La Presse pose la question des lectures scolaires de nos jeunes (ici, ici et ici) Et, comme c'est souvent l'habitude quand on aborde ce sujet, elle le fait maladroitement avec un certain intellectualisme ou un esprit bourgeois qui me fait grincer les dents. Kafka ou Twilight?
Pourquoi opposer un auteur (Kafka) à une oeuvre (Twilight)? Stephanie Meyers a un nom, à ce que je sache! Ensuite, pourquoi, dans cette opposition littéraire classique versus populaire, avoir choisi Kafka? Qui a lu du Kafka? Pas La métamorphose, récit digérable parce que court. Non, je parle du Procès ou encore du Château.
Est-ce qu'un auteur connu et reconnu est garant d'un bon livre? Si vous avez du temps à perdre, allez lire La Femme de trente ans. Une vraie merde digne des romans Harlequin. Mais comme c'est un certain Balzac qui l'a écrite... Il a un nom, lui. Même qu'il lui a rajouté une particule... Ou encore, tiens, La mare au diable de George Sand. Une femme avec un prénom masculin. C'est gagnant à notre époque de sexualité trouble. Non?
Dans cette veine, pourquoi ne pas imposer la collection Librio, qui offre des oeuvres d'auteurs classiques à un coût raisonnable? Pourtant, à l'exception de quelques titres, on nage dans l'indigeste le plus complet.
Dans ce texte d'Ariane Lacourisère, certains suggèrent une liste de lectures obligatoires. De grâce, épargnez-moi de cette intrusion des bien-pensants dans nos classes! Un enseignant doit choisir les livres qu'il connait, qu'il peut vendre aux élèves.
Un prof du secondaire affirme: «Je pense qu'il faut lire Émile Zola avant la fin du secondaire, mais je préfère qu'on ne m'impose pas de titre.» Zola... peut-être en cinquième et encore! Qu'on ne s'y trompe pas: j'ai adoré Zola. Je fais partie des rares fous qui ont lu l'intégrale des Rougons-Macquart. Sauf que Zola au secondaire...
Une autre suggère que «le gouvernement choisisse des auteurs, des courants littéraires et des époques obligatoires en fonction des différents degrés du secondaire.» Désolé, madame, vous vous êtes trompée de niveau d'enseignement. C'est au cégep que vous devriez aller enseigner. Ah oui! j'oubliais que vous enseigniez au collège privé Villa-Maria... Le programme d'éducation international au secondaire adopte cette approche et je vous dirai que lire Chrétien de Troyes est un calvaire pour eux et ce, même s'il s'agit d'une histoire de chevaliers.
Une liste de lecture entrainerait la guerre entre les maisons d'édition. Et ce serait uniquement une chicane de fric. Pas de culture. Pas de littérature. Choisir un Bruno Hébert (C'est pas moi, je le jure! - un petit bijou d'écriture et d'humour) signifierait davantage de redevances pour cet auteur que si on choisissait un Laberge (Laberge! Au secondaire! Avec des gars de 16 ans full testostérone... Brrrrr!)
Et puis, il y aurait aussi le lobby des maisons d'édition québécoises qui exigerait un plus grand pourcentage d'oeuvres d'ici. On ne parle plus de culture, mais de politique et de fric en oubliant l'essentiel: au secondaire, un prof doit donner le goût de la lecture aux jeunes, la fierté d'avoir lu une oeuvre et des habiletés de bien la comprendre et d'en voir la richesse.
Qu'un élève lise Stephanie Meyers, je m'en moque. Il a lu. Et en plus, un gros livre avec plein de pages. C'est peut-être son premier livre. Et sûrement pas son dernier. Alors, pourquoi dénigrer son choix?
Qu'un élève lise Les Misérables en première secondaire sur une base personnellle, je m'en moque. Il a lu. Un gros livre avec plein de pages. Il n'en a pas compris la moitié. Puis, après? Vous comprenez tout dans la vie, vous? Non, et on ne vous demandez pas d'arrêtez de vivre!
Vous savez quand j'ai véritablement l'impression de montrer à lire à mes élèves? Quand nous lisons de la poésie. Je commence par la réciter, la déclamer, la chanter. Et puis, ils doivent m'expliquer une oeuvre poétique souvent aussi courte qu'un sonnet. Un travail d'une quinzaine d'heures. Une présentation d'au moins quinze minutes. Ils doivent aller chercher les mots, lire, relire, en comprendre le sens.
