05 avril 2007

Une autre chroniqueure du Journal de Mouréal

Aujourd'hui, je ne m'en cacherai pas: je ne suis pas de bonne humeur. Depuis une semaine, je me suis promis de vous écrire à propos d'une personne qui sévit à l'occasion dans les médias. Mon exaspération aidant, je me lance! Mon billet sera long. J’espère qu’il saura vous apporter quelque chose.

Il y avait déjà Nathalie Elgrably qui nous avait déjà émus avec sa longue analyse sur la permanence des enseignantes. Voilà que ce quotidien du matin publie régulièrement les propos édifiants d’un autre spécimen rare.

Mme Claudine Potvin est accompagnatrice scolaire. Un titre qui semble sérieux et crédible, mais que je traduirais plutôt par gérante d'estrade. On peut la lire dans le Journal de Mouréal chaque lundi et elle n'hésite pas à donner son avis sur divers sujets souvent reliés au monde de l'éducation.

Question d’asseoir sa crédibilité, Mme Potvin fournit une belle biographie qu’on peut consulter sur le site du JdeM comme s’il s’agissait d’une info-pub ou d’un échange de bons services. En effet, elle prend bien soin de préciser qu’elle est enseignante et directrice-fondatrice des entreprises Accompagnement Scolaire inc. et Service de Soutien Scolaire inc. Une telle façon de faire pue la plogue de mauvais goût, mais bon… Ça doit être une autre forme de convergence. Vous remarquerez également sa photo qui, quant à moi, en dit beaucoup sur le personnage.

La première fois où j’ai été confronté aux propos de Mme Potvin, c'était à l'émission de Denis Lévesque à propos du cas pathétique du petit Félix.

Je ne dis pas que cette dame ressemble au Doc Mailloux, mais elle gagnerait parfois à savoir de quoi elle parle avant d'ouvrir la bouche. S'il est facile de ne garder que les bêtises prononcées par quelqu'un qui écrit une chronique sur une base régulière, certaines positions qu'elle a adoptées ont de quoi à laisser certains enseignants pantois.

Ainsi, dans le cas de l'enfant mis en cage dans une école primaire, il faut la voir commenter une situation sur laquelle elle n'avait comme informations que ce qu'en avaient rapporté les médias. Je la cite:

«L'enseignante et la direction d'école ont définitivement manqué de jugement et ont omis de respecter des étapes cruciales dans une telle situation. De plus, lorsqu'on veut isoler un élève et qu'on désire l'aider à bien écouter ce qui se passe en classe, ce n'est certainement pas en l'isolant comme un animal de foire et encore moins en le mettant face à un mur. Cela ressemble davantage à une punition qu'à une intervention professionnelle qui devrait être prise dans l'intérêt de l'élève et de ses camarades de classe. Qu'on appelle l'ordre des enseignants du Québec.... Oups, c'est vrai, il n'y en a pas.»

Y a-t-il un ordre professionnel des commentateurs de l'éducation, au fait? C’est bien regrettable.

Elle commente également l'histoire d'un technicien en éducation spécialisée qui aurait menotté un élève dans le sous-sol d'une école.

«Décidément, le milieu de l'éducation n'a pas terminé de nous en faire voir de toutes les couleurs. Un technicien en éducation spécialisée a trouvé comme seul moyen de contrôler un élève récalcitrant, de le menotter à un poteau dans le sous-sol de l'école. Les techniciens en éducation spécialisée sont formés justement pour apporter du soutien disciplinaire aux enseignants. Hello soutien! Après trois jours de ce même stratagème, l'enfant décide d'appeler les autorités policières avant même d'en parler à ses parents. L'histoire est en cours, l'enfant a changé d'école et ne fait maintenant plus confiance aux intervenants scolaires. A-t-il raison de réagir de cette façon?»

Notez que l'accompagnatrice scolaire Potvin décrit les faits comme s'ils étaient réellement arrivés. En journalisme, la prudence recommande, à tout le moins, l'usage du conditionnel, surtout quand l'histoire est en cours (sic).

Mais à quoi peut-on s'attendre de quelqu'un qui pique une expression au journal Le Devoir du dernier, soit les parents-rois, pour la reprendre dans une de ses chroniques sans avoir au moins la délicatesse d'indiquer ses sources?

