17 avril 2020

L'éducation: désormais et maintenant

Le réseau de l'éducation n'en peut plus des tergiversations du gouvernement Legault qui remet constamment à demain une évidence: l'année scolaire 2019-2020 est finie. Il n'existe aucune raison pédagogique valable de poursuivre celle-ci. Cessons de perdre un temps précieux à concevoir des plans pour une hypothétique réouverture partielle des écoles qui se traduira par des heures de classe où on fera de la révision aux quelques braves qui se présenteront devant des enseignants apeurés et dont on ne pourra garantir la sécurité. Les recherches commencent à peine à découvrir les effets de ce virus, notamment sur le cerveau. 

Ce temps précieux, perdu par des dizaines de milliers d'enseignants, des milliers de membres du personnel non enseignant et des milliers de directions d'école,  il faut le consacrer dès maintenant à une réalité à laquelle nous serons confrontés pendant des mois, soit celle d'écoles ouvertes ou fermées selon les circonstances éprouvantes que nous pourrions connaitre et qui devront tenir compte des normes de distanciation sociale qu'il faudra appliquer dans des lieux souvent surpeuplés qui n'ont pas été conçus en tenant compte de ces contraintes.

Il aura fallu une crise majeure pour qu'on établisse plusieurs constats très clairs quant à l'école québécoise. Le premier est le réseau actuel est incapable d'offrir une offre à distance digne de ce nom. Oublions les émissions de Télé-Québec et la plateforme École ouverte qui font davantage office de services «occupationnels» que de véritables activités d'apprentissage.  Ni les enseignants ni les élèves du réseau public sont adéquatement formés et équipés pour vivre une telle réalité. Pendant qu'au Québec, on réfléchit à comment corder des jeunes de façon sécuritaire dans un autobus scolaire, l'Ontario achète des tablettes et des ordinateurs par millier pour les élèves qui en ont besoin.

Un deuxième constat très dur et qu'il ne faut pas généraliser à toutes les situations est à l'effet qu'actuellement, bien des jeunes, qui ne vivent pas de situation de détresse particulière, accordent peu ou pas d'importance à l'idée d'apprendre si cela ne se traduit pas en examens et en notes au bulletin. Bien sûr, on les comprend quand aucun nouvel apprentissage n'est prévu et que tous les examens de fin d'année ont été annulés (ce qui était une décision fort légitime). Il s'agit d'un sujet tabou dont on n'ose pas parler dans les médias. Il est bien plus facile de dénigrer les enseignants, de blâmer des directions d'école mais, hormis les cours en ligne des écoles privées, où sont les élèves qui ont envie d'apprendre? Majoritairement au primaire. Plusieurs poursuivent aussi des apprentissages à la maison d'une façon différente, sous la supervision de parents engagés et imaginatifs, mais cette situation ne pourra pas durer éternellement.

On devra se questionner longtemps sur le peu de valeur que ces jeunes, et bien souvent leurs parents, accordent à l'école. Au delà de ceux qui la voient comme la suite logique du CPE pour s'occuper de leurs enfants, on est en droit de se demander ce qu'ils attendent de l'école et surtout de ce qu'ils sont prêts à lui donner et à donner à leurs enfants.

C'est pourquoi le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, doit faire maintenant preuve d'un leadership pédagogique, lui qui a été enseignant pendant 17 années, et expliquer aux Québécois, jeunes comme vieux, que l'école ne peut plus être celle que nous avons connue, que la réalité qui a changé ne peut plus nous permettre de répéter des modèles impossibles à appliquer. Qu'on me comprenne bien: je ne suis pas un fervent de l'enseignement à distance et des technologies que nous vendent ces prophètes illuminés du numérique. Mais une situation nouvelle demande qu'on cesse de tenter de répéter ce qui ne fonctionnera plus.

