27 décembre 2010

Bilan masqué 2010

Eh oui! Voici venu le temps des rétrospectives et des bilans. Une petite année en 2010 côté éducation, quant à moi. Des événements qui nous ont animés, qui ont suscité la controverse et qu'on a oubliés deux semaines plus tard. «Je me souviens» est la devise de cette province qui oublie plus vite son ombre.

La nomination de Line Beauchamp au MELS
Le MELS a une nouvelle ministre a sa tête. Elle dit vouloir se familiariser avec les dossiers et lire. Entre les branches, on m'a confié qu'elle compte déjà les semaines. Le MELS est une punition pour un politicien.

Quelques dossiers ont été abordés depuis le début de son mandat (bulletin unique, éducation sexuelle), mais on ne sent pas un très grand enthousiasme de la part de cette ministre de qui on pourrait espérer beaucoup.

Déjà prévisible le 6 juin 2010 (ici)

Le départ de Michelle Courchesne
Madame Courchesne a vu ses voeux de mutation exaucés. Il faut dire qu'elle s'était mise les pieds dans les plats avec la question des congés scolaires. Et puis, il faut l'avouer: on peut comprendre quelqu'un d'en avoir sa claque d'être à la tête d'un ministère aussi ingérable.

Il est difficile d'établir quel héritage laissera la ministre dont le rôle a consisté à réparer les pots cassés des autres. Aurait-elle dû y aller de façon radicale au lieu de procéder de façon progressive? Chose certaine, la rédition de comptes qu'on demandera maintenant aux CS et aux écoles est un aspect majeur de son passage dont on ne mesure pas encore l'ampleur. On retrouve également le TECFÉE que certains n'apprécient pas du tout.

Les premières rumeurs de démission en février (ici)
La saga des congés scolaires qui a nui à sa crédibilité(ici et ici)
Aurevoir madame Courchesne (ici)

Le bulletin unique
Nécessaire et contesté par les tenants de la réforme, le bulletin unique vient rétablir un peu d'ordre dans la pagaille de l'évaluation en éducation. Il fait aussi indirectement ce que certains ne veulent pas faire directement: enterrer certains pans du Renouveau pédagogique. Cette façon de procéder a cependant de graves défauts: entre autres, le bulletin unique ne correspond pas aux programmes disciplinaires et à des milliers de manuels scolaire.

Par ailleurs, il est regrettable que la ministre Beauchamp ait retenu la formule de trois bulletins au lieu de quatre comme le préconisait Michelle Courchesne. Aucune justification concernant ce choix discutable. Une bonne vieille habitude du MELS.

Les premières infos (ici)
Une proposition ministérielle (ici)
Deux lacunes importantes (ici)
Une année de transition, pourquoi? (ici)
Un bulletin à trois étapes (ici)
le bulletin unique et l'estime de soi (ici)
Le Conseil supérieur de l'éducation est contre (ici)
Un report imputé aux profs (ici)

La Déséducation
Ce qu'on annonçait comme un événement en éducation s'est avéré un peu décevant. Rien de bien nouveau dans ces capsules vidéo et ce site internet. Et que venaient apporter des gérants d'estrade comme Gilles Proulx et Benoit Dutrizac? Si chaque épisode était bien découpé, le contenu de chacun manquait de structure, quant à moi. Une honnête prise de parole mais qui répète ce qu'on a souvent entendu.

La fermeture du blogue de Normand Baillargeon
À force de se faire écoeurer, on finit par fermer sa gueule. J'ai connu. Baillargeon en a eu assez. (ici)

L'éducation sexuelle à l'école
Sexualité et éducation ne vont pas de pair. On nage dans un domaine à la fois délicat et sensible où l'hypocrisie est aussi très présente. J'ai hâte de voir si un journaliste fera un suivi quant à la suspension administrative de cette enseignante de la Rive-Sud de Montréal.

Comment adapter son enseignement (ici)
Une enseignante sacrifiée (ici et ici) et un directeur général de CS dur à suivre (ici)
Une proposition ministérielle (ici)

La Fondation Jasmin-Roy
Je n'en ai pas glissé un mot, mais l'initiative mérite d'être mentionnée.

