Il ne se passe pas grand-chose en éducation de ce temps-ci. Trois petites nouvelles pas si nouvelles. Il faut dire que, dans le monde scolaire, on a un potentiel incroyable pour radoter pendant des années. Et je ne parle pas des règles des participes passés!
Des profs sans permis
Le Journal de Montréal nous indique en cette fin d'année que le nombre d'enseignants sans qualifications légales pour enseigner est en hausse. Plus croustillant encore: des 900 individus ainsi embauchés, une vingtaine n'ont qu'un diplôme d'études secondaires.
Demandez-vous après pourquoi même le gouvernement ne veut pas d'ordre professionnel des enseignants! D'un autre côté, soyons positif: peut-être que cela veut dire que des finissants du secondaire sont assez compétents pour enseigner? Dire qu'il y en a qui font quatre années d'université...
Dehors les filles!
«Comment à partir d'un échantillon réduit tirer des généralités.» Voilà ce qu'on pourrait dire de cette série de textes (ici, ici et ici) portant sur deux classes constituées uniquement de garçons et équipés de d'ordinateurs portatifs.
On n'arrête pas de nous casser les oreilles depuis des années que les écoles non mixtes seraient une solution au décrochage des garçons. Je veux bien, mais tient-on en compte certains facteurs liés à cette expérience? J'en doute.
Il y a tout d'abord le prestige d'appartenir à un projet particulier. C'est motivant et bon pour l'estime de soi. Ensuite, qui dit programme particulier dit carotte et bâton. Si un jeune ne fait pas l'affaire, il sait qu'il pourrait retourner au secteur ordinaire. De la crainte nait parfois la sagesse, dit le proverbe. Également, on retrouve l'apport des TICS qui n'a rien à voir avec le genre des élèves et des enseignants. Enfin, il y a aussi le fait que les éducateurs reliés à ce projet sont plus engagés qu'au secteur ordinaire.
Et puis, pourquoi effectuer des expériences quand certains données pertinentes existent peut-être encore? J'ai fréquenté une école secondaire publique non mixte et je ne crois pas qu'on y réussissait mieux qu'ailleurs. Pourquoi ne pas mettre un ou deux fonctionnaires sur cette recherche?
En terminant à propos de ce sujet, ne va-t-on pas à contre-courant de notre société en séparant garçons et filles de la sorte? Le discours politically correct en éducation veut qu'on parle de tolérance, de compréhension, d'ouverture. Il est paradoxal qu'on impose l'intégration des élèves en difficulté dans les classes ordinaires d'un côté et qu'on parle de séparer garçons et filles de l'autre
Du matériel coûteux
L'éducation n'est pas gratuite au Québec, on le sait. Le JdeM donne d'ailleurs quelques chiffres intéressants à cet effet.
Or, ne voilà-t-il pas que la faute en incomberait aux enseignants. C'est, du moins, l'avis de la présidente du Comité central de parents de la CSDM, Lynda Laurencelle. Pour réduire les frais exigés dans les écoles publiques, selon elle, il faudrait «conscientiser» les profs à «faire preuve de gros bon sens.»
Est-ce moi qui perds la mémoire, mais un intervenant sur ce blogue avait déjà souligné que bien du matériel scolaire exigé des parents au Québec est gratuit en Ontario? Il me semble qu'on devrait s'attarder à ce fait au lieu de remettre toujours en question le jugement des profs. Mais parfois, que voulez-vous? le journalisme aime radoter, lui aussi.
6 commentaires:
Très beau billet, pertinent et qui remet les pendules à l'heure. J'ai travaillé sur un des premiers projets concernant les difficultés scolaires des garçons à l'école. La non-mixité n'était pas une solution à envisager d'après nous.
Joyeux temps des fêtes et bonne année.
Guy
C'est fou comment le JdeM aime toujours "fesser" sur les mêmes clous quand vient le temps de parler d'éducation.
Et c'est vraiment navrant de constater que pour bien des gens il s'agit là de leur seule source d'information qu'ils ne soumettent à aucun filtre critique...
Plotin: merci pour les souhaits. Vous aussi.
L'idée de la non-mixité est une recette magique qui convient bien à des apprentis sorciers. La réalité est trop complexe pour que la solution soit si simple.
Le Prof: le JdeM aime radoter...
JdeM aime radoter mais les conseils d'établissement le font aussi annuellement.
Pendant 15 ans j'ai fourni du matériel scolaire aux parents de ma CS. Pendant 15 ans je me suis fait un devoir de leur dire qu'ils n'avaient pas besoin d'acheter "maintenant" la quantité de bâtons de colle (6)demandée par l'école alors que les enfants n'en utiliseront que deux, en leur spécifiant que tous les items des fournitures scolaires étaient disponibles toute l'année et ce, au même prix (ou presque). J'ai eu de bons résultats. Beaucoup de parents ont compris.
Le problème n'est pas plus au niveau des profs que des écoles. Le problème se situe au niveau de l'information! Qu'un prof demande des crayons Crayola Néon, en 2009, alors qu'ils ont été éliminés en 2000 .............
Quant à la grandeur des cartables, ce ne sont pas les profs qui décident: ils émettent des souhaits (surtout au secondaire).
Tout est une question d'organisation personnelle! Un autre défi à surmonter? Défi parental ou professoral?
Profs, parents et CS ont des responsabilités dans les fournitures scolaires. Mais les parents sont encore les derniers décideurs.
Joyeux Noël PM, à toi et à Fille Masquée.
Le gros bon sens des profs ne doit pas manquer, mais la coordination des listes de matériel doit être élaboré par une direction non? Bref, le problème en est une de coordination. Dans beaucoup d'écoles, elle se fait très bien.
L'école est une endroit pour apprendre en premier lieu les savoirs de base. Je ne vois pas en quoi la non-mixité n'a aucune pertinence pour atteindre cet objectif. J'ai remarqué franchement pour être passé dans 3 écoles de fille en carrière, que la sexualité assez en éveil des adolescents y était nettement moins dérangeantes.
Sur cette question, j'attends encore de voir de vraies études bien menées et en attendant on parle sans trop savoir ce que cette option pourrait donner. Je ne vois pas franchement en quoi cette proposition mérite d'être qualifiée de solution d'apprenti-sorciers...
Bon, y a bien évidemment bien d'autres choses à travailler pour améliorer l'atteinte de ces objectifs, j'en conviens! Et ce n'est pas les idées qui me manquent comme une mise à pied des fonctionnaires du MELS pour incompétence.
Quant aux profs sans permis, je me demande si nos syndicats se penchent sur ces questions. Leur utilisation me semble tellement courante comme pratique que s'en est suspect. Trop de gros sous à économiser pour ne pas être un peu souhaitée...
Bobbi: oui, on peut rationnaliser les coûts, mais il est vrai qu'il y a des parents à qui on demande beaucoup en leur disant de s'organiser.
Jonathan: personnellement, j'ai constaté que plusieurs filles seraient très bien dans des écoles non mixtes. Pas de gars fatiguants, la possibilité de performer sans être jugées. Même dans mon programme performant, elles considèrent souvent les gars comme de grands bébés attardés.
Je qualifie cette idée de solution d'apprenti sorciers justement parce qu'on ne possède pas de données sérieuses à ce sujet. Est-ce que les classes non mixtes fonctionneraient parce qu'elles sont non mixtes ou pour d'autres facteurs que j'ai mentionnés? Si cette idée devenait une pratique généralisée, perdrait-elle de sa force?
Et tout comme toi, je trouve étrange le silence de nos syndicats...
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