17 juin 2008

Une pause

C'est peut-être la saison... et puis, il y aurait tant sur quoi écrire: l'école privée versus l'école publique, les qualités d'un bon prof, ma nouvelle affectation en première secondaire et les commérages empoisonnés d'une collègue qui craint mon arrivée à ce poste. Les sujets ne manquent pas. Il n'y a que moi qui manque.

Je ne suis plus là. De peine et de misère, j'arrive à aller à l'école. Je mange, mais c'est bien parce qu'on me nourrit. Pas fait l'épicerie depuis des semaines. Je dors parce qu'après deux mois à trois heures par nuit, le corps a décidé de se rebeller. Et puis, dormir permet d'oublier parce que je ne rêve pas à elle. Il est malade ce grand corps, de partout. Des signaux d'alarme. La goutte, les infections. Chaque semaine amène sa nouvelle plaie d'Égypte.

Je ne sais pas si je terminerai mes corrections à temps. Je songe à les refiler à une collègue sans travail en qui je peux avoir confiance. Je ne me présenterai pas au bal de mes jeunes. Peut-être une courte présence cinq minutes au début de la soirée. Quelques photos. Rien de certain. Je vais décommander pour le diner d'adieu prévu jeudi avec ma classe de cinquième. Trop de deuil en même temps. Je repousserai aussi cette entrevue avec une maison d'édition pour un projet débile dont je ne vous ai jamais parlé. Mon deuxième livre attendra... s'il finit par voir le jour. Jamais ma vie professionnelle n'allait si bien. Pourtant.

Plus d'énergie. Plus d'envie. Que le cadre vide. C'est tout juste si j'ai trouvé la force d'assister à la graduation de ma fille hier soir.

Ça fait deux mois que la rupture est survenue avec ex-madame masquée, mais je me croirais hier. Un coup de téléphone au matin. Sept ans effacés d'un coup. D'un seul coup. De téléphone. Je préférerais la savoir morte dans un accident de voiture. Il y aurait au moins eu un endroit ou pleurer et porter des fleurs. Un coup de téléphone et puis, plus rien, sinon que ces poèmes que j'écris et dont certains finissent par échouer lamentablement ici. Qui ne sont pas à leur place sur ce blogue.

Pour l'instant, je consulte. Sauf que la thérapie me montre à quel point j'ai fait des mauvais coups. Il y a beaucoup de morceaux à arranger en moi avant qu'on parle du deuil. Je ne me culpabilise pas. Je constate. Et c'est effroyable.

Deux mois ou mon ex-blonde, mon ex-belle-famille qui était était plus proche que la mienne sont disparus. Morts. Et vivants. Vivants et morts. Deux mois Hiroshima. Un vide atomique.

Je dors dans un grand lit inconfortable et n'en occupe pourtant que la moitié. Comme j'ai toujours fait, même quand elle n'y était pas. C'était sa place. Ce l'est encore, on dirait.

J'ai mes torts. Elle a les siens. J'aurais aimé ne pas continuer cette vie qui nous unissait mal et passer à autre chose. Avec elle. Elle n'a pas attendu, pas compris, pas voulu, pas confiance. Peu importe. Je ne me sens pas la force d'aller de l'avant. Encore moins maintenant.
Une pause. Pour pleurer. Pour dormir. Pour ne pas penser. Pour ne plus penser, Pour conserver ce peu d'énergie.

Je reviendrai faire un tour dans une semaine. Voir si j'y suis.

J’ai travaillé toute l’année pour profiter de mes vacances et, aujourd’hui, je me mets à les craindre. (pensée du 28 mai 2008)

22 commentaires:

Hortensia a dit…

Tu sais, en fin d'année, tous les profs que je connais sont éreintés, brûlés, kapout.
Et toi, tu as cette grande peine de coeur en prime, en plus de quelques ennuis de santé.
C'est compréhensible que tu te sentes aussi mal.
Ça me rassure un peu de savoir que tu consultes.
En tout cas, prends grand soin de toi, et garde le cap.
Tu reviendras quand tu reviendras.
En ce moment, l'important est que tu retrouves la santé dans ta tête, dans ton corps et dans ton coeur. Je te fais un bisou, ça ne peut pas nuire. ;-)

La Souimi a dit…

Il ne faut pas craindre. Même blessé à vif. Il ne faut pas.
Elles te permettront de prendre de la perspective, ces vacances. Et ça, ça te fera du bien.
Pars, va voir la mer. Ferme les yeux, au soleil. Sens le sel. Tranquillement.

Je pense à toi, Prof Masqué.
xoxoxo

Une Peste! a dit…

C'est bon.

J't'attendrai, alors.

C.