Le plat de résistance survient toutefois quand Mme Potvin traite de la réforme.

Les bienfaits de la Réforme (sic)

«Elle permet aux élèves de valider leurs connaissances en développant leurs compétences par exemple, un enseignant peut faire un projet de réaménagement de la classe en mettant à contribution les élèves qui vont travailler à l’aide de plans (périmètre, unités de mesure, etc.) et qui vont valider l’acquisition des connaissances transmises par l’enseignant en les appliquant au projet.»

Je remarque tout d’abord que, dans la vision de l’accompagnatrice scolaire, pédagogie par projet et réforme vont de pair. Comme d’habitude, l’exemple mentionné s’applique mieux au primaire qu’au secondaire. Ce sont également les élèves qui valident leurs connaissances. En sont-ils capables? Ont-ils la maturité suffisante pour le faire? Où est l’enseignant dans ce processus de validation? Et qui a donné le temps à l’enseignant de créer ce projet? Enfin, poursuivons.

«L’élève a deux ans pour assimiler les apprentissages du cycle. Donc, un élève de première année éprouvant des difficultés ou apprenant avec un rythme un peu plus lent aura la deuxième année pour consolider et rattraper les apprentissages non acquis.»

Ici, on commence à entrer dans une vision relevant de la pensée magique. À lire Mme Potvin, on a l’impression que la deuxième année du cycle n’est en fait que de la révision et qu’un élève pourra effectivement rattraper son retard. Dans les faits, rien n’est plus loin de la réalité. Les élèves en difficulté demeurent en difficulté. La matière avance. Ils n’arrivent pas à reprendre leur souffle et ils se désespèrent…

Vous croyez en avoir lu assez? Attendez : le meilleur reste à venir!

«Elle (c.-à-d. la réforme) vise davantage le développement des compétences et le dépassement de soi-même que les apprentissages en robot (par cœur) et la compétition ne fait souvent que mousser la performance des meilleurs et dénigrer les difficultés des plus faibles.»

Quelle condamnation sans appel de convictions pédagogiques autres que celles mises de l’avant par la réforme! Un peu de mépris et d’arrogance avec ça? Les quinze années que j’ai enseignées en cinquième secondaire sont balayées d’un coup : je n’ai produit que des robots et dénigré les plus faibles! Et le vilain mot est lâché : la compétition pas fine! Comme si, pour moi, le fait qu’un élève soit meilleur en français qu’un autre en faisait un moins bon être humain ou un moins bon élève! Enseignants du monde entier, vous êtes tous des cons si vous n’êtes pas un fervent du renouveau pédagogique!

«Un élève est capable de voir par lui-même ceux qui réussissent mieux que lui et ceux qui ont plus de facilité. Il n’a pas besoin de pourcentage et de moyenne de groupe pour valider le tout.»

Là-dessus, j’ai demandé à un collègue si ses deux enfants au primaire étaient capables d’identifier ceux qui réussisent mieux qu’eux. Réponse : avec la réforme, ils n’arrivent absolument pas à le savoir. Tout le monde est donc égal… Vive Orwell!

«Le parent a-t-il besoin de la moyenne du groupe pour accompagner son enfant et l’encourager dans son cheminement scolaire? Le parent ne veut-il pas davantage amener son enfant à se dépasser lui-même à s’améliorer tout en respectant ses propres capacités? La comparaison avec les autres de la part d’un parent envers son enfant n’est pas appropriée.»

Actuellement, la majorité des parents ne comprennent pas le bulletin de leur enfant. Ils ne peuvent donc pas l’accompagner de toute façon. Quant à moi, c’est un peu prendre les bons parents pour des imbéciles que de penser qu’ils ne se fient qu’à l’écart avec la moyenne du groupe pour évaluer leur enfant. Il s'agit un indice parmi bien d’autres et plusieurs parents sont capables de faire la part des choses. Ceux qui n'y arrivent pas, réforme ou non, demeureront demeurés.

Les ratés de la Réforme (sic)

«Les enseignants ont été mal formés et mal préparés pour l’implanter, d’où les difficultés rencontrées jusqu’à maintenant.»