Actuellement, j'enseigne les figures de style à mes jeunes de douze ans. De la matière de cégep. On s'amuse. On rigole. On joue avec les mots, avec leurs sens et leur sonorité, avec leur pouvoir évocateur.
Et vous savez quoi? Je n'aime pas la poésie. Mais j'aime les mots.
Par ailleurs, nous travaillons actuellement un roman jeunesse très banal. En équipe. Un thème par équipe. Ils ont tous lu le bouquin obligatoire, pour ne pas avoir l'air poche devant les autres quand ils se réunissent. Et ils sont tous en train de le relire, ce qu'ils ont rarement fait avec un livre dans leur vie. Pour constater ce qu'ils n'ont pas lu, mais seulement vu avec les yeux. Et ils présenteront à la classe leur thème pour lui montrer ce que leur regard aiguisé a trouvé et pour surtout lui montré ce qu'elle n'a pas lu, elle aussi. Les détails. Insignifiants. Qui construisent souvent un récit.
J'ai une bibliothèque de classe. C'est un choix personnel. Parfois chiant à gérer. Les jeunes - pas toujours les mêmes - vont y piger un bouquin à l'occasion. Il y a des beaux livres, des romans, des documentaires, des livres objets, des livres jouets. Même des guides de l'auto! Je me fous de ce qu'ils lisent. Ils lisent. J'ai fourgué un Christian Jacq à une maniaque de l'Égypte et elle le dévore actuellement. Christian Jacq. Un incontournable quand tu es passionnée par l'Égypte. Pas un banal Anne Rice et La Momie. Je l'ai connu par hasard, Christian Jacq. En fait, c'est faux. Je l'ai connu parce que mon entourage aime lire.
Et vous savez quoi? Combien de profs de français au secondaire aiment les mots? les détails? Combien ont lu des romans cette année?
Alors, avant de parle de listes d'ouvrages obligatoires pour nos jeunes, faites-en une pour leur prof et montrez-leur à lire s'ils n'aiment pas cela. Ça urge!
19 commentaires:
Et dire qu'on prof ose dire dans cet article: "Les profs de français sont fous de lecture par définition." Je serais surprise de faire un sondage auprès des profs de français en général et de voir combien sont des lecteurs. On serait très surpris je pense! Et si on leur demandait leurs choix de lectures la surprise serait probablement encore plus grande.
J'aime bien ton dernier paragraphe: il est tellement vrai.
"Alors, avant de parler de listes d'ouvrages obligatoires pour nos jeunes, faites-en une pour leur prof et montrez-leur à lire. Ça urge!"
Bien d'accord avec toi au sujet de la lecture: imposer des titres, des auteurs ne règlerait rien et serait d'un ennui total pour les enseignants, qui sont bien capables d'évaluer eux-même la valeur d'une lecture.
Cela dit, la dernière partie de ton billet me rend perplexe. Je suis étonnée de voir à quel point tu dénigres et méprises tes collègues. Tu n'es quand même pas le seul prof qui lit et qui a une certaine culture au secondaire. Pardonne ma franchise, mais je trouve ça un peu mesquin.
Hortensia: crois-moi, ce n'est pas la mesquinerie qui m'animait à la fin de mon billet, mais la désolation. Au secondaire, je connais bien des profs de français qui ne lisent pas ou qui ne lisent plus.
J'ai même eu un collègue qui se vantait de ne jamais avoir lu un livre au complet dans sa vie.
Non, crois-moi. Et j'en suis dévasté.
Billet dense mon cher, que je lis ici lors d'une de mes trop rares visites, faute de temps "grâce à" bébé ;-)
Ce qui m'écoeure le plus royalement dans toute cette saga, c'est la maudite manie de tout uniformiser (Au PEI, tu dois en savoir quelque chose maintenant...)
L'élève qui commence à s'intéresser à la lecture (et Dieu sait que c'est difficile avec certains) n'a surtout pas besoin de se faire imposer un moule... encore un autre.
Alors je te donne raison sur toute la ligne concernant ce dossier de la lecture chez nos élèves.
Je connais une personne qui a commencé à lire vers 14-15 ans... avec un Amos Daragon, puis les 11 autres. Après, elle a lu d'autres séries, etc. Mais au moins, elle lisait et développait son intérêt ! C'est ça qui est le plus important au point de départ. Par la suite, chacun développera ses intérêts, à partir de ce qu'on lui propose, mais jamais avec ce qu'on lui impose, ou très rarement.
