23 février 2011

Coalition pour l’avenir du Québec: avoir la sagesse dans le changement

Lancer des idées, tout le monde le peut. L’ADQ et sa troupe de boyscouts l’ont fait… Lancer des idées intelligentes basées sur une analyse et une étude de la situation qu’on se propose de modifier, là, c’est autre chose. Ainsi, on a rarement entendu Mario Dumont aller plus loin qu’un clip de cinq secondes dans le dossier de l’abolition des commissions scolaires.

La droite montante au Québec en a des idées. On en prend connaissance dans l’actualité et on frémit tellement parfois elles sont réductrices. En fait, il s’agit davantage de préjugés que d’idées. Si l'on reste avec l’exemple des commissions scolaires, on a tous en tête des cas de gaspillage éhontés d’argent, de lourdeur administrative. Cela signifie-t-il pour autant qu’il faille les abolir? Je n’en suis pas si certain. Par contre, il faut assurément revoir leur fonctionnement, les recentrer sur leurs missions principales et mieux baliser les dépenses de leurs dirigeants.

Jeter l’eau, le bébé et la bassinette n’a jamais été une stratégie intelligente et efficace. J’ai assez vécu l’improvisation du Renouveau pédagogique pour espérer qu’on ne reproduise ou n’encourage pas ce genre de catastrophe basée sur la pensée magique. Soit, on peut avoir des coups de gueule et crier un peu. Il demeure néanmoins que, lorsqu’on propose de véritables changements dans quelque domaine que ce soit, on a la responsabilité d’assurer le succès de ceux-ci. Quitte à prendre plus de temps qu’on le souhaiterait, quitte à reconsidérer notre vision des choses.

Au Québec, au cours des quinze dernières années en éducation, c’est cette sagesse qui a manqué quand est venu le temps de procéder à plusieurs changements majeurs. Certains politiciens – Pauline Marois en tête - ont utilisé leur passage au MELS pour marquer des points politiques sans avoir le discernement de bien comprendre les enjeux derrière les choix que certains hauts fonctionnaires leur proposaient. Ils ont voulu marquer l’histoire avec le résultat que l’on connaît. Un monde de l’éducation divisé, désorganisé, peu efficace lors qu’on regarde les budgets qu’on y investit et les personnels qu’on y retrouve.

Si l’équipe Legault veut mettre de l’avant certaines idées, elle a la responsabilité de réfléchir et d’analyser la situation et les solutions qu’elle propose avant de le faire. Elle doit chercher une expertise en éducation qui la guidera vers des solutions qui seront plus adaptées à notre réalité d’aujourd’hui et aux défis de demain. Cette réflexion doit s’effectuer à l’extérieur du ministère de l’Éducation et des diverses instances du monde scolaire qui sont tous en conflit d’intérêt quand on propose des changements.

L’appareil gouvernemental québécois atteint maintenant la crise de la cinquantaine. Il doit effectuer des choix que certains décideurs ne veulent même pas envisager de peur de perdre les avantages qu’ils se sont octroyés au fil des ans. Si le Québec doit entreprendre des changements en éducation, ceux-ci doivent être réfléchis et dépasser le stade du bête préjugé si l’on veut éviter de reproduire les erreurs du passé dont nous payons encore le prix aujourd’hui.

5 commentaires:

Marc St-Pierre a dit…

"Cette réflexion doit s’effectuer à l’extérieur du ministère de l’Éducation et des diverses instances du monde scolaire qui sont tous en conflit d’intérêt quand on propose des changements"

Je vous invite à prendre connaissance de ce que pense le vérificateur général de l'Ontario à propos du Secrétariat de la littératie et la numératie, un organisme indépendant créé par le gouvernement Ontarien pour améliorer la réussite des élèves du primaire et du secondaire.

http://www.ontla.on.ca/committee-proceedings/committee-reports/files_pdf/LiteracyNNumeracy_FR_2009AR_S3.07.pdf

On devrait aussi travailler chez nous afin que le gouvernement québécois crée un organisme indépendant dont la responsabilité serait de s'assurer qu'à tous niveaux, le réseau scolaire puisse tirer profit des données de recherche les plus actuelles et probantes, dans une perspectice d'amélioration de la qualité des apprentissages des élèves.

Jean-Pierre Proulx a dit…

Bien d'accord avec Marc. Le Conseil supérieur a déjà proposé quelque chose du genre.

Il existe déjà par ailleurs des observatoires de la recherche qui joue un rôle analogue.

Steve Bissonnette a dit…

Pour avoir travaillé pendant 6 ans dans les trois conseils scolaires francophones de la région d'OTTAWA ainsi qu’auprès du Ministère de l'Éducation de l'Ontario (MEO), section française, vous avez monsieur St-Pierre raison!!!!!!

Anonyme a dit…

Charest vous offre des portables et des tableaux blanc interactifs dans son nouveau discours! Je pensais que vous aviez plus besoin de ressources humaines: non?

Marc St-Pierre a dit…

Jean-Pierre,

On peut penser à l'Observatoire international de la réussite scolaire, un projet du CRIRES (http://www.crires-oirs.ulaval.ca/).

Par ailleurs, un observatoire a bien peu de pouvoirs sur la mise en oeuvre des choses. Un observatoire, c'est comme les yeux de l'éducation. Mais un observatoire, ça n'a pas de dents pour mordre.