On ne cesse implicitement de nous rappeler notre incompétence. C'est agaçant à la fin! Et les programmes incompréhensibles? Et les retards du MELS dans la conception des programmes? Et l’improvisation à outrance? Et les manuels absents? Et les conseillers pédagogiques qui en savent à peine plus que les enseignants à qui ils donnent des formations? Et le manque d’écoute du MELS?

«Le nouveau bulletin est conçu avec des termes réservés aux professionnels de l’éducation. Les parents ne se retrouvent pas et ne comprennent pas les nouvelles données inscrites au bulletin.»

Comme je comprends difficilement certains éléments des bulletins, j’en déduis que je ne suis pas un professionnel de l’éducation, comme bien de mes collègues d’ailleurs.

«Au secondaire, le style d’enseignement du français (ex . : par la littérature) est maintenant à la discrétion de l’enseignant. Par conséquent, si l’élève a trois enseignants (secondaire 1, 2, 3) préférant passer par la littérature pour enseigner le français, il ne verra pas une autre façon d’apprendre.»

Avouez que c’est clair! À quatre professeurs de français, dont un qui possède un doctorat en didactique, on cherche encore ce que signifie ce passage. Style d’enseignement manière comme que?

«Il n’y a pas plus de ressources.»

Quelle surprise! Le fric est englouti dans des comités, des structures, des études, des formations. Et ne parlons pas de l’achat des manuels!

Il n’y a pas à dire : quelle analyse que nous a livrée Mme Potvin! Quelle critique poussée! Et où parle-t-on des fondements idéologiques et pédagogiques plus que douteux de ce renouveau? Des élèves en difficulté de plus en plus nombreux? De la baisse des résultats en français?

Serez-vous surpris quand je vous indiquerai le titre de cette chronique sur la réforme? Rien de moins que Retroussons-nous les manches et continuons la Réforme (sic). Comme si les enseignants n’avaient pas déjà fourni des efforts pour essayer de l’implanter!

Mme Potvin : accompagnatrice scolaire? Pour mes collègues, ils comprennent rapidement en la lisant que, côté accompagnement, le titre de brigadier lui conviendrait davantage.

À propos de Félix (Comme un animal?):
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=3

À propos de l'éducateur spécialisé (Comme un fugitif ou un prisonnier...)
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=2

À propos des parents-rois (Êtes-vous un parent-roi?)
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=2
http://www.ledevoir.com/2007/02/19/131671.html

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci, Prof masqué... Très, très intéressant.

Si j'ai bien compris, après l'ancienne réforme où on enseignait le français au son et à la reconnaissance de symboles, on pourrait maintenant enseigner la littérature, uniquement. Tiens, pourquoi pas via des DC lus, afin d'éviter complètement les frustrations dévalorisantes de l'orthographe et de la grammaire.

Bon, écoute, pour être à peine, juste un peu, genre, comme, laconique, ne t'en fais pas si tu n'as pas tout compris et tout absorbé de la réforme. Après tout, tu as deux ans pour la comprendre, à chaque année, et tu n'es en compétition qu'avec toi-même (quoi que là, c'est plus dangereux, vus tes critères...)

J'ai pas trop mal compris? Pas de notes, surtout, et pas de moyenne, hein!

Sans farce, grâce à tes explications, je conprends de mieux en mieux cette fameuse réforme.

Le Prof a dit…

C'est effectivement pathétique et dénué d'argumentation valable, vous l'avez très bien souligné Prof masqué.

Ce qui me désole, c'est que cette dame entretient le mépris qu'exercent envers nous les grands penseurs de l'éducation (vous savez, ceux qui nous disent quoi faire sans jamais avoir enseigné, ou si peu).

unautreprof a dit…

Divertissant!

Je ne suis pas non plus très séduite par cette journaliste.


Je ne veux pas tomber dans le cliché, mais le journal de Mourial ne produit pas les plus grands journalistes. Mme Potvin semble en être un bel exemple.

Que de la surface, que du jugement d'un regard extérieur. Elle survole tellement rapidement que sa vision semble embrouillée.

Billet intéressant qui réflète malheureusement l'opinion de bien des gens (surtout ceux qui travaillent dans les boîtes de la c.s.)

Sylvain a dit…

Il y a deux ou trois jours, je vous aurais dit : regardez le nom du journal et vous avez un très bon début de réponse !