Le problème, c'est que la vie en général est éclectique, si on peut dire, mais l'administration, elle, uniformise le plus possible: c'est tellement plus facile à gérer ainsi. *SOUPIR*
Alors on a souvent une pédagogie au service de l'administration, et non l'inverse qui serait supposé primer.
Bravo !! je suis d'accord !!
Et c'est un message qu'on devrait passer au parents aussi...
"Mon enfant ne lit que des BD, c'est désolant !"
1) Mais il lit !
2) Et vous, monsieur parent, lisez-vous ?
-Je n'ai pas le temps, moi, je travaille moi...
Merci, professeur masqué !
Je ne voudrais pas sembler en accord avec le dépôt patronnal qui veut nous rendre imputable de la réussite et de la motivation scolaire de nos élèves, mais je crois quand même que lorsque nous aimons, non pas lire, mais bien, comme tu le dis, les mots, ça aide à la lecture de nos jeunes (dis-je, prof d'une dizaine de dyslexiques).
Des listes? Bof. J'étais une adolescente qui ne faisait que lire et lire et pourtant, lorsque c'était obligatoire, je grinçais des dents. Ça m'a bien sûr permis de lire l'excellent (à mon avis) Étranger de Camus et m'a fait pleurer dans Zone de Marcel Dubé.
Par contre, à 14 ans, Le Colonnel Chabert m'a donné des nausées, à 16 ans, La Peste et l'Assommoir ont été de vrais outils de torture.
Non seulement j'aimais lire, en plus, je lisais rapidement, alors j'avais cet avantage. Pourtant!
J'aime l'idée de la bibliothèque de classe, de la diversité. Je traîne le journal gratuit dans le métro en classe, je vais une fois par mois à la bibliothèque et j'emprunte pour les cocos plein de bouquins : BD, albums, revues, mini-romans. Ma collègue amène même son tvhedbo pour ses élèves en grande difficulté qui aiment lire les résumés de films (accessibles).
Au primaire, on a l'avantage d'avoir des périodes de lecture quotidiennes.
Qu'ils lisent ce qu'ils aiment, d'abord. C'est déjà là un défi.
Excellent billet. J'abonde dans le même sens. Étant moi-même amoureux des mots, ça me désole autant que toi de constater à quel point l'inculture s'immisce dans l'enseignement.
J'aurais un certain nombre de choses à dire à ce sujet de par ma fonction et mon expérience, mais je vais me réserver une petite gêne, histoire de ne pas salir de réputations.
Bref, transmettre le plaisir et le goût de lire devrait passer avant toute autre considération au secondaire.
Je fais présentement mon bac en enseignement du français au secondaire, et j'ai fait mon cégep en littérature. Je m'attendais, en entrant au cégep, à me retrouver dans une classe de fous de bouquins qui se promeneraient en permanence avec Hugo, Balzac, Nelligan et Corneille sous le bras. Étrangement, mon espérance a été déçue. J'espérais discuter littérature avec mes «nouveaux amis» et je me suis retrouvée à leur faire découvrir ce que j'avais lu, sans qu'il n'y ait de retour. J'ai entendu plusieurs «je n'aime pas lire», «c'est trop long ce roman, on perd notre temps» et «à quoi ça sert de savoir ça?»
À mon arrivée à l'université en septembre dernier, j'avais un maigre espoir de rencontrer quelqu'un avec un livre (ça amorce tellement bien une conversation pour rencontrer les gens!). J'en ai croisé un. Qui lisait un «Science et Vie». Il est devenu mon premier ami universitaire. J'ai la chance d'avoir une belle cohorte qui ne rechigent pas trop sur les nombreuses lectures à faire, mais je suis encore la seule, à ma connaissance, qui prend le temps de lire autre chose que les romans et recueils obligatoires.
Je ne sais pas quel genre de collègues nous serons, ma cohorte et moi, pour les autres enseignants de français, déjà présents. Cependant, j'ai peur d'arriver avec trop, ou trop peu, de lecture dans la tête. J'ai peur de ne pas être au même niveau que mes collègues.
Franchement, j'ai peur pour les livres et pour la langue. C'est en lisant qu'on apprend sa langue, semble-t-il...
Effectivement, il est complètement naïf de croire que tous les professeurs de français du secondaire lisent... J'ai moi-même connu des collègues qui avaient peu lu au cours de leur vie ou qui ne lisaient tout simplement pas. Étrange, me direz-vous, mais tout de même réel!
Il est tout aussi naïf de penser que nos élèves vont lire les grands classiques de la littérature au cours de leur formation au secondaire.
