04 décembre 2007

Réforme: une petite montée de lait en passant

Permettez-moi ce matin de ne pas me faire d'ami.

Début de la montée de lait

Depuis l'arrivée de la ministre Courchesne à l'éducation, il est de bon ton chez les défenseurs de la réforme de se plaindre que le Renouveau pédagogique est voué à l'abattoir, que c'est la faute du MELS qui ne lui a pas donné le soutien nécessaire pour réussir, que les médias étaient tous contre celui-ci dès le début, que les méchants syndicats n'en voulaient pas, que de méchants enseignants ont abusé de la place publique pour le discréditer à coups de mensonges, de demi-vérités et de syllogismes pervers et que sais encore!

Je veux bien compatir avec eux, mais une petite mise au point s'impose :
  • La FSE et la CSQ ont déjà appuyé la réforme scolaire à ses débuts. La FSE a même siégé sur la table de pilotage du renouveau. Cet appui a en partie entraîné la création de la FAE, à ce que je sache.
  • Pendant dix ans, le MELS a lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc. Les moyens pour la réaliser étaient peut-être insuffisants, mais n'avaient rien de comparable avec le peu qu'avaient ceux qui la contestaient.
  • Pendant dix ans, les commissions scolaires ont lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc. Les conseillers pédagogiques et les directions d'école avaient pour mandat précis de nous vendre le renouveau coûte que coûte.
  • Pendant dix ans, tous les ministres de l'Éducation ont lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc.: Marois, Legault, Simard... Reid a eu quelques hésitations et a été éjecté pour être remplacé par Fournier qui était tellement insipide et manipulé que c'en était indécent.
  • Pendant dix ans, il a fallu se plier à tous les programmes et décrets de cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc.
  • Pendant dix ans, le journal Le Devoir a été davantage partisan de la réforme que le Journal de Montréal (assez contre, si on fait exception d'une chroniqueure dont je ne donnerai pas le nom) et le quotidien La Presse (plutôt neutre). Les lettres aux lecteurs des pro-réformes ont davantage été publiées que partout ailleurs.

Pendant dix ans, bref, les partisans de la réforme scolaire ont eu, pour prendre cette image, le gros bout du bâton. Oui, la réforme risque de connaître des modifications majeures, peut-être parce qu'elle ne tient pas toutes ses promesses finalement. Mais ce n'est tout de même pas ma faute si les pro-réformes n'ont pas réussi à l'expliquer correctement aux parents et aux enseignants! Ce n'est tout de même pas de ma faute si certains d'entre eux ont créé de ridicules bulletins avec des bonhommes de couleur! Ce n'est tout de même pas de ma faute si certains d'entre eux ont voulu «régir» ma classe en traitant d'anciennes et d'inefficaces mes méthodes pédagogiques en allant jusqu'à suggérer de ne plus faire d'examens à choix de réponses et de dictées! Ce n'est tout de même pas de ma faute s'ils n'ont pas su gérer les dérapages parmi leurs propres partisans! Ce n'est tout de même pas ma faute s'ils n'ont pas su réajuster certains éléments dès qu'il devenait apparent que certaines difficultés surgissaient. Alors, de grâce, qu'ils s'assument un peu! Quand on propose un changement de la sorte, on a le fardeau de la preuve et on doit avoir le courage de ses convictions. Blâmer les autres pour ses insuccès, c'est un peu lassant à la longue.

Fin de la montée de lait

J'assume tout ce que j'ai écrit, même si j'aurais pu le faire en termes plus élégants. Et je m'excuse auprès de ceux que j'aurais blessés par la véhémence de mes propos, mais il fallait que mes émotions s'expriment.

Bon, maintenant que tous les enseignants sont déprimés parce qu'on leur a imposé une réforme dont ils ne voulaient pas ou parce que la réforme semble être destinée à être réformée, on fait quoi?

8 commentaires:

La Souimi a dit…

On fait quoi? On les laisse nager, on ferme doucement la porte de notre classe et on fait ce qu'on considère être le mieux pour nos élèves. Qu'on vienne me dire un seul commentaire sur ma pratique pédagogique. Un seul...
On sait ce qu'on fait, nous autres. Ça, j'en suis convaincue à 100%.

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

Je te propose une lecture qui serait hilarante si ça n'était pas aussi déprimant de voir que l'on puisse en arriver à de telles suggestions, et que le fait qu'une personne s'autorise à faire une telle suggestion est le signe d'un déclin social qui m'apparait dorénavant irréversible...

http://www.cyberpresse.ca/forum_message/545t5261g214549i/CPOPINIONS03&Profile=6760&SectionCat=CPOPINIONS03

Anonyme a dit…

Pour répondre à la question de la fin... On pourrait peut-être laisser aux enseignants la possibilité d'utiliser leur jugement (car ils sont bien placés et ont de l'expérience sur le terrain) en ce qui concerne la classe qui se trouve devant eux.