Il faut consacrer les prochaines semaines et les prochains mois à préparer la rentrée 2020-2021 d'une école qui fonctionnera de façon tout à fait différente. Un modèle hybride qui comportera de l'enseignement à distance et aussi à l'occasion de l'enseignement en classe. Il faut également que l'école se recentre sur les apprentissages essentiels.   Il faut cesser d'attendre et préparer l'avenir au lieu de le subir. Et surtout il faut aussi que chaque Québécois se demande ce qu'il peut faire pour son éducation future ou celle de ses enfants et s'y engage. Répéter le modèle actuel en temps de pandémie n'est pas viable.

(Le texte mis en ligne était originalement un brouillon. Les passages en rouges sont des ajouts matinaux.)

12 commentaires:

Anonyme a dit…

"On devra se questionner longtemps sur le peu de valeur que ces jeunes, et bien souvent leurs parents, accordent à l'école".

Desolé de vous l'apprendre mais ce n'est pas tout le monde qui est en congé pendant le confinement. Chez nous les deux parents essaient de travailler à temps plein tout en gérant les enfants. Nous avons les deux fait des études très avancées alors se faire dire qu'on trouve que l'école est peu importante est plutôt insultant. On manque juste de temps pour s'asseoir avec nos enfants et faire les exercices envoyés par les profs.

Anonyme a dit…

«et bien souvent leurs parents, accordent à l'école».

Je savais que ce passage soulèverait un commentaire. J'en parlais à Madame Masquée ce matin. Là où je m'interroge est que maintenant, pour avoir une famille, un couple est généralement totalement dépendant de l'État. Je ne veux pas culpabiliser qui que ce soit et je m'en excuse si je l'ai fait. Mais il faudrait réfléchir un peu sur nos buts, nos idéaux de vie. Bien de parents sont trop occupés pour avoir des enfants. Le cout de la vie, les demandes économiques. Devoir avoir deux voitures parce que le télé-travail n'existe pas dans les habitudes des entreprises... Il y a beaucoup à réfléchir.

PM

Anonyme a dit…

Wow avec ton plein salaire va travailler dans les champs ou en chsld...nous ici avec 4 enfants 2 emplois perdu on chiale moins que toi ...si les écoles recommence on pourrais peut être avoir un autre emploi nous .....non car toi le lâche payé temps plein chez toi pleure car tu veux plus de vacances vive le nombrilisme

Anonyme a dit…

1- Nulle part, je n'ai écrit que la situation était facile pour bien des gens. Il existe des montants que le gouvernement met actuellement de l'avant pour aider. 2- Si l'école recommence sans mesure de précaution adéquate, il est évident qu'il y aura une deuxième vague plus dangereuse que la première. Informez-vous. Et oubliez alors la relance de l'économie et les emplois. Parce qu'on ne connait pas vraiment l'ennemi auquel on fait face. 3- Nulle part, j'ai écrit que je veux plus de vacances. Au contraire, j'aimerais justement que mon travail d'enseignant soit efficace et permettre une rentrée qui aura un sens. 4- Pour les insultes et le reste, vos me pardonnerez mais je ne perdrai pas mon temps là-dessus.

Anonyme a dit…

Et en passant, j'ai appelé mes jeunes, je réponds aux courriels, je mets du contenu en ligne, je corrige ce qu'on m'envoie, je réponds aux demandes de ma direction. Comme bien de mes collègues. Je songe à aller donner un coup de main aux champs, mais je n'irais pas en CHSLD. La façon dont on les gère est absurde et dangereuses. Des volontaires amènent ou repartent avec le virus et ils contribuent à alimenter la pandémie.

