas une critique de l'école publique, il y en a des excellentes car c'est le prof qui fait l'école, je sais, mais ... l'attachement à l'école privée n'est pas logique et quantifiable, car il est du domaine des souvenirs et des émotions. Et je le sais bien également que toutes les écoles privées, tout comme les publiques, ne se valent pas. C'est du cas par cas.

Hortensia a dit…

Sévir est vraiment le verbe qui convient...

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: concernant les profs syndiqués, il y en a qui pense que tout se passe comme dans Virginie...

Gen: merci à toi!

Une autre prof: est-ce que les écoles privées sont tenues de suivre les règles sur la malbouffe?

De même, il y a bien des écoles publiques qui ont des clientèles difficiles dont personne ne veut ailleurs.

Bobbi: pour la bête noire, bof... Mais c'est vrai que les religieux ont établi une stabilité dans le privé il fut une époque. Sauf qu'on oublie trop souvent leurs abus....

Peste et Femme libre: j'ai toujours trouvé que le public se tirait dans les jambes.

Une partie de l'absence de tradition et de sentiment d'appartenance vient entre autres de la chaise musicale des directions. C'est pas croyable! La moitié des élèves ne savent même pas qui est le directeur chez nous... De plus, chaque nouvelle direction arrive avec ses lubbies. Tout est à recommencer à chaque deux ans. C'est un summum d'inefficacité structurelle.

Il y a tellement de mou dans le fonctionnement d'une école que les «tricheurs» s'en donnent à coeur joie.

Egalement, les directions d'école et de CS, c'est d'abord une game politique qu'une question d'efficacité. La redevabilité de ces derniers est peu developpée, quant à moi. Il est très difficile de confronter nos patrons sur les dépenses et les politiques qu'ils font, Et il ne faut pas compter sur les parents qui ne voient pas grand chose et à qui on cache le reste...

Hortensia: sévir rime d'ailleurs avec subir...