30 janvier 2011

Élite en éducation: un exemple universitaire

Camil Bouchard est quelqu'un de bien connu dans le domaine de l'éducation. Ancien député péquiste du comté de Vachon et père du rapport Un Québec fou de ses enfants, il accordait une entrevue à Isabelle Maréchal sur les ondes du 98,5 FM à propos du bulletin unique le 19 janvier dernier.

Les propos de ce professeur associé à l'UQAM montrent un homme souvent lucide sur l'état actuel du système scolaire québécois mais parfois aveuglé par une idéologie qui guide ses actions depuis... des années et des années.

Sur la réforme

Tout d'abord, M. Bouchard me fait sourciller lorsqu'il déclare : «On continue de se servir d'une espèce d'inconfort avec le bulletin chez les profs pour faire le procès de la réforme.» Il est vrai que la FAE tente de faire indirectement ce qu'elle ne peut pas faire directement en s'attaquant au bulletin pour viser la réforme. Mais affirmer que les enseignants sont «inconfortables» avec le bulletin actuel est un euphémisme, une grossière négation pour cacher que c'est bien l'ensemble de la réforme qui irrite encore bon nombre d'entre eux.

Il est d'ailleurs ironique d'entendre M. Bouchard féliciter les profs pour avoir réussi à assurer un enseignement de qualité auprès des élèves: «Pour ceux qui sont à l'école, avec les ratés qu'on a attribués à la réforme, bien bravo aux profs parce qu'ils se sont démerdés là-dedans avec un manque souvent de préparation, un manque de formation, un manque de matériel même au départ de la réforme.»

Ironique donc, parce qu'il emploie les termes «ratés qu'on a attribuées» comme s'il voulait se distancer ou minimiser ces critiques à l'égard du Renouveau. Ironique aussi parce que ce spécialiste en éducation, je vous le rappelle, ne semble pas savoir que le matériel a manqué jusqu'à la cinquième secondaire. On est loin du départ... Ironique enfin parce que je ne l'ai jamais entendu souligner ces faits lorsqu'il était député.

Pour lui, s'il y a eu des ratés dans l'application de la réforme, les fondements de celle-ci n'ont pas à être remis en question: «J'aimerais qu'on arrête d'en parler (du bulletin) pour un petit bout de temps parce qu'on est en train, je crois, de faire toujours dévier le débat à propos des bulletins sur la réforme alors qu'on a des succès avec la réforme.» Des succès? Vraiment?

Ainsi, il est consternant d'entendre M. Bouchard utiliser les derniers résultats des élèves québécois aux tests PISA pour appuyer la réforme. Or, on le sait, ce que montrent clairement ces tests, c'est que nos élèves stagnent ou régressent alors que le Renouveau pédagogique devait améliorer les choses et réduire le décrochage! Combien d'énergie et de centaines de millions de dollars dépensées en pure perte.

En ce qui concerne l'inefficacité de la réforme quant au décrochage, M. Bouchard en est conscient: «Là où la réforme nous a déçus, et on a encore de gros, gros, gros, gros efforts à faire, c'est sur le décrochage.» Déçus? Vous voulez rire: on a chambardé tout le réseau de l'éducation pour arriver à des résultats similaires!

Sur les connaissances

Dans la même veine de vision partielle de la réalité, M. Bouchard se fait l'écho de certains poncifs en déclarant: «Vous demandez à n'importe quel prof commet il évalue les compétences, tout le monde va vous dire, madame Maréchal, c'est impossible d'évaluer une compétence sans évaluer les connaissances.»

Il est affligeant d'entendre un homme de sa stature intellectuelle émettre une telle affirmation. Premièrement, M. Bouchard semble présumer de la réponse de dizaines de milliers d'enseignants au Québec. Deuxièmement, M. Bouchard répète une ânerie dont il ne semble pas vouloir comprendre la bêtise: les situations d'évaluation des apprentissages que corrigent actuellement les enseignants mesurent des compétences mobilisant un nombre souvent restreint de connaissances. Point à la ligne. Alors, qu'il arrête de répéter ce mantra en espérant qu'il devienne réalité. Cette phrase est une demi-vérité, pour ne pas dire un mensonge éhonté, quand on a un peu de capacité intellectuelle et d'analyse.

