12 août 2010

Avis du Conseil supérieur de l'éducation: une triste farce

Vous voulez rire un bon coup? Un groupe d'humoristes fait parler de lui aujourd'hui avec un texte (ici) d'une ironie caustique: le Conseil supérieur de l'éducation! Celui-ci se prononce contre le bulletin unique et il faut lire les justifications appuyant cet avis pour se rendre compte que le ridicule ne tue malheureusement pas.

Voici quelques perles de cet avis qu'on pourrait qualifier d'hypocrite:

«L'ampleur et la nouveauté des modifications proposées, le délai de consultation ainsi que la date d'entrée en vigueur du projet de règlement heurtent de front les acteurs du milieu scolaire qui ne sentent pas que sont considérées les contraintes de planification et d'organisation scolaire qui sont les leurs, d'autant plus que le nouveau cadre d'évaluation n'est pas encore disponible.»

«Par ailleurs les modifications ne semblent pas tenir compte des pratiques existantes et du temps de réflexion nécessaire à l'analyse et à l'appropriation de ces changements. »

«Compte tenu de la complexité et de l'interdépendance des changements exigés, la transformation des pratiques professionnelles nécessite du temps, de l'exercice et un rappel constant des visées du renouveau. »


Quand, pour justifier une opinion, on réclame le contraire de ce que l'on a déjà fait, c'est que l'on est malhonnête intellectuellement.

Que penser d'un conseil qui affirme que ce changement doit se faire en concertation avec l'expertise du milieu scolaire et qu'il doit être basé sur des résultats de recherches fiables et rigoureux sinon qu'il est prêt à dire une chose et approuver son contraire?

Que penser d'un conseil qui affirme que «toute modification implantée en catastrophe entraîne son lot de problèmes et une telle improvisation risquerait d’apporter beaucoup plus de confusion que de clarté en plus de susciter de l’inquiétude et de la frustration chez le personnel scolaire» alors qu'il a cautionné la plus grande entreprise d'improvisation pédagogique au Québec en se moquant des doléances de milliers d'enseignants dont certains ont connu des moments d'une rare détresse psychologique?

Que penser d'un conseil qui demande à la ministre de l’Éducation de «lancer un chantier pour apporter des ajustement qui font un consensus plus large» alors qu'il se foutait jusqu'à maintenant du concensus?

Et il faut lire les propos de Nicole Boutin, présidente du Conseil, pour constater à quel point quelqu'un est prêt à n'importe quel argument pour défendre son idée.

«On enseignerait encore avec l’approche par compétences, mais on évaluerait principalement des connaissances... Ça créerait des situations difficiles. Il y a du bon dans le Renouveau. On a investi beaucoup d’argent dans ce programme. Il faut continuer dans cette voie. Plusieurs écoles ont développé des façons efficaces et claires d’évaluer les compétences. On pourrait prendre exemple sur elles plutôt que de tout recommencer. C’est trop vite. Il y a une nouvelle ministre de l’Éducation. C’est le temps pour elle de prendre le temps de consulter le milieu et de revoir sa décision».»

Depuis quand avoir investi «trop d'argent» dans un programme» est un argument pour justifier sa validité? «Trop vite»? «Consulter le milieu»? Depuis quand ce conseil se préoccupe-t-il d'un milieu dont il se foutait qu'on le bardasse et qu'on lui impose un régime pédagogique pour lequel il n'a même pas été consulté?

Une farce, une triste farce que cet avis.

5 commentaires:

Mam'Enseignante a dit…

Je regarde encore aujourd'hui mes bulletins chiffrés du primaire et du secondaire, et franchement, je n'y comprends rien!

Des 80%, 90%, 75%, alouette! Merveilleux, j'étais une bonne élève! Je pouvais aussi passer de 80% à la première étape à 90% à la deuxième étape! Que j'étais donc bonne, quelle amélioration j'avais eu!!!


Je regarde les communication de mes garçons (Dieu merci, nous sommes épargnés sur les bulletins chiffrés avec notre dérogation!) et je sais exactement où sont leurs difficultés! Pour un, les points sont encore oubliés en fin de phrases alors que le premier répond bien sous forme de dictée, mais a le syndrôme de la page blanche en période d'écriture.

Je sais aussi qu'ils exécutent bien les rythmes et notes de musique, mais que leur pensée créatrice n'est pas géniale...

Je pourrais continuer longtemps comme ça...


Comme enseignante, je regarde le nouveau bulletin proposée par la défunte ministre Courchesne et je désespère! C'est loin d'être clair sinon que de dire qu'un enfant est premier de classe alors que son voisin est cancre. Ça ne dit absolument pas les forces/difficultés de l'enfant et ça ne servira qu'à décourager l'enfant qui se sent déjà nul à souhait.


Au fait, plus haut, je dis m'être améliorée... mais qui me dit que la première étape était consacrée à la numération alors que la 2e était consacrée à la géométrie où j'excellais???

Le professeur masqué a dit…

Aucun bulletin n'est parfait. le meilleur bulletin, c'est encore suivre son enfant au quotidien et aller aux rencontres de parents.

Il y a des bulletins de résultats et des bulletins de formation, quand à moi. Et le MELS voulait transformer tous les bulletins en formatif. Immensément lourd, immmensément long. Au primaire, peut-être qu'on peut y arriver, mais au secondaire c'est dément quand tu enseignes Éthique et culture religieuse et que tu as 240 élèves...

À un moment donné, il faut être réaliste. Le nouveau bulletin, c'était de tout donné mâché-digéré dans la bouche du parent. J,aurais volontier troqué une ou deux journées de congé pour des rencontres de parents. Plus efficace, plus directe.

Mam'Enseignante a dit…

Mais ça reste du tout mâché-digéré dans la bouche du parent qui ne veut rien dire et qui n'aide absulement en rien!

Réaliste? Je veux bien. Je veux bien croire que ça été implanté tout croche. Mais de là à simplifier pour ne plus rien dire, je trouve la machine complètement aberrante...



La solution est ailleurs, mais on ne veut pas la voir. On dépense des miliers de dollars sur un bout de papier qui sera insignifiant plutôt que de réduire la taille des groupes pour justement qu'un prof n'ait plus à sa solde 240 élèves...

Le professeur masqué a dit…

Mam: vous savez, moi, je fais signer tous les travaux de mes petits «prouts» avec les commentaires que j'y écris pour mes élèves. Puis, de temps en temps, dans les cas préoccupants, je fais un petit message pour les parents d'élève problématique. Ça me suffit et c'est bien plus efficace. Le bulletin unique n'interdit pas de communiquer avec les parents.

Missmath a dit…

PM a dit : "le meilleur bulletin, c'est encore suivre son enfant au quotidien et aller aux rencontres de parents. "


Encore faudrait-il que ces rencontres de parents ne soient pas des courses contre la montre.