03 septembre 2010

Le travail en équipe

La réforme devait amener l'élève à développer ses capacités à travailler en équipe et son esprit de collaboration. Je me suis toujours élevé contre cet objectif qui n'a rien d'académique et tout de social. Je trouve discutable qu'on évalue à l'école de façon aussi directe l'aspect affectif et personnel d'un jeune. Il existe des enfants qui préfèrent par choix la solitude: on les oblige donc à aller contre leur personnalité.

D'autant plus que le travail en équipe est souvent un piège à cons. Une amie, jeune universitaire en enseignement, est obligée de travailler en équipe dans son bac alors qu'aucun critère d'évaluation ne porte sur cet aspect. Bref, on fait des travaux en équipe alors qu'ils pourraient très bien être fait seuls. Ses super profs, qui lui vantent la réforme et lui demandent de l'enseigner, ne sont même pas foutus d'évaluer correctement! L'anecdote serait savoureuse si elle n'était pas aussi désespérante...

Cette entrée en matière pour vous indiquer que, dans mon programme performant, on a décidé de donner une formation aux enseignants et aux élèves en ce qui a trait au travail en équipe. Si je ne partage pas les visées du programme en matière de travail d'équipe, je suis d'accord avec l'idée de bien faire les choses tant qu'à y être.

Seulement, ce qui m'interpelle, c'est que cette formation vient du fait que ces jeunes, qui ont fait six années du primaire, ne savent toujours pas travailler en équipe. Quel est ou quels sont les éléments qui expliquent ce constat? Programme utopique et inadapté à la réalité personnelle des jeunes? Objectif escamoté par les enseignants pour diverses raisons? Je ne sais.

Une remarque cynique en passant: la personne qui nous formera serait la même qui formerait les profs du primaire. Puis-je légitimement me questionner sur son approche, disons?

9 commentaires:

Missmath a dit…

J'en connais une qui n'a vécu que le renouveau pédagogique et qui fait des boutons et a des nausées dès que le mot "équipe" est prononcé.

Anonyme a dit…

En tant que prof du primaire, je réponds à ta question : on ne les fait pas travailler TANT que ça en équipe. Trop de gestion pour des élèves aussi désorganisés...

marâtre

L'engagé a dit…

Je ne veux même pas faire référence à de la théorie pour discuter ce sujet: l'école est le lieu où l'on doit se former (il y a le débat instruire/éduqué, mais passons), en admettant (comme prof, nous sommes contre ce volet unique, mais jouons à l'avocat du diable) que le but de l'école soit de former des travailleurs compétents capables de travailler en équipe, on devra admettre qu'à un moment où l'autre, ils devront se spécialiser.

Une équipe est formée de spécialistes qui réunissent leur talents pour former un tout supérieur à la somme de leurs parties. Si on incite les jeunes à constamment travailler en équipe AVANT QU'ILS N'AIENT EU L'OCCASION DE DÉVELOPPER LEURS TALENTS, nous les condamnons à se spécialiser d'avance et nous les empêchons d'affronter leurs difficultés et par là à devenir meilleurs.

Comment savoir dans quoi on est bon, dans quoi on excelle, comment découvrir ce qu'on aime si l'école ne nous donne pas l'occasion de le découvrir par nous-même?

Il y a, derrière l'obsession du travail en équipe, la croyance selon laquelle les enfants vont s'aider et s'enseigner les uns les autres. Si c'est dans leur nature, on a pas besoin de forcer les choses.

Avouons qu'à l'université, le travail en équipe était une perte de temps : ceux qui voulaient travailler disciplinaient ceux qui jasaient, ceux qui étaient trop orthodoxes castraient les autres, d'autres écrivaient trop, d'autres trop peu et on confiait le mandat d'assembler les parties à la personne qui en avait fait le moins, donc la moins compétente pour conférer une valeur ajoutée au travail.