En français, par exemple, avec les grilles d'évaluation que doivent appliquer les enseignants, il est possible pour un élève de réussir une situation d'écriture et de faire une faute aux 15 mots. Méchante mobilisation de connaissances grammaticales, surtout quand on sait que le jeune a droit à un dictionnaire et une grammaire! De même, en univers social, les évaluations sont devenues des tests de lecture et d'écriture où l'élève n'a rien à étudier puisqu'il complétera son évaluation à partir de courts textes qu'on lui fournira. Même mes élèves le disent: «Ça ne sert à rien d'écouter pendant le cours: l'examen se fait tout seul.»

Enfin, c'est un peu bitch, mais je tiens à souligner à quel point nos élites en éducation ont la vie dure. M. Bouchard a démissionné de son poste de député provincial en plein mandat sans aucune pénalité parce qu'il ne sentait plus qu'il pouvait faire une différence. Il a ainsi entrainé la tenue d'une élection partielle qui a coûté 500 000$ aux contribuables. Ajoutons qu'il a quitté volontairement l'Assemblée nationale en bénéficiant d'une prime de départ de 100 000$ et une pension de retraite alors qu'un emploi l'attendait à l’UQAM. Pas si mal.

Après la Tunisie, c'est l'Égypte. Le Québec attendra, on dirait.

24 commentaires:

David D'Arrisso a dit…

On a les "élites" qu'on mérite monsieur Masqué. Prenez un sans solde, mettez votre face sur une pancarte, faites-vous élire et essayez de changer les choses. C'est un peu plus engageant que de pleurnicher sur un blogue, anonyme ou non!

M. Bouchard a cru qu'il pouvait le faire, et, à la lumière de son propre jugement, n'a pas réussi à la hauteur de ses espérances. Pouvez-vous en dire autant? Le Québec attendra, comme vous le dites, mais à qui la faute?

Je crois que votre dernier paragraphe, de type Jounal de Mourial (la feuille de chou de la Ligue des contribuables), était de trop. Il témoigne du cynisme politique ambiant qui fait fuir les candidatures intéressantes (i.e. des individus qui ont fait autre chose que de la politique dans leur vie) dans les partis politiques centristes et laisse place au vide sidéral des politiciens professionnels.

Le professeur masqué a dit…

M. D'arrisso: Quand on cite mot à mot Josée Bouchard de la FQCS, c'est un indice de quelque chose, vous savez. Il est remarquable que vous n'ayez aucun commentaire sur les arguments de M. Bouchard ou les miens.

Quant au dernier paragraphe, il est amplement justifié dans la mesure où nos élites semblent avoir perdu des repères moraux et éthiques importants.

Et si pour critiquer, il faut être élu, pourquoi ne pas vous présenter vous-même? :)

Anonyme a dit…

Je n'ai pas entendu la conversation mais si je me fie à vous, c'est effectivement consternant... J'aimerais tellement que M. Bouchard puisse lire votre billet... Je persiste à penser que la réforme est encore bien vivante au cœur des gens du MELS et de toute cette «élite» universitaire. J'espère que la FAE va continuer à maintenir une pression sur le gouvernement pour que ce dernier renonce à ses lubies des «compétences sans savoir» et à ses compétences transversales qui ne font que noyer le poisson. C'est bizarre, tout semble mort actuellement dans l'actualité face au nouveau bulletin quand pourtant c'est l'avenir de nos enfants qu'on veut encore bousiller... Quand pourrons-nous «réinculquer» chez nos jeunes l'idée de l'importance de l'effort et du dépassement de soi. (Je suis enseignant de 5e secondaire qui vient de terminer aujourd'hui la correction d'un examen de physique qui ne finit plus de se désoler... les plus forts restent forts et les moyens et faibles dégringolent... résultats d'une réforme manquée)

Le professeur masqué a dit…

M. D'arrisso: tiens, je vais en rajouter une couche!

1- M. Bouchard avait pris un engagement politique et moral en se présentant comme député. Or, il l'a brisé pour des motifs hautement discutables. Et ce n'est pas comme s'il ne connaissait pas la politique et les limites qu'on vit dans l"opposition. Il s'est présenté trois fois dans le comté de Vachon et a quitté à mi-mandat! Qu'il touche une prime de départ est inconcevable dans de telles conditions.

2- Si vous jugez des idées, non pas par leur valeur, mais en les associant à des groupes de votre choix, vous avez un sacré problème. Encore une fois, vous ne commentez pas les idées. Ici, vous les pré-jugez.

