02 octobre 2008

Mange comme il faut...

On se rappelle sûrement cet incident survenu lors d'un diner à l'école Lalande il y a près de deux ans: une éducatrice avait formulé un commentaire déplacé à l' égard de la façon de manger d'un jeune québécois d'origine philippine en lui demandant «si dans son pays il se lave les mains». L'incident - qui a tout d'Elvis Gratton à son pire - avait eu une portée jusqu'aux Philippines et failli causer un incident diplmatique...

Or, la Commission des droits de la personne vient de juger - à juste titre - ce commentaire raciste, mais ne recommande pas que les tribunaux se penchent sur cette affaire, au grand déplaisir de certains. La commission croit plutôt «qu'il n'est pas dans l'intérêt public de saisir un tribunal du présent litige», étant d'avis que «les propos tenus (...) constituent un incident isolé dont la portée demeure limitée (...)».

La mère du jeune enfant concerné souhaitait plutôt des excuses et des réparations financières. Des excuses, il n'est pas clair qu'il y en ait eu, mais pour le fric, on exagère peut-être un brin. À vous de juger.

En effet, la mère éplorée affirme que son fils «a été traumatisé, il n'a pas mangé pendant une semaine et il a fallu que j'insiste pour qu'il vienne aujourd'hui (à la conférence de presse)».

Tout à coup, comme ça, je ne sais plus, moi, qui l'a traumatisé avec toute cette histoire.

Quoi qu'il en soit, rassurez-vous: le petit élève va bien. Ce dernier - qui a manqué son avant-midi d'école pour participer à la conférence de presse, l'école passant en deuxième - a expliqué qu'il n'avait pas aimé se faire caricaturer par la surveillante devant ses copains quant à sa façon de manger, «comme si j'étais un petit bébé».

Il est maintenant heureux dans sa nouvelle école - adieu les copains devant qui il était si important de ne pas se faire ridiculiser finalement - ou personne n'est raciste avec lui.

C'est ce que je lui souhaite. Être victime de la bêtise des autres, pour ne pas dire plus, est déplorable et tout forme de racisme est condamnable. Sauf que je m'interroge sur cette attitude de va-t-en-guerre et je me demande si elle n'a pas traumatisé encore plus ce jeune.

Le retrait de la surveillante en cause ou encore l'obligation pour cette dernière de suivre une formation interculturelle et des excuses n'auraient-il pas suffi? Fallait-il aller jusque-là? Le changer d'école, le priver de ses copains, insister pour qu'il aille à une conférence de presse plutôt qu'en classe?

Je ne sais pas.

14 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Qui l'a fait changer d'école? Qui l'a obligé à assister à conférence de presse? On gage combien qu'il avait déjà oublié toute cette affaire-là ... mais les parents devaient veiller au grain, en espérant une compensation monétaire. L'argent est donc plus important que TOUT?

Anonyme a dit…

C'est à mon avis beaucoup dans la manière. Mais il faut aussi expliquer aux autres cultures nos règles d'hygiène. C'est capital... et vraiment capital!

D'ailleurs, les règles d'hygiène devraient être enseignées en général, je trouve. Bien des Québécois ont oublié les raisons pour lesquelles on ne doit pas cracher par terre et se laver les mains soigneusement après avoir fréquenté la salle de toilettes. Entre autre!

En effet, qu'est-ce qui a le plus traumatisé l'enfant : la gaucherie, le manque de tact et de pédagogie ou le sensationnalisme...

Zed ¦)

Jonathan Livingston a dit…

Le commentaire était maladroit à notre époque. Mais la demande pour un peu d'hygiène normale. Que le jeune n'aime pas se faire dire quoi faire, c'est normal, il a son ego. Mais bon je me souviens que le mien était moins à leur âge démesuré. On m'a sûrement dit une fois: on t'a pas montré à vivre ou quelque platitude du genre qui sans viser un groupe, ni ma mère remarquez (bien que j'aurais pu prendre la chose pour une offense, le rapporter à ma mère qui aurait dit: tu dois te laver les mains, elle ne serait pas partie en guerre contre personne; on avait plus de fierté que d'aller sucer le sang et l'argent des autres pour des vétilles) était une manière de me rappeler l'importance de certaines règles.

