08 mars 2010

Sondage: pour une note indicative de grammaire au bulletin?

Supposons que le prof masqué ait un accès privilégié à la ministre actuelle de l'Éducation. Devrait-il lui proposer que le prochain bulletin comporte une note indicative en grammaire?

Cette note ne compterait pas dans le résultat en français au bulletin et n'aurait pas un caractère contraignant, c'est-à-dire qu'elle n'empêcherait pas un élève de réussir son français mais qu'elle donnerait une indication des connaissances grammaticales du jeune. Elle permettrait aux parents de savoir ou en est leur enfant dans la maitrise des règles d'accord, de conjugaison, etc. Ils pourraient donc ainsi mieux le suivre d'année en année.

Cette note, inscrite deux fois par année au bulletin, pourrait également être un indicateur utile pour un enseignant quand il accueille un élève en septembre, par exemple.

Actuellement, quant à moi, les connaissances grammaticales des élèves sont noyées dans des grilles d'évaluation trop laxistes qui permettent parfois (souvent?) à ceux-ci de réussir sans savoir écrire correctement.

Je vous dirai qu'une telle expérience a été tentée dans mon école et on a assisté à des choses inimaginables: on a vu des élèves étudier des règles, les connaitre par coeur et être capables même de les appliquer.

Pour ma part, pour transférer des connaissances, encore faut-il les connaitre! Or, on a pu constater que, dans une démarche par compétences, cela n'est pas toujours vrai. En effet, depuis bien avant le Renouveau pédagogique, le français a été évalué sous forme de compétence (savoir lire, savoir écrire, etc.) et on a pu remarquer à quel point les jeunes peuvent réussir à cause de la nature des évaluations auxquelles ils sont soumis et pas nécessairement grâce à leurs connaissances grammaticales.

Qu'en pensez-vous?

13 commentaires:

Sandy P. a dit…

De toute évidence, nous avons de larges différents, probablement dû à notre écart d'âge et de référents culturels.

Je suis 'fectivement en ferme opposition à tout ce que vous avancez, prenant pour raison première que le langage est un outil surévalué, et suivant cela, que la bonne horrtaugraffe est une brimade provenant de l'Académie Française et de ses Immortels.

La langue est un dialecte doté d'une armée, l'orthographe une loi imposée par une élite intellectuelle soucieuse d'avoir un boulot.


Cordialement,
SP

Jonathan Livingston a dit…

Pour moi, c'est une évidence: quand ça compte, ça compte. Et je partage précisément ton avis sur la nécessité de créer un point d'évaluation des connaissances grammaticales. Cela va recadrer tout le monde: profs, élèves, parents sur l'importance oubliée de se mobiliser pour apprendre des connaissances.

Ensuite, ben si on valorise cet enseignement-apprentissage, on pourra peut-être aussi regarder en face le fabuleux outil, la GN, qu'on nous a inventé dans les années 90!

Les petites notes ont une valeur instrumentale fabuleuse que sous-estime les «réformistes». C'est beaucoup plus adapté à l'enfance qui ne peut concevoir aisément de trop grandes entreprises. Évidemment, en vieillissant, on peut avoir de moins en moins besoin de petites notes pour se mobiliser... parce qu'on a acquis des expériences globales pondérées à chaque étape par des petites notes... On a balisé le chemin! Et parce que les objectifs qu'on a sont clairs.

Les gens qui enseignent aux universitaires et qui nous dirigent n'ont pas encore compris cela...

Charles Samares a dit…

Difficile de ne pas trouver cette idée... tout simplement géniale!

Effectivement, il est commun de voir des élèves se faufiler dans le système sans avoir une bonne maîtrise de la langue et cela permettrait du moins d'avoir un portrait de l'élève différent et... juste!

Anonyme a dit…

Je dois admettre qu'avec le temps, je suis désormais platement d'accord avec toi. En fait, elle pourrait être davantage qu'indicative, cette note.

Anonyme a dit…

Je veux pas faire mon fin-fin puisque l'idée d'une telle note n'est pas seulement bonne, mais nécessaire.