3- En blâmant ceux qui dénoncent l'incurie politique actuelle, vous faites le jeu de ceux qui contribuent au cynisme que vous dénoncez. M. Bouchard, par son comportement, a contribué au désabusement politique des Québécois. Il faudrait ne pas le mentionner?

Arrêtez de rester en surface, que diable!

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: «les plus forts restent forts et les moyens et faibles dégringolent... résultats d'une réforme manquée)».

Et dire qu'on a fait cette réforme pour contrer le décrochage et aider les plus faibles....

Steve Bissonnette a dit…

On observe une diminution des résultats même auprès des élèves forts!!!!!!! A ce sujet, une thèse sera disponible bientôt et montre des très effets inquiétants!!!!

http://girofle2.telecom.uqam.ca/calend/calendrier/liste_sdc.php?CodeFORM=29980

Marc St-Pierre a dit…

Cher Masqué,

Il y a dans mon entourage deux groupes de personnes qui crient haut et fort leur opposition au bulletin. Il y ceux, comme le FAE, qui s'indignent parce ça vient confirmer que le renouveau est là pour rester. En face, il y a certains adorateurs perpétuels de la réforme qui déchirent leur chemise parce que le nouveau bulletin vient mettre un gros X sur tous les pas en avant que le renouveau a fait faire au système d'éducation. Du point de vue des gens comme moi qui croient que ce nouveau bulletin est tout à fait viable, ceux que je décris sommairement plus haut, malgré leurs différends, sont des alliés objectifs.

Pour ce qui concerne le commentaire de M. D'Arisso, je pense quand même qu'il touche un point en parlant des p'tits journaux de PKP. Quand dans un même billet vous réussisez à amalgamer le bulletin, les primes de départ des députés et le renversement d'une dictature, vous versez, avouz-le, dans des procédés douteux. Bon votre discours est réthorique. Vous cherchez à convaincre. Or, quand on cherche d'abord à convaincre, le discours qu'on tient devient forcément réducteur et plein de raccourcis. Résultat: beaucoup d'effets, presque plus de fond et pas de proposition. Que des slogans connus, repris ad nauseam tous les jours par les Sébastien Ménard, Richard Martineau et Dutrizac de ce monde. D'où le lien avec les petits journaux à Péladeau.

Je vous aime bien, Masqué,n'en doutez pas.

Le professeur masqué a dit…

M. Bissonnette: vous n'y êtes pas du tout, voyons: les PISA montrent le succès de la réforme... M. Bouchard, qui est un spécialiste de l'éducation reconnu, l'a dit.

M. St-Pierre: en concluant mon texte, j'ai dit que j'étais un peu «bitch»... Mais celui-ci portait sur un membre de nos élites en éducation. J'ai critiqué ses idées et son comportement. Je vois là une certaine ligne directrice... pas nécessairement une ligne certaine.

Le lien avec la dictature est cependant clair à mon avis; il règne actuellement au Québec un groupe d'individus (appelons-les les décideurs) qui agissent sans véritable considération éthique ou morale, sans véritable respect des finances de l'État et des capacités des citoyens à leur payer les privilèges abusifs qu'ils s'octroient. À cet égard, le comportement de M. Bouchard est proprement condamnable, quant à moi. Au même titre que celui de PKP dans certains dossiers économiques ou financiers, par exemple.

Par ailleurs, l'intervention de M. D'Arrisso montre bien que les membres de ce «country club» se protègent et s'appuient mutuellement. Que dit-on d'un prof qui quitte en pleine année scolaire pour des raisons semblables à celles de M. Bouchard? Qu'il manque de professionnalisme.

L'appel au respect de certaines valeurs ne semble susciter aucun écho chez certains décideurs. Ils pillent les fonds publics sans vergogne comme le font les membres des familles de certains dictateurs. Seulement, chez nous, c'est plus subtil...

Jean-Pierre Proulx a dit…

Mettons par hypothèse, que la ministre décrète:

"On met fin à l'ensemble de la réforme. J'annonce que je mets sur pied un groupe de travail pour redéfinir l'ensemble du projet éducatif national au niveau primaire et secondaire"

Mettons qu'elle vous confie la présidence de ce groupe formé majoritairement de personnes du terrain, i.e. des enseignantes et des enseignants.

Quelles orientations et quelles normes nouvelles lui recommanderiez-vous pour remplacer la réforme dorénavant et officiellement morte?

