27 octobre 2007

Le discours de la ministre Courchesne à l'AQPF

Dans cette ère de tourmente ministérielle, je m'en voudrais de ne pas partager avec vous ce que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a affirmé lors de son passage à l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF) hier. Comme ces propos ont été tenus lors d'une assemblée somme toute publique, je ne crois pas enfreindre quelque règle que ce soit en en raportant l'esentiel ici. On verra qu'au-delà du flafla ronflant habituel, Mme Courchesne a donné certaines indications quant à ses actions futures.

Ce qui suit ne se veut pas une retranscription exacte du discours de la ministre, mais je suis convaincu de ne pas m'être éloigné de sa pensée. On m'excusera le manque de style de ce résumé.

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Tout d'abord, la ministre a rappelé l'importance de la langue française au Québec qui est à la fois une valeur commune mais aussi la responsabilité de tous. Elle a affirmé que les parents avaient un rôle à jouer dans l'apprentissage de la langue de cette dernière et qu'on en mettait beaucoup sur les épaules des enseignants.

Mme Courchesne a ensuite précisé que le Renouveau pédagogique est là pour rester mais, qu'après dix ans, il conviendrait davantage de parler de programme de formation que de réforme. Selon elle, des correctifs étaient nécessaires, comme le bulletin et le redoublement, et elle s'attardera maintenant à deux autres éléments importants: l'intégration des élèves en difficulté et la nécessité de s'assurer de la qualité de la maîtrise de la langue, tant parlée qu'écrite. Sur ce dernier point, des mesures devraient être annoncées sous peu, mais la ministre a quand même révélé qu'elle s'intéressait à un meilleur soutien des enseignants, à une meilleure formation continue et à l'évaluation des apprentissages.

La ministre voit ce qui l'attend comme un défi. Selon elle, il est faux d'attribuer les difficultés en français uniquement au renouveau et il ne faut pas croire qu'il existe des solutions magiques pour régler ce problème. Pour elle, il va falloir se donner du temps et se donner des objectifs de réussite.

Mme Courchesne a souligné que le monde dans lequel nous évaluons change rapidement (famille, Internet, etc.) et que, comme parents, il faut soutenir nos jeunes et valoriser l'effort. À des parents qui estimeraient que la correction faite par un enseignant est trop sévère, elle a rappelé que les enseignants sont des professionnels dont on doit respecter le jugement.

La ministre est revenue brièvement sur la notion de connaissances, mais aussi sur l'importance du transfert de celles-ci. Elle a rappelé l'importance d'être fier de notre langue, qui est riche, complexe mais dont les difficultés ne sont pas insurmontables.

D'autre part, et de façon un peu émotive, Mme Courchesne est revenue, sans le préciser directement, sur son entrevue aux Francs-Tireurs et sur le fait qu'elle était exaspérée de toute cette réalité négative entourant la réforme. Elle a d'ailleurs indiqué que, dorénavant, elle éviterait les débats qui favoriseront la polarisation des opinions. Elle a reproché au montage de cette émission de ne pas avoir rendu l'essentiel de ses propos. (À moins de me tromper, la ministre a paru ébranlée par les récents événements.)

Mme Courchesne a par la suite souligné que les enseignants de français faisaient aujourd'hui un travail plus difficile qu'il y a 10 ans et que le Québec vivait des moments difficiles. Pour elle, il est urgent de dire au premier ministre qu'un sérieux coup de barre s'impose si l'on veut s'assurer d'une meilleure maîtrise de la langue française chez les jeunes.

Elle a terminé son allocution en soulignant à quel point le milieu de l'éducation est partagé et qu'on n'y retrouve pas d'unanimité. Selon elle, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les électeurs ont porté au pouvoir un gouvernment minoritaire. Enfin, elle a humblement souhaité faire équipe afin de porter la langue française un haut niveau d'excellence.