Anonyme a dit…

1-Il ne faut pas écouter tva la deuxième vague est déjà prévu 2- les montans prevus par les gouvernements sont ridicules ma conjointe à appliqué dans une épicerie pour gagner plus que 500$ brut semaine moi je reste avec les enfants car pas de école ou garderie 3-les gens a risque doivent rester isolés et les gens sains retourne travailler pour s'auto-imuniser... écouter et suivre la santé public ( docteur aruda) et non tva

Unknown a dit…

C’est justement ça le problème! Des réactions de parents comme celle-ci, empreinte de mépris envers les enseignants. Parce qu’un enseignant vient juste dire que l’éducation c’est la responsabilité de tous, tant de l’élève, du parent que de l’enseignant. Avec des réactions du genre ça n’améliore rien, bien au contraire, le nombrilisme n’est une question ici que du reflet. J’aimerais aussi rappeler que ce ne sont pas deux mois de vacances mais un congé sans solde de deux mois. Je crois qu’il est important que vous sachiez ce qui en est réellement. Certes, c’est un dur moment, mais c’est un moment d’introspection que nous nous devons d’avoir en matière d’éducation qui que nous soyons. En ce temps de confinement, nous en avons le temps, alors prenons-le plutôt que de dire encore une fois que c’est la faute du prof. Juste de réaliser qu’il y a toujours deux côtés à une médaille ça sera déjà cela! Vivement une nouvelle version de l’éducation où chacun doit prendre sa part de responsabilités pour une plus grande liberté de choix de vie pour nos jeunes! Cordialement

Anonyme a dit…

Après la lecture de votre texte,même si mon opinion est hors contexte,celle-ci me revient tout le temps.
Y a-t-il une solution ou y aura-t-il une solution à la prochaine rentrée sur les dépassements d'élève par groupe?
Plusieurs disent qu'il n'y a pas de solution...on a le temps d'y penser là là au lieu de perdre du temps! Ce n'est qu'un des point à améliorer sur plusieurs problématiques criantes dans nos écoles secondaires.
Enseignants d'art à bout de souffle avec des classes de 36 et 38 élèves. Tanné de se faire dire qu'on en a tous 36 ou 38. Comment un simple humain n'arrive pas à comprendre cela?
Je suis sûre qu'il y a des gens ASSEZ compétents pour trouver des solutions aux problèmes de logistiques et autres problèmes criants dans nos écoles. Faites-vous entendre, ça presse.

Mireille a dit…

La motivation est le facteur clé de l'investissement des jeunes dans leurs apprentissages. C'est notre défi quotidien de trouver des outils pour les interpeller afin qu'ils DESIRENT faire le travail demandé, pas juste le faire parce qu'il faut qu'ils le fassent. Alors, lorsqu'ils se retrouvent à la maison, sans obligation, il n'y aura pas de miracle là! S'ils avaient peine à s'investir en classe, imaginez à la maison quand "ça compte pas"!! Les parents ne doivent pas se sentir coupables si leurs jeunes ne veulent pas compléter les travaux offerts par le ministère et les enseignants, il ne faut pas créer de conflits supplémentaires, tout le monde est déjà sur les dents. On ne peut que les sensibliser au fait que plus ils auront travaillé à la maison, plus le retour en classe sera facilité, ils auront gardé un certain contact avec leurs apprentissages, ils auront gardé leur cerveau actif comme disent "certains" de mes élèves.

Anonyme a dit…

Mireille: il faut aussi s'interroger sur la pertinence de ce qu'on leur apprend. À quoi sert d'enseigner la nouvelle littéraire en sec 4 à des élèves qui peinent à écrire? il est normal que des élèves n'aiment pas l'école si on les maintient constamment dans l'échec. Quant à moi, j'aimerais mieux qu'on me confie des jeunes pendant -4 mois et qu'on travaille uniquement la langue, moteur essentiel de la réussite scolaire.

Unknown a dit…

Bravo! Je vais assurément partager ce texte. Il décrit bien les enjeux qui nous touchent et qui nous toucheront dans quelques mois.

Anonyme a dit…

Vous auriez peut-être dû aller à l'école plus longtemps vu le nombre de fautes que vous faites dans votre commentaire rempli de mépris envers les enseignants. Ceux-ci ont évidemment décidé par eux-mêmes d'être envoyé à la maison.