Quand on fait un tabac médiatique d'une maladresse de parole qui, à mon sens, m'avait besoin que d'un rappel à faire attention à sa manière de communiquer, montre la problématique qu'il y a de nos jours à simplement prendre son rôle d'adulte et d'intervenant, la moindre bafouille ridicule en un sens peut vous propulser dans une emmerde infinie. Démesurée par rapport à l'incident. L'enseignement est quotidiennement exposé et il a affaire à surveiller ses mots... On ne blague pas avec les détails de nos jours...

Personne non plus pour se mettre dans la peau de la surveillante qui peut-être est plongée dans un environnement interculturelle ou les codes de vie implicites de chaque culture coexistent et où l'époque nous fait marcher sur des oeufs diplomatiques à chaque intervention. Le commentaire n'a pu qu'être qu'un simple acte manqué dans une atmosphère chaude et tapageuse de jeunes d'aujourd'hui pas toujours évidente à gérer.

Non pas de cours, à la limite s'il y avait récidive. Merde, on doit tant être parfait dans ce monde de bonnes femmes. Quand même une femme y commet des fautes... (qui va me traîner en cour?!! ;-))Des excuses pour la maladresse, peut-être, mais en même temps le fond est important: l'hygiène et le rôle de la surveillante d'inciter un enfant à un respect de soi et des autres.

On vit dans un monde gnangnan et sans fierté... L'homme a d'autres chat à fouetter il me semble!

bibconfidences a dit…

Je suis un peu de l'avis de Jonathan L. C'est un tabac pas mal odorant pour une offense qui nécessitait des excuses et des explications plutôt que tout ce battage médiatique.

Une femme libre a dit…

Je suis surprise et déçue que vous n'osiez pas publier mon commentaire précédent, Prof Masqué. Vous n'aviez pourtant pas peur des opinions qui différent de la vôtre, d'habitude.

Le professeur masqué a dit…

Femme libre: je n'ai pas souvenance de ne pas avoir publié un commentaire. Il m'est arrivé une seule fois de ne pas publier un troll ou encore des messages qui révélaient trop mon identité...

Je suis désolé de cette perte dans le cyberespace et j'aimerai sincèrement bien vous lire.

Une femme libre a dit…

Pas question d'hygiène ici mais bien de racisme. Cet événement s'est passé il y a deux ans et je n'arrive pas à retrouver les articles qui ont alors paru car ils sont devenus des archives payantes. Le petit article actuel que vous citez ne décrit pas fidèlement les événements et peut laisser croire que la mère de cet enfant est pointilleuse et qu'elle se plaint pour rien. J'ai des amis philippins qui eux, s'en rappellent parfaitement des faits et moi aussi, j'avais lu tout ce qui s'est publié à ce sujet il y a deux ans. Le petit garçon en question, qui avait alors sept ans, mangeait avec sa cuillère et sa fourchette, selon la culture philippine. La surveillante du dîner lui a demandé d'arrêter de niaiser et de "manger comme il faut", l'enfant a continué à manger avec sa cuillère et sa fourchette comme il l'avait toujours fait chez lui et la surveillante l'aurait alors traité de "cochon" en lui demandant si on se lavait les mains avant de manger dans son pays et c'est là qu'elle l'a isolé pour le punir. La mère, informée de ces événements, a d'abord téléphoné au directeur de l'école qui lui a répondu "Ici, ce n'est pas comme ça qu'on mange. Si votre fils mange comme un cochon, c'est normal qu'on l'envoie à une autre table." Avec une si grande ouverture de la direction de l'école, soit la mère écrasait, soit elle se plaignait. Elle a bien fait de se plaindre et il était important que son fils assiste à la conférence de Presse aussi. La fierté de ses origines, c'est la base de l'identité.

Une femme libre a dit…

En faisant une recherche avec "Filipino table etiquette punishment", il y a plusieurs articles sur le sujet.