Les résultats des jeunes québécois aux tests PISA
Ou l'art de se réjouir de ce que l'on peut tout en récupérant ce qui ne nous appartient pas pour s'en attribuer implicitement le mérite tout en l'utilisant pour appuyer nos pensées pédagogiques

Des résultats à prendre avec un grain de sel (ici)
Une tentative de récupération honteuse (ici)

Les parents
Cette année, on a entendu pour la première fois un politicien dire que les parents ont leur part de responsabilité dans le décrochage scolaire des jeunes. Dommage que ce soit Jean Charest....

Des parents qui contestent l'école jusqu'en cour (ici)
Des parents qui pardonnent tout (ici)
Et les mauvais parents, eux? (ici)
Sortie de Jean Charest sur les parents: le PM a-t-il lu le PM? (ici)
L'ducation, une valeur peu importante pour des parents (ici)

Le TECFÉE
Rien de bien neuf: les aspirants enseignants éprouvent des difficultés avec le TECFÉE. On est tous des incompétents, bien sûr.

Taux de réussite désastreux (ici)
On s'ajuste en fonction des résultats (ici)
Comment déjouer le TECFÉE grâce à Facebook(ici)

Entente de principe en éducation
Réjouissons-nous de ce contrat de travail qui perpétue un décret qui a été dénoncé pour les conditions de travail insoutenables qu'il nous imposait. Rien pour les profs enseignant à la fin du secondaire à qui on pellete les élèves...

Salaire et durée de l'entente (ici)
Rien de réjouissant en vue (ici)
Des moyens de pression (ici)
Des moyens de dé-pression (ici)
Pourquoi je n'appuie pas cette entente (ici)
Une entente décevante (ici)
Une entente approuvée à la soviétique (ici)

Intégration des élèves en difficulté
Voilà un sujet dont on a parlé cette année. Seulement parlé.

Un exemple comme un autre (ici)
Dans ma commission scolaire (ici)

Et les autres...
Des cours de natation au primaire (ici et ici) quand ce n'est pas de sécurité routière (ici), ce lipdub censuré à Sainte-Foy (ici), le vandalisme dans les écoles (ici), le rôle des commissions scolaires (ici, ici et ici), un examen de français plus facile (ici et ici) et bien d'autres événements qui sont déjà passés à la trappe de la petite histoire.

8 commentaires:

gillac a dit…

Impressionnante rétrospective. N'étant pas éducateur, certains sujets abordés sont moins sensibles pour le simple citoyen que je suis. Mais j'avoue n'avoir jamais compris l'abolition du bulletin unique comme si chaque enfant allait passer sa vie dans la même cs. J'avoue avoir avoir été profondément choqué par le texte tarabiscoté servant de bulletin au primaire à Laval (ma soeur y enseignait. J'aurais eu honte de proposer un tel document à des parents.

Mamzelle Z a dit…

Moi, mon année en éducation a été marquée (outre mes élèves et les changements à mon école) de la découverte de votre blog!

À l'an prochain prof masqué

steve bissonnette a dit…

J'attire votre attention sur un mémoire qui a été déposé en 2010 qui montre l'absence d'enseignement explicite du décodage pour l,apprentissage de la lecture! Difficile d'être bon en lecture de cette façon!


Auteur Laurin, Nadine,
Titre Les prescriptions québécoises sur l'enseignement de la lecture au premier cycle du primaire
Éditeur [Chicoutimi] : Université du Québec à Chicoutimi, 2010.

voir ici:
http://theses.uqac.ca/resume_these.php?idnotice=030131050&onglet=ti

Lisez les quelques extraits suivants:


Nous relevons quelques lacunes dans le materiel didactique a propos de la
connaissance des lettres. En effet, les ensembles semblent considerer que le
developpement de cette connaissance va de soi. Entre autres, nous constatons que
l'enseignement des lettres est davantage implicite qu'explicite. (p.181)...

Nous avons constate que les textes proposes dans les ensembles sont
relativement difficiles, si Ton s'attarde a leur transparence grapho-phonetique, car ils
se doivent surtout d'etre intéressants. Ils permettent rarement aux enfants de decoder
entierement les mots, meme si ceux-ci ont parfois l'occasion de decoder dans de
petites rubriques. L'attention de l’élève est centree sur l'idee qu'il doit pour lire,
mobiliser plusieurs strategies lui permettant de reconnaitre les mots d'un texte. Ainsi,
si une classe a vu, au cours d'un theme, les lettres p et o, les eleves de cette classe ont
suffisamment de connaissances sur le code pour reconnaitre le mot pomme dans un
texte. En effet, la premiere syllabe donne un indice, qui ajoute aux illustrations, au
contexte (la classe aborde le theme des fruits) et au reste du texte (le texte raconte une
sortie scolaire aux pommes) donnent assez d'indices pour identifier le mot pomme (il
est a noter que le mot pomme devait faire partie d'une liste de mots a reconnaitre
globalement). En somme, les enfants ont peu l'occasion de developper une maitrise
des processus menant a un decodage qui se pratique en lisant totalement les mots une
syllabe apres 1'autre. (p.182)....


