28 janvier 2011

Non, mais sacrez-moi ça dehors, quelqu'un!

Qui, un jour, va se décider à faire le grand ménage au Québec? Qui scrute véritablement les dépenses de nos roitelets de tout acabit? Les journalistes, à l'occasion. C'est du moins ce qu'on commence à comprendre à la lecture de ce texte.

Travailler pour gagner sa croûte, son entrée, son repas principal, son dessert, son digestif...

Ainsi, on apprend aujourd'hui que la présidente de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, (CSSMI), Paule Fortier, a dépassé la limite du budget d’allocation plus de 40% des fois où elle a pris un repas sur le bras des contribuables depuis mars 2008, soit 80 repas sur 185. En trois ans, madame Fortier a mangé pour 11 290,93 $, soit plus de 4 300$ de plus que ce qui est prévu normalement. Combien représente ce montant par rapport à celui du budget d'épicerie d'une famille québécoise moyenne? Dans la même veine, avez-vous idée de combien de millions de dollars sont ainsi dépensés en frais de restaurant par les commissions scolaires et le MELS? De quoi vous couper l'appétit.

On remarquera également que cette dame a pris grosso modo un repas sur six à nos frais depuis trois ans, jours de vacances inclus. Combien on parie qu'elle ne fait pas de lunch quand elle va au bureau? Dure, dure, la vie de DG.

Quand on indique que Mme Fortier a dépassé le montant prévu pour les repas, il faut savoir que celui-ci est de 10 $ pour un déjeuner, 20 $ pour un dîner et 30 $ pour un souper par personne, des montants somme toute raisonnable à moins qu'on y ajoute de l'alcool, parce qu'il faut savoir que l'État québécois paie le vin et la bière à ses décideurs étatiques.

Par contre, sachez que, comme enseignant et comme tous les autres modestes employés de l'État, je n'ai droit à aucun dépassement et encore moins de demander qu'on me rembourse quelque alcool que ce soit.

Scratch my back, I'm gonna scratch yours

Le plus incroyable dans cette histoire est que tous ces dépassements ont été autorisés par la vice-présidente de cette CS, Johanne Beaulieu, qui elle-même voit ses dépassements de coût de repas autorisés par... Mme Fortier

C’est en effet la vice-présidente, Johanne Beaulieu, qui a le mandat d’autoriser les dépenses de la présidente. Et c’est la présidente qui autorise les dépenses de la vice-présidente. Croyez-vous sérieusement que Mme Beaulieu, qui a fort possiblement été nommée par Mme Fortier, va chipoter sur des factures de restaurant? On est entre membres d'une même équipe de direction.

Le règne du Ni vu ni connu

«Nous pouvons parfois dépasser le montant. C’est autorisé dans certaines circonstances», a expliqué la présidente de la CSSMI. Dans certaines circonstances? Mais c'est véritablement devenu une habitude, oui! Dans 40% des cas, je vous le rappelle.

Et comment réagir quand on constate que Mme Fortier a reçu des reçus d'impôts personnels pour des dons effectués par la commission scolaire. Commentant un cas précis, celle-ci indique: «C’est une erreur en effet, nous allons y remédier. Le reçu n’aurait pas dû être à mon nom.»

Pourquoi a-t-il fallu qu'un journaliste s'intéresse à ce cas précis pour qu'elle se réveille tout à coup? Combien de correctifs de ce genre a-t-elle demandés ou aurait-elle dû demander depuis trois ans?

Les roitelets de l'État

«On ne peut que s’améliorer. On a fait quelques erreurs et nous allons voir comment nous pouvons faire mieux pour la prochaine année», a jovialisé la présidente du CSMI. Quelques erreurs... Faire mieux...

Mais qu'attend-on au gouvernement pour donner le signal que la curée est finie? «Y'a plus de sous dans les coffres», ne cesse-t-on de nous répéter. Il n'y en a pas non plus dans nos classes. Les sous, manifestement, ils semblent plutôt être dans l'estomac de ceux qui n'en ont jamais assez.

Combien on parie qu'il ne se passera rien à la prochaine assemblée des commissaires de cette CS? Platement, je réclamerais rien de mon que sa démission pour mauvaise gestion et je lui apporterais quelques boites à lunch pour l'aider à subvenir à ses besoins alimentaires futurs. Et je demanderais qu'on revoit tout le processus de d'autorisation des dépenses parce qu'il est manifestement vicié.

La Tunisie, je vous dis. Le Québec et la Tunisie, même gestion gouvernementale. Des roitelets qui siphonnent systématiquement nos fonds publics. Et puis non: les Tunisiens, eux, ont compris.

5 commentaires:

Isabelle a dit…

Je veux mentionner qu'il y a quelques restaurants tout près du siège social de la CSSMI : Mikes, resto du Zellers, Dagwoods... tous à distance de marche. :-)

gillac a dit…

Il faut aussi savoir que le plus gros de la gestion d'une commission scolaire relève d'un dg bien payé et à plein temps. Heureusement le conseil des commissaires a décidé de réduire le nombre de ses sièges qui frisaient le ridicule.

Anonyme a dit…

Scandaleux !!!! Quand on pense que nos planchers de classe sont lavés UNE fois par année, faute de budget pour payer le concierge...

Phivern a dit…

« Scratch my back, I'm gonna scratch yours »

Ah, la culture classique n'est plus ce qu'elle était, ni la mécanique.

Latin (plus concis que l'anglais) :

Asinus asinum fricat.

Mécanique :

Renvoi d'ascenseur.

unautreprof a dit…

L'argent dans les écoles, ça n'existe pas. On le cherche.
On le trouve à la CS, au MELS...

Je veux dire, on s'est fait couper les services de soupe gratuite pour nos enfants qui sont défavorisés (on est une école avec un taux 9, si ça te dit quelque chose). Plusieurs profs achètent des collations pour leur jeune, avec leur propre argent.

Mais M. et Mme là-bas eux, se font rembourser leur facture.
Personnellement, je ne veux pas qu'on me rembourse mes repas. J'ai les moyens de me payer à manger. Un repas d'appréciation d'un coût raisonnable (genre traiteur du quartier) une fois ou deux, ici et là, par année, d'accord. Sinon, je suis contente d'être capable de subvenir à mes besoins par le salaire que je gagne. J'en connais la valeur.

Bref. C'est décousu mon truc mais tu me comprends, j'en suis certaine.

Quand les DG et les DGA arrivent à nos écoles avec leurs voitures de luxe, je me dis qu'ils ne sont pas en peine.

Maudit que ça fâche.