Personnellement, je ne crois pas à une méthode unique. Je crois qu'on doit s'adapter face à la classe qu'on a. Certaines méthodes fonctionnent bien avec certains, et moins bien avec d'autres. Il faut savoir utiliser sa sensibilité et son jugement pour décider. Laisser parler l'intelligence du coeur. Peut-être que le plus sage serait de conbiner les deux formes d'enseignement, à des proportions qui dépendent des élèves?

Pour terminer... vous n'avez pas à vous excuser sur votre «coup de gueule» (car «montée de lait» est pour moi une expression un peu péjorative...). Vous êtes dans votre espace et il est très intéressant de lire ce que vous pensez. Ce qui me charme le plus, c'est l'intérêt que vous portez pour tout ce qui concerne l'éducation. Il faut se passioner pour ce qu'on fait. Et je crois à ça ÉNORMÉMENT.

au plaisir de vous relire!

Gooba a dit…

J'aime particulièrement la fin. Maintenant, faudrait qu'on se déniaise et qu'on avance. Encore que...

finalement...

ça m'importe de moins en moins. Dans ma classe, j'avance. Mes élèves apprennent et deviennent meilleurs. Le reste, je commence à m'en ficher de plus en plus tellement il y a de l'incohérence et du niaisage...

La Marsouine a dit…

On l'amène en Haïti et on l'y abandonne parce qu'elle n'a pas rempli nos attentes! :)

Désolée, je ne pouvais pas m'en empêcher.

Allez, je vais être plus constructive. Reconstruisons le monde, sans vin cette fois.

Petit guide facile pour améliorer l'éducation au Québec:

1- rediriger tout l'argent dépensé en stupidités (commissions, discours, etc.) pour financer adéquatement (c'est à dire plus que le strict minimum) le système scolaire.

2- améliorer la formation universitaire des enseignants en augmentant les critères d'amission, réduisant les cours théoriques, augmentant les cours de matière et les périodes de stage

3- que le ministère et les directions mettent leurs culottes devant les parents chiants

4- que les enseignants déjà en poste soient suffisamment formés ($$$ nécessaire) pour assurer la transition

5- qu'on donne une chance aux enseignants de bien faire leur job

devrais-je publier un livre? :)

bobbiwatson a dit…

Est-ce que la réforme tend vraiment à être réformée? La ministère ne laisse-t-elle pas plutôt voir une remise à niveau de cette réforme dont personne ne veut vraiment? Votre sortie est pleinement justifiée même, et je vous cite, "... si j'aurais pu le faire en termes plus élégants." :)- Depuis les années '60 il y a des profs frustrés, des parents frustrés, des élèves cobayes. Ça dure depuis 40 ans. Que peut-on espérer des 40 prochaines années?

A.B. a dit…

On fait quoi? Je crois que tu connais déjà mes suggestions à ce sujet ;o)

@ La mère à boire:
Je crois que le message a été retiré du forum, car le lien ne fonctionne plus :O( Ça disait quoi, en gros?

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

C'est une femme qui proposait, le plus sérieusement du monde, d'abolir l'école primaire pour poursuivre la garderie jusqu'à l'entrée au secondaire.

Voici l'essentiel de son propos: "Enfin, quelqu'un qui compatit vraiment avec le mode de vie effréné de notre société. J'irais même encore plus loin: étant donné que la réforme trascende un apprentissage par le jeu (accompagnement de l'enfant) au lieu de l'oppresser avec de sordides transmissions des connaissances et étant donné que les services de garde offrent déjà beaucoup d'activités enrichissantes (tant au niveau physique qu'intellectuel), c'est toute la question de l'existence même des écoles primaires au Québec qu'on doit réévaluer. La présence des écoles primaires est-elle toujours pertinente en 2007?
Je sais, la majorité de la population n'est pas encore prête mais pensez-y un peu. Déjà les enfants fréquentent le service de garde pendant 2 ou 3 heures dans la journée! C'est déjà plus du tiers de toute la journée à l'école. Et comme l'a si bien souligné Mme Collard, les parents comme les enfants, après plus de 10 heures à se battre avec le traffic et le boulot, arrivent à la maison complètement crevés. J'irai donc de mon idée qui, je sais, en fera sourciller quelques uns mais je me risque quand même: je propose le prolongement du CPE jusq'à l'arrivée du secondaire. Ces organismes, qu'on ne cesse de louanger pour la grande qualité de leurs services, préparent déjà très bien les tout petits à sociabiliser tout en les pourvoyant de quelques apprentissages scolaires. Étant donné le niveau de plus en plus bas des écoles, la marche ne sera pas très grande à franchir pour développer l'aspect pédagogique au sein même des CPE. "