15 novembre 2019

PL 40: la supposée autonomie des directions d'école

Un des objectifs du projet de loi 40 modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaire est de conférer plus d'autonomie aux écoles. Quand on rebaptise les commissions scolaires en les appelant maintenant des «centres de services», on s'imagine que ces dernières deviendront de simples fournisseurs de ressources matérielles et humaines mis à la disposition de directions d'écoles fortes et autonomes.

Or, quand on y réfléchit quelques instants, ce n'est pas tout à fait le cas. En effet, qui nommera les directions d'école dans un tel système? qui encadrera réellement leur performance? qui pourra déterminera leur nomination d'une école à une autre? qui sera responsable de leur congédiement, si nécessaire? Réponse; les pseudo centres de services dont les pouvoirs et l'autorité exercée sur les directeurs d'école resteront identiques à ceux de la situation actuelle.

Les CS nommeront donc à la direction de ces supposées écoles plus autonomes des individus qui correspondront au profil managérial qu'ils attendent. Par conséquent, comment peut-on croire qu'un directeur d'école voudra ou même pourra bénéficier d'une marge d'autonomie et d'un marge d'esprit critique suffisant pour remettre en question les pratiques administratives et pédagogiques déterminées par le CS? Qui relève de qui dans une telle organisation?

Il se peut que je saisisse mal toute cette nouvelle dynamique qui se mettra bientôt en branle. Si je comprends très bien l'attitude très «accueillante» des cadres scolaires qui ne voient pas leurs postes menacés, jouiront de pouvoirs plus importants et seront débarrassés des élus scolaires (des emmerdeurs patentés, aux yeux de certains), l'enthousiasme à peine dissimulé des représentants des directions d'école me fait douter de mon analyse. Quels pouvoirs réels ces derniers gagneront-ils?  Y a-t-il des choses que je ne comprenne pas ou qui demeurent cachées pour l'instant?

Chose certaine, le PL 40 est très loin des premières ébauches que la CAQ avait faites en éducation. On se rappellera, par exemple, que MM Roberge et Legault proposait alors de donner un droit d'embauche complet aux directions d'école.







2 commentaires:

Anonyme a dit…

Parfois, pour bien comprendre, il faut penser autrement. Les directions d’école ne se sont pas exprimées. C’est leur association qui exprime une pensée qui n’est pas nécessairement partagée pour tout le monde. Vous êtes membre d’un syndicat, non? Partagez- vous toutes les valeurs qu’il véhicule? Je vous suggère fortement de passer une journée dans les souliers d’une direction d’école. Ainsi, peut-être pourriez-vous cesser de les voir comme des cons qui abusent de leurs pouvoirs afin de détruire le système scolaire par des décisions toutes plus mauvaises les unes que les autres. Quant aux commissaires, il serait interessant de connaître leurs motivations réelles. Selon moi, comme la plupart des directions d’école, ils sont là pour la réussite des élèves. Par contre, ce n’est pas le cas de tous. Parfois, ils ralentissent le groupe. Les directions d’école qui abusent de leurs pouvoirs sont une minorités. Tout comme les mauvais enseignants qui abusent de leur autorité envers les élèves sont une minorité. Ici, le débat est stérile parce qu’on se base uniquement sur ceux qui font mal leur travail. Pendant ce temps, très peu d’entre nous se soucient des enjeux réels. Ironiquement, si tout ce beau monde cessait de tirer la couverture du pouvoir d’un côté et de l’autre, nous pourrions tous unir nos connaissances et nos valeurs et enfin se concentrer sur l’essentiel.
Paola

Le professeur masqué a dit…

1- «Les directions d’école ne se sont pas exprimées. C’est leur association qui exprime une pensée qui n’est pas nécessairement partagée pour tout le monde.» Effectivement, c'est pourquoi j'ai écrit que je ne comprenais pas « l'enthousiasme à peine dissimulé des représentants des directions d'école». Sur le terrain, la réalité me semble bien plus nuancée.
2- Je ne vois pas, dans ce texte, où j'ai parlé des directions d'école comme des «cons». J'en connais de très compétentes. J'en connais malheureusement de moins compétentes.
3- Ce qui m'intéresse davantage ici est la réelle autonomie qu'auront les directions d'école après l'adoption du projet de loi 40.