30 novembre 2007

La lecture, la réforme et les parents!

Une étude du Centre international pour l’évaluation des apprentissages scolaires (CIEAS) montrerait que les élèves québécois de la réforme liraient moins bien (ici et ici). En fait, ils seraient bon derniers au Canada. Au niveau international, le Québec arriverait en milieu de peloton avec 533 points. Avec 3748 élèves provenant de 185 écoles, on ne peut pas dire que l'échantillon était trop petit ou peu représentatif.

Sauf qu'il ne faut pas déchirer sa chemise non plus quand on réalise qu'il s'agit d'une baisse de... quatre points. Pour une fois, je suis d'accord avec l'attitude du MELS qui ne s'en fait pas outre mesure. Les résultats du Québec ne semblent pas indiquer une tendance lourde.

N'empêche que ces résulats vont amener de l'eau au moulin de ceux qui croient que la réforme nuit aux jeunes. Ainsi, deux chercheurs cités dans l'article attribuent cette baisse au Renouveau pédagogique.

Mais là ou cette étude est intéressante, c'est lorsqu'elle montre le peu d'intérêt des Québécois pour la lecture.

  • Dans un sondage accompagnant cette recherche, 85 % des parents de la Nouvelle-Écosse ont répondu avoir sensibilisé leur enfant à la lecture avant la maternelle contre seulement 64 % des parents québécois.
  • 39 % des jeunes albertains possèdent plus de 100 livres à la maison, seulement 17 % des Québécois sont dans la même situation.
  • En Colombie-Britannique, 53 % des enfants lisent pour le plaisir presque tous les jours. Au Québec, seulement 47 % le font.
  • Seulement 38 % des parents québécois lisent plus de cinq heures par semaine alors que ceux de Colombie-Britannique sont 49 % à le faire.
  • Dans la province, 91 % des écoles ont une bibliothèque scolaire contre 100 % des écoles albertaines.
  • 20 % des enseignants québécois donnent plus de six heures de cours de lecture chaque semaine contre 45 % en Nouvelle-Écosse.

«Au Québec, on a un problème de priorité. Tous milieux confondus, le niveau de lecture des familles québécoises est bas. Les parents ne sont plus des modèles pour leurs enfants», affirme Jean-Paul Martinez, président du groupe de recherche LIRE.

Si l'école peut se livrer à un certain mea culpa, j'espère que Mme Collard lira cet article avec intérêt et constatera le peu d'importance que certains parents québécois donnent à la lecture dans l'éducation de leur enfant. Avant de réclamer des congés de devoir, il faudrait peut-être tout d'abord s'assurer de jouer son rôle de parent pleinement.

Mais, au fond, et je ne me ferai pas d'ami ici, l'éducation n'est pas une valeur importante au Québec si on effectue des comparaisons au niveau canadien. Un sondage dont je ne retrouve pas la trace ce matin confirmait d'ailleurs ce fait. Qu'on cesse donc de se mentir et de croire à des chimères déculpabilisantes.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

ok je vais faire la grosse mechante.


La c'est toi qui te déculpabilise, c'est pas la faute des profs mais de la société qui valorise pas assez l'éduction....

Anonyme a dit…

Encore une fois, je ne peux qu'hocher la tête en guise d'approbation suite à la lecture de votre dernier billet. Je me désole tout autant devant le manque flagrant d'intérêt de certains parents et d'une partie de la population envers l'éducation des enfants. On fait les vierges effarouchées dans les journaux mais ces mêmes vierges sont les mêmes qui sont du genre à trouver dégueulasse qu'un prof soit découragé devant la demande d'accommodement d'un parent qui veut partir en voyage avec toute la petite famille la semaine suivant la semaine de relâche parce que ça coûte moins cher dans ce temps-là. (Je vous admettrai que mon exemple ne sort pas de nulle part, je viens d'entendre la révolte d'un de ces parents au bureau avoisinant le mien alors qu'hier, le même parent chiâlait que nos jeunes ne savent plus écrire. Ah misère.)

Courage, vous n'êtes pas seul! :)

Gooba a dit…

Je sens une écoeurantite aigüe dans tes derniers billets. Patience, les vacances de Nouelle s'en viennent! :o)

Ness Eva a dit…

Tout à fait d'accord sur le dernier point abordé au sujet de l'éducation.