Une femme libre a dit…

Je suppose que vous voyez aussi un doc. Vous avez trop de symptômes pour ne pas prendre votre mal au sérieux. Vous dire que je comprends ne vous ferait aucun bien. Personne ne peut comprendre ce que vous vivez en ce moment. Mais votre fine analyse de la situation, le fait que vous ne cherchiez pas à minimiser l'ampleur de votre mal de vivre actuel et que vous nous le confiiez et votre sagesse à consulter sont des facteurs d'espoir. Je pense à vous, Prof Masqué.

Anonyme a dit…

Il y a des temps pour le combat, d'autres pour le repos. Dans cette époque "adrénaline", on a tendance à l'oublier.

Le coup du téléphone me rappelle un coup de lettre dans une maison vide... Je sais comment ça assomme... On en revient... lentement, mais sûrement.

Vous avez raison, c'est le temps de dormir, dormir, dormir...

Bon rétablissement...

Jo Livingston

Missmath a dit…

J'attendrai aussi...

... et puis, le soleil finira bien par arriver.

Monsieur A a dit…

En te souhaitant un message sur ton répondeur... et qu'il fasse un peu moins "frette" dans ton coeur!

http://www.youtube.com/watch?v=REQeSaLwp6c

Marie-Piou a dit…

J'ai connu une traversée du désert similaire cette année... je te souhaite un oasis pour te retrouver, te récupérer.

Bon courage.
Marie-Piou : xx

L'ensaignant a dit…

Pense à toi et bon repos. On se reparle bientôt.

Anonyme a dit…

Nous serons fidèles au poste. Et tu sais quoi faire si t'as besoin de jaser un peu !

xxxx
Circé alias P.

Ness Eva a dit…

Vous allez me manquer, mais quand vous reviendrez, je serai encore là pour rire et pour commenter, une fois de temps en temps.

Je comprends votre tristesse et votre désarroi; on marche dans les mêmes bottines. Apparemment, il y a de la lumière au bout du tunnel!!

Le temps est au repos. Profitez-en bien et à bientôt!!! xx

Anonyme a dit…

Prends le temps, ton temps pour aller au fond de toi, pleurer ce qu'il y a à pleurer, jusqu'à ce que l'âme se rebelle aussi.

Je pense à toi. Zed xox

bobbiwatson a dit…

Il y a plein de forces inconnues en toi! Tu es fort (plus que tu ne le pense) et tu surmonteras les obstacles à ton bonheur, ce bonheur qui n'est pas toujours là où on le pense!

Manger, dormir, travailler : pour l'instant ce sont tes trois bouées de sauvetage. Tiens-les bien fort!

Anonyme a dit…

Ton dernier poème m'avait échappé.

Quel être sensible tu es... Tes poèmes, comme toutes tes réflexions, quant à moi, ont toujours leur place où que tu sois, puisque tout simplement, ils sont une partie de toi. Et justement cette partie de toi qui rejoint bien des personnes. Qui ne peut comprendre le deuil, la souffrance, la tristesse qui semble sans fond.

Tu viendras lire, ici, et pleurer et relire et pleurer et puis, peu à peu, tout petit peu par tout petit peu, tout cet amour qui t'est offert, ne remplacera pas, mais contribuera à construire le nouveau toi.

Ce n'est qu'une partie de toi dont tu fais un deuil, l'autre est déjà en train de construire ton nouveau toi. Alors il faut lui pardonner de te laisser tout seul avec ton chagrin, car la construction, c'est beacoup de travail. Ce ne sont pas des jeux de mots que je fais là. C'est j'en suis sûre, comme ça que ça se passe.

Tu prends les bonnes décisions et tu vas y arriver, avec le temps. Ce sera peut-être plus d'une semaine, ce n'est pas l'important. Nous te sommes fidèles.

Z

Sylvain a dit…

Prends bien soin de toi, cher PM !

Tu nous manqueras pendant ta pause, mais on peut comprendre. Il y a toutes soirtes de temps dans la vie.

Là, c'est le temps du repos et de la "digestion" : de tels événements nécessitent un bon temps de digestion. Appelons ça le temps de reculer pour mieux rebondir par la suite...

Je pense à toi...

Marie-Piou a dit…

Wow Z. Quel message :)
Tu as très bien traduis ce qu'on pense tous, en tout cas, ce que je pense

bibconfidences a dit…

Ne t'isole pas trop PM, l'amour quand on croit qu'il nous fait défaut nous entoure même si on ne le voit pas. Ce n'est pas celui qu'on voudrait mais il est là, à travers tes collègues, tes élèves, ils ont beaucoup à te dire en cette fin d'année.
Tous ces mots ici que l'on t'adresse sont aussi les miens. Un cependant en particulier, celui de Sioumi, va voir la mer...bonne fin d'année et à plus.

bobbiwatson a dit…

Quand la mer fait mal ... on oublie la mer ... et on la remplace par ....