Par ailleurs, à la suite d'une lecture attentive du programme, nous constatons
que le contexte d'apprentissage privilégie par la conception socioconstructiviste sousjacente
au programme de formation releve d'un constructiviste qui met l'apprenant au
centre de ses activites d'apprentissage. Dans ce contexte, il importe que l'eleve ait le gout d'apprendre et qu'il soit motive grace a un environnement riche. II construirait
principalement son apprentissage en interagissant avec 1'environnement, par son
action face au contexte. Nous constatons donc :
- que 1'environnement se doit d'etre stimulant et motivant;
- que l'on accorde moins d'importance a la mediation sociale qui implique
1'intervention de Fenseignant comme expert. La mediation est plutot vue
comme un soutien ou un appui dans la découverte autonome de 1'enfant,
l'enseignant imposant le moins possible un enseignement directif;
- que l'on s'occupe peu des caractéristiques linguistiques des textes presentes.
On accorde plus d'importance à ce qu'ils soient interessants et qu'ils eveillent
la curiosite et le gout de lire. Les textes seront donc beaux et attrayants. (p.183-184)

BRAVO!!! désolé d'être cynique et joyeuses fêtes!

Anonyme a dit…

Merci pour ce bilan et bonne année quand même... C'est effectivement dommage que le ministère continue dans la «non-écoute» du milieu enseignant quant au bulletin et à l'approche «réforme» de l'enseignement (je persiste à penser que tout cela est un maquillage... et qu’il y a une inertie massive au ministère face aux changements nécessaires à apporter). C'est agréable de voir que des intervenants comme Steve Bissonnette donnent leur point de vue. Je pense cependant que M. Bissonnette et ses pairs devraient expliquer encore plus dans les «vrais médias» l'approche «enseignement explicite». Y a-t-il un groupe de pression au Québec qui promeut cette approche? Que faire pour y adhérer et contribuer à sa reconnaissance?

Steve Bissonnette a dit…

L'enseignement explicite est de plus en plus populaire croyez-moi. Je suis invité dans de nombreux congrès et colloques ce qui est nouveau!

Anonyme a dit…

Merci pour ce bilan et bonne année quand même... M. Bissonnette, je tiens à vous remercier pour le lien que vous avez laissé concernant le mémoire de Mme Laurin. Comment se fait-il que l'enseignement de la lecture, en 2010, soit encore aussi consternant? Comment se fait-il que malgré les nombreuses études qui le relatent, rien ne change? Comment se fait-il que les médias ne se garochent pas sur une abomination pareille? C'est comme la nouvelle grammaire (issue de quel consensus?)... N'y aurait-il pas un lien à faire sur cet enseignement et la piètre performance de nos élèves en français? (Je vous invite à lire le dernier texte de "Prof ou Goéland") Au Québec, on lance des façons de faire sans jamais les avoir analyser ou étudier au préalable, puis on constate les dégâts des années plus tard. C'est triste. Ce qui est encore plus triste, c'est que face aux dégâts, on se pète les bretelles en se disant que ça aurait pu être pire!

Paul C a dit…

Bonjour,

Bonne revue de l'année.

J'y ajouterais la question des transversales. Bonne affaire, même si ça risque de ne pas favoriser le tourisme pédagogique.

En pensant à Baillargeon:

Ce matin, à la radio d'état, dans le cadre d'une chronique "doctorat en BD", on parlait d'une BD sur les maths et qui mettait en vedette "un vieux anglais nommé Bertrand Russell". Pour le culturé public de cette radio, le grand philosophe restera donc un "vieux anglais". Maudite pseudo culture étroite et étouffante. Et en plus on utilise doctorat dans le titre!

L'apprentie a dit…

Que je sois un peu, passionnément ou pas du tout en accord avec vous, c'est toujours un plaisir à lire et très instructif.

Bonne année à vous, monsieur masqué.