13 février 2008

L'apprentie pédagogue

Après Michelle Courchesne et ses tonnes de copies (...), c'est au tour de Pauline Marois de jouer à l'apprentie pédagogue.

Cette dernière propose que chaque petit Québécois ressorte de l'école bilingue en mettant sur pied un programme d'immersion pour tous au primaire. Au départ, madame Marois avait en tête que l'enseignement de certaines matières de la cinquième et sixième année du primaire soient enseignées en anglais, notamment l'histoire et la géographie. Finalement la chef du Parti québécois a reconnu qu'elle n'avait pas choisi les bonnes matières pour illustrer son idée et y allait d'une lettre ouverte dans les journaux pour corriger le tir en général. Il n'y a pas de doute: madame Marois a longuement réfléchi avant d'ouvrir la bouche.

Alors que de nombreux souverainistes dénoncent cette idée, dont Gérald Larose, Yves Michaud et Victor Lévy-Beaulieu, un de ses députés est venu à sa recousse aujourd'hui. Sylvain Simard, qui a déjà été ministre de l'Éducation, croit qu'il «faut qu'il y ait à quelques occasions dans un cursus scolaire, à la fin du primaire et du secondaire, des moments où on apprend vraiment une langue.» Ouf! M. Simard mentionne aussi qu'actuellement, bien des jeunes finissent leur secondaire sans pouvoir parler anglais. Voilà un constat rassurant d'un individu qui a été le premier responsable de l'éducation au Québec!

Personnellement, on peut parler d'un très mauvais moment pour aborder un tel sujet alors que la ministre Courchesne dévoilait son plan sur l"amélioration du français et encore plus si on pense au fait que l'Office de la langue française tient cachées des études sur la langue de Gilles Vigneault au Québec. Anglais intensif? Encore faut-il avoir les enseignants pour mettre une telle mesure de l'avant!

Mais là ou j'estime que madame Marois dérape, c'est lorsqu'elle écrit:
«Le Québec doit renforcer les critères d'application de la loi 101, intensifier la protection de notre langue, garantir sa visibilité, s'assurer d'un meilleur apprentissage du français tant pour ceux qui arrivent ici que pour nos propres enfants. C'est un projet de loi qui va exactement dans ce sens que j'ai déposé à l'Assemblée nationale. Car là est notre premier défi. Et notre vraie lutte!
En fait, qu'ai-je dit en parlant de l'apprentissage intensif de l'anglais? Deux choses.
D'abord, et on semble l'oublier, que nos enfants parlent, écrivent et lisent leur langue maternelle avec plus de rigueur.
Comment? En faisant en sorte, de la première à la quatrième année, que ce soit le français qu'ils apprennent, et le français seulement, pour que, avant de savoir les mots d'une autre langue, ils soient capables d'écrire, de lire, d'épeler la leur.
Voilà ce que j'ai d'abord dit.»
Dans la même veine, en entrevue à 98,5, madame Marois indiquait qu'un jeune de cinquième année du primaire maîtrisait suffisamment sa langue maternelle pour vivre une expérience d'immersion en anglais.

Je vais aller vérifier les mesures que le Parti québécois entend mettre de l'avant pour améliorer le français dans nos écoles. Mais je suis sans doigt devant la vision qu'ont certains politiciens de la maîtrise du français de plusieurs de nos élèves. Ça doit être les muffins au pot.

5 commentaires:

L'ensaignant a dit…

Si Mme Marois s'imagine qu'un jeune de cinquième année du primaire maîtrise assez sa langue maternelle pour apprendre l'anglais, je devrai alors apprendre de quelle langue maternelle il s'agit car dans mon coin, les élèves du troisième cycle maîtrisent bien un dialect mais ce n'est pas du français...

bobbiwatson a dit…

Enfin on parle de bilinguisme! Madame Marois vit dans un monde plein d'utopies. Elle décrie le PLQ qui a "imposé" l'enseignement de l'anglais dès la première année. Ceci est une aberration mentale! En plus d'apprendre tout le B-A-BA du français (lire, écrire) on leur impose une deuxième langue! Au lieu d'apprendre à nos jeunes à écrire, et je parle de calligraphie, en trois étapes (script, script attaché et cursif), ne pourrait-on pas se limiter à l'essentiel?
Pour revenir au bilinguisme, c'est vrai qu'il faudrait que nos jeunes du secondaires finissent leur cinquième année "presque bilingues". Mais encore faudrait-il que les profs qui enseignent l'anglais au secondaire aient la formation adéquate!!!! Mes enfants,les trois, ont eu droit, en cinquième secondaire, à un ancien prof de religion qui parlait un peu anglais, comme PROF D'ANGLAIS. Ils ne sont pas bilingues mais sont de très bons cinéphiles.
Madame Marois, avant de prêcher de grandes vertus, assurez-vous que les ressources existantes sont pertinentes.

Mario Asselin a dit…

D'abord, un gros bravo prof masqué pour les analyses des derniers jours. Je lis avec attention tout ce que vous écrivez ces derniers temps et je peux vous dire que votre carnet est ce qui se publie de plus «hot» (notez le choix «unusual» de mon qualificatif) sur la blogosphère!

Pour ce qui est de ce nouvel épisode politico-pédagogique, il me vient que le Monsieur Simard dont vous parlez est justement celui qui avait eu la brillante idée de «sortir» avec le slogan «un élève, un manuel» au beau milieu de la période la plus «crunchie» de la réforme où les c.p. dans les écoles tentaient de faire en sorte que chacun de nous prend un peu de recul face au matériel pédagogique «traditionnel» utilisé dans les classes. Il possède le sens du «timing» ce politicien, «c'est sûr, c'est sûr»...

Il n'y a pas à dire... «les politiques» nous donnent tout un «show» pédagogique ces jours-ci!

Anonyme a dit…

C'est trop, trop pas juste. Tu m'as piqué mon idée. Tant pis! On va se compléter! Hihihihihi!

Zed

PS Ils parlent bien TEXTO, non?

(Ahhh Prof masqué... Que de choses aurais-je envie de dire et oui tab... les des secrètes, je dois me foutre un velcro sur la gueule. Clochettes. Patène. Manuterge.)

Anonyme a dit…

Tiens!

Je remarque que chez toi, elle n'en avait commandé qu'un...

:D

Isn't she reasonable, sometimes...