Prof! Tu es intelligent et tu as mal!

On attendra ton retour ... mais prends le temps de te remettre en selle.

Tes commentaires sont une nourriture intellectuelle indispensable!

Prends tout ton temps :)-

Anonyme a dit…

C'est la fête de notre nation aujourd'hui et nous pensons à toi.

Zed

Marie-Piou a dit…

C'est normal que je ne puisse pas commenter les deux textes que tu as partagé?

Juste te dire Merci pour les textes. :) Un grand merci!

A bientôt Monsieur Masqué!

Le professeur masqué a dit…

À tous: merci de votre sollicitude. J'en suis profondément touché, même si ma peine m'empêche parfois de ressentir tout le bien que vous m'envoyez et que je sais sincère.

Hortensia: disons qu'une des raisons qui explique que je n'ai pas réagi à l'annonce de la rupture de ex--madame-masquée est cet état de fatigue aigu. J'étais «ailleurs» dans ma propre vie.

Par ailleurs, je croyais que Ex aurait la sagesse de ne pas rompre à un pareil moment. J'avais tort. Elle avait déjà vu ce qu'une situation similaire avait fait comme dégâts chez moi. Il n'y a pas de bon moment pour rompre.. ai-je entendu depuis un bout. C'est peut-être vrai. Mais il y en a des pires...

Souimi: pour l'instant, même aujourd'hui, je ne sens que mon coeur qui bat mal et qui souffre. De ne pas savoir le pourquoi de cette rupture est une source de douleur incompréhensible. Le bonheur m'est difficile parce que je le vivais avec elle et le souhaitais avec elle.

Une peste: merci. Tu n'as rien de la peste, chère Peste.

Une femme libre: Merci de vos pensées. À mon école, je suis le spécialiste des élèves en dépression. Sur cinq critères de dépression, j'en ai trois. Me manquent les idées suicidaires et le refus de s'alimenter. Pour la bouffe, on me gave. Pour les idées, j'essaie de les éviter, mais on ne peut pas toujours se contrôler dans cet état-là. J'ai déjà connu un état similaire lors d'une rupture assez semblable, quoi qu'en pense Ex qui refuse cette comparaison.

Jo: on est donc frères de combat.

Miss Math: les nuages sont davantage dans mes yeux.

Monsieur A: le coeur est en berne et le répondeur inutile, je crois.

Marie-Piou: merci à toi. Pour l'instant, je traverse encore.

En saignant: un merci à vous tout sincère. Je lis encore vos textes et je les jalouse. Un prochain billet fera un lien avec vous.

Circé: on est tellement dans des situations opposées que je me sens mal de te parler de ma peine, tu sais. Dis-moi que le projet tient toujours pour l'an prochain? Parce que professionnellement parlant, ça n'a jamais été aussi bien. À en être déprimant...

Ness; condonc, être plaqué , est-ce dans notre description de tâche?

Zed: peut-être. C'est le sens de la rébelion qu'il faut parfois craindre.

Bobbi: je nage très mal.

Zed again: c'est cette sensibilité qui fait que je peux tisser des liens aussi étroits avec les jeunes qu'on me confie.

Sylvain: il y a des Bromo Zelter pour le cerveau?

Bibco: comme toutes les fois ou je crois à l'amour, je me suis isolé. Ex, famille de l'Ex, Fille masquée, un ou deux amis. Les deux tiers de mon univers sont disparus d'un coup et Fille masquée me fait la vie très dure actuellement, à un point tel que je risque de voter une pause de paternité.

Zed re-again: tu crois que le mot «nation» a encore un sens au Québec?

Re-marie: moi et l'informatique. moi et la concentration...

Anonyme a dit…

''Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel.'' Eugène Delacroix

''Ce qu'on nomme la crise n'est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde.''
Jacques Attali

Vous êtes nos moitiés,
Avec nous assorties
Vous formez un beau tout
Séparez-vous de nous
Vous n'êtes que parties,
Vous n'êtes rien du tout.
Vous êtes les zéros,
et nous sommes les nombres
Qui nous faisons valoir.
[Benserade

Ayez surtout le souci de séparer les choses du bruit qu'elles font.
Sénèque...

Alors ne me reste plus qu' a souhaiter, qu' il y ait un endroit et des gens qui sauront vous apaiser... Les mots n' ont pas toujours l' impact désiré...

Je pense à vous, j' espère que ca va aller, du moins aujourd' hui, demain, on y reviendra :)