A.B. a dit…

Je penche pour les mêmes hypothèses que Bobbiwatson.

Le professeur masqué a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: je crois aussi que la remarque était raciste, digne d'Elvis Gratton comme je l'ai mentionné. Mais de là à saisir les tribunaux pour obtenir une compensation financière, je crois qu'on exagère un peu.

De même pour le traumatisme. À un moment donné, tout devient un traumatisme.

Dans certains causes de libelles diffamatoires, les tribunaux ont estimé que les plaignants étaient parfois l'artisan de leur propre malheur par leur attitude à faire connaitre exagérément le préjudice qu'ils ont subi.

Que la direction de l'école et la surveillante méritent de se faire chauffer les oreilles, pas de problème. Mais les traumatismes et ne pas manger pendant une semaine, non, là, désolé, mais je n'achète pas.

Le professeur masqué a dit…

A tous: j'aime bien cette chronique de Patrick Lagacé ce matin. Un extrait:

Pour Fo Niemi, (qui a piloté la plainte) la décision de la Commission est suspecte parce que ceux qui l'ont rendue étaient tous des Québécois blancs. «Pour la première fois, il n'y a aucun anglophone, aucun juif, aucun Autochtone...»

Qu'on dénonce une décision de la Commission en citant un vice de procédure, une erreur de fait, une interprétation erronée des événements, soit.

Mais qu'on souligne l'origine ethnique des membres d'un organe gouvernemental pour dénoncer cette décision, là, c'est... c'est... c'est quoi, donc?

C'est racialement offensant, tiens.

Une femme libre a dit…

Les gens qui n'ont jamais connu le racisme mettent souvent en doute l'existence même de ce racisme et s'imaginent tout simplement que les victimes sont chatouilleuses et susceptibles et qu'elles voient du racisme partout. Depuis que j'ai trois filles noires, je le sais que le racisme existe pour vrai et le pire racisme est insidieux, pas éclatant. Le gros racisme sale, facile de le dénoncer, tout le monde le voit. Le pire, c'est celui qui est par en-dessous et qui démolit tranquillement la personne et plus la personne est jeune et vulnérable, plus les torts sont grands. Se faire mettre systématiquement à l'écart (plus de dix fois, on ne parle pas d'un événement isolé) quand on mange comme on mange à la maison et se faire traiter de cochon peut être traumatisant pour une jeune personne. Comment prétendre que ce sont là des détails mineurs dont l'enfant ne gardera aucun souvenir et qui n'entraveront pas son image de lui-même? Il est tout à fait possible que si des Philippins ou d'autres personnes ayant personnellement été victimes de racisme avaient fait partie de la commission, la décision aurait pu être différente.

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: il est rare que nous ne soyons pas d'accord sur certains points. Cette fois fera exception, mais n'enlèvera rien au plaisir que j'ai de vous accueillir ici.

Il est évident que je ne connais pas tous les éléments de cet événement. Cependant, comme je l'ai écrit, la remarque de la surveillante était raciste et il aurait fallu qu'elle soit sanctionnée.

Pour le reste, et sans méchanceté, c'est un brin une certaine exagération que je semble percevoir dans toute cette affaire qui me titille.

Si ma gamine avait été mise à part à l'école à cause de sa façon de manger, je n'aurais pas attendu 10 fois avant de réagir.

De plus, sans méchanceté toujours, le mot traumatisme est un peu fort pour le présent cas. Ça me rappelle les gens qui affirment avoir été pris en otages par un débrayage des enseignants. Otages? Traumatisme? Respectons le sens des mots.

Enfin, affirmer qu'un enfant n'a pas mangé pendant une semaine me smeble un brin poussé. Une semaine sans s'alimenter a des répercussions médicales importantes. J'aurais moins réagi si on avait dit «une semaine sans avoir le goût de manger».

Enfin, remettre en question le professionnalisme des gens de la commission sur la base que vous énoncez est un principe qui pourrait s'avérer dangereux. faut-il être victime d'une chose pour la comprendre, la dénoncer? Là-dessus, je reviens à la chronique de Lagacé.