Depuis hier, avec un article de Cyberpresse (Le Soleil à Québec) où le manque de rigueur et le manque de clarté sont plutôt présents, je me dis que plusieurs journalistes ou commentateurs "officiels" font trop vite, ou donnent trop dans l'obsession de la cote d'écoute ou du tirage...

Finalement, j'ai trouvé plus d'information cohérente en lisant le blogue d'un collègue : discussion qui s'étale sur plus d'un an (sporadiquement). On peut trouver les références aux articles et à la discussion du collègue en cliquant sur l'expéditeur de ce commentaire, mais je ne veux pas que ce soit considéré comme une "plogue" ici...

Anonyme a dit…

Salut prof masqué !
Excellent billet (la longueur ne me rebute pas, môa !).
Le parent que je suis a le goût de réagir à ceci : «Le parent a-t-il besoin de la moyenne du groupe pour accompagner son enfant et l’encourager dans son cheminement scolaire? Le parent ne veut-il pas davantage amener son enfant à se dépasser lui-même à s’améliorer tout en respectant ses propres capacités? La comparaison avec les autres de la part d’un parent envers son enfant n’est pas appropriée.»
Je suis consciente que des parents poussent leur jeune à "être au dessus de la moyenne", et mettent un pression qui n'est pas souhaitable. Pour ma part, connaître la moyenne me permet de comprendre que si mon jeune a un "D" quelque part et que la moyenne est "C", il y a moins lieu de s'inquiéter que si la moyenne est "A" !
Mais peut-être que je suis dans les patates aussi... comme la dame Potvin par (gros) bouts !

Forsythia a dit…

Y'en a tellement à redire que je vais si tu permets PM réutiliser des bouts de ton texte pour mon commentaire :


«Les enseignants ont été mal formés et mal préparés pour l’implanter, d’où les difficultés rencontrées jusqu’à maintenant.»

On ne cesse implicitement de nous rappeler notre incompétence. C'est agaçant à la fin! Et les programmes incompréhensibles? Et les retards du MELS dans la conception des programmes? Et l’improvisation à outrance? Et les manuels absents? Et les conseillers pédagogiques qui en savent à peine plus que les enseignants à qui ils donnent des formations? Et le manque d’écoute du MELS?


Et la réforme, qui l'a pensée? Des gens qui sont dans les hautes sphères du MELS. Des gens qui parfois, sont passés du Bacc. à la maîtrise, de la maîtrise au doc. sans toutefois aller dans des classes plus que ce que les stages leurs ont demandé. C'est pas le cas de tout le monde mais quand même. Faut être sur le terrain un peu pour comprendre que dans bien des cas la réforme ne s'applique pas. Je suis loin, mais très loin, d'une sommité dans le domaine, mais mon tout petit remplacement d'un an dans une école secondaire m'a permis de voir que dans bien des cas, passez par la bonne vieille méthode d'enseignement théorique fait très bien la job. C'est comme si on était passé d'un extrême ou les projets se faisaient plus rares vers l'autre où il ne faudrait pratiquement que ça !

Ensuite, tu parles de la notion des "deux ans pour apprendre et passer au cycle suivant" non seulement on fait dans la pensée magique, mais en plus, dans mon coin de pays, la rumeur était, durant les premières années de la réforme, qu'il était impossible de "pocher" au primaire. Ce ne fut pas long que pour bien des élèves le mot d'ordre fut : "je m'en fiche, je peux pas pocher de toute façon". Les gens sont mal informés et sans compter que, lorsque les bulletins arrivent, j'en conviens, les parents ne savent pas comment les lire. Je passe mon temps à en décortiquer le contenu avec eux de ce temps-ci.

C'est dommage que Mme Potvin parle ainsi, je fais le même genre de boulot qu'elle, et selon moi, y'a aucun avantage à vouloir toujours tout mettre sur le dos de l'enseignement. L'important c'est de coopérer.

Mais reste que pour une petite nouvelle dans le domaine comme moi, qui voit comment elle a d'énorme moyen de se faire voir, et connaître ... brrr ça fait peur!

Super billet, j'ai bien apprécié ton analyse, merci.

