16 mai 2008

Absentéisme scolaire et directions d'école

Ce matin, dans La Presse, un article intéressant sur l'absentéisme scolaire. On explique comment nos élèves peuvent parfois sécher les cours sans difficulté, comment la France et l'Angleterre vivent ce problème et surtout comment la DPJ, légalement concernée par cette situation, ne fait pas grand-chose.

En fait, au départ, les problèmes d'absentéisme sont souvent le résultat d'un mode de gestion et de philosophie d'une école. Ils sont aussi très révélateurs de comment une direction gère ses rapports avec les enseignants et les parents. Je m'explique avec un exemple tiré du vécu d'un collègue.

Il y a trois ans, la direction de son école a été remplacée par un gestionnaire plus cool et officiellement plus décentralisateur. Celui-ci a alors aboli le suivi scolaire pour demander aux enseignants de gérer eux-mêmes les retards et les absences de leurs élèves. Le suivi scolaire, pour les ceuses qui sont pas habitués aux écoles, c'est un genre de préfet de discipline qui s'assure de superviser les retards, les absences et le comportement général des élèves. Dans le cas qui nous occupe, il s'agissait d'un enseignant dont la libération était payée à même les enseignants qui acceptaient de faire davantage de périodes d'enseignement que le prévoit la norme du 24,4 périodes par tâche.

Résultat: on soupçonne que l'absentéisme a monté en flèche depuis ce changement, entre autres, parce que ce ne sont pas tous les collègues qui ont la même conscience professionnelle. Pour les retards, les élèves ont pris de mauvais plis ou se sont ajustés selon le degré de sévérité des profs. Enfin, on a découvert que bien des élèves ne faisaient pas leurs remises de temps sans qu'il n'y ait de conséquence à ce manquement. En décentralisant le suivi scolaire et en ne s'assurant pas de la coordination et du travail des enseignants, on a réussi à nuire à un système qui fonctionnait, sommes toutes, bien mieux.

Certains enseignants de cette école ont alors demandé à avoir las chiffres concernant les absences et les retards à la direction concernée. Croyez-vous qu'elle fut assez folle pour se tirer dans le pied? Les chiffres ne sont jamais venus. C'est là qu'on aborde le volet politique de mon billet.

Une direction d'école occupe un poste politique. Elle a des intérêts à servir, dont les siens. Généralement, une direction ne reste pas assez longtemps dans une même école pour qu'elle soit imputable de quoi que ce soit. Elle a donc le beau jeu d'inventer moult prétextes. Elle peut aussi retenir de l'information ou ne pas aborder certains points en CE, par exemple. J'ai assez d'expérience sur cette instance pour en témoigner.

Aussi, dans tout le débat entourant le projet de loi de la ministre Courchesne sur la démocratie scolaire, je repense à cette situation quand j'entends des gens réclamer davantage de pouvoirs pour les directions d'école. Je repense aussi à certaines réactions que j'ai entendues quant au plan sur la qualité du français, dont celle-ci qui est fort révélatrice : «La ministre peut dire ce qu'elle veut. Je suis dans mon école.»

4 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Le suivi scolaire est hyper important dans une école secondaire, surtout si c'est une grosse école. Cela permet d'attraper les retardaires chroniques et les absents réguliers. Cela permet aussi de corriger une absence quand, exemple, un prof s'est trompé d'élève dans son pointage des absences : ce qui est humainement possible, deux fois plutôt qu'une.
La ministre est habitée de "plein" de belles idées ... mais il y en a peut-être trop. Allez donc savoir si ses guides sont neutres dans leurs approches!!!!!

Anonyme a dit…

Le boulot de l'enseignant devrait au maximum être de l'enseignement. En France, par exemple, il y a un système secondaire (des surveillants ou pions) qui assure les suivis.

Aujourd'hui un peu partout, on demande au profs d'enregistrer les retards et les absences. Alors que l'information est centralisée, le prof doit lui-même gérer la sanction des retards: organiser une retenue, etc. Et débordé par milles autres détails, ils arrivent qu'on ne puisse assurer un suivi constant.

Il est aberrant qu'on demande à tous de régler la discipline quand on sait qu'un système peut sortir tous les noms des jeunes en fautes et qu'on peut mettre quelqu'un pour gérer tout cela. On a d'autres chats à fouetter!

Le système en vogue maintenant, c'est une directrice et son TS qui donnent mille chance à des petits cons de nous faire suer pendant des années, qui ont peur des parents et des scandales. Et un bureau de ts c'est souvent vide et un ts est souvent en ce cas sur son ordi... alors que des jeunes se promènent dans le corridor...

L'école manque de poigne. En plus, il faut faire tourner des projets sur notre nez et des syndicats à la noix ont signé leur accord à cette aberration qui abonde avec l'idée que d'ordinaires jeunes peuvent significativement collaborer à leur projet d'apprendre dans des classes à 30 au secondaire avec la souple supervision d'un accompagnateur pédagogique....

Jo

unautreprof a dit…

L'absentéisme est très poblèmatique dans mon milieu, le problème est surtout que les parents motivent facilement les absences ou même, ne nous donnent aucune nouvelle.

Malgré que la DPJ puisse agir dans certains cas, il faut tout un dossier. Pourtant, c'est principalement une entrave au bon développement académique d'un élève quand il manque 1 ou 2 jours par semaine.

Juste dans ma classe, j'ai 2 élèves qui manquent environ 1 jour sur 4, tout comme j'en ai 2 autres qui manquent 1 jour sur 7-8. Ce n'était pas le cas avant Noel, mais depuis, vous savez, on approche de la fin d'année et on joue au bingo au lieu de travailler, n'est-ce pas?

Le professeur masqué a dit…

Bobbi: oui, mais on refile aux profs. On délègue. On décentralise...

Jo: des propos un peu corrosifs mais empreints d'une vérité certaine. Ce sont les conditions de travail au quotidien qui tuent les profs.

Un autre: et tu crois sérieusement que la DPJ a le temps et les ressources pour t'occuper de tout cela.