Le professeur masqué a dit…

M. Proulx: Sans vouloir être teigneux, je m'attendais à ce que vous reveniez sur le sujet de l'anonymat où vous avez été indirectement interpellé.

Pour répondre à votre question, une fois qu'on m'aurait confié ce poste (youppie! pas besoin de mettre ma face sur une pancarte), je m'entourerais de gens d'opinions différentes, contrairement à certains organismes gouvernementaux actuels qui ont généralement une unanimité dérangeante. Ensuite, je n'entreprendrais aucune action sans avoir la confirmation que les politiques mises de l'avant par ce groupe soit appuyé financièrement par le gouvernement.

Pour le reste, vous me demandez le contenu d'un prochain livre, monsieur Proulx. Mais chose certaine, je ne serais pas prisonnier d'une seule idéologie et je ne croirais pas aux solutions magiques.

Honnêtement, je crois habituellement plus aux petits pas qu'aux grandes réformes. Mais le problème actuel est l'état de notre réseau qui craque de partout et que la dernière réforme est venait accentuer.

Anyway, comme dirait les Romains, votre question est pertinente et je peux vous assurer que j'y réfléchis activement depuis des mois.

Jean-Pierre Proulx a dit…

Merci,

Je crois qu'il y a méprise. Mon intervention n'a rien à voir avec votre anonymat.

Je suis heureux que vous réfléchissiez à l'après-réforme. On vous lira avec plaisir en temps utile.

Bonne chance!

Le professeur masqué a dit…

M.Proulx: je sais très bien que votre intervention aujourd'hui n'a rien à voir avec l'anonymat. Mais celle concernant le billet du 20 janvier, oui. Et elle a suscité des réactions sur lesquelles vous n'êtes pas revenu.

Jean-Pierre Proulx a dit…

Je n'ai pas cru bon poursuivre le débat puisque vous m'avez disqualifié en m'écrivant que je vivais "dans un autre monde"!

Je crois bien avoir fait le tour de mes arguments et répondu aux arguments.

Que pourrais-je écrire sur ce sujet que je n'ai pas écris déjà?

Le professeur masqué a dit…

Vous reconnaissez donc vivre dans un autre monde que celui où il y a 100 000 façons de faire suer un prof?

David D'Arrisso a dit…

Il est quand même délicieux que vous me reprochiez ma superficialité, vous qui, sans gêne aucune, venez de juger la carrière intellectuelle et politique d'un homme généralement respecté à partir de "clips" tirés d'une entrevue donnée au 98,5, et qui, de surcroît, avez terminé votre tirade par une tentative maladroite de calomnie.

D’ailleurs, dès le départ, vous utilisez un procédé rhétorique déplorable qui consiste à placer dans le même bateau un ensemble d’acteurs dont les idées, les valeurs et les comportements sont parfois à des années lumières. Ayant souvent pour seul tort de ne pas penser comme vous, ils deviennent tous, sans distinction, des « élites » corrompues, aveuglées d’idéologie et assoiffées de pouvoir, que vous, parangon de la vertu et de la raison, débusquez. Que voilà un stratagème rhétorique dangereux qui suinte l’anti-intellectualisme.

Cette intervention de Bouchard n’était pas des plus éclairée, peut-être. Peut-être sous-estime-t-il, le désarroi de plusieurs enseignants vis-à-vis cette saga des bulletins. Mais cette saga, et le désarroi qui en découle, sont nourris par une FAE qui ne sera jamais satisfaite tant que la réforme ne sera pas morte et enterrée. Peu importe le bulletin « unique » que proposera le MELS, il ne sera jamais au goût de la fédération, qui l’a pourtant exigé. Les enseignants devront s’habituer à ces itérations qui sont, à mon avis, davantage à la source de leur exaspération que le contenu du dit bulletin.

Pour ce qui est de PISA, et bien là encore je dois vous l’accorder, il est plus qu’hasardeux de tenter d’associer les résultats de PISA aux conséquences d’une quelconque réforme pédagogique. S’il y a quelque chose que l’on doit retenir de ces résultats, c’est que les orientations pédagogiques des pays semblent avoir peu d’impact sur la performance des élèves, des pays étant aux antipodes en cette matière trônant au sommet du palmarès. Il faudrait voir ailleurs pour trouver des explications (caractère systémique des approches, qualité du corps enseignant, etc.). Cependant, cette tentative est tout aussi risible que le travail de la FAE et d’autres intervenants, qui par tous les moyens, cherchent des mauvaises nouvelles là où il n’y en a pas.

