14 avril 2008

Cherche, mon Rex!

Le Journal de Montréal y consacre quelques textes (ici, ici et ici): la polyvalente Saint-Jérôme a embauché une firme canine spécialisée dans la détection de drogues.

À différentes occasions au cours de l'année, des chiens pisteurs se promènent donc dans cet établissement scolaire à la recherche de substances illicites. L'opération en soi n'est pas nouvelle. Diverses écoles utilisent déjà depuis quelques années de tels services et TQS en a même parlé l'année dernière. Mais quand la nouvelle fait les pages du Journal, on en parle davantage...

Tout d'abord, il faut savoir à quel point les toutous sniffeux sont efficaces. Pour avoir assisté à une démonstration mettant en présence l'un d'entre eux, on constate rapidement qu'ils peuvent même identifier un élève qui aurait fumé un joint la fin de semaine précédente grâce à l'odeur résiduelle présente sur ses vêtements. Les chiens peuvent également reconnaître la présence de drogues chimiques ou d'armes à feu. De quoi donner froid dans le dos.

Il existe tout un protocole entourant ce type d'opération cinophile. Tout d'abord, les élèves sont rencontrés en début d'année et on leur fait une brève démonstration des capacités olfactives des chiens pisteurs. Par la suite, ils sont avertis de ne pas conserver dans leur casier ou sur eux des drogues. Enfin, on leur indique les conséquences entraînant la possession de stupéfiants à l'école.

Les maîtres pisteurs viennent alors promener occasionnellement leur chien dans l'école sur les heures de cours. Ils peuvent aussi cibler le casier de certains étudiants et même aller en classe renifler l'étui à crayons d'un jeune, par exemple. Bien sûr, dans ce cas précis, les élèves seront alors amenés dans une autre pièce, le temps que pitou fasse son travail. Chez nous, en aucun temps, un élève est reniflé par un chien et le travail de ces chiens se fait à l'abri du regard indiscret des jeunes.

Le maître chien pourra également aller à l'extérieur de l'établissement scolaire puisque certains élèves ont la présence d'esprit de cacher leur stock sur le terrain de leur école ou dans leur voiture.

Toute cette opération sera peu efficace si elle ne comprend qu'un volet répressif. Les jeunes en possession de stupéfiants ou qu'on suspecte de consommer doivent être mis en lien rapidement avec un intervenant spécialisé en toxicomanie. Sinon, l'école perd son temps à les suspendre ou à les expulser. Un jeune qui cesse de consommer a souvent plus d'influence sur ses camarades que celui qu'on suspend. J'en sais quelque chose puisque, une année, trois cas du genre sont arrivés dans une de mes classes.

La consommation de stupéfiants est souvent le signal que le jeune vit un problème majeur à la maison ou dans sa vie personnelle. Il a alors davantage besoin d'aide et d'un soutien professionnel que d'une bête discipline. Je repense à ce grand sosie de Jim Morrisson dans un de mes groupes qui était polytoxicomane à 12 ans. J'ai échangé avec lui mon chandail des Stones contre celui du Bloc Pot qu'il portait chaque semaine. Brillant, charismatique et peut-être mort aujourd'hui.

Un autre danger relié à cette opération est qu'elle ne fasse parfois que déplacer le problème. Elle doit s'inscrire dans une politique plus large de lutte à la consommation de drogues dans une école. Sinon, les jeunes se font livrer à proximité de l'école à l'heure du midi les substances dont ils ont besoin pour continuer leur journée. Le dépanneur, le restaurant du coin fera l'affaire...

Par ailleurs, les enseignants doivent être formés pour reconnaître les signes indiquant qu'un jeune est sous l'effet de substances illicites et intervenir, le cas échéant. L'école et le milieu social environnant doivent également fournir les ressources nécessaires pour traiter les jeunes. Enfin, les parents doivent être mis à contribution et assurer un meilleur encadrement de leur enfant.

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Quand je relis ce texte, je me trouve vieux jeu. Un joint n'a pas fait de mal à personne et qui n'a pas fumé un splif dans sa jeunesse. Sauf qu'aujourd'hui, cette réalité semble bien différente de celle que j'ai connue.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est quoi un splif? Aucune idée... Jamais fumé un joint non plus.