Hortensia a dit…

Ahurissant!
Je ne connaissais pas cette "sommité" du monde de l'éducation.
Vous montrez bien, prof masqué, son absence de rigueur, sa prétention (avez-vous vu le titre de son blogue?!) et la démagogie dont elle fait preuve. Traitez-moi de snob si vous voulez, mais ses textes m'ont rappelé pourquoi je ne lis jamais ce journal.

Le professeur masqué a dit…

Tout d'abord, un remerciement d'être des lecteurs patients. Dans la blogosphère, j'ai parfois peur d'écrire des billets trop longs et de favoriser le... décrochage! Comme me l'a déjà dit un ancien curé: «Les sermons courts remuent les coeurs, les sermons longs remuent les fesses.» Il en va de même pour la pédagogie et la communication.

Zed: J'espère surtout que vous saisissez, avec un tel article, que les profs ne comprennent parfois rien de la réforme... tellement c'est n'importe quoi!

Le prof: effectivement, à tort ou à raison, on sent chez Mme Potvin une forme de mépris qui vient d'une certaine ignorance de la réalité du terrain. Elle porte des jugements en regardant les autres de haut. Pourtant, dans sa bio, la dame indique être enseignante.

Un autre prof: le JdeM a généralement une couverture sympathique aux enseignants en ce qui concerne l'actualité. C'est du côté des chroniqueurs que les choses dérapent parfois. Mme Potvin en est un bel exemple.

Sylvain: vous faites référence sûrement à ce qui se passe à l'école secondaire de Neufchâtel avec le programme PEI. Le Soleil vient tout juste de changer de changer de journaliste en éducation, ce qui peut expliquer que le nouveau veuille faire de l'épate. Quant au blogue que vous mentionnez, il s'agit soit de celui Mario Asselin ou de celui de François Guité. Les deux sont peut-être moins jazzés que le mien ou le vôtre, mais sont intéressants quand ils s'agit d'aborder des questions de fond.

Je mets les liens ici pour les curieux:
http://carnets.opossum.ca/mario/index.html
http://www.opossum.ca/guitef/

Mme Renée-Claude: mon intuition me dit que vous êtes loin d'être dans les patates. La moyenne est un indicateur au même titre que le rang cinquième, la cote R et tout le tralala. Il existe aussi le jugement et le gros bon sens parental. Tu ne demandes pas à ton enfant ce qu'il ne peut pas donner, il me semble, mais tu t'assures qu'il donne ce qu'il a.

Forsytha: on partage plusieurs points de vue, effectivement. Je suis peut être un peu tanné de toutes ces grandes gueules (Mailloux, Gendron, Proulx, Fillion et compagnie)qui abordent des sujets sans effectuer des recherches suffisantes. Les «petits Joe connaissants» en mènent large. Quant aux moyens dont dispose Mme Potvin, il faut avouer qu'elle sait se ploguer.

Hortensia: il faut lire de tout pour mieux apprécier ce qu'il y a de bon. Quand tu as lu «La femme de trente ans» de Balzac, c'est là que tu réalises son génie dans des oeuvres comme «Le Père Goriot». Mais on n'est pas obligé de se soummetre à l'épreuve constamment.

Pour ma part, je crois que le JdeM a une bonne section actualité. C'est du côté des chroniqueurs que j'ai mes réserves.

¤Enidan¤ a dit…

Moi je dois être une des seules enseignantes au monde à croire qu'il y a du bon dans cette réforme... :oS

Je pense toutefois que les anciennes "méthodes" doivent se "marier" avec la réforme...

Le bulletin de la réforme DOIT s'accompagner d'un document explicatif (grilles ou portfolio) et ainsi, les parents pourront comprendre davantage les résultats de leur enfant..

Pour ce qui est de la continuité du cycle, des enfants en difficultés et du manque de ressources, je suis d'accord avec toi !!

Ce qui est dommage dans cette réforme c'est qu'elle aurait dû être appliquée en même temps qu'une diminution du ratio... ce qui n'a pas été fait "vraiment"... On se retrouve donc avec des groupes pleins à essayer "d'évaluer différemment"... sans oublier l'intégration ET le manque de ressources... Il est là le problème à mon avis !!!

Le professeur masqué a dit…

Enidan:

Ne vous sentez pas mal de voir des bons côtés à cette réforme. Il y en a. L'éducation était mûre pour se faire brasser les puces à l'époque. On n'a quand même pas organisé des États généraux sur l'éducation pour rien (quoique, au Québec, c'est un peu une mode relevant de notre modèle québécois, mode qui a ironiquement vu le jour sous Lucien Bouchard, je crois).