Soyons honnêtes! Selon des statistiques personnelles qui n'ont absolument rien de scientifique, je dirais qu'un élève sur quatre ne termine pas le roman qu'ils doivent lire au cours d'une étape. Certains élèves de cinquième secondaire m'avouent même candidement qu'ils n'ont jamais terminé un livre au complet au cours des quatre années précédentes.
Il s'agit peut-être de nivellement vers le bas, mais je préfère voir mes élèves terminer un roman policier et s'y intéresser plutôt que de lire 28 pages d'Eugénie Grandet ou Bonheur d'occasion puis l'abandonner!
Encore là, tristement, l'élite intellectuelle et journalistique est souvent déconnectée de la réalité de nos classes et de nos jeunes et elle croit que rien de valable n’a été publié depuis qu'elle a quitté les bancs d'école (lire la chronique de Rima Elkouri sur Cyberpresse: http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/rima-elkouri/201001/30/01-944662-non-a-la-malbouffe-culturelle-a-lecole.php).
Et il en est de même en mathématique. Combien de profs de maths au secondaire n'aiment pas les mathématiques, en ont peur ? C'est désolant.
Heureusement, il existe des perles.
Sylvain: l'uniformité tue, tu as raison. Et je retiens cette belle phrase: «Alors on a souvent une pédagogie au service de l'administration, et non l'inverse qui serait supposé primer.»
Future prof: un conseil de «vieux»: si tu as plaisir à lire, donne cette passion par ton exemple aux jeunes. Ils me voient souvent un livre à la main. Ils savent que je lirai peu de littérature jeunesse ou de trucs qui les accrochent (je ne joue pas à faire semblant pour être cool) mais, malgré le fait qu'on ne partage pas les mêmes livres, on partage la même passion.
Autre prof: dès qu'un livre devient obligatoire, il perd de son cachet. Je retiens cette phrase: «Qu'ils lisent ce qu'ils aiment, d'abord. C'est déjà là un défi.» Souvent, notre travail est de trouver ce qu'ils aiment.
Barbare: ton devoir de réserve m'emmerde parfois... mais je le respecte!
Dépendante: je te rassure: c'était la même chose il y a vingt ans. Et arrête d'avoir peur. Tu en clenches déjà un tas! Continue à avoir du plaisir!
Charles Samares: je partage votre point de vue et je vais lire le texte de madame Elkouri de ce clic.
Partant du fait qu'il nous est impossible de tout lire... de tout savoir on peut s'accrocher à la simple idée de lire.
Juste ça... c'est beaucoup. Lire, pour moi, c'est tomber dans mon imaginaire et Dieu sait que j'en ai besoin.
Lire pour la culture... Boff j'en ai rien à cirer. Je n'ai pas lu le dernier Laferrière, cela fait-il de moi une inculte. Non, je ne crois pas.
Et vos étudiants... pourquoi ne pas leur faire lire des blogues
:-)
Prof... promis que je vais venir vous voir plus souvent....
J'ai passé tout droit aux commentaires, pas le temps ce soir...Mais j'ai remarqué que plusieurs enseignants spécifient bien qu'ils sont enseignants au secondaire et qu'un prof du secondaire blablabla. Je ne sais pas pourquoi cette distinction...m'enfin. Bref, je disais que ça avait l'air intéressant mais, je manque de temps.
Pour cette raison, je lis moins qu'avant. J'ai pourtant lu beaucoup et depuis un très jeune âge, bien avant la maternelle en fait et j'ai adoré ce monde imaginaire qui m'a procuré des émotions incroyables.
Maintenant je suis dans un bout de vie où tout est plus fébrile, plus mouvant, ce qui fait que même lorsque j'ai du temps, je n'arrive plus à m'arrêter d'agir. Mais ça ne m'inquiète pas, la farniente littéraire reviendra bien un jour. En attendant je lis en classe, à vos futurs élèves, vous prof du secondaire et ma foi, ils adorent ça.
Les livres à moins de 10$ tel que recommandé par la règle (au fait, elle vient d'où cette règle) n'existent qu'en Libio, Folio 2 et 3 euros, Pocket 1 euro 50 et Petits classiques Larousse: ils ont tous des oeuvres européennes.
Les oeuvres québécoises on les retrouve où? Le compact chez Boréal et chez Québec-Amérique est à 12.95$.
Donc ?
Encore une fois la réalité et les règles émises ne correspondent pas. Vive le MELS?