L'éducation n'est pas une "valeur de société" au Québec. La preuve? Il y a 186294 gérants d'estrade pour nous dire comment faire notre travail. Aussi, les jeunes n'ont aucun respect pour les enseignants. Il ne sont même pas foutus de voir l'importance de la scolarisation et de la culture générale... (Leur vie à l'extérieur de l'école est tellement plus palpitante, de tout façon!)

La chanson est très différente chez nos voisins de l'Est et de l'Ouest.

Anonyme a dit…

Si, si... Tu t'en feras...


Parler de culture ou de trucs intellos sur un blogue, c'est suicidaire.

La culture québécoise est souvent une culture du gros bon sens. T'sé veu dzaïr...

Heureusement, il y a des entêtés/es.

Moi, je vais perdre le petit peu que j'ai sur la blogosphère, là.

Zed ¦X

A.B. a dit…

«39 % des jeunes albertains possèdent plus de 100 livres à la maison, seulement 17 % des Québécois sont dans la même situation.»

Je crois que c'est là que l'écart est le plus marquant. 100 livres, ce n'est rien. Il y en avait au moins ce nombre dans ma maison familiale et j'en avais déjà lu autant étant au secondaire, probablement. Mais mes parents lisaient, beaucoup, et lisent toujours.

De mon côté, j'essaie, comme toi, de montrer l'exemple: j'ai toujours un roman avec moi en classe et je le lis devant eux, en même temps qu'ils lisent le leur. Certains le remarquent, m'en parlent, le prennent dans leurs mains, en regardent l'illustration (celle d'Un ange cornu avec des ailes de tôle a fait bien jaser). Une élève fait le décompte du nombre de romans que j'ai apportés depuis septembre (les Nesbo seront sur sa liste...hihihi). Bref, le plaisir de lire se transmet par l'exemple et les parents québécois, d'après ce sondage, sont loin de montrer la voie à suivre à leurs enfants. Désolant...

Lia a dit…

Ce que je peux constater avec consternation cette année avec mes élèves de 5e secondaire, auxquels j'ai enseigné alors qu'ils étaient en 2e secondaire, c'est que leur compétence en lecture n'a pas évolué en trois ans. Bien sûr, il y aura toujours les mêmes 10 pourcent qui dévorent les livres et avec lesquels je tiens des conversations d'initiés, mais tous les autres ne réussissent pas bien à comprendre les ellipses du narrateur ou le 2e degré. Plusieurs n'ont même pas de "petit cinéma" dans leur tête lorsqu'ils lisent. Ils n'ont pas non plus cultivé ce que j'appelle une "hygiène de la lecture", je veux dire, cet entraînement physique des yeux qui parcourent un texte long de même que cet entraînement plus intellectuel de la réflexion en cours de lecture.
Sauf les 10 pourcent de tantôt, ils sont légion à me hurler qu'ils détestent lire. Et pourtant je suis certaine d'avoir croisé bon nombre d'entre eux il y a 6 ou 7 ans, assis par terre à la bibliothèque municipale, totalement absorbés dans la lecture d'un bel album ou d'un petit roman pour jeune lecteur dont nous avons le secret au Québec.
Drame personnel: avec un papa bibliothécaire et une maman prof, ma fille a eu une initiation constante à la chose livresque depuis sa naissance. Eh bien, ma belle héritière de huit ans moins deux semaines DÉTESTE lire. Elle va peut-être aller grossir les rangs des malhabiles de la lecture. SVP, dites-moi où j'ai failli!

Anonyme a dit…

Lia,

Si je peux me permettre, elle a peut-être trouvé là un moyen très sûr d'avoir des réactions! Hihihi!

Et si l'indifférence doublé de la passion de la lecture pour soi la rendait curieuse?

Un titre accrocheur pour elle que l'un de vous dévorerait en sa présence?

Sinon, il y a le long terme. Plus tard, je suis certaine qu'elle voudra comprendre quelle était cette passion qui vous animait.

Zed

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: je sens que je vais être méchant. Je me déculpabilise de quoi au fait? De fournir des livres en classe pour stimuler la lecture hez les élèves? De partager mes lunchs quand ils ont le ventre vide? D'en faire plus que l'horaire de con que je suis obligé de remplir? De gronder mes élèves quand ils ne font pas leurs devoirs alors que leurs parents leur permettent n'importe quoi? De les pousser à réussir malgré le laxisme ambiant?

Mon commentaire visait simplement à montrer qu'au Québec, on a un beau discours hypocrite sur l'éducation.

Noisette: votre anecdote me consterne!

