15 novembre 2010

Les mauvais parents, eux (la suite 2)

Les événements se bousculent un peu. Moi qui pensais pouvoir me la couler douce et écrire un billet aux deux jours cette semaine... Yves Boisvert me scoope en publiant un excellent texte ce matin sur l'attitude des Québécois quant à l'éducation: «Pour une fois que Charest a raison». Il cite des chiffres qui me font sourire parce qu'il rappelle ceux d'un autre sondage que je n'arrive pas à retrouver. Grosso modo, au Québec, l'éducation est une valeur moins importante que pour le reste du Canada. Merci. Bonsoir.

Ainsi, dans le cadre du rapport effectué par Jacques Ménard sur le décrochage, on a fait une petite étude comparative canadienne.

Quand on a demandé aux Québécois s'ils jugeaient «extrêmement important d'assurer la bonne connaissance de la lecture, de l'écriture et des mathématiques», ils ont répondu oui à 81%. Les parents québécois ont effectivement l'éducation de leurs enfants à coeur. Sauf que dans le reste du Canada, on a répondu oui à 94%.

Diriez-vous qu'il est extrêmement important d'acquérir une attitude disciplinée par rapport aux études? a-t-on demandé aussi. Oh, oui, ont dit 61% des Québécois sondés. C'était 80% dans le reste du Canada.

Une anecdote personnelle. Du côté de l'ex-belle-famille, on retrouvait une jeune fille qui allait au primaire. Belle, brillante, première de classe. Elle avait des rêves, elle voulait réussir dans la vie. Quand est venu le temps de choisir son école secondaire, ses parents lui ont dit: «Choisis ce que tu veux: on ne te paiera pas le cégep. On n'a pas eu besoin de ça, nous autres.» Pour ajouter un peu de couleur à ces parents, le père travaille dans la construction et est alcoolique. La mère vit de petits boulots à droite et à gauche tout en était plus ou moins fiable.

Vous pensiez-vous que ce genre de parents n'existait plus? Faque oui, il y DES parents qui devraient recevoir des coups de pied au cul. Pour reciter ce que j'ai déjà écrit:

«Il serait grand temps que certains parents réalisent - ou qu'on leur fasse réaliser - que l’éducation n’est pas un service mais un privilège ainsi qu’une obligation sociale et légale. Il serait grand temps qu’on les responsabilise. Mais ça aussi, il ne faut pas le dire… C’est un autre tabou.»

Mais voilà: comment responsabiliser des parents? Avec des campagnes de publicité mièvre comme celle du MELS? En établissant des mesures administratives et légales? Imaginez la levée de boucliers à laquelle on assistera. Chose certaine, un fait est indéniable: l'école et les enseignants ne disposent d'AUCUN pouvoir face aux parents qui trichent, qui motivent de façon frauduleuse les absences de leur enfant, par exemple.

Je devais aller vérifier ces faits pour un prochain texte mais saviez-vous qu'en Finlande, le pays qu'on cite sans arrêt en matière de réussite scolaire, l'école aurait le pouvoir de demander à un jeune de passer un test de dépistage concernant la consommation de drogue? que l'école pourrait aller tirer un jeune du lit s'il ne se point pas en classe?

Si on faisait la même chose ici, au Québec, on hurlerait à la Charte des Droits et Libertés! Parce qu'au Québec, on veut les avantages de la liberté sans les responsabilités qui l'accompagnent.

On parle des parents et de l'éducation au Québec. Combien votent lors des élections scolaires?Cette semaine est celle de la rencontre des parents dans ma commission scolaire. Combien se pointeront à mon école et lesquels vous croyez?

Par ce billet, je ne veux pas rejeter sur les seuls parents l'échec que vit le système scolaire québécois mais, si on veut changer les choses en éducation, il est temps qu'on regarde certaines vérités en face et l'attitude de certains parents en est une.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il n'y a pas de mauvais parents. Il n'y a que des parents qui ne connaissent pas le nouveau langage grammairien. Il n'y a que des parents qui ont baissé les bras pour s'objecter à ce que leurs parents ont fait. Il n'y a que des parents qui se dévouent corps et âme (et même plus) pour que leurs enfants réussissent. Et il y a les parents asiatiques qui volent leurs vies d'enfants à leurs enfants pour que ceux-ci soient performants. Quel modèle de société choisissons-nous? Est-ce que ce que vous avez choisi pour votre fille vous satisfait PM? Les parents font pour le mieux avec les moyens qu'ils ont.

Lud. a dit…

Prof masqué,

Ceci pourrait vous intéresser et vaudrait peut-être même un billet.

http://ladeseducation.ca/

Vanessa a dit…

J'ai lu plusieurs billets de votre blog, et je dois vous dire monsieur Masqué que je suis un peu découragée...
Je suis présentement en questionnement sur ma future carrière et je songe passer de soins infirmiers à enseignement de l'univers social au secondaire. Cependant, à la lecture de vos billets, il me semble que les professeurs ont autant de difficulté que les infirmières à pratiquer leurs métiers dans des conditions adéquates ce qui m'inquiète un peu.

J'ai aussi eu la chance de lire un commentaire sur un de vos billets où la personne expliquait que souvent les jeunes qui choisissent la carrière de professeur ne se basent que sur ce qu'ils ont vu au secondaire sans chercher davantage d'information et abandonnent peu de temps après le début de leurs études.
Alors, j'ai une question pour vous, que devrait-on absolument savoir avant d'entrer dans ce domaine afin d'être bien renseigné et d'éviter d'abandonner après la première année d'étude ?