Juliette: tu es toujours la bienvenue! Des blogues? J'y avais pensé, mais pas le mien!
Bibco: je suis convaincu que les jeunes adorent qu'on leur fasse la lecture. Je le faisais en cinquième secondaire. ils adoraient!
Bobbi: aucune idée d'ou vient cette règle. Je crois qu'elle n'existe même pas, à vrai dire! C'est plus la présidente de l'AQPF qui me semble dans le champ.
Inculquer le goût de la lecture chez les élèves du secondaire, un vieux débat... Il y a un problème que les articles de La Presse ne soulèvent pas.
Certains professeurs (ceux que j'ai excepté celui en secondaire 4) de français au secondaire n'arrêtent pas d'infantiliser les élèves. Tant qu'à vouloir les faire lire, pourquoi ne pas leur mettre entre les mains des oeuvres acclamées et divertissantes? Mais non! Face à des élèves voulant lire du Patrick Senécal, bon nombre de professeurs disent que c'est trop violent pour leur âge. Franchement, ma professeure de français en secondaire 5 était surprise qu'aucune personne dans ma classe ne lit la courte échelle. En plus, un collègue (d'une autre école) de mon professeur de français en secondaire 4 s'est apparemment fait brassé par la direction de son école pour avoir fait lire à ses élèves un roman d'Agota Kristof. Franchement, va-t-on arrêter de prendre nos élèves du secondaire pour des innocents profonds?
Pour ce qui est de l'uniformisation, est-ce vraiment nécessaire? C'est comme si on disait aux professeurs qu'on ne leur fait pas confiance pour transmettre les connaissances sur la littérature.
Partant du principe qu'il vaut mieux lire des BD et la pinte de lait plutôt que de ne rien lire est un point. Mais il ne faut pas lire n'importe quoi pour autant.
L'article de La Presse contient trop de points pour faire l'objet d'un seul article. La Presse est spécialiste des articles étalés sur plusieurs journées: voilà un sujet qui aurait mérité d'être étudié en profondeur et qui aurait mérité qu'on interroge des enseignant(e)s d'écoles secondaires de différents milieux: Villa Maria et Pointe-Saint-Charles c'est bien beau mais entre les deux quelle est leur réalité?
J'avais commencé à vous répondre, Prof masqué. Puis mon texte est devenu touffu, trop long. Finalement, ma réponse est devenue une lettre ouverte écrite en duo que vous pouvez lire à la page A21 de La Presse d'aujourd'hui (2 février).
J'ai une anecdote à vous raconter.
Il y a 6 ans une enseignante (qui a insisté pour me dire qu'elle était enseignante!) a demandé à me voir dans ma librairie. Elle était avec sa fille de six ans et me disait que cette dernière avait été évaluée en lecture et qu'elle lisait comme un(e) enfant de quatrième année. La petite a six ans: je suggère donc des albums pour cette catégorie d'âge. La mère insiste pour avoir un "roman" en me répétant sont leitmotiv: ma fille .....
Je lui conseille donc une série de romans accessibles à des enfants de deuxième année.
La mère, offusquée, ne cesse de me répéter le même leitmotiv: ma fille a été évaluée ......
Finalement, avant de perdre patience, j'ai dit à l'enseignante: "Madame, si vous voulez que votre fille lise des mots je ne vous ferai pas dépenser votre argent impunément. Abonnez-la à La Presse et cela ne vous coûtera que 5$ par semaine".
Chère Lia, voilà le genre d'enfants auxquels vous êtes confrontés. Il y un manque de culture mais pas nécessairement un manque de vocabulaire ni de persévérance mais SURTOUT, une mauvaise évaluation de la capacité de ces jeunes.
Et comme les profs du primaire n'ont pas le temps (ni les connaissances nécessaires) de leur inculquer une "certaine culture" alors qu'au secondaire ......... Je pense que peu de profs (sauf PM) on la chance d'avoir une bibliothèque de classe garnie régulièrement (par ...).
C'est bien beau de dire que les jeunes peuvent lire Twilight en cinquième, sixième années et en première secondaire, alors que cette série est classée 15 ans et plus par l'éditeur.
Personnellement je pense que lire des mots pour lire des mots ne donne rien. Que les jeunes lisent La Presse, Le Devoir, Journal de Montréal, Frontenac.com: en plus de lire des mots ils seront au moins au courant de l'actualité.
J'ai souvent eu cette discussion avec mon meilleur ami: à vous de trancher ou de voir.
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