Qu dire des jeunes hommes qui complimentent et séduisent les petites filles à l'école primaire, pendant la récré ou quand les enfants sont dans la cour d'école, les récompensant avec des « bonbons » pour leur « beauté », exigeant ensuite d'être payés en « petite nature ». Les enfants ne font pas le rapport ou ne s'avouent pas le rapport plus ou moins conscient avec la prostitution, ont peur, honte, et ne savent pas à qui parler de tout cela.

Certaines se retrouvent à 12-13 ans danseuses dans des clubs. Populaires à Laval, magnifique ville de centre commerciaux et de danseuses.

L'éducation, l'éducation et encore l'éducation. Mais aussi, des conditions de vie qui donnent la force et l'envie aux parents de communiquer avec leurs enfants, d'en prendre soin, de les aimer.

Ouais... Toute une côte à remonter. Alors, un à un, éduquer les jeunes, les responsabiliser... Seulement punir, comme tu dis, c'est du gaspillage de jeunes, de société.

Je finis sur une note plus légère, disons... Vas-y mon RX et nnnon, tu bouffes pas les muffins!

Zed

bobbiwatson a dit…

Je pense que l'utilisation de ces chiens n'est pas dissuasive. Elle ne fait que déplacer le problème. Au lieu d'être dans les casiers, la drogue sera dehors, à l'extérieur du terrain de l'école, tout en étant facilement accessible à l'heure du midi.

Dans une école il y a des adultes : profs, personnel clérical, etc. Sont-ils visés par le chien sniffeux?

Anonyme a dit…

Je trouve interessant que tu aies dit qu'un jeune ayant cesser de consommer a de l'influence aupres de ses amis. Dans les trois cas qui sont survenus dans ta classe, les ex-consommateurs ont eu de l'influence jusqu'a quel point?

Une femme libre a dit…

Je pense que vous n'êtes pas vieux jeu du tout et ce billet est un de vos meilleurs. L'école n'est pas un lieu pour consommer de la drogue ou de l'alcool. Il ne s'agit pas ici de jugement moral mais de gros bon sens. Pour aider les jeunes consommateurs de drogues, il faut d'abord les reconnaître. Si les bons toutous sont accompagnés d'un protocole sérieux comme vous le mentionnez, leur action risque d'être efficace.

Bulle a dit…

Je me souviens des vistes des chiens policiers quand j'étais au secondaire. Et la peur de se faire "pogner" faisait disparaître certains "regards vagues" pendant quelques semaines.

Je vois aussi les effets de la surconsommation des jeunes... Je suis parfaitement d'accord qu'un joint en situation sociale, c'est pas pire qu'une bière (sauf que j'aime pas la bière). Mais j'ai déjà eu un élève dans un état paranoïaque parce qu'il fumait trop (et il avait des médicaments pour calmer son anxiété... Quand les parents ne connaissent vraiment pas leur jeune...) J'ai même un de mes anciens poteux d'élèves qui me fait du harcèlement téléphonique ces temps si...

C'est certain que les chiens ne sont pas l'entièreté de la solution, mais c'est déjà un pas...

bobbiwatson a dit…

Prof,

Quel est le protocole établi avec la visite des chiens sniffeux?

Le professeur masqué a dit…

Zed: un splif est un pétard qui est lui-même un joint.

Le lien drogue-prostitution est fréquent et certaines gangs de rue semblent bien l'exploiter, semble-t-il.

Bien sûr, la consommation de drogues est un problème social qui dépasse de loin le cadre de l'école. Quant à l'histoire des muffins, personne n'aurait porté plainte, semble-t-il. C'était juste une blague de jeunesse qui a mal tourné.

Bobbi: on déplace le problème, mais on en règle une partie malgré tout.

Le personnel n'est pas visé par les chiens sniffeux. Certains collègues ont d'ailleurs eu peur des visites canines.