Sauf qu'on a eu droit pendant des années à de beaux discours nous expliquant les bienfaits de la réforme et pourquoi il fallait l'appliquer, discours ou l'on dénigrait souvent ce qui s'était fait avant.

La réforme, quant à moi, n'a pas que manqué de moyens financiers: elle a ausi manqué de modestie. Mais il faut voir l'arrogance de ceux qui l'ont pilotée pour comprendre comment on en est arrivés là.

Par ailleurs, pour les profs du début du primaire, la réforme ne pose pas problème. C'est lorsqu'arrivent les échéances de fin du primaire qu'on comprend que celle-ci souffre de lacunes importantes et n'a pas apporté tous les effets qu'on avait escomptés.

unautreprof a dit…

couverture sympathique est une chose, rigueur en est une autre.

Gooba a dit…

Je suis d'accord avec le dernier commentaire du prof masqué. À la fin du primaire, on voit tellement la différence et les manques que c'est difficile d'être en accord avec la Réforme. Je ne crois pas que tout soit mauvais, mais appliquée telle quelle, elle conduit à l'échec d'un plus grand nombre d'élèves, même si ça ne paraît pas sur papier (bulletins).

Pour ce qui est de cette "journaliste", un seul commentaire : y en a vraiment qui perdent toutes les occasions de se taire!!! Mffffff!

Ness Eva a dit…

Elle + Moi = Très mauvais mélange. Elle me fait rouler les yeux à l'envers, elle me fait sacrer, elle fait augmenter ma pression, bref, rien de bon pour la santé.

"Défendeuse de la Réforme" serait un bon titre pour elle. Ou encore "Guerrière de l'éducation pour le MELS et al." Tsssss- Elle n'est même pas objective dans ses propos.

En lisant votre billet, j'ai laissé échapper quelques jurons. C'est simple, elle me purge.

Merci d'avoir publié ce billet. Très pertinent, très intéressant.

Sylvain a dit…

Cher PM, exact pour les références... J'étais un peu dans le brouillard quand j'ai écrit ce matin ;-)

Ce que je dénonce, c'est le manque de rigueur et la volonté de faire de l'épate, comme vous dites : ça devient lassant à la fin !...

Catherine a dit…

Wow! Je croyais être une des rares à ne pas l'aimer...

Personnellement, je l'ai connu non grâce au journal de Montréal, mais plutôt par Salut Bonjour Week-End. Non, je ne l'aime pas comme individu (elle fait trop pincé à mon goût), mais je l'écoute quand même, pour voir jusqu'où ses propos iront... Jamais bien loin. Le genre de chronique qu'elle fait pourrait effectivement aider bien des parents... Mais à mon avis, ce n'est pas assez concret.

Si vous voulez admirer cette fabuleuse personne, vous pouvez même aller sur le site de Tva pour Salut Bonjour Week-End et vous aurez la chance de voir certains vidéos d'elle et de ses chroniques.

http://tva.canoe.com/emissions/salutbonjourwe/famille/liste.html

Le professeur masqué a dit…

Catherine, Ness, Gooba et Un autre prof:

Ah! que c'est soulageant de ne pas aimer quelqu'un en groupe et pour les mêmes raisons. On se sent moins seul devant la bêtise humaine

Anonyme a dit…

Prof masqué,

Non, je ne sais pas jusqu'à quel point elle est incompréhensible, la réf, ni à quel point les profs ne la comprennent pas non plus.

C'est décourageant et difficile d'élaborer des arguments, pour vous aussi, alors, si c'est tout et rien, à part celui-là, être tout et rien... Et bien sûr quelques pièces du casse-tête, aperçues ici et là ou récurrentes, comme ces fameux bulletins et évaluations, le manque de matériel, de ressources...

Pour les deux derniers, je n'ai pas l'impression que c'est nouveau (ça ne valide pas, bien entendu!) et ce n'est pas seulement dans les écoles primaires et secondaires, mais dans tout le système d'éducation, et ailleurs...