5 commentaires:

La Souimi a dit…

La ministre était effectivement ébranlée lorsqu'elle a parlé de la manipulation de l'information. J'étais assise dans la première rangée et on voyait très bien qu'elle était encore bouleversée. Ça doit être effectivement très choquant de voir que ce qui se passe avant le montage n'est pas ce qui est montré.

La seule chose qui m'a frappée dans son discours est lorsqu'elle a parlé de la division des profs concernant la réforme. J'ai aimé le fait qu'elle fasse ce constat.
J'ai aimé aussi le fait qu'elle dise que notre travail est beaucoup plus difficile qu'il y a 10 ans. C'est vrai.
Mais à part de ça...

Le professeur masqué a dit…

Souimi: faites-moi (et nous, puisque d'autres nous lisent)le plaisir de compléter votre pensée. Et puis, si j'ai oublié des morceaux, signalez-le aussi!

A.B. a dit…

Merci de nous faire part de ce discours :o)
Il me semble assez près de la réalité de l'enseignement du français au quotidien. À dire vrai, ça m'étonne qu'elle soit si au fait de ce que nous vivons. Les discussions qu'elle a eues avec les gens sur le terrain m'ont l'air d'avoir porté leurs fruits. J'imagine qu'il y a des éléments laissés de côté mais, au moment d'écrire ces lignes, je me réjouis d'avoir cette femme comme ministre au MELS!

La Souimi a dit…

Mais ma pensée est très complète, Prof Masqué. Tiens, je vais ajouter un mot pour créer une situation finale fermée.

Mais à part de ça, rien. Je m'attendais à quelque chose, pourtant.

J'ai écouté cette femme à plusieurs reprises lors d'entrevues et j'avoue avoir été très contente de l'entendre parler avec des propos clairs, avec une vision assez réaliste et concrète des grandes lacunes actuelles en éducation. Cependant, j'aurais aimé qu'elle soit aussi claire lors de son discours cette semaine. Avec le recul, je peux penser que son émotivité du début due à la manipulation de l'information a peut-être été la raison de sa prudence.
Elle avait peut-être peur de nous, de notre réaction donc, elle n'a pas voulu se "mouiller". Je peux comprendre.
Je crois que son discours aurait été beaucoup plus engagé si le congrès avait eu lieu avant les événements de l'émission des Francs-Tireurs.

Mais ce ne sont que mes humbles suppositions. J'avouerai que je préfère son attitude que celle de plusieurs anciens ministres de l'éducation. Cependant, une petite salutation à Patrick Senécal n'aurait pas nui.

Oh! J'oubliais une chose qui n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Elle a mentionné quelque chose de très, très concret et c'est son désir de régler le dossier de l'intégration des élèves en difficulté en classe régulière. Je n'ai pas rêvé, il me semble.

Anonyme a dit…

Je ne suis pas de l'avis de certain des blogeurs qui m'ont précédé. La ministre Courchesne ne s'est pas montrée digne, à mon avis, de sa fonction lors de son passage aux Francs-tireurs et non plus dans son discours à l'AQPF. Elle a tenu des propos démobilisant pour un ensemble d'enseignant qui dans les classes essaient jours après jours d'offrir aux enfants un enseignement de qualité. Pour toutes personnes qui a déja pris le temps d'ouvrir le programme de formation de l'école québécoise et de jeter un coup d'oeil sur ce qui doit être enseigné à nos enfants, il est évident que ce programme est complet, rigoureux et exigeant. Il ne constitue ni un nivellement par le bas, ni un abandon de l'enseignement de base des connaissances (p. 130 à 139) du fonctionnement de la langue.

Les propos électoralistes de la Ministre dénote deux choses selon moi. Soit elle se "dumontise" et pratique la démagogie pour récolter des votes. Soit elle ne connait pas les programmes d'enseignement à la base de son Ministère et à ce titre elle n'est pas en mesure d'en parler, encore moi de les critiquer et par conséquent elle n'a pas sa place à la tête du ministère.