Gooba: écoeurantite? Non, consternation devant la bêtise humaine. Durant les vacances, je corrige environ 100 copies de 400 mots.

Ness: au Canada, il y a deux différences. Allez en Ontario comment ils conduisent.

Zed: culture sur un blogue. Si on parle de pot, c'est un succès.

Safwan: Et les Albertains sont supposés être des cowboys incultes...

Lia: on n'exige pas assez des élèves. Ils stagnent, simplement.

A.B. a dit…

@ Lia:
Même constat de mon côté. Plusieurs élèves que j'ai cette année en quatrième et en cinquième secondaires ont été mes élèves il y a deux ans ou l'an dernier. Je me doutais bien que la majorité d'entre eux ne se rappellerait pas ce que je leur ai enseigné alors. J'avais malheureusement raison. Au moins, quand je dis: «Vous avez vu ça avec moi il y a deux ans (ou l'an dernier, c'est selon)», ils ne peuvent rien redire...

Anonyme a dit…

Il y a de l'art, là. Très actuel, de grands noms, aussi.

The Southern Alberta Art Gallery
en français

Pas pauvre, l'Alberta.

Zed

bobbiwatson a dit…

J'ai lu quelque part qu'on voulait revenir à l'enseignement de la lecture avec la méthode syllabique, comme il y a 15 ans. Peut-être que, quand ces enfants seront rendus en quatrième année, il seront devenus "très bons en lecture". Tant qu'à faire des stastiques pour des stastistiques il faudrait comparer les lecteurs d'aujourd'hui avec ceux d'il y a 15 ans. Il y aurait peut-être des surprises. Notons que ceux d'aujourd'hui ont plus de possibilités de contacts avec les livres qu'il y a 15 ans.

Une femme libre a dit…

C'est dans la petite enfance que se développerait le goût de la lecture et les habiletés nécessaires pour apprendre à lire. En ce sens, ce que le parent peut faire de mieux et de plus utile est de lire à son enfant. La fameuse histoire qui est intégrée à l'heure du coucher est un moment affectif fort qui associe lecture à plaisir dans l'inconscient de l'enfant. Les garderies devraient intégrer quotidiennement l'heure du conte à leur horaire, avoir un coin bibliothèque fourni et qui change aussi! Quand il n'y a que dix livres et toujours les mêmes depuis cinq ans dans l'étagère de livres du local, on ne va pas très loin avec ça! Le problème est complexe et il n'y a pas qu'un coupable et est-il vraiment nécessaire de trouver un coupable plutôt que de chercher des solutions. On assiste ici à une espèce de procès des parents, qui seraient, avec la réforme, responsables de tous les maux de la société et du nivellement par le bas. La réalité, c'est que la grosse majoprité des parents les aiment leurs enfants et essaient de faire de leur mieux, avec ce qu'ils sont, ce qu'ils ont et ce qu'ils peuvent, pour assurer leur bien-être et leur développement.

Le professeur masqué a dit…

Bobbi: lorsqu'on parle de lecture et de réforme, il y a théoriquement un lien. Je ne suis pas un spécialiste de la lecture, mais je me lance dans ce que je crois savoir être vtai.

Le renouveau s'appuie sur le constructivisme et certaines avancées des sciences de l'éducation, disent ces défenseurs. Pour la lecture, la méthode qui conviendrait le mieux à ce dernier serait la lecture globale (i.e on apprend des mots dans sa globalité). Le renouveau exclut donc la méthode syllabique (on décode des letres qui forment des sons qui forment des mots).

Sauf qu'il serait faux d'attribuer les difficultés de lecture de nos jeunes à la réforme.

Premièrement, l'étude dont je parle ne montre pas une baisse significative des résultats des élèves québécois réformés. Je n'aime pas la réforme, mais je sais lire. Passer de 537 points à 533 n'est pas un drame en soi. Il faudrait avoir plus d'informations pour savoir s'il ne dessine pas certaines tendances, mais même là, on serait dans l'expectative et l'hypothèse, des domaines hautement hasardeux.

Deuxièmement, les enseignants québécois, de ce que je connais, n'ont pas changé leurs méthodes d'enseignement de la lecture bout pour bout.

Une femme libre: ma réponse à votre commentaire fera l'objet d'un autre billet sous peu.

Missmath a dit…

@ Lia

En détestant lire, votre fille tente peut-être simplement d'affirmer son identité en se distinguant de ses parents. Rassurez-vous, ça passera... elle ne boudera pas toujours son plaisir !