Simon: c'est difficile de mesurer sur un laps de temps assez court, mais deux des gamins ont suivi une thérapie et ont travaillé fort avec le responsable de la lutte à la toxicomanie à l'école. Au lieu de s'enfoncer dans leurs problèmes personnels, ils ont su rebondir et en sont ressortis plus forts. Meilleurs résultats scolaires, meilleure apparence physique, meilleure attitude face à la vie. Ils avaient perdu l'étiquette de losers.

Une femme libre: la clé, c'est le protocole d'intervention entourant cette opération et les ressources humaines mises de l'avant pour contrer la toxicomanie. Seulement, comme il est difficile de prouver la rentabilité de telles mesures à court terme, on investit peu dans celles-ci. Certains directeurs veulent des résultats rapides et concrets.

Bulle: je discutais drogue avec un collègue ce matin. Nous sommes venus d'accord sur le fait qu'il y en a toujours eu dans les écoles. C'est davantage la fragilité actuelle des jeunes et le manque de support et d'encadrement qui rendent la situation plus dangereuse.

Anonyme a dit…

Tu vas finir par te demander sur quelle planète je vis. Z

A.B. a dit…

Nous avons un psychoéducateur qui suit les jeunes eux-mêmes référés à l'intervenant en toxico en raison d'une partie de notre clientèle qui est plus problématique. Avez-vous ça à votre école? La répression à l'état pure n'est en effet pas la solution. Ce n'est que le début, en fait. Lorsque le jeune est «pris», tout le travail reste à faire.

Jonathan Livingston a dit…

Bon, à bas la répression!

J'ai déjà vu des jeunes fumer leurs joints devant la fenêtre du salon des profs dans une école, et personne ne bronchait...

Les chiens, j'en parlais à l'époque. Laisser les jeunes se droguer sans intervenir comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, je trouvais cela franchement irresponsable et incompatible avec nos objectifs scolaires.

Je disais à des jeunes hier justement: il est clair que vous faites ou ferez vos expériences comme nous. Le problème est que c'est rendu trop facile et qu'on se lance dans les expériences un peu trop jeune. Évidemment, les enfants clés dans le cou de nos temps manquent de surveillance...

L'avantage des chiens est d'identifier le problème et de quand même le réprimer, ce qui n'est pas un mal. Ça complique la vie des petits trafiquants, c'est déjà ça non? La drogue aussi masque les problèmes, c'est d'ailleurs pourquoi on la tolère souvent aussi: les jeunes se tiennent tranquilles!

Bon, je fais et nous faisons probablement tout notre possible pour bien influencer nos jeunes, mais je ne peux sauver la planète, ni me substituer aux parents et à leurs responsabilités...

Qu'est-ce qu'on a à être si braqué contre la punition? POurquoi avec la drogue ce serait moins important que de mettre un zéro à un jeune qui ne se pointe pas à un examen?

Parler de punition, c'est se révéler un peu notre peur du châtiment pourtant omniprésente pour contrôler nos petites impulsions intérieures... On aime donc se penser si dégagé de tout ça! Pourquoi se lever le matin, un matin de boulot alors qu'on se sent parfaitement crevé? Observez la peur des châtiments en vous qui fait quand même de vous quelqu'un d'utile qui joue son rôle dans la société! Vous maintenez que la punition n'a jamais rien réglé?

Elle n'est pas efficace à 100%, ok on le sait, mais personnellement la peur du châtiment m'a souvent gardé dans le droit chemin, pas vous? Ne m'a pas empêché de prendre celui de l'expérimentation et même d'une certaine déviance nécessaire à certains moments de ma vie..., pas vous?

Et une punition, c'était certes désagréable, mais j'ai souvent pris un moment pour réfléchir et bien intégrer l'exigence parentale ou sociétale...

Personne n'en meurt...

Le goéland est franchement tanné de relire cette phrase: punir ne règle pas le problème. Le goéland n'aime pas plus qu'il faut les perroquets!

Il a pris quelques coups de bec et a intégré le respect des distances efficacement...

Je ne me considère pas vieux jeu, j'évite seulement de succomber à la nostalgie!