Vous auriez bien pu, prof Masqué, vous contenter de dire que, pour les raisons invoquées, Bouchard était dans le champ dans le cadre de cette entrevue. Mais ce n’était pas suffisant pour vous. Il fallait aller plus loin… Trop loin, comme il vous arrive quelquefois (voir, notamment, votre texte édité sur Louis Cornellier).

David D'Arrisso a dit…

Ainsi, dans votre dernier paragraphe, vous insinuez que Bouchard a eu un comportement répréhensible dans sa sortie de la vie politique. Mais de quoi est-il coupable? Il a démissionné de son poste de député. Est-ce un crime? Il y a des tas d’enseignants qui lâchent l’enseignement présentement, parfois à mi-parcours. A-t-on idée d’en faire des parias? Non, on comprend qu’ils n’étaient pas « fait pour cela » ou, dans d’autres cas, qu’ils ont manqué d’appui dans une tâche souvent impossible. Pourquoi serait-ce différent pour les politiciens? M. Bouchard a-t-il usé de ses contacts politiques pour se trouver un emploi au privé après avoir fait dérèglementer des services à leur avantage, comme d’autres l’ont fait? Non. Il est retourné à son université. Certes, ce faisant, M. Bouchard a bénéficié d’une prime de départ, ce qu’évidemment les enseignants n’ont pas. M. Bouchard est-il coupable de quelque chose ici? A-t-il « volé » l’État? Non. Il a bénéficié de ce qui semble être une mesure en place pour l’ensemble des députés. Cette mesure est-elle inappropriée, indécente? Peut-être! Mais M. Bouchard n’y est pour rien. M. Bouchard est-il responsable des coûts associés à une élection complémentaire. Non. La démocratie coûte cher, mais elle est vitale, contrairement aux calculs comptables de la Ligue des contribuables.

Qui plus, je suis désolé de vous en informer, mais quand on analyse des idées, on s’intéresse également à qui les émet et à l’intention de l’émetteur. Quand nos amis de la Ligue des contribuables déplorent le coût des élections partielles, ils mettent, ce faisant, un prix à ce qui n’en a pas, la démocratie. Que pense la Ligue en ce qui concerne le financement public des partis, du salaire des députés (comme celui des enseignants), de leurs conditions matérielles ? Vous verrez que c’est toujours la même réponse : le moins possible. Qui pensez-vous que cela avantage? Ne vous faites pas d’illusion, ces gens sont prêts à tout privatiser, même leur système démocratique. Et c’est là, beaucoup plus grave que n’importe quelle chicane autour d’un bulletin unique.

Finalement, pour ce qui est du « Country club », je tiens à vous souligner, prof Masqué, que M. Bouchard m’est connu ni d’Ève ni d’Adam. Et avec les 25 000$/an que je grappille à droite et à gauche depuis les 5 dernières années, je n’ai pas les moyens pour le « country club », hormis peut-être celui de l’Inspecteur épingle. Je devrais peut-être aller déneiger des bornes fontaine dans votre coin, ça serait sûrement plus payant que d’aspirer à votre soi-disant « élite éducative ».

Le professeur masqué a dit…

M. D'Arrisso: Quelle défense passionnée de M. Bouchard...

1-Concernant sa démission.
S'apercevoir après deux mandats et demi que l'opposition n'a pas grand pouvoir... même un étudiant de sciences politiques le sait après une session. Argument faible. Et discutable

1- Concernant sa prime de départ.
Allez donc relire mon texte. M. Bouchard n'a enfreint aucune loi. Je parle de considérations morales et éthiques. Mais un départ volontaire qui donne 100 000$ que les députés ont eux-mêmes décidé de se donner, désolé, mais c'est hautement discutable. Il est si facile d'être généreux avec soi-même quand il s'agit de l'argent des autres. On appelle cela s'octroyer des privilèges indus à même les fonds publics, quant à moi.

Vous affirmez que M. Bouchard n'y est pour rien. À vous lire, on dirait une victime! Un chèque, ça se refuse. Et c'est bien là le problème : tous ces décideurs qui estiment que cela leur est dû, que c'est moral de recevoir une prime de départ quand on quitte volontairement un poste dans l'État pour y retourner tout de suite après.