Par contre, connaître ne prendrait-il pas un accent circonflexe sur le "i" au lieu d'un simple point tel qu'écrit à deux reprises dans ce billet?

Une vie comme une autre a dit…

En tant que parent, je ne peux faire autrement qu'être entièrement d'accord avec votre suggestion.

Mon fils est en secondaire 3, en bain linguistique, et je n'arrive toujours pas à croire qu'il "passe" en français.

J'avoue qu'il est excellent en compréhension de texte, qu'il a un très bon orthographe, un vocabulaire plus élaboré que certains adultes et une imagination sans borne en composition de texte.

Mais en grammaire? Un gros zéro! Je me demande même s'il a le niveau d'un élève de 6e année... J'en suis même à me questionner si je ne devrais pas lui trouver une formation privée pour l'aider à rattraper son retard. À moins que ce ne soit que de la paresse, comme le suggère son enseignante en français...

Jonathan Livingston a dit…

Monsieur Pothier,

Je signale que le dialecte doté d'une armée est devenu francophonie où l'on peut se comprendre par delà les continents, c'est assez négligeable comme effet. Bon, j'imagine que vous évoquez le sens figuré dans votre référent militaire! Évidemment, avoir suivi un cours de linguistique parfois a des effets catharsiques, mais il faut bien en revenir!

Immortels et Académie permettent, peut-être, je dis bien peut-être, de garder une régularité perceptible en lecture, mé bon, je poeut me foure voyez.

Que la liberté s'envisage si légère en l'absence des nécessités de la vie en groupe.

Enfin, sans norme, que seraient les écarts hilarants à la morne?

Vos profs et l'éducation posent la norme. Après, vous en faites bien ce que bon vous semble, mais bon c'est notre travail de vous la transmettre au mieux et de se donner les moyens pour y arriver.

Un prof qui n'est pas un tantinet emmerdeur est-il un prof? C'est évidemment source de différends!

Et que dire de ces contraintes exténuantes (oui, la mémorisation forcée est un bagne, qu'on se le dise!) qui poussent l'intelligence plus loin et permettent son développement, la création, la lis tes ratures et la précision dans les communications. Oui, que dire!

Qu'en dirait Freud? Sans fautes, évidemment les psychanalystes manqueraient de matière... Que d'actes manqués révélateurs à jamais disparus dans la liberté de forme et la confusion. Il resterait le rêve, cette voie royale vers l'inconscient quand même. Verrait-on aussi simplement les mots d'esprits? Quand ils sont écrits.

Un roman bourré de fautes peut-il être un bon roman? Un livre où chaque phrase aurait l'allure de hiéroglyphes ne devrait-il pas être vendu avec des Tylénols?

Évidemment, on peut se passer des intellectuels et les mettre au bagne (un vrai là), comme ont pu le faire certains dictateurs avec l'assentiment rageur des petites gens. C'est un choix de sots ou de société? Le jour où l'on ne voudra plus des profs, j'irai planter des clous ou des choux, créer des bijoux ou irai sans le sou. Mais bon, pensez-y bien avant!

Anonyme a dit…

Absolument pas d'accord. Un des nombreux problèmes qui affectent le français de nos étudiants aujourd'hui vient précisément de ce charcutage transversal que l'on impose à celui-ci, que l'on a cessé de considérer comme un ensemble autonome avec ses propres règles et sa propre logique. On enseigne par exemple les règles de grammaire dont on vérifie ensuire l'acquisition par des exercices à trous, puis, une fois l'exercice réussi, on considère la règle comme acquise et on passe à la suivante. Ce sont là des activités ponctuelles vite oubliées, et reléguées au pensum hebdomadaire du cahier d'exercices, de telle sorte qu'une fois en situation de rédaction, l'étudiant oublie toutes ces règles ou ne reconnaît pas, dans la situation d'écriture plus générale, qu'il lui faut les appliquer. Et bien sûr, comme ces situations d'écriture exigent de l'élève qu'il s'exprime librement, on ne va surtout pas lui mettre des batons de grammaire dans les roues de son imagination, alors on ne la corrige pas, ou on laisse aller : on n'est plus en grammaire, n'est-ce pas, on est en expression écrite, ce qui est considéré comme un autre monde, une dimension plus noble et plus élevée où la grammaire et la syntaxe n'ont plus force de loi.

