14 octobre 2008

Les idéaux de la ministre (suite)

Autres points sur les volontés ministérielles quant au français abordées en réunion à mon école avec mes collègues et l'adjoint responsable du français. Celles-ci sont basées sur les recommandations du rapport Ouellon, on s'en rappellera.

Écrire un texte par semaine

Quelle longueur? Qui corrigera les 128 copies d'élèves? Et surtout, ce texte s'inscrit dans quel continuum logique d'enseignement?

On peut bien sûr favoriser la dictée et la correction par un pair. Mais pourquoi tout cela? Pour rassurer les parents? Parce que ça parait bien politiquement? Pour montrer qu'on écrit à l'école? Pour améliorer la qualité du français comme si les enseignants ne s'en préoccupaient pas déjà? La ministre, je n'en doute pas, est pleine de bonnes intentions. L'enfer aussi.

Une période quotidienne de lecture

Lire quoi? Dans quel but? Comment évalue-t-on les apprentissages des élèves? Et dans quel continuum logique d'enseignement s'inscrit cette période de lecture lecture? Enfin, on fait quoi avec les enfants qui n'ont pas de français à l'horaire telle journée?

Tout comme pour l'écriture, il s'agit d'une mesure difficilement applicable au secondaire. Nous n'en avons strictement pas parlé. Pas important? Pas une priorité?

Je ne crois pas que ma direction veut se mêler de la pédagogie des profs. Du moins, pas encore.

Formation continue des enseignants

Eh oui! Lorsque nous avons eu cette rencontre avec un adjoint sur les volontés ministérielles, c'est sur ce point que celui-ci a insisté. Il a parlé du fait que nous avions une obligation LÉGALE de nous doter d'un plan de formation continue en français.

Après maintes recherches, je n'ai rien trouvé là-dessus. Je l'ai donc invité à appuyer ses prétentions avec des preuves. J'attends toujours...

La qualité du français dans les autres matières

Autre point de discussion: comment évaluer la qualité du français dans les matières autres que le français? Qui va évaluer? Comment?

Un collègue a abordé la notion de projet interdisciplinaire. Le reste du groupe s'est quelque peu braqué. Parmi les réticences que j'ai senties, je note:
  • On manque de temps pour voir le programme.
  • L'ajout d'un projet réduirait le temps et constituerait un ajout à la tâche parce que ce sont évidemment les profs de français qui se farciraient la correction.
  • Les profs de français seraient perdants, car il s'agit pas d'un véritable échange. Qu'est-ce que le prof d'univers social apportera à ma matière, par exemple?

Pour la direction, cette façon de faire permettrait de résoudre le fameux problèmes des compétences transversales. On pourrait ainsi évaluer si l'élève communique correctement. Ou plutôt, le prof de français pourrait évaluer si l'élève communique correctement.

Ajout à la tâche? Redoublement en fait de la mesure d'un objectif déjà mesuré en quelque sorte en français? Encore une fois, une mesure plus facile à appliquer au primaire. Plus facile ne voulant pas dire facilement applicable...

4 commentaires:

Jonathan Livingston a dit…

Combien de plans et de mesures sans vraiment avoir pris le temps d'étudier la question sérieusement?

On n'évalue pas ce qu'on met en place. 12 ans de nouvelle grammaire sans jamais l'évaluer. Sur le net, que des éloges rares... Suis-je le seul à trouver les manuels déconnectés et mal faits? Y a du travail à faire de ce côté... Pourtant, en théorie, on devrait avoir changé nos méthodes, l'a-t-on fait?

Des années de sciences de l'éducation pourquoi? S'il y avait des gens payés pour venir voir, tester, organiser des activités, développer et répandre des méthodes efficaces? Le pire, c'est que je pense qu'on sait tous comment y arriver, mais c'est comme si on nous avait enlevé les outils pour y arriver et qu'on nous avait embourbé dans un programme trop ambitieux et déconnecté de l'objectif principal d'un cours de français: la maîtrise de l'écrit de base.

Non, on arrive avec des idées non fondées et on demande à tout le monde de suivre sans rien changer finalement.

La pensée magique...

Pourtant il me semble dans à peu près n'importe quel domaine d'apprentissage: ça prend de la méthode pour transmettre des connaissances, de la pratique, de la pratique et encore de la pratique, un processus en étape.

Ça fait combien d'années donc que l'on doit faire écrire des textes de 250,300,350, 400,450 et 500 mots au secondaire? Jamais personne a pensé que d'écrire des 100 mots sans faute ça pouvait être valable pour un début avant de passer aux dissertations... Si tout le monde se concentrait sur un objectif simple avec des méthodes un peu moins alambiquées et beaucoup de pratique, comme il me semble nous faisions encore dans les années 80, peut-être arriverions-nous quelque part.

Il est incroyable que l'art de transmettre la capacité d'écrire sans faute de bonnes phrases se soit égaré...

Pourtant les élèves d'aujourd'hui ne sont certes pas plus cons que ceux d'hier. Mais ceux d'aujourd'hui prennent majoritairement des cours de mise à niveau au Cégep et à l'université.

Dehors les utopies!

Ainsi va la vie... a dit…

En effet, je vous plains, profs du secondaire, d'avoir à appliquer la réforme. Les liens entre les matières sont beaucoup plus difficiles à faire qu'au primaire! Au primaire, la difficulté réside surtout dans l'évaluation. Mais au secondaire, y-a-t'il quelque chose de facilement applicable là-dedans? Je n'ai encore rien trouvé...

Anonyme a dit…

Bonsoir Professeur Masqué,

« Je l'ai donc invité à appuyer ses prétentions avec des preuves. J'attends toujours... »

Puis-je donner un petit coup de pouce à votre directeur adjoint pour relever le défi que vous lui avez lancé?

Dites-lui que, pour ma part, pour répondre au défi, j’essaierais :

LIP
22. Il est du devoir de l'enseignant:

[…]

5° de prendre les mesures nécessaires pour promouvoir la qualité de la langue écrite et parlée;

6° de prendre des mesures appropriées qui lui permettent d'atteindre et de conserver un haut degré de compétence professionnelle;

Je poserais la question : « Comme enseignant, quelles mesures concrètes prenez-vous pour satisfaire à ces exigences? »

Vous pourriez également lui dire qu’il est préférable d’éviter de se peinturer dans le coin. Mais ça, il le sait certainement déjà.

Vous pouvez tout aussi bien ne rien lui dire tout, bien sûr.

Le professeur masqué a dit…

M. Chartrand: J'attends qu'il me revienne là-dessus. Gageons qu'il oubliera...

Mais ce dernier est persuadé que les mesures sur le français m'obligent légalement à m'occuper de ma formation continue. Or, vous me parlez dela LIP.