Mais je comprends que l'état des finances publiques et la capacité de payer des Québécois ne vous émeuvent guère. M. Bouchard est un exemple parmi tant d'autres de ces pratiques qui doivent être remises en question. Et on se serait attendu de quelqu'un ayant des convictions comme M. Bouchard d'avoir une petite gêne. Mais le Québec est plein de ces gens qui se foutent de ses enfants.

3- Concernant les coûts d'une élection partielle
Encore une fois, vous tentez de déresponsabiliser M. Bouchard. «. M. Bouchard est-il responsable des coûts associés à une élection complémentaire. Non.» Non, il est seulement responsable de sa tenue pour des raisons contestables. S"il avait dû la payer de sa poche, cette élection, aurait-il laissé son poste? Mais là, c'était facile parce qu'il n'avait rien à assumer. On quitte, on passe à la caisse et c'est tout.

Vous parlez du prix de la démocratie mais on dirait que vous ne réalisez pas ce que des gestes comme ceux de M. Bouchard coutent à la crédibilité de cette même démocratie. Ils alimentent à juste titre le cynisme des électeurs et, dans une moindre mesure, des groupes que vous dénoncez.

À cet égard, je partage peu certaine vues de la Ligue des contribuables, mais la naissance de cet organisme est à la mesure des dépenses et des privilèges que se donnent certains décideurs publics. Et ces derniers, en continuant de toucher leurs chèques, nourrissent un monstre qui va finir par les abattre et menacer les valeurs qu'ils disaient défendre.

Pour ce qui est du «country club», soyez patient: votre cv montre que vous êtes sur le bon chemin. Et le fait que vous n'ayez absolument pas discuté de points essentiels de mon billet aussi.

Anonyme a dit…

Suivons l'exemple de M. Bouchard! On se demandera ensuite pourquoi le Québec est si embourbé.

Steve Bissonnette, Ph.D. a dit…

Ceux qui ont fait la promotion de la réforme essaient par tous les moyens de ne pas perdre la face!

MAIS quels sont les FAITS réels au sujet de cette réforme! Et bien, aucune étude publiée à ce jour a montré un rendement supérieur des élèves actuels comparativement à ceux n'ayant pas connu la réforme! Si la réforme poursuit l'objectif d'améliorer le rendement des élèves, à vous de juger des résultats de celle-ci sur la base des données disponibles à ce jour!

Le professeur masqué a dit…

Enseignement efficace: ce qui m'embête, c'est que le monde de l'éducation est encore divisé en deux et que les partisans d'une certaine réforme, dont les fruits sont à prouver, n'attendent que le départ des Libéraux pour renouer avec une formation politique plus ouverte à leurs idées. L'attentisme...

gillac a dit…

Un des commentaires mentionnant l'effet nivellement des résultats découlant de la réforme m'a rappellé une expérience vécue il y a longtemps comme professeur invité au CEGEP. Après avoir donné le même cours à 2 ou 3 reprises, le directeur des études m,a proposé une expérience d'auto-évaluation des travaux par les élèves. Même si la moyenne des résultats fut la même que les fois précédentes, il n'y a eu aucun échec cette année-là et aucune note supérieure à 85%. Or comme gestionnaire de métier, je n'aurais jamais embauché certains étudiants pour leurs connaissances de la matière enseignée. J'ai compris que l'on venait de faire un pas vers la médiocratie.

Steve Bissonnette a dit…

Petite question?
avez-vous l'intention d'écrire quelque chose sur la réforme??

Jonathan Livingston a dit…

Billet intéressant. J'ai aimé comment vous avez démonté le cliché de l'évaluation des connaissances par celle des compétences avec cet exemple du test d'histoire.

Enfin, drôle de tempête dans un verre d'eau pour votre «bitcherie», alors que j'ai déjà lu, il me semble, plusieurs fois sur ce blogue cette dénonciation du manque de responsabilité des politiciens qui démissionnent et des coûts que cela engendre.

Paul C. a dit…

Wow quelle histoire!

Ce qui est le plus chiant c'est de voir ces adeptes de la réforme prétendre y voir si clair. Voyez cette conférence de C. Lamontagne au sujet de l'enseignement et de l'apprentissage: (http://www.usherbrooke.ca/carrefour/archives/archives-des-conferences/2005/bien-sur-quils-apprennent-mais-enseignons-nous-vraiment/).
Selon son expertise, c'est pas mal plus nébuleux que ne l'afrirment les réformeux.