L'éducation... à repenser, avec des arguments. Mais j'ai l'impression de tourner en rond. Comment élaborer des arguments sociaux globaux et des approches particulières, concrètes afin de faire pression pour que les choses (quelles choses) changent (comment?). Bouhouhou...

;-)

Le professeur masqué a dit…

Zed: actuellement, le débat sur la réforme n'est plus éducatif ou logique: il est politique. Il n'y a pas vraiment de réflexion. La fameuse table de pilotage sur la réforme, qui est censée évaluer celle-ci, est essentiellement politique et formée de gens qui relèvent du ministre. Les profs qui y siègent sont minoritaires.

Des comités bidons de la sorte, il en existe plusieurs comme ça au MELS. Ils valident ce que le ministère veut entendre et,quand on exprime un point de vue différent, on fait la sourde oreille.. J'y au siègé, des collègues y ont siégé. On signe des ententes de confidentialité qui nous empêchent de dénoncer toute cette supercherie.

Ne cherchez pas de logique dans tout ce débat: il n'y en a plus depuis longtemps. Maintenant, on impose, on s'entête, on sauve la face. Et si on doit reculer, on le fait en utilisant un double langage qui me fait penser à 1984.

Le constat est noir, j'en suis désolé.

Anonyme a dit…

Je connais ce genre de situation, et c'est parce que c'est politique et idéologique qu'il faudrait, à mon avis, pouvoir avoir des arguments bien étayés.

Tu vois, avec Mario Dumont en opposition, c'est sûr que les (semblants de) débats vont ressurgir. C'est pour cela que je cherche à comprendre ce que nous pouvons, comme population, citoyens, parents, activistes, avancer comme arguments.

Comme je comprends votre écoeurement à parler au mur. Mais si c'est ce découragement et le silence argumentatif qui gagne, est=ce que ça ne va pas encore empirer? (Je n'ai pas de réponse...)

Pour ma part, j'ai vraiment l'impression de tourner en rond dans tout ceci, et ce n'est pas faute d'essayer.

Merci pour ta patience, Prof masqué! Je devine ta frustration, tu sais, ainsi que celle de tes collègues, qui commentent. Si cela peut te consoler un tout petit peu, c'est aussi frustrant et pour des raisons ma foi, asssez semblables, ailleurs.

C'est la fête de la vie et des bébés animaux, des fleurs, des bourgeons et du printemps, alors je te souhaite tout cela joyeux tout de même, ainsi qu'à tes commentateurs et commentatrices.

Mme Prof a dit…

Soupir de soulagement de voir que je ne suis pas la seule à me retenir une folle envie de piaffer devant tant d'incohérence...
Une fois, elle parlait des jeunes en difficultés d'apprentissage et de comment aider son enfant à mieux cheminer. N'importe qui non relié au monde de l'éducation aurait pu l'écrire, elle n'y connaît rien! Avec des phrases comme : démontrez à votre enfant que vous êtes fiers de ses efforts (n'est-ce pas ce que TOUT parent devrait faire, difficultés ou non)... enfin, ce genre de commentaires très pertinents!

Je voudrais par contre apporter une petite précision sur votre texte. Lorsque vous parlez que les enfants du primaire de votre collègue ne voient pas l'écart entre eux, je dirais plutôt qu'ils la voient. Je ne suis qu'en maternelle et certains m'ont déjà dit : c'est correct que tu lui en demandes moins parce que c'est plus dur pour lui que pour moi (concernant uniquement un coloriage). Je pense aussi qu'ils peuvent le voir par ceux qui finissent plus tôt (pas toujours un gage de réussite, mais bon), par ceux qui ne se lèvent pas 30 fois pour demander des explications juste sur la compréhension de la question, par ceux qui n'éprouvent pas de difficultés à lire à voix haute ou faire les exercices au tableau... Je ne pense pas qu'ils fassent la différence au niveau des enfants dans la moyenne, mais l'écart entre les forts et les faibles sera toujours visible... Réforme ou non!

Forsythia a dit…

@Catherine : J'ai osé gâcher ma journée pour voir une de ses chroniques (les camps de vacances).
Au secours ...
Je vais citer mon ancien prof d'anglais : "Stop stating the obvious!"
Mon bout préféré, celui où elle parle des enfants "qui font des expériences au resto" ... ahh oui tout le temps, j'arrête pas d'en croiser!