Les profs sérieux nous demandaient des travaux individuels, sauf en métho, où une prof nous a obligés à travailler en équipe précisément pour simuler de véritables recherches, mais cette dernière corrigeait précisément l'apport de chacun et son cours servait à nous mettre en garde...

Le professeur masqué a dit…

Miss : je faisais des boutons avec le mot «équipe» au bac en enseignement parce que je me finissais toujours par me farcir tout le boulot. Au grand plaisir de mes coéquipières.

Marâtr: oui, avec des projets en équipe, tu devrais permettre aux élèves de se sentir plus concernés par leurs apprentissages et ... : )

L'engagé: le travail en équipe, un mythe.

Anonyme a dit…

Un grand nombre d'enseignants font travailler leurs élèves en équipe en prenant pour acquis que leurs élèves savent mobiliser leurs ressources afin d'aboutir à un résultat satisfaisant. Il résulte que ces enseignants n'encadrent pas efficacement leurs élèves, car ils ne sont pas conscients du caractère pédagogique d'une telle démarche.

Il y a une distinction à faire entre le travail d'équipe et le travail de coopération. Pour le premier, les élèves s'organisent comme ils le peuvent tandis qu'en coopérations, les rôles sont mieux définis. Ça peut parfois paraitre bébé (certains se rappelleront leur cours universitaire en gestion de classe: porte-parole, scribe, etc.) mais définir au préalable le rôle de l'élève dans ses actions et ses interventions, aide grandement à effectuer des interventions pédagogiques appropriées. Il est ensuite plus aisé de porter son regard sur la réalisation de l'élève en fonction du rôle qui lui a été attribué au préalable.

Le travail d'équipe ça s'enseigne!

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: je partage votre avis. Seulement, je me pose des questions quand le PDF prévoit ce genre de travail et qu'on dirait que c'est le vide sur ce point chez les élèves.

Anonyme a dit…

Il y a des moments où je me dis que les enseignants nous font faire des travaux d'équipe seulement pour avoir moins de travaux à corriger...
Dommage!

Demoiselle

Anonyme a dit…

Le PDF indique ce qu'il faut que l'élève apprenne (donc ce que l'enseignant enseigne) et non ce qu'il sait déjà. Sinon pourquoi fréquenterait-on l'école?

Il est donc tout à fait normal et cohérent avec le développent humain qu'un élève ne sache pas travailler en équipe lorsqu'il est en début de processus d'apprentissage. De plus, cet apprentissage se fait graduellement, notamment en ce qui concerne l'autonomie du jeune.

La tâche de mettre en place des stratégies pour que l'élève apprenne à travailler en équipe incombe donc à l'enseignant. Non aux parents, ni à la réminiscence de l'élève.

Anonyme a dit…

En ce qui me concerne, si j'avais été une élève de la réforme, j'en aurais eu mal au ventre le matin avant de partir à l'école. Je ne suis pas une fille d'équipe. Dans un groupe, je suis plutôt effacée, j'observe. Maintenant que je suis grande, que j'ai bâti ma confiance en moi, que je sais ce que je vaux et ce que je sais faire, je suis efficace dans une équipe de travail. Mais à 10 ans, j'aurais été un gros zéro et je ne suis pas certaine que j'aurais réussi à me construire une estime de moi comme j'ai réussi à le faire en me prouvant, par mes travaux fait toute seule, que j'étais « capable ». Bref, bien contente de ne pas être né dans ce bassin-là.

Sinon, j'ai une amie proche qui enseigne le français au secondaire et elle damne sur les fameux « travaux d'équipe ». Cette année, elle a dit, et je cite : « La réforme veut qu'ils travaillent en équipe! Sont super bons, pour les travaux d'équipe! Mais crisse, sont pas capable de fonctionner tout seul, ils se demandent les réponses entre voisin pendant un examen! Ils comprennent pas que c'est eux personnellement que je veux évaluer! » Ça m'en dit long sur ce qu'elle doit gérer dans sa classe lorsque vient le temps de faire un travail pas en équipe...