Cet état de fait vient donc des grilles d'évaluation absurdes et laxistes en effet, qui scindent les diverses compétences en éléments distincts, ce qui est contraire même au principe de la langue, et votre solution, pour bien intentionnée qu'elle puisse être, n'en vient pas moins ajouter à cette confusion en allant dans le même sens.

Jean-Yves Laporte

bobbiwatson a dit…

Plus que totalement d'accord avec Rouge! Cette note devrait compter au résultat dans le bulletin. Mais as-tu pensé qu'une telle note à inscrire obligera tout plein de profs de français à enseigner ce qu'ils délaissent depuis trop longtemps, peut-être (pour ne pas dire probablement) parce qu'ils ne la maîtrisent pas eux-mêmes? Tu risques de te découvrir quelques ennemis scolaires.

A.B. a dit…

Je suis d'accord avec l'ajout de cette note indicative. Rien n'interdisait aux écoles de le faire déjà mais, comme la ministre veut uniformiser le bulletin, je crois que ce serait bien d'y intégrer cette note. Imagine si elle n'était pas indicative...lol

Camille Marcotte a dit…

D'abord, j'appuie entièrement la réflexion de Jonathan Livingston. Avoir entendu ces mots lors d'une conférence, je me serais levé debout bien droite et aurait applaudi à tout rompre.

J'y ajouterai en plus mon grain de sel... Un de mes profs universitaires de grammaire m'a dit un jour: «Ta langue, c'est ta liberté.» Sans cet «outil», nous sommes condamnés à ne pouvoir pas exprimer notre pensée.
Le meilleur exemple nous vient de 1984, d’Orwell: est-ce que la population serait capable de comprendre le concept exprimé par le mot «liberté» si ce mot n'existait plus, et si les mots servant à le définir n'existaient plus? Une langue comme le français, l'anglais, l'italien, l'espagnol, etc. nous permet de communiquer nos réelles intentions, puisqu'on sait ce qu'on veut dire, quels mots choisir et comment le dire.
Encore un exemple: Si je ne sais pas ponctuer correctement, est-ce que je pourrai voir la différence entre «Ce docteur dit : ``cet enfant est un grand malade.``» et «Ce docteur, dit cet enfant, est un grand malade.»

Le langage n’est sûrement pas un outil «surévalué». La meilleure preuve? Tentez d’imaginer comment serait le monde sans langage. Nous sommes passés de la préhistoire à l’histoire lorsque l’homme a commencé à graver son langage à l’écrit. Nous n’en sommes sûrement pas rendus encore à la «post-histoire», où le langage n’existera plus!

Et puis, comme le dit Jonathan Livingston, s’il n’y a pas de règle, comment y déroger? Que devient Claude Gauvreau et son langage exploréen si la règle n’existe plus? Et s’il y a une règle, il faut la connaître pour y déroger en continuant de dire ce qu’on voulait réellement dire!!!

Je ne sais pas si la note de grammaire doit être mise au bulletin. Ma première idée serait que oui, elle doit apparaître, mais ce n’est qu’une conception spontanée.

- a dit…

Tout à fait d'accord !!!!

- a dit…

Bien d'accord !! Peut-être je suis de la vielle école mais comment bien écrire la langue de Molière et en être fière sans comprendre pourquoi un mot est écrit d'une façon et si l'application de la compréhension grammaticale n'est pas acquise et qu'il n'y ait aucune explications et exercices durant la lecture et la composition ... le copier coller visuelle ne fonctionne pas toujours en grammaire et ce, dans toute les langues. La grammaire c'est la beauté de nos mots par écrit.