19 janvier 2008

De manger et de la langue (modifié)

Deux faits tout petits ont suscité mon attention ce matin à la lecture des journaux. Je les partage avec vous.

Les muffins hallucinogènes

J'ai déjà traité de cet incident hier mais, ce matin, à la suite de cette blague de mauvais goût, certains camarades de classe du jeune inconscient ont pris sa défense dans cet article:
  • «Ben oui, il y avait du pot. Tout le monde le savait... sauf le prof. C'est ceux qui n'avaient pas déjeuné qui se sont sentis mal».
  • «Le gars voulait pas que ça finisse mal comme ça.»

Voilà pourquoi ma maman voulait que je déjeune bien tous les matins! Si jamais quelqu'un qui ne voulait pas que ça finisse mal tentait de m'intoxiquer au pot...

Et depuis quand doit-on excuser les actions d'un individu qui ne souhaitait pas qu'un incident regrettable survienne? «J'ai conduit mon char, pis j'étais paqueté. J'voulais pas la tuer ta blonde dans l'aut' char, té.»

Avec de tels raisonnements, on est en train de justifier une véritable société d'irresponsables. Quand on pose un geste stupide, on a au moins le courage d'en assumer les conséquences, il me semble. Sauf que j'oubliais qu'il y a le mot «stupide» dans cette phrase...

J'ose espérer qu'une des victimes poursuivra devant les tribunaux civils l'auteur de ce geste. Certains individus ne comprennent rien quand on tente de leur expliquer les choses ou s'en tirent avec des peines ridicules devant la justice. Peut-on au moins avoir le plaisir de les frapper au portemonnaie? Un tel recours serait assez facile à entreprendre et à gagner. Il n'y a que le montant de l'amende à verser aux huit victimes qui pourrait faire l'objet d'une contestation.
Vite, un bon avocat qui aime les causes médiatiques et que se paierait au pourcentage!
Une déclaration hallucinée

En réaction à la série d'articles du Journal de Montréal sur les difficultés de se faire servir en français, le vice-président du Parti québécois, François Rebello, a suggéré d'accorder un crédit de taxe aux entreprises qui obtiendraient leur certificat de francisation.
Dans La Presse, on rapporte que M. Rebello «croit que la seule façon de pénaliser la mauvaise attitude des commerçants qui refusent le français comme langue de travail est bien souvent d'y associer un coût.»

J'ai un malaise certain devant cette idée de donner une réduction d'impôts aux entreprises qui respecteraient tout simplement la loi et qui serviraient, entre autres, leurs clients dans la langue officielle du Québec. Il y a une limite à ne pas vouloir sévir et à faire du renforcement positif, il me semble! À quand un rabais sur les frais de scolarité des étudiants qui n'ont pas mis de pot dans les muffins qu'ils ont offerts à leur prof?

De plus, que le gouvernement lie de la sorte le respect de la langue officielle du Québec à une bête question d'encouragement financier me laisse un goût amer. Les entreprises délinquantes paieront leurs impôts comme d'habitude comme tout bon citoyen ordinaire et ne seront pas tenues de respecter la loi. C'est un peu comme si on octroyait indirectement un permis pour ne pas parler français. Moi, je ne mange pas de ce pain-là. Contrairement à ce qui est mentionné dans La Presse, il n'y a aucun coût supplémentaire associé à ce comportement délinquant et l'État (donc nous) se priverait même d'argent pour récompenser ceux qui font leur devoir de citoyen.
Au Québec, on a peur d'appliquer la loi en ce qui concerne les questions linguistiques. Bien sûr, il s'agit là d'un domaine à haute sensibilité politique.

Quant à moi, on a tout faux. Il faut cesser d'attendre du gouvernement qu'il fasse respecter la loi 101 en matière de commerce. En tant que consommateurs, nous détenons déjà un grand pouvoir financier: celui de ne pas acheter chez un commerçant qui ne respecte pas la loi. Nous ne sommes plus à l'époque de la domination des commerçants anglophones. Il existe une grande variété de boutiques et magasins ou l'on peut faire ses achats en français. Mais les Québécois et l'effort de se faire respecter...
Lisez ce texte de Stéphane Laporte qui résume bien ma pensée à ce propos.

En passant, une question me turlupine. L'utilisation du mot «dédiée» est-elle correcte dans la phrase suivante : «Je n'ai pas encore d'opinion définitive, mais ma suggestion pourrait être dédiée aux commerces de 1 à 50 employés.» Revenez-moi avec vos réponses. Je chercherai de mon côté.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste pour la question d'orthographe et d'accord...

En tapant «pourrait être» sur Google, ce qui suit s'accorde donc je suppose verbe d'état qui s'accorde.
«(...)ma suggestion pourrait être dédiée(...)» devrait être correct, sauf si tout le monde se trompe.

Anonyme a dit…

Cher Prof masqué,
Pour "dédiée", il existe le blog de Choubine (une canadienne) qui consacre son carnet à la langue française:
http://chouxdesiam.hautetfort.com/
Pour les problèmes de cohabitation dans un pays coupé en deux par une frontière linguistique, j'habite la Belgique et ai donc déjà donné, merci. ;) ;)
Je suis bilingue, mais ai déjà constaté que le peuple croit qu'on fait des guerres pour des grandes causes: religion, langue et autres libertés fondamentales.
En réalité, les gouvernants "vendent" des libertés aux minorités.
Amitiés

Anonyme a dit…

Je t'adore, version amitié, c'est comment en français? Hihihi!

Dédié : recherche dans Trésor. Une suggestion devrait s'adresser ou être adressée, ici, et non dédiée car dédiée voudrait dire qu'ils (les commerces en question) n'ont aucun besoin d'en tenir compte, ni même d'être mis au courant. On la leur consacre, c'est tout. Bien, c'est ce que je crois, en tout cas.

Tu me fais du bien. Merci... Je partage ta recherche de justice et une grande partie de ta vision du monde.

Zed

L'ensaignant a dit…

Encore notre ami PKP? Mais les envahisseurs sont partout, ma foi!

Je suis seulement passé prendre ma dose d'informations et encore une fois, je dois avouer que vos écrits me choquent. Elles me choquent car je m'apperçois que mes opinions politiques ne sont pas issus d'une paranoïa mais bel et bien partagées par des gens comme vous. Moi qui croyait délirer... sans muffins!

Amitiés blogales!

A.B. a dit…

1. Concernant ton interrogation sur l'utilisation du verbe «dédier»:
«L’expression être dédié à est un faux ami dans le sens de " être dévoué à ", " être consacré à " ou " affecté à ".» Antidote 2007
Tu vois, les correcteurs, c'est utile ;o)

2. Concernant les Québécois et la Loi 101 et son application dans les commerces:
Oublie l'idée que le consommateur est le celui qui a du poids quant au respect de la Loi 101. Comme tu l'écris: «[...] les Québécois et l'effort de se faire respecter...» c'est de la science-fiction.

3. Concernant l'avocat et les muffins:
Guy Bertrand ne dormira pas de la nuit parce qu'il se prépare pour sa conférence de presse qui aura lieu demain. Il doit choisir ce qu'il portera pour l'occasion et se faire un traitement de blanchiment des dents express en plus d'appliquer son autobronzant «sans stries et sans résidus».

Le professeur masqué a dit…

Safwan:

1. C'est bien de voir M. Rebello défendre la langue française en la massacrant de la sorte... De toute façon, je suis assez critique à l'égard du PQ et de sa façon de défendre la langue au Québec.

2. Tu penses qu'on pourrait faire appel à Tom cruise et à l'Église de la scientologie. Il paraît qu'ils sont efficaces.

3. J'avais la même idée.

Le professeur masqué a dit…

à tous: Je suis allé consulter un grand gourou de la langue française. L'emploi de «dédié» est fautif dans la phrase de M. Rebello.