20 décembre 2010

A-t-on besoin d'une campagne de publicité de plus sur le décrochage? (ajout à l'ajout)

Une nouvelle campagne de publicité contre le décrochage scolaire... Euh! pour la persévérance scolaire. En fait, on ne le sait plus trop. Mais tout ça coûtera 400 000$

Un site Internet double( je finis et je lâche), une campagne télévisée sur RDS jusqu'au 17 janvier et ensuite du 28 mars au 28 avril... des arguments rationnels, d'autres un peu moins.. comment dire? Enfin...

- Un diplôme, c’est toujours beau sur un mur.
- Tu as de la difficulté à te lever le matin pour arriver à l’heure à l’école? Une bonne chanson dans ton réveille-matin, ça t’aidera à être plus motivé pour commencer ta journée.
- 80 % des décrocheurs retournent à l’école… aussi bien terminer tout de suite, non?
- Tu veux vivre vieux? Finis ton secondaire. Ceux qui ont un diplôme vivent en moyenne sept ans de plus que ceux qui n’en ont pas.
- Tu veux gagner de l’argent? Étudie pour obtenir un DEP ou un DEC. Le salaire moyen d’un diplômé est 35 % plus élevé que celui de quelqu’un qui n’a pas terminé son secondaire.
- Qui est fier de dire qu’il n’a pas terminé son secondaire?
- T’as envie de rencontrer des filles?

Aucun argument sur le fait que l'école cultive, l'école apprend. L'école forme pour le monde du travail et socialise. L'école rime avec cash. Désolé, mais ce n'est pas là ma définition de l'école.

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Ce matin, à la radio, la ministre indique qu'elle voulait mettre de l'argent pour rejoindre ceux qui ne sont plus à l'école. Selon ce nouveau site, 80% de ceux qui décrochent retournent aux études. On fait donc une campagne pour 20% des décrocheurs. Du fric concret dans des classes, ça semble trop demander.

ET les filles dans cette campagne? À part de servir d'appât pour motiver les gars à demeurer en classe, elles sont inexistantes. Et en les ignorant, on passe deux messages:
- il n'y a que les gars qui décrochent, pas les filles. Belle image motivante des garçons...;
- les filles qui décrochent, ce n'est pas un problème.

Cette campagne, c'est 400 000$ de bon sentiments et de saupoudrage. Une solution facile digne de la pensée magique. Que connait-on du décrochage scolaire au Québec? A-t-on fait le répertoire des initiatives locales gagnantes? Partage-t-on les bons coups? Les subventionne-t-on adéquatement?

Voilà qui demanderait plus de rigueur et d'effort.

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Dans La Presse, on pouvait lire:

Si les garçons veulent savoir ce que cela leur rapportera financièrement d'obtenir un diplôme, les journalistes ont voulu savoir ce que donnent de telles campagnes de promotion.

À cela, la ministre a répondu que «les campagnes ne suffisent pas à elles seules à changer la donne» mais qu'elles s'ajoutent à d'autres mesures qui, ensemble, donnent des résultats.

La ministre a aussi fait valoir que, même si le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires avant l'âge de 20 ans a augmenté de 7% depuis 2003, il n'est pas question de «mettre des lunettes roses».


Cette hausse s'explique par le raccrochage à l'école des adultes. Pas autre chose. Et une question, tiens: qui paie pour l'école des adultes? Uniquement le gouvernement provincial? Les utilisateurs? Le gouvernement fédéral?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec toutes tes connaissances et tout ton bagage tu devrais demander une rencontre urgente avec la ministre, question de mettre les pendules à l'heure.

Anonyme a dit…

Il y a autant de définitions de l'école qu'il y a de profs et autant qu'il y a d'élèves.

Cette stratégie promotionnelle n'est peut-être pas LA solution, mais elle parle un langage que les jeunes comprennent. Ce qui peut contribuer a en convaincre quelques uns de rester sur les bancs d'école même si ce n'est pas pour des raisons qui vont dans le sens de l'impératif catégorique kantien.

Pas sûr que la plupart des jeunes décrochés potentiels comprennent ce que veut dire cultiver. Quoique dans cultiver des légumes je crois qu'il s'y retrouvent.

Smeugd

Le professeur masqué a dit…

Avec 400 000 et ce que le MELS a investi autour (conférence de presse, rencontres de fonctionnaires...). on aurait sûrement sauvé plus de jeunes dans la vraie vie avec des mesures concrètes. Il y a des profs à Montréal qui ont attendu 3 ans pour avoir des matelas pour des activités physiques après l'école, si j'ai bonne mémoire.

Et qu'on pense à cette autre initiative: http://artsmartiauxmixtes.com/nouvelles/local/566-sport-etude-princes-de-la-rue.html .

Le fric ne se rend pas dans les classes. Là, il finit dans une boite de pub.

Le Prof a dit…

"Être cultivé, c'est fif."

Tant qu'on ne jouera pas sur ce stéréotype là, selon moi, toute forme de lutte au décrochage demeurera vaine.

Anonyme a dit…

Entièrement d'accord cette fois. Campagne de marketing avant tout qui vise à soigner l'image du Ministère lui-même : on s'occupe de l'école, on fait tout ce qu'on peut, on prend ça à coeur. Si ça décroche toujours autant, ça sera la faute des profs.

Paul C. a dit…

Qui dit marchandise dit publicité!

Probablement aussi efficace que les campagnes contre la conduite en ébriété.

Ce matin, à la radio de RC, la journaliste disait que ça s'adressait à "ceux qui n'aiment pas l'école".

Si l'école devient le lieu de formation pour le marché du travail (et pas plus) ce sont bientôt les compagnies qui formeront leurs propres employés.
Et comme Le Prof le dit, ce seront les fifs qui étudiront...et nous soigneront.

Le Prof a dit…

Parlant de RC, vous devriez lire les commentaires des lecteurs... C'est d'une imbécilité navrante. Ce qu'ils disent en résumé? Que le décrochage, c'est principalement la faute des enseignantes